A quoi servent les partis politiques ?
N'hésitez surtout pas à diffuser ce texte et cette vidéo, surtout auprès de vos amis qui croient encore en l'action partisane...
Ce texte amorce le débat sur la vision du militantisme de l'ARSIN. (http://www.arsin.fr)
Mais d'abord ce diaporama-vidéo en guise d'introduction et de résumé.
(Pour ceux qui n'aiment pas le black métal, enlevez le son, ce n'est pas indispensable)
A quoi servent les partis politiques ?
S’engager dans un parti politique, ça ne sert à rien
Vous voulez faire de la politique ?
Vous voulez militez dans un parti ?
Pourquoi, au fait ?
Vous croyez vraiment qu’en soutenant un parti, vous allez permettre à ses idées de progresser ?
Vous pensez qu’en militant pour ce parti, il va progresser aux élections et avoir plus d’élus, et changer la société ?
Ça ne marchera pas.
Pourquoi ?
Parce que quel que soit le parti auquel vous adhérez, l’action du militant de base que vous serez sera quasiment sans effet sur ses résultats électoraux et l’action des élus.
Le nombre de militants d'un parti a peu d'importance dans ses résultats
Un exemple ?
Le Parti Communiste est l’un des partis qui a le plus de militants actifs, qui se déplacent aux réunions et pour les votes (il en a encore actuellement une cinquantaine de milliers, pour le double d’adhérents officiellement). Il en a toujours eu plus que le Front National. Pourtant le PCF fait de moins bons scores et a moins d’importance médiatique. On pourrait l’imputer au déclin du PCF dans les idées. Mais ça n’empêche que des formations politiques ont eu des scores disproportionnés par rapport à leurs effectifs militants réels : la LCR en 2002 et 2007, les Verts aux européennes de 2009. Et le FN a réussi à devancer le PS le 21 Avril 2002 malgré un nombre d’adhérents bien plus faible (au plus 40 000 pour le Front, 200 000 prétendument pour le parti d’Epinay).
Autre exemple : l’UMP a revendiqué avoir 300 000 adhérents. Des journalistes du Canard Enchainé ont tenté de vérifier, et ont trouvé à peine plus de 200 000. En fait, ça n’a aucune importance. L’UMP pourrait ne compter que 50 000 membres, ses principales armes sont les médias de masse dans lesquels ses cadres et élus peuvent s’exprimer.
Vous pensez peut-être qu’en collant des affiches, en distribuant des tracts, en faisant du porte à porte, vous modifierez les résultats des élections ?
Non, sauf de façon très marginale.
Les campagnes électorales font peu bouger les scores
Des études ont montré que les résultats des élections étaient souvent prévisibles des mois à l’avance. Vous pouvez par exemple consulter le site d’ElectionScope, site d’économistes qui étudient les liens entre la conjoncture économique (notamment la situation de l’emploi) et les résultats des élections à venir. Et qui parviennent à des réussites honorables dans leurs prédictions plusieurs mois à l’avance, en se basant sur les variables économiques (notamment le niveau du chômage), avant même le début des campagnes électorales des partis. Par exemple, les résultats des régionales françaises de 2010 étaient déjà prévus par les auteurs de ce site, presque sans faute sur le camp vainqueur dans chaque région, dès l’Automne 2009 ! Plusieurs mois avant les campagnes réelles ! Ce qui signifie que celles-ci n’étaient, en l’occurrence, pas très déterminantes, sauf en cas de faute grave d’un candidat au cours de sa campagne.
Plus généralement, si l'on regarde les dernières présidentielles et législatives françaises, on s'aperçoit que les rapports de force bougent en fait très lentement et peu, contrairement aux proclamations des journalistes. On peut le voir au travers de cette étude sur les résultats de la présidentielle de 2002, insérée dans cet article. Elle montre que, au lieu d'un "effondrement de la gauche" ou d'une "percée de l'extrême-droite" en 2002, on a en réalité vu une stagnation des rapports de force entre la gauche (qui a les suffrages d'environ 30% des inscrits, dont 10% pour la "gauche radicale" constituée par le PCF et les partis trotskystes), et la droite (40% des inscrits avec le FN). Ce rapport de force est durablement installé depuis les législatives de 1993, qui ont vu une baisse nette de la gauche, due à l'épuisement du mitterrandisme, surtout pour le PS, et la chute du bloc de l'Est, pour le PCF. Auparavant, et depuis les débuts de la Vème République, le rapport gauche/droite se stabilisait à 40% des inscrits pour chaque camp sur le long terme.
