Aimer à perdre la raison
Qui n'a pas été bouleversé au plus profond de lui même dans ses sentiments et ses croyances quand l'idéal s'abima dans les profondeurs de la mer Egée.
Il se nommait Icare, il nous inspire toujours au cœur de l'Atlantide.
Dans un sursaut de christianisme j'ai même invoqué le révolutionnaire incarné et converti Charles Péguy :
... « Car nul homme ne connaît l'homme,
Car une vie d'homme, une vie humaine comme homme ne suffit pas à connaître l'homme
Tant il est grand et tant il est petit, tant il est haut et tant il est bas »...
(extrait de la Passion)

Le mythe de Pandore réactualisé illustre bien le débat.
Dans la mythologie grecque, Prométhée déroba le feu aux Dieux pour le confier aux hommes.
Dans sa vengeance, Zeus ordonna à Vulcain de créer une femme d'argile. Elle reçut des Dieux les dons d'une ensorceleuse : Beauté, flatterie, amabilité, adresse, grâce, intelligence, mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction.
Elle prit le nom de Pandore, qui en grec signifie "doté de tous les dons". Puis elle se laissa séduire par Epiméthée (celui qui réfléchit après coup) et finit par l’épouser.
Le jour de leur mariage, on remit à Pandore une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité en lui interdisant de l’ouvrir. Par curiosité, elle transgressa et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre.
L’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux.
C’est à partir de ce mythe qu’est née l’expression "boîte de Pandore", qui symbolise la cause d’une catastrophe.
De notre bonne vieille terre, la dernière tornade mythique et pourtant bien réelle...
Patrick Fluckiger (l’Alsace) voit dans l’affaire Luc Ferry une conséquence du séisme DSK qu’il compare à une « bombe à fragmentation ». « Mardi soir », explique-t-il, « Luc Ferry a ramassé une autre sous-munition, et elle lui a explosé entre les mains ». Or poursuit-il, « l’incendie s’annonce violent » et « dans ce climat délétère, les médias sont sur la corde raide, car la presse a trop souvent tu les turpitudes des hommes politiques ».
Luc Ferry, l'authentique vénusien à l'anima élégante et féérique.
Au lendemain de l'aventure d'Icare DSK, ses amis, mais aussi tous les autres étaient bouleversés et Pandore régnait en maitresse sur les consciences et les cœurs...elle avait séduit et épousé tous les hommes en secret, mais les autres femmes dans leur majorité veillaient encore...clairvoyantes et justicières après si longtemps d'iniquité et de souffrance rentrées.
Plusieurs organisations féministes dénonçaient le traitement de l'affaire. « Quasiment à aucun moment on n'entendit parler de la plaignante, de son point de vue à elle, de ce qu'elle avait pu ressentir ».
Le PS engagea un virage dans sa communication. Si personne ne pouvait croire que DSK, qu'ils connaissaient depuis tant d'années, était coupable d'un acte violent...le temps passa et le ton commença à changer parmi les socialistes. Désormais, les propos s'équilibrent, et on évoque la situation de la jeune femme qui accuse DSK. Dans cette affaire, il y aura « une victime », a rappelé Martine Aubry : « DSK s'il est innocenté, cette jeune femme si les faits sont avérés. Ils sont sans doute les seuls à savoir la vérité des faits. »
Dominique SK à l'anima conquérante, valkyrie surgissant d'un opéra Wagnérien, vénusien lui aussi mais à la manière d'Epicure. Mais comme tous les hommes disciple de Pan.
Pan, la divinité la plus importante du monde antique. Les Grecs l'intègrent à leur panthéon et lui donnent un destin chaotique.
Au pays des amishs, des mormons, des évangélistes, des baptistes, des témoins de Jéhovah, des adventistes, bref au pays des descendants exilés européens du Mayflowers qui avaient fuit le vieux continent catholique et pas très catholique pour exporter leurs misères et leurs convictions protestantes, protestataires et sectaires...c'est l'ange de lumière, luxifer, c'est à dire Lucifer, celui qui hante la conscience américaine qui n'a pas digérée le cynisme orchestré dans les siècles des Amérindiens torturés et sacrifiés sur l'autel de la conquête et de la cruauté. Hiroshima et Nagasaki sans doute aussi.
La même conscience qui exporte allègrement son hégémonie et son inflation galopante sur la terre entière avec la grâce et le sourire de son nouveau président.
Comme je vénère aujourd'hui Charles de Gaulle qui avait tout compris.
En amont, à cœur et à cru, sur les pas du héros de la Mancha, Bernard Henri Lévy, cheveux au vent, l'œil grave, s'en prenait à la presse en général et à la télévision en particulier, qui traitait l'affaire en boucle depuis une semaine. « Un homme dont on ne sait pas encore s'il est coupable ou innocent, on ne peut pas le promener menotté, le montrer sur toutes les chaînes de télévision dans une situation d'humiliation extrême comme une espèce de supplice moderne sous prétexte qu'il est le patron du FMI, je trouve cela dégueulasse...
