Airbus : un pot aux roses découvert !
Selon l’AFP, dès le 6 mars 2006 les dirigeants d’EADS auraient été informés des problèmes gravissimes liés aux livraisons de l’A380. Dès le lendemain, le 7 mars, certains dirigeants et leurs accointances auraient vendu pour plusieurs millions d’actions et empoché de juteux bénéfices. Quelques semaines après, c’est plusieurs milliards d’euros qui auraient été vendus par les principaux groupes actionnaires d’EADS, français et allemands. Le cours de l’action était alors encore au maximum. Le profit aussi. Le marché et le petit porteur croyaient toujours qu’Airbus allait être l’affaire du siècle. Non ! Pour quelques initiés seulement cela devait être l’affaire du siècle. Airbus allait entrer dans de gigantesques turbulences qu’eux seuls connaissaient dès le 6 mars. Il fallait alors vendre vite, très vite. Vendre, sans que personne ne le sache car c’est défendu par la loi et le code des marchés financiers. Tout le monde le sait. Pas eux : pourquoi ?
D’abord un rappel concernant le délit d’initié : l’article 10-1 de l’ordonnance de 1967 l’énonce comme "le fait, pour les dirigeants d’une société et pour les personnes disposant, à l’occasion de leurs fonctions, d’informations privilégiées sur les perspectives ou la situation de la société, de réaliser ou de permettre sciemment de réaliser, soit directement ou par tiers interposé, une ou plusieurs opérations avant que le public ait connaissance de ces informations".
Si l’affaire est avérée, soyons prudents, comment des managers dits de haut niveau peuvent tomber dans un tel piège : celui du délit d’initié ?
Mais, les managers soupçonnés sont-ils vraiment de haut niveau ? Comment sont-ils arrivés à la tête de ces groupes importants ? Sont-ils des managers mondialement connus et reconnus, notamment sur le marché nord-américain ? Leur charisme saute-t-il aux yeux ? Sont-ils des stratèges hors pair ?
Non, souvent rien de tout cela, à quelques exceptions près issues d’une réelle méritocratie ! Nommés par un gouvernement "copain" ou grand héritier dynastique, beaucoup sont de ceux-là. Les qualités innées décrites ci-dessus font souvent défaut. Comme chez beaucoup d’entre nous d’ailleurs. Pas plus, ni moins.
Alors, apprenant que la société, dont ils avaient le titre de copatron direct ou indirect, allait vers de graves déconvenues, ils ont tout simplement réagi comme des enfants l’auraient fait : "On vend avant que l’argent que notre société nous a donné sous forme d’actions, ne vaille plus rien". C’est humain, avouons-le ! Mais cela n’a rien de commun avec l’idée que l’on peut se faire d’un grand patron. D’un