Les seules "percées" enregistrées au cours de la dernière décennie furent celles de Besancenot en 2002 et surtout de Bayrou en 2007. Mais il s'agissait surtout d'une réussite médiatique centrée sur un individu : les bases militantes de la LCR-NPA ou du Modem n'ont jamais réussi à se renforcer au point de pouvoir obtenir des scores aussi honorables aux législatives ou aux élections locales qu'à la présidentielle.
Sur le graphe ci-dessus, on voit une certaine stabilité du rapport gauche/droite, sur des périodes assez longues, est les variations brutales repérables sur certains scrutins n'ont pas grand-chose à voir avec l'action de la base militante. Si la gauche a été en position de faiblesse dans les années 60, face à De Gaulle en personne, puis en subissant le contrecoup de Mai 68, elle se rapproche de la droite dans les années 70-80, avant de retomber à 30% des inscrits à partir de 1993, pour des raisons déjà citées plus haut. La droite (intégrant, sans doute de façon excessive les électeurs de Bayrou en 2007) profite des élections suivant des présidences longues (1995 et 2007), elle revient sinon à son niveau habituel, autour de 40% des inscrits. La seule gagnante, depuis les années 1990, est l'abstention.
Vous pensez sinon peut-être entrer dans un parti pour le changer de l’intérieur ?
Des tas de gens y ont pensé avant vous.
Il est illusoire de vouloir changer un parti non-groupusculaire de l'intérieur.
Un changement de ligne et de fonctionnement dans un parti, venu d’une révolte de la base, est quelque chose d’extrêmement rare en France.
En fait, ça ne s’est jamais produit dans aucun grand parti.
Le FN est toujours resté sous la coupe des Le Pen. La direction du PCF n’a jamais été mise en minorité par la base dans un vote interne portant sur la ligne du Parti. La LCR-NPA a connu son heure de gloire parce que son fondateur, Alain Krivine, avait trouvé un poulain passant bien devant les caméras, Olivier Besancenot. Et la puissance électorale relative du NPA ne semble pas devoir survivre au retrait de son porte-parole initial. Le RPR devenu UMP est resté chiraquien jusqu’à la fin de la présidence Chirac avant que ce ne soit le tour de Sarkozy, plusieurs fois ministre et député jusqu’à 2007, d’en prendre le contrôle. Le PS a au mieux connu des batailles d’éléphants, tous issus du sérail mitterrandien, comme lors des primaires de 2006 ou 2011, et lorsque les militants furent consultés sur la position face au Traité Constitutionnel Européen en décembre 2004, la ligne eurofédéraliste fut confirmée. Les Verts ont connu de multiples affrontements internes, entre la ligne « ni-gauche-ni-droite » et partisans de l’ancrage à gauche, mais toujours entre élus du mouvement. Et au final, c’est un eurodéputé de nationalité allemande, Daniel Cohn-Bendit, qui les a fait muter. Le Modem existe principalement autour de la personne de François Bayrou.
Bref, dans aucun parti, la base n’a réussi à changer les choses, la ligne générale et à imposer des militants de base comme nouveaux dirigeants.
Alors pourquoi y a-t-il des gens qui sont dans les partis politiques ?
Il y a ceux qui y sont parce qu’ils y ont trouvé une vie sociale, ou parce que leurs amis et parents y étaient déjà.
Il y a ceux qui y sont parce que le parti détient une mairie, un département, qui peuvent les aider concrètement, par un emploi ou une aide à leur association.
Il y a ceux qui ont réussi à monter et prendre des responsabilités dans le Parti. La recette est simple : avoir commencé tôt dans le parti, et avoir très généralement soutenu la ligne de la direction du parti. Et si en plus vous avez du charisme, que vous êtes télégénique, et que vous arrivez à donner l’impression que vous parlez avec conviction alors que vous ne faites que répéter des slogans à peine modifiés, alors vous réussirez.
Et il y a ceux qui croient réellement que le parti peut changer la société, et qu’eux-mêmes peuvent faire progresser le parti aux élections.
En général, au bout de quelques années, ils renoncent.
Mais au fond, pourquoi ça ne sert à rien ?
Maintenant, essayons de voir pourquoi les partis ne peuvent rien changer.
Certains diront que c’est parce que les partis obéissent tous aux mêmes puissances d’argent, et qu’ils sont soumis à la même « Pensée Unique ».
C’est plus compliqué que ça.
Il n’y a pas de pensée commune entre un militant communiste, lecteur de l’Humanité, et un électeur de l’UMP qui lit Le Point.