Robert Badinter, le sourcil épais et dru, l'œil noir et vif criait son amitié et son indignation. Intègre justicier sévère, il ne sut masquer sa chaleur et sa peine bien humaines.
DSK : Empoignade verbale entre Robert Badinter et Laurent Joffrin sur France 2
Éditorial de lucienne magalie pons : "Robert Badinter a des liens d’amitiés anciens et indéfectibles pour DSK et comme bien d’autres proches et amis politiques et personnels de DSK il a pris la défense de ce dernier en insistant sur « la présomption d’innocence » dont doit bénéficier son ami."
Particulièrement sensible à l'injustice et à la calomnie, notre excellent ministre de la culture, de cette époque lointaine où le culturel s'apparentait au sacré, avant que l'Amérique nous empoisonne un peu plus avec son inculture et ses préjugés, Jack Lang s'impliquait...depuis s'explique et se justifie.
Affaire DSK : le cri de colère de Jack Lang
Parmi les réactions à l'arrestation et à la mise en détention de Dominique Strauss-Kahn, celle de Jack Lang a été exploitée comme s'il s'agissait d'une complaisance. Il n'en était rien, et il l'explique dans le "Monde" du 1er Juin 2011.
Ce qui l'a choqué, c'est le refus de la juge américaine de faire bénéficier le français Dominique Strauss-Kahn d'une coutume de la Justice américaine : la liberté sous caution dès lors qu'il ne s'agit pas d'un meurtre. "Il n'y a pas mort d'homme", tel est le corps de son "délit", à lui. Entendu par les "autres"* :"ce (qu'a fait DSK) n'est pas grave !".
Jack Lang invoque donc la tradition judiciaire américaine, et non la nôtre, qu'il connaît pour l'enseigner, et qui, justement, ne pratique qu'exceptionnellement la liberté sous caution, à la discrétion du juge. C'est une disposition trop récente en France, et pas vraiment acceptée, pour avoir eu le temps de se muer en tradition !
Aux matins de France culture du 16 mai 2011 Jean-François Kahn Epiméthée, Don Quichotte...
J.-F. Kahn : Je suis certain, enfin pratiquement certain, qu'il n'y a pas eu une tentative violente de viol, je ne crois pas, ça, je connais le personnage, je ne le pense pas. Qu'il y ait eu une imprudence on peut pas le… (rire gourmand), j'sais pas comment dire, un troussage,
J.-F. Kahn : que y ait un troussage, euh, de domestique, enfin, j'veux dire, c'qui est pas bien, mais, voilà, c'est une impression. (quelle jeunesse de cœur, quelle spontanéité)
Et la foudre du ciel, ou peut être la colère d'Athéna de s'abattre sur lui !
Et un autre reprenait dans son langage imagé,
« Attention, les femmes ne sont pas des petits êtres fragiles. Dès qu’elles vous voient en train de faire l’erreur de vous comporter comme un castagneur elles vous laissent tranquillement avancer et après tranquillement, judo, elles vous retournent la situation et vous avez l’air d’un plouc. Je n’ai pas encore trouvé mon pied d’appel, j’ai intérêt à me dépêcher ».
Qui se méfie autant des femmes ?
Le sympathique, l'astucieux, le généreux et l'imprudent gobelin. Jean-Luc Mélenchon.
Et ils parlaient et commentaient et commentaient encore !
Ne vous y trompez pas gentes dames, ces hommes sont de vrais chevaliers, mais comme nous ils ont vécu une métamorphose et ont exprimé leur douleur en pleine lumière, avec plus ou moins de bonheur, la projection émotionnelle aidant.
Malgré ce chaos médiatique et l'immersion coutumière de l'homme dans les mythes de ses origines, les machos, et les autres, c'est à dire les machos qui s'ignorent, dans le bruit et le secret entonnent avec Jean Ferrat dans une émotion sincère...peut être pour se faire pardonner, mais aussi du fond du cœur, très sincèrement :
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme
Et tous de reprendre à l'unisson
Ah, c'est toujours toi que l'on blesse
C'est toujours ton miroir brisé,
Mon pauvre bonheur ma faiblesse
Toi qu'on insulte et qu'on délaisse
Dans toute chair martyrisée.
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
À n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur de partir
Aimer à perdre la raison.
(Louis Aragon et Jean Ferrat)
Et la terre de tourner, de translater et de s'enfoncer et peut être de se perdre dans l'univers mystérieux et tellement inconnu.
Et nous de rêver et d'inventer un monde en creux en faisant du cinéma sur l'écran noir de nos nuits blanches...merci Claude Nougaro.
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