A propos du nom « Indignés »
On peut régulièrement remarquer du mépris à propos du mouvement des Indignés.
La première cause qui apparaît c'est que le nom « Indignés » déplaît assez. Ainsi on ne sera même pas étonné de voir des personnes interrogées sur le mouvement des Indignés dire « Moi aussi je m'indigne », ou « S'indigner ça ne sert à rien ». Sur le fond ils n'ont pas tort, tout le monde peut s'indigner, pour n'importe quelle raison.
Le mouvement populaire démocratique qui existe en France depuis maintenant près de 10 mois, et qui ne rassemble encore que quelques milliers de personnes, semble pâtir du nom qui lui est associé.
Mais au fait, pourquoi ce nom ? Ce nom a été donné au mouvement populaire espagnol par les médias, ayant fait le rapprochement entre l'émergence d'un mouvement contestataire de masse et le succès du livre de Stéphane Hessel. Les « Indignados » espagnols ne se sont pas choisi ce nom, et ne l'utilisent d'ailleurs pas, ils parlent de « democracia real ya », de « spanish revolution » et surtout de « movimiento 15M ». Il faut aussi réfuter l'idée selon laquelle Stéphane Hessel aurait été une source d'inspiration majeure, voire un initiateur crucial dans le développement de mouvements populaires en Occident pendant l'année 2011. En effet, en France, le pays où le livre a eu le plus de succès, un mouvement démocratique de masse n'a pas encore émergé. Ce qui unit les gens qui se rassemble dans ce mouvement, ce n'est pas seulement l'indignation, mais c'est une volonté de changement par le bas.
Pour en revenir au nom, « Indignés », les « Indignés » ne passent pas leur temps à s'indigner et à se plaindre, ni même à recueillir les indignations de chacun. En effet, l'énergie déployée par ceux qui participent à ce mouvement est utilisée à s'organiser de manière démocratique (par des assemblées populaires) et à organiser des actions diverses, contre les banques ou contre les institutions.
Les Indignés essaient de former un rassemblement autour d'une valeur, la démocratie. Ils critiquent ainsi le système actuel, l'oligarchie, et invitent les gens à prendre leur vie en main, à prendre la parole et à construire une alternative au système actuel.
Loin d'une simple énumération de problèmes à régler, le mouvement des Indignés tente de produire une prise de conscience générale sur le système actuel (économique, politique, médiatique) et de créer une alternative. Ainsi depuis plusieurs mois une réflexion, toujours plus étendue, sur la nécessité d'une constitution réellement démocratique, voit le jour. On s'organise donc, au niveau international et national, pour faire germer cette idée, et proposer le plus tôt possible une alternative.
C'est bien là une des spécificités du mouvement des Indignés : il est mondial, ainsi le 15 octobre dernier des personnes sont sorties, sans organisation politique institutionnelles, dans les rues de plus de 1 000 villes dans plus de 90 pays. Et ils préparent depuis deux mois déjà la journée du 12 mai, prochaine grosse date de mobilisation mondiale.
En refusant toute intégration dans l'opposition traditionnelle, les Indignés sont une force révolutionnaire, et n'hésitent pas à parler de prise de pouvoir, afin de donner le pouvoir à tous les citoyens. Ceux qui critiquent le mouvement sur la base du nom qui lui est attribué, et qui militent dans des partis et organisations qui existent depuis des dizaines d'années, devraient peut-être se remettre en question et participer à la construction d'une alternative portée par les peuples.
Contrairement à ce qu'il se passe en Espagne et dans les autres pays, en France le terme « Indignés » est repris par les militants eux-même, ce qui contribue à semer le doute dans les objectifs et l'utilité du mouvement. Alors peut-être qu'un changement de nom pourrait rétablir la vérité sur ce mouvement.
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