Il y a des points communs à la plupart des partis : accepter l’Union Européenne et l’euro, ne pas revendiquer la nationalisation générale de l’économie (même au PCF), ne pas non plus remettre en cause le « modèle social » français et conserver la Sécurité Sociale (même à l’UMP).
Mais il y a aussi des points qui divisent : augmenter ou pas l’âge de la retraite, durcir ou non les lois sécuritaires, baisser ou non les impôts, augmenter ou non les dépenses publiques.
Il faut comprendre que les partis politiques sont avant tout des entreprises politiques. Ce qu’ils vendent, ce ne sont pas des réalisations politiques – qui ne sont jamais vraiment évaluées par des électeurs, qui s’en tiennent plutôt à des variables comme leurs revenus et le niveau de l’emploi pour décider leur vote. Ils vendent des messages politiques à des clientèles sociales.
Si un parti politique progresse, c’est parce que son message répond aux attentes d’une ou plusieurs classes sociales. Le FN a progressé parce que son message est devenu le seul audible pour une partie des classes populaires qui ne se sentaient plus écoutées par personne. Le PCF a régressé parce que la classe ouvrière du secteur privé qu’il était censé défendre ne croit plus en son message. L’UMP et le PS subsisteront tant que des classes moyennes et aisées, celles qui votent et ne subissent pas encore trop la crise, verront en eux les gardiens de la stabilité, et pas du tout des vecteurs de changement (d’où l’inintérêt de s’étonner de la vacuité des programmes du PS, ou de leur faible cohérence interne).
En bref, si des partis montent, descendent ou restent en place, c’est parce que la société évolue. Pas parce que les militants sont meilleurs ou plus nombreux que ceux des autres partis.
Puisque les partis s’occupent avant tout de fidéliser des clientèles politiques au sein de la société (les fonctionnaires, les classes moyennes, les classes aisées, les retraités, les professions libérales et entrepreneurs, etc…), ils ont intérêt à avoir un discours stable, qui ne change pas. Ou du moins pas plus vite que la société.
La réalité, ce n’est pas que nous vivons sous le règne de la « Pensée Unique », c’est plutôt une confrontation immobile de pensées multiples mais mortes. Comme une sorte de guerre des tranchées, où le front ne bouge que très peu, de quelques pourcents de l’électorat d’un scrutin à l’autre.
Le double engagement
Pour s’assurer que sa pensée reste figée, chaque parti a besoin de faire passer un « contrat » au militant de base, qui repose sur deux engagements.
Le premier, c’est que le militant s’efface derrière le parti. Il travaille pour lui, colle ses affiches et distribue ses tracts, vient aux réunions. Et n’a rien en retour. Pas même de retour sur les actes réels des élus une fois qu’ils ont des responsabilités. Ou rarement, dans le flou, sans conséquences réelles.
Des militants qui demanderaient des comptes systématiques, que les promesses faites à la base soient scrupuleusement tenues, se verraient reprocher le pêché suprême : manquer de confiance envers les camarades (ou les compagnons selon le parti). Et si, en étant membre d’un parti, vous demandez à ce qu’on vous dise si les accords programmatiques conclus lors des précédentes alliances électorales ont bien été respectés, on ne vous répondra pas. Une fois les accords conclus, tout le monde les oublie, ou du moins leur partie programmatique, car les électeurs eux-mêmes n’en tiendront pas vraiment compte.
Comme pour le fidèle qui va à la messe, la récompense du militant doit être seulement spirituelle. Certains s’en contentent. Les autres finissent par partir.
Le second engagement, c’est que le militant adhère de fait à un ensemble complet d’idées. On peut adhérer à un parti parce qu’on partage certaines de ses idées majeures. Mais si on est en désaccord avec d’autres idées, on doit se taire.
Si vous adhérez à un parti de gauche, vous êtes censés penser que les gaspillages publics n’existent pas ou peu, que la répression de la délinquance n’est pas la solution, que le nucléaire et les OGM sont de graves menaces, qu’il faut être solidaire des immigrés victimes d’une France raciste, vous devez être pro-palestinien et volontiers anti-américain, mais pas trop, et considérer avec méfiance tout ce qui relève du marché et de la concurrence, même si vous n’êtes pas communiste.
Si vous adhérez à un parti de droite, vous êtes invités à penser qu’il y a de toute façon trop d’impôts, que la répression est l’axe essentiel de lutte contre la délinquance, que le capitalisme peut bien se mouler dans l’écologie via le développement durable, qu’on a déjà été trop tolérants avec l’immigration, qu’il faut rester alliés des USA tout en se prétendant gaullistes, que le secteur public est par nature voué à faire son travail plus mal que le privé, et que les syndicats mentent tout le temps.
