Et de trois pour les courtisans ! Ils s’étaient,
pourtant, dépensés sans compter à justifier l’injustifiable jusqu’à
perdre toute dignité, enlégitimant contre toute raison l’accès à la présidence de l’ÉPAD du fils
du président de la République.
Ils lui avaient tressé fleurs et couronnes et fait monter vers lui des nuages d’encens par volutes, pour tenter de réfuter l’accusation de népotisme par la louange de ses mérites. La ministre de l’économie, sans rire, « ne (voulait) pas faire obstacle à l’épanouissement de jeunes talents » sous prétexte de son jeune âge ou de son nom prestigieux. M. Devedjian chantait avec Brassens que l’âge ne faisait rien à l’affaire. M. Paillé se félicitait de voir la politique servir d’ "ascenseur social". Avec M. Bertrand, M. Lefèbvre estimait le jeune homme légitime pour briguer le poste comme élu, et même trois fois légitime comme conseiller général, président du groupe UMP au Conseil général des Hauts-de-Seine et candidat du groupe à la présidence de l’ÉPAD ! M. Solère, vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine, quant à lui, trouvait enfin normal que « le fils d’un génie politique (fût) précoce » ! La cour était pleine mais ils en auraient jeté encore et encore avec entrain si on leur en avait laissé le temps !
Un désaveu cette fois tempéré par une fuite organisée
Mais voici qu’une fois de plus, le président Sarkozy, lui-même, vient de leur enlever la flatterie de la bouche. Après l’affaire des « prévenus » de Clearstream qu’il avait jugés « coupables » avant l’heure et le retrait de la candidature de son fils à la présidence de l’ÉPAD, il aurait reconnu avoir commis « une erreur » dans cette dernière affaire, selon "une source de l’Élysée", reprise en choeur par les médias au mot près. Comment avoir encore le cœur à courtiser et à flagorner à l’avenir avec un tel palmarès au risque de se faire huer ?
Aussi, en s’innocentant le plus possible, le président tente-t-il également, semble-t-il, de ménager la susceptibilité de ses chantres : qu’ils sachent qu’ils avaient raison ! Il ne faut pas désespérer ses courtisans. Dieu seul sait ce dont est capable un courtisan publiquement ridiculisé par son maître ! Nulle déclaration officielle, cette fois, nulle interview à la presse, mais une fuite organisée dans les règles de l’art, recueillie le 4 novembre, auprès de ce que l’AFP appelle « une source de l’Élysée » non identifiée. L’information a l’air d’être "extorquée" pour lui conférer une fiabilité plus grande que si elle était seulement "donnée", selon le leurre de l’information donnée déguisée en information extorquée. Mais le président n’en est pas directement l’émetteur, se réservant la possibilité auprès de ses courtisans de soutenir n’avoir jamais tenu pareils propos : c’est incontestable, il a sans doute fait parler à sa place !
Une minimisation de l’erreur
En même temps, on ne saurait cette fois prendre plus de précautions pour minimiser son erreur en trois arguments. 1- Le président aurait démenti d’abord toute initiative dans la candidature de son fils à la présidence de l’ÉPAD : il a seulement « laissé son fils cadet se présenter ». 2- L’absence de rémunération de la fonction, sans bureau, ni secrétaire ni voiture, ni chauffeur, se plaît-on à énumérer, suffit à prouver le désintéressement du candidat. 3- C’est seulement le fait d’avoir suscité une polémique autour de cette candidature qui constituerait une erreur.
En somme, le président soutient avoir eu une juste vision des choses et n’avoir commis à proprement parler aucune erreur de jugement. Il concède seulement que sa vision est entrée en contradiction avec celle du groupe et qu’il en est résulté une polémique. Son erreur, si elle existe, est donc seulement de n’avoir pas anticipé cette polémique. La validité des objections soulevées est volontairement ignorée : comment, en effet, nier l’évidence du népotisme ? Seule doit ressortir la sagesse du président d’ avoir mis fin à la polémique en en supprimant l’objet.
