À quoi sert Dieu ?
Il convient, comme je l’ai fait pour Jésus, de planter le décor.
Dieu est consubstantiel à toute civilisation. L’un ne va pas sans l’autre, c’est ce que l’archéologie nous a appris.
En effet, aucune trace d’une divinité quelconque n’a été laissée par le chasseur-cueilleur. Même si l’on peut supposer que ses croyances, de type animiste, peuvent expliquer qu’il a parfois enterré ses morts.
Ce n’est qu’à partir du moment où le chasseur-cueilleur, l’Homme, se sédentarise (révolution néolithique), il y a quelque 10 à 12 000 ans et qu’il domestique une partie de son environnement… que naissent les toutes premières civilisations et le besoin de protéger son patrimoine (habitat construit, céréales, animaux… famille). Alors, chaque civilisation crée, sous forme conceptuelle, une ou plusieurs divinités… protectrices. C’est le début des religions. Toutes différentes les unes des autres ! L’archéologie trouve des traces claires de tout cela, comme le montrent les 4 excellents documentaires (aux origines des civilisations) diffusés récemment sur Arte.
Seuls des monuments, des statues ou des sculptures représentent ces divinités, dans les civilisations antiques, comme en témoignent les vestiges retrouvés dans la vallée de l’Indus ou du Nil, notamment, et ce, dès l’âge du bronze.
Aucune autre trace n’a été laissée par l’une ou l’autre divinité, laissant le soin à l’humain de l’autoproclamer oralement, divinité. Démarche intelligente et pleine de sagesse, car aucun message durable n’est passé à la postérité... pour enflammer les esprits. Aucune trace, non plus, de conflits armés au nom de l’une ou de l’autre… divinité.
De fait, la cosmogonie, c'est-à-dire l’écrit mythologique, laisse apparaît des récits concernant l’explication du Monde, mais aucun message, écrit directement, par un quelconque être supérieur.
Il faut attendre quelque 700 ans avant Jules César, pour qu’une divinité, celle des Hébreux (juifs pour faire simple) se révèle elle-même dans le livre le plus vendu au monde : la Thora. Cette divinité porte un nom : Yahvé.
Un nom générique se fait alors jour pour qualifier Yahvé : Dieu ! Être suprême, créateur du Ciel et de la Terre, etc.
C’est alors que la légende de nom générique « Dieu » commence, en Occident.
Puis… l’écrit dans lequel s’exprime ce Dieu, via la Thora, est :
- repris tel quel (mot pour mot, virgule pour virgule) par les chrétiens, vers 150, pour créer un autre Dieu : Jésus. Ce Dieu, Jésus, est créé à travers 4 évangiles, récits de 4 de ses apôtres, supposés. L’ensemble formé par ces 4 évangiles et la Thora, notamment, est baptisé Bible. Mot lui aussi « emprunté » aux Hébreux.
- Plagié, vers 630 ans, par les musulmans, via le récit du prophète Mahomet, pour former un autre livre divin nommé : le Coran.
Le décor enfin planté, de façon très laconique, car beaucoup d’entre vous pourraient écrire un livre pour mieux l’expliquer, je reviens à la question que pose le titre du mon papier :
- « À quoi sert Dieu ? »
Dieu étant un nom générique, vous comprenez que derrière lui, chacune et chacun y voit son propre Dieu, avec ses propres utilités. De plus, chacune et chacun croit que son Dieu est aussi celui des autres… évidemment !
Cependant, si vous dites à un musulman que Jésus est son Dieu, il ne sera pas vraiment d’accord. Idem, si vous dites à un chrétien que son Dieu est Allah.
MAIS, si vous dites, à l’un et à l’autre, que Dieu est grand et miséricordieux : ils seront tous les deux d’accord.
C’est donc bien dans les détails que le malheur mortifère se cache !
Albert Einstein semble l’avoir oublié quand on lui demandait : croyez-vous en Dieu. Il répondait : « Définissez-moi ce que vous entendez par Dieu et je vous dirais si j’y crois. ». Il aurait certainement répondu la même chose si la question avait été : « À quoi sert Dieu ? Quelle est son utilité ? ».
Chaque communauté religieuse donnant sa propre définition pour décrire son Dieu, elle vous donnera aussi sa propre utilité. Normal, n’est-ce pas ?
Albert Einstein, écrivait à son ami Éric Gutkind, en 1954 : « Le mot Dieu n’est pour moi que l’expression et le produit de la faiblesse humaine… ».
On peut comprend, dans ce que déclare le célèbre et incontesté savant, que Dieu, n’est qu’un concept créé par l'Homme, pour sa propre utilité et pour avoir aussi, à sa disposition, des bataillons d’individus soudés, facilement mobilisables et prêts à mourir en son nom, comme ce fut le cas pour les croisades, notamment. Sus aux infidèles ! Sus aux barbares ! Le tout suivi de : « Si Dieu le veut ! », comme nous continuons à l'entendre aujourd'hui.
Dieu est bien une abstraction primitive, consubstantielle à l’émergence de toute civilisation… selon les études et recherches archéologiques.
Ma question peut donc se résumer ainsi : à quoi sert ou a servi l'invention des dieux ?
À quoi pensaient les personnes (à ma connaissance uniquement des mâles… dominants) qui ont inventé leur propre Dieu, pour en faire le point d’ancrage, le substrat de leur future domination, in fine, une religion : la leur ?
L’invention d’un Dieu n’est pas le fruit du hasard. Elle répond à un besoin de domination, porté par une ou plusieurs personnes, qu’on appelle « gourous », « prophètes » ou même parfois « illuminés ». C’est le principe même, de base, de la création d’une secte.