Si vous entrez dans un parti soit à droite, soit à gauche en partageant que la moitié des idées de votre camp, vous avez intérêt à ne pas trop l’ouvrir sur l’autre moitié. Ou seulement en privé. Ou alors vous ne progresserez pas dans le parti.
Si vous êtes d’accord avec une moitié des idées de la gauche et une moitié des idées de la droite, vous aurez des ennemis partout et des amis nulle part.
C’est ainsi que la ligne de front des idées se maintient. Et qu’elle ne bouge quasiment plus. Et c’est bien plus efficace pour tout maintenir en place qu’une « Pensée Unique » contre laquelle la majorité du peuple finirait par se révolter.
N’oubliez pas que les partis politiques n’ont pas toujours existé. Les partis de masse se sont réellement développés avec la société industrielle. A l’époque où la presse, le télégraphe, la radio ou la télévision ont permis aux informations de circuler rapidement de ville en ville. Mais où il fallait toujours se réunir au niveau du village ou du quartier pour cumuler des informations et en discuter, et recevoir des consignes politiques.
Aujourd’hui, Internet permet à chacun de recevoir une information en temps réel, et d’en discuter avec des gens situés au bout du monde, et de décider d’actions instantanément. Les partis, les sections et les cellules sont irrémédiablement concurrencés.
Les partis ne vont pas disparaître, mais ils ne seront probablement plus le mode d’action dominant.
Alors que faire ? Comment traduire concrètement ces idées ?
Vous voulez quand même agir sur la société ? Vous avez raison.
Mais si vous voulez le faire sans être stérilisé par la politique telle qu’elle fonctionne actuellement, il faut remettre en cause ces deux engagements.
D’abord, ne vous effacez pas derrière un groupe. Quand vous faites une action, quand vous écrivez quelque chose, que ce soit seul ou en groupe, que ce soit pour votre intérêt ou de façon altruiste, tenez à ce que ce soit connu sous le nom que vous aurez envie de donner.
Et quand vous agissez, faites-le pour avoir un retour. En réputation au moins. Même s’il met du temps à venir. Même si c’est un travail de longue haleine.
Ensuite, vous n’êtes pas dans une famille politique, et n’avez pas de position automatique sur un sujet. Ca ne signifie pas qu’il ne faille pas avoir une vue d’ensemble, qu’il ne faille pas chercher à être cohérent au global. Mais aucun parti politique n’a une vision à la fois globale, cohérente et validée par les faits à vous proposer.
Imaginons maintenant un groupe de gens, plus ou moins grand, ayant des idées homogènes ou du moins quelques grands points d’accords. Que peuvent-ils faire pour agir en politique ? Construire un parti est non seulement peu souhaitable vu ce qui précède, mais c’est aussi une expérience assez vaine. Seuls deux nouveaux partis créés après 1970 sans être issus d’un ancien grand mouvement ont réussi à dépasser les 5% aux présidentielles : les Verts et le Front National. Trois si on y ajoute, pour 2002 seulement, le MRC de Jean-Pierre Chevènement. Trois parmi un nombre beaucoup plus grand de tentatives. Autre possibilité : créer des fondations, associations ou instituts militants pour certaines idées ou projets bien précis, qui ne se présenteront pas aux élections mais « proposeront » leur programme à un candidat ayant des chances non négligeables de gagner l’élection. En général, soit ils n’obtiennent rien, soit, même s’ils arrivent à susciter certaines réformes (comme le revendique l’IFRAP, institut libéral enquêtant sur les administrations publiques), ils restent faiblement connus du public.
Pour être conséquent avec le refus du double engagement évoqué plus haut, il faut d’abord une démarche qui amène par principe à cultiver la diversité et les débats internes. Et pas qu’en tant que slogan. Donc renoncer à avoir une ligne politique commune sur un grand nombre de points. Mais plutôt se donner pour principe d’organiser des confrontations entre individus, et les amener à présenter leurs propres idées. Et ce pas par de vains débats organisés juste pour simuler une communication avec la base, débats où l’on écoute principalement les responsables de l’organisation, puis où l’on répond à quelques questions ou interventions à l’emporte-pièce. Pour que ces débats soient réellement intéressants, il faut qu’il y ait un enjeu. Par exemple une récompense concrète pour la meilleure contribution, lors de compétitions récurrentes. Le but serait que chaque adhérent potentiel se sente capable d’être reconnu par ses idées personnelles et originales, pour elles-mêmes, et même s’il n’y avait pas de suite immédiate. Un autre but, pas moins important, de ce fonctionnement est que l’organisation devra nécessairement se doter d’un mode de sélection desdites contributions. Ce qui appellera soit à un jury soit à des votes, mais qui en tout cas fera référence à des critères de qualité acceptés par tous, et eux-mêmes soumis à la critique, donc devant se perfectionner avec le temps.