Des leurres forcément peu convaincants
On reconnaît la pratique du leurre de la vaccine qui consiste à avouer un peu de mal pour faire admettre un grand bien. Mais le leurre de la minimisation employé est-il plus crédible ? Comment imaginer que le président puisse n’avoir joué aucun rôle actif dans l’ascension foudroyante de son fils vers des postes aussi convoités et stratégiques dans les Hauts-de-Seine ? De même, peut-il plaider le désintéressement à l’accession d’un poste aussi important que la présidence d’un des plus grands quartiers d’affaires d’Europe dont le budget est considérable ? N’est-ce pas un leurre de diversion que d’attirer l’attention sur des détails insignifiants - secrétaire, voiture et chauffeur - quand tout l’intérêt de ce poste tient à l’influence considérable qu’il permet d’exercer ?
Enfin, il a beau faire, en déplaçant l’objet de son erreur qui serait seulement de n’avoir pas prévu la condamnation quasi unanime de la promotion programmée de son fils à la tête de l’ÉPAD. Il ne masque pas un manque de discernement sidérant, au moment même où il chantait à l’Élysée, le 13 octobre 2009, la promotion au mérite en présentant sa réforme des lycées : « La création des lycées en 1802 voulue par Napoléon Bonaparte, disait-il, signifiait la fin des privilèges de la naissance. Cela voulait dire : désormais ce qui compte en France pour réussir, ce n’est plus d’être bien né, c’est d’avoir travaillé dur et d’avoir fait la preuve par ses études de sa valeur »...
En somme, le portrait de son fils tout craché au pied des marches le conduisant à la présidence de l’ÉPAD, comme l’a cruellement décrit avec ironie Laurent Fabius. Comment prononcer ces fortes paroles au moment où en actes il osait les démentir ? Pis, sa première réaction publique face aux protestations contre la candidature de son fils a été de faire diversion en dénonçant une chasse à l’homme : « Tout ce qui donne en pâture une personne, sans fondement, de façon excessive, s’est-il indigné, ce n’est jamais bien ». Deuxième manque de discernement ! Qui a exposé aussi inconsidérément son fils en le lançant dans une aventure aussi déraisonnable ?
On touche aux limites des leurres, qu’il s’agisse de ceux des courtisans ou de ceux du président quand la conduite à dissimuler est si extravagante qu’aucun leurre ne peut la déguiser. Les courtisans ont choisi la flatterie dithyrambique, mais elle était trop voyante. Le président a préféré la minimisation, sans plus de succès. Le népotisme ne se laisse pas minimiser. Il résiste aux deux traitements d’escamotage. Mieux ! Plus on cherche à le dissimuler, plus éclate au grand jour. Paul Villach
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Il est probable que vous ayez raison ! Mais tout l’art du leurre de la fuite organisée est de dire quelque chose sans en prendre la responsabilité, tout en rendant cependant l’information fiable ! La fuite organisée est une variante du leurre de l’information donnée déguisée en information extorquée.
Diverses méthodes permettent la fuite organisée, dont celles du « off » , dans ce jargon anglo-américain si cher à nos journalistes qui vise à donner un pseudo-langage technique qui impressionne à la profession pour acquérir un magistère d’autorité.
Mais à strictement parler, personne ne peut dire que c’est le président qui est lui-même à l’origine de ces informations, même si elles sont fiables. C’est dire l’embarras de l’intéressé pour ne pas oser prendre la responsabilité de son erreur ! Paul Villach
Analyse très pertinente. Ca va faire encore jaser dans les chaumières et surtout au bistrot du coin. Pendant ce temps on envoie des pandores au « casse pipes » en Afghanistan, les parachutes dorés sont de retour, ça se suicide dans les administrations, on annonce des recrutements dans la sécurité en oubliant de préciser que c’est un peu moins que ce qui était nécessaire donc baisse d’effectifs etc.... Heureusement pour faire oublier tout ça on a droit au feuilleton SARKOSY junior.