Comment ? D’abord, il suffit de réunir quelques personnes, souvent mal dans leur peau, qui prennent tel ou tel individu pour leur chef naturel. Individu ayant du charisme, qui sait séduire et convaincre, bien parler, dire ce que son auditoire veut attendre, répondre aux questions du tac au tac en levant les yeux vers le ciel, fédérer et surtout promettre l’impensable, l’inimaginable pour des mortels : une vie meilleure évidemment après la mort... un paradis !
Aux personnes moins endormies ou moins demeurées que d’autres, qui doutent de l’existence du Dieu créé ex nihilo, dont parle leur gourou, leur prophète… la réponse de ce dernier est simple : « Qui, selon toi, a créé tout ce qui t’entoure ? » « Qui, selon toi, a créé l’être parfait que tu es ? » « Qui, selon toi, a créé une nature aussi harmonieuse, si ce n’est le Seigneur, celui qui te parle à travers moi ? ». Etc. Beaucoup d'entre nous ont mainte fois entendu de tels propos.
Bref, chaque fois que la science reste muette, bien sûr temporairement, la réponse des religions via leurs gourous, prophètes, pasteurs, curés, imans, rabbins… est toujours la même, toute faite : c’est leur Dieu créateur qui a été à la manœuvre. Heureusement la science avance, imperturbable, et à chaque fois, elle renvoie les religions dans les cordes de leur obscurantisme séculaire effréné et dans leurs superstitions.
Chaque religion a commencé par être une secte ! Son gourou, son prophète… a su séduire et peut-être faire quelques tours de passe-passe, qu’il a baptisé miracles. Puis, attirant de plus en plus de personnes, la secte a grandi, et est devenue religion locale, puis régionale, puis nationale, enfin religion d’État !
C’est comme cela que la « secte chrétienne des premiers jours » est devenue, grâce à un individu (gourou, prophète… dont l’existence n’a même jamais été prouvée) nommé Jésus, la religion de l’Empire romain. Empire alors décadent et sur le déclin, dès l’an 350 du calendrier julien.
En l’espèce, l’histoire, la vraie, raconte qu’il y a 1 600 ans à peine, l’empereur romain Constantin 1er, adorateur comme ses prédécesseurs du Dieu Soleil (Sol Invictus), s’est converti au christianisme après qu’un message de Jésus, paraît-il, inscrit dans les nuages, lui aurait promis la victoire lors de la bataille du Pont Milvius. La bataille fut gagnée, et Jésus devint alors le Dieu de Constantin et celui de l’Empire romain ! Simple opportunité saisie par un grand mâle dominant, quelque peu génial… je l’avoue !
Puis, la secte de cette nouvelle divinité, Jésus, est devenue religion d’État, plus tard celle d’un grand nombre de pays occidentaux, car elle était portée par des individus autoproclamés représentants de Jésus (seigneur, dieu et prophète) sur la Terre. Ils étaient dénommés rois ou empereurs. Ces rois et empereurs étaient, jusqu’à récemment (à peine 225 ans), la voix de Jésus, érigé en Dieu, dans la quasi-totalité de l’Europe, soutenue par un clergé tout puissant et une philosophie tout imprégnée d’obscurantisme et, bien sûr, d’un conservatisme dur.
Voilà à quoi a servi l’invention de l’un des dieux le plus connu et prospère d'Occident. Ce dieu a servi à établir nombre de puissances théocratiques, amasser des fortunes colossales, entretenir une noblesse et un clergé aux ordres ayant quasiment le pouvoir de vie et de mort sur tout sujet d’un Royaume ou d’un Empire, comme l'a montré notamment l'Inquisition durant plusieurs siècles.
Cela, c’était avant le siècle des Lumières et l'Encyclopédie de Diderot et de D’Alembert.
Le procédé a été le même pour tous les autres grands Dieux, passés à la postérité depuis d’âge du bronze : Shiva dans la vallée de l’Indus, Aton dans la vallée du Nil... puis Zeus, Jupiter, Odin, Yahvé, Allah et bien d’autres encore.
C’est à cela que sert ou a servi Dieu, quel qu’il soit ou fût de par le monde !
Belle invention ! Invention pourtant porteuse d’aucun bienfait visible et vérifiable, à moins que quelque chose m’ait échappé ou échappé à l’histoire de l’Humanité. J'attends des faits précis qui contredisent mon affirmation : quels bienfaits visibles et vérifiables votre dieu a-t-il apportés ?
Invention incontestablement jalonnée d’un parcours mortifère depuis la fin de l’Antiquité et le début des civilisations modernes.
Quelque 100 millions d’êtres humains (dont plus de 80 millions dans le Nouveau Monde après sa découverte par le très chrétien Christophe Colomb et ses conquistadores. Un véritable génocide !) trucidés au nom d’un simple concept érigé en Dieu : Jésus !
Si l’invention créatrice de ce Dieu a été effroyablement criminogène par le passé, jamais le bilan des autres Dieux ne sera aussi macabre, même celui d’Allah… aujourd’hui quelque peu sur la sellette ou celui de Brahma, actuellement attisé par l’hindou très nationaliste, anti-musulman et xénophobe Modi ! Modi, un gourou en germe, est à la tête d’un bataillon de plus d’un milliard de croyants dans la Trinité hindoue, prêts à prendre les armes... et mourir pour aller au Paradis.
Pour conclure provisoirement : aujourd’hui, rares sont les personnes, parfaitement célébrées, qui hésiteraient à répondre à la question posée par Nietzsche, à la fin du 19ème siècle, « L'homme est-il une erreur de Dieu, ou Dieu une erreur de l'homme ? » (*)
(*) réponse.
Crédit photo : ICI.
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