Ensuite, reste à savoir comment une telle organisation pourrait agir politiquement alors que justement elle ne pourrait développer une programmatique commune ? Elle ne peut de toute façon occuper le pouvoir au sens d’un gouvernement. Le seul moyen serait qu’elle ne cherche qu’à concilier ses membres autour d’un petit nombre de propositions concrètes. Qui seraient alors proposées à des partis (au sens classique du terme) qui pourraient gagner les prochaines élections. Jusque là, rien que de très habituel, et puisque les partis politiques continueront à exister pendant un bout de temps, autant faire avec. Mais ces nouvelles organisations basées sur le débat ne pourraient justement pas s’allier avec un parti ayant un programme en bloc, ni même militer POUR ce parti, même en ayant des réserves. Du moins pas sans provoquer en elle-même une série de déchirements internes.
La seule solution serait de pratiquer des campagnes négatives, c’est-à-dire non pas de militer POUR le ou les partis alliés, mais CONTRE leurs principaux adversaires. Car, qu’on le déplore ou pas, il est souvent plus facile de rassembler des gens contre quelque chose que pour.
Le fonctionnement de ces organisations serait donc : organiser tout au long de l’année des débats avec une conclusion désignant le ou les auteurs des meilleures contributions, puis faire des congrès pour reconnaître les points de convergences entre les membres, et en déduire des exigences matérielles. Et obtenir celles-ci des candidats classiques aux élections, en s’engageant à dénoncer les programmes des autres candidats, et en menaçant de retourner cette arme de la critique contre les alliés ne respectant pas leurs promesses.
Cette manière d’agir serait non seulement la plus libératrice pour les adhérents, mais aussi la plus transparente, et sans doute la plus efficace. Chacun saurait pourquoi il entrerait (gagner des débats, des compétitions et des récompenses, défendre un projet précis, occuper des responsabilités, faire changer une opinion dominante…) et n’aurait nul besoin de s’en cacher. Et il n’y aurait plus à construire une communication basée autour de candidats supposés séduire le public.
Maintenant, la question est : devons-nous tenter de créer une association de ce type regroupant des gens de toutes origines idéologiques ? Ca n’est pas souhaitable. C’est pour cela que le groupe à l’origine de ce texte a créé l’ARSIN.
L’Arsin ? ou le besoin de positionnement idéologique assumé
L’Association Républicaine pour le Socialisme et l’Indépendance Nationale est un petit regroupement de militants de gauche souverainistes publiant sur Internet. En cohérence avec ce qui a été dit, nous ne sommes affiliés à aucun parti (sauf certains d’entre nous qui sont membres de l’UPR, qui n’est elle-même pas un parti classique mais un rassemblement ponctuel autour d’un petit nombre d’objectifs). Notre principale activité est d’agréger les publications de nos membres ou partenaires pour en accroître l’audience, et de stimuler l’écriture chez nos lecteurs, et si possible des actions.
Bien que notre discours sur les partis politiques soit sans marque partisane, nous avons fait le choix de conserver une orientation politique claire, car tous les rassemblements politiques se prétendant au-dessus des clivages finissent tous, soit par échouer, soit par renoncer dans les faits à cette neutralité. Ainsi les « Indignés », mouvement de citoyens « de tous bords », réclamant seulement une « démocratie réelle », ont surtout couvert des positions de gauche radicale (antimilitarisme, annulation des dettes, refus des baisses de dépenses publiques), puis se sont épuisés dans l’indifférence de la majorité de la population. L’Union Populaire Républicaine a continué sa progression, mais a gauchi son discours, en vantant le « modèle social français », excluant de fait les eurosceptiques libéraux.
Ainsi, le fonctionnement politique que nous décrivons ne peut se faire que dans le cadre de limites politiques larges, mais définies à l’avance (la gauche souverainiste dans notre cas), laissant de nombreux débats (nucléaire, immigration, sécurité, guerres extérieures…) ouverts tout en ayant un dénominateur commun. Nous préférons nous situer franchement, ce qui ne signifie pas que nous refuserons le débat avec ceux qui ne sont ni de gauche, ni souverainistes. Nous ne prétendons de toute façon pas avoir de monopole ou de droits sur les idées exposées dans ce texte ou la façon de les appliquer.
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