Quuuuooooiiiiiiii ... Nicolas Sarkozy aurait commis une erreur ???????
On ne saurait trop recommander à l’auteur de peser ses mots. Notre « homme orchestre » ne peut pas en commettre. Et il « communiquerait » pour la minimiser ? Ca alors, ce serait plus fort que du roquefort... Notre président tient toujours ses engagements et dit toujours la vérité aux Français. Il l’a promis. Non, mais ...
Cela devait être dit et répété ...
Lorsqu’on parle des Haut de Seine à des journalistes bien informés, en général ils ne pipent mot mais « rient sous cape ». On peut imaginer que c’est là un « fromage », qui fournir les politiques au pouvoir en liquidités sous forme « d’arrangements » favorisant les implantations de sociétés (? ??).
A partir de là, on comprend cet intérêt familial pour le fromage.
L’on a attendu la rupture, il est venu l’imposture.. Quelles leçons de morale la France pourra t-elle encore donner au reste du monde sur la méritocratie ? C’est une affaire lamentable qui sera permanente et durable, dont les conséquences pour la France sont en terme d’image et de respectabilité désastreuses..
Quelle coïncidence alors que les sondages le donnent en chute libre .... Y’a les communiquants du palais qu’ont du phosphorer un max pour tenter de sauver les meubles.
Je ne comprends toujours pas que l’on critique Nicolas Sarkozy sur des choses futiles comme celle là.
Il a quand même : - Moraliser le capitalisme - Fermer les paradis fiscaux - Supprimer les secrets d’Etat - Karcheriser la delinquance - Fait en sorte que la France qui se leve tôt et se couche tard connaisse le Fouquet’s - Conseiller Obama et Merkel pour éviter l’ecroulement de l’economie mondiale - Vendu de la croissance aux Français alors que le seul échantillon qu’il a sur lui ce sont ses talonnettes...de la fausse croissance.
C’est quand même pas rien tout çà alors un peu de respect pour ce grand homme.
Il est vrai que la solidite du raisonnement de Leon, sa construction issue d’une logique sans faille, une argumentation extremement bien etayee doublee d’une expression qui frise le prix goncourt donne un tel poids qu’on ne peut penser un moment meme infinitesimal que LEON est un leurre. Sans compter l’apport superieurement important de son commentaire au debat. Lami. PS : oui le subjonctif serait plus adapte apres ’que’ mais ca ne m’arrangeait pas ...
Et le POUVOIR D’ACHAT ? Bou diou de bou diou ... Personne ne parle du « président du pouvoir d’achat » ? C’est tout de même important d’avoir amélioré notre pouvoir d’achat. Vous vous en rendez tous compte en faisant vos courses, non ?
Vous allez me faire rougir ! Je crois que vous êtes en train de découvrir que l’univers médiatique est un univers de leurres et d’illusions ! Seulement, il semble que vous n’ayez jamais abordé l’information par cette entrée ! D’où apparemment votre perplexité ! Il est vrai que le savoir scolastique et la doxa se gardent bien d’en parler ! Paul Villach
Si vous aviez voulu être totalement constant dans la faute de français , vous auriez du également écrire, en utilisant mal à propos l’infinitif :
« il a quand même :
- faire en sorte que la France etc ...
- vendre de la croissance aux Français ... »
PS : si vous avez un doute entre l’infinitif et le participe passé , essayez de voir ce que votre phrase donne avec un verbe du 3ème groupe, vous éviterez bon nombre de fautes !
D’accord avec vous, je suis super emmerdé avec mon pouvoir d’achat tellement il est surgonflé, tellement j’ai trop de pognon à dépenser. Je pense mener une action collective pour forcer les supermarchés à mettre des caddies beaucoup plus grand à disposition car celà est la cause direct de l’absence de reprise de la croissance.
Sale
temps pour le locataire de l’Elysée, face à DSK un
sondage le donne perdant en 2012, et ça j’adorre ! :là
,... à force de prendre les français pour des cons !
Tiens
ce ce moment je voudrais voir la tronche de tous ces suces noeuds !
Non....
pas à la gendarmerie.... comme j’avance jamais masqué !
je l’ai déjà écrits à la CRS 34 de Roanne
( 42)
Pour
ce qui concerne mes rapports quand j’étais flicard avec ma
hiérarchie, ... ce n’a pas été un long fleuve
tranquille , faudra un jour que j’écrive mes mémoires...
j’ai des anecdotes à la pelle !
Je
ne suis pas un gauchiste, juste un mec épris d’équité
et de vérité, c’est à dire qui a horreur du
mensonge.. et là le locataire de l’Elysée est hélas
un champion.
Votre analyse est tout à fait pertinente sauf qu’il y manque la finalité du leurre.
Le leurre réel était la candidature du fiston à la présidence, sachant pertinemment que ça soulèverait des tollés en France et à l’étranger et donc beaucoup de bruit pour cacher le réel objectif de la manœuvre.
La présidence de l’Epad est essentiellement honorifique et représentative. Le président n’a pas de réel pouvoir ni de rémunération.
Par contre, un administrateur de l’Epad a le pouvoir de signer des décisions, de décider de la répartititon des budgets, de décider des marchés publics et il est rémunéré. Les administrateurs de l’Epad, en majorité UMP avaient besoin d’un chef d’orchestre formé par Sarkozy pour que notre empereur ait son âme damnée dans la place. Il me semble évident que l’objectif de Sarko était, dès le départ que son fils soit administrateur de l’Epad mais dans la mesure où la plupart des administrateurs sortent de l’Ena, de l’Insee et de grandes écoles, s’il avait directement présenté son rejeton triplant sa deuxième année de droit, il n’aurait jamais pu devenir administrateur.
Il a donc fait un rideau de fumée avec une candidature impossible pour arriver à ses fins. La preuve, personne ne s’insurge contre l’embauche en tant qu’administrateur d’un gamin de 23 ans, sans diplôme inexpérimenté et inculte .... Il va toucher combien Jean Sarkozy, tous avantages confondus ?
Depuis son élection, le Sarko utilise cette méthode systématiquement avec le soutien de ses amis des médias. Ce qui est triste, c’est que ça marche ;-((((
Très bon article, mais qui ne doit pas faire oublier le bon côté de cette sordide affaire : avoir le plaisir de voir Jean Sarkozy déguisé sur le plateau de France3, le 13 octobre 2009.
Cheveux (presque) courts, lunettes à la Chirac période 70’s... A mourir de rire !
Il lui faudra prendre l’habitude de réfléchir, avant de prendre des décisions à la hâte, imposée sans concertation, en méprisant tout le monde...
Qu’il réfléchisse avant de parler et d’inciter son fils à se travestir en mature à 23ans, on a un peu de mal à croire en les capacités précoce du jeune homme !!!
Quand à Sarkozy qu’il arrête son vomi de paroles, de mesures et de lois accumulées, pondues à la va vite, le pays ne s’en portera que mieux !!
Le véritable scandale n’est pas la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l’Epad, le véritable scandale est qu’il soit devenu administrateur de cette structure qui brasse des milliards et représente un des plus importants centres d’affaires européen.
Curieusement, personne n’en parle !
A ce compte, tous les jeunes de 23 ans sans diplôme devraient pouvoir prétendre à un poste d’administrateur à Eads, TF1, Le Figaro, Edf, Veolia, BNP, France télévisions, Stif, etc. (je cite au hasard...)
Vive la France qui donne sa chance à tous ses jeunes indépendamment de leurs diplômes et de leur expérience !!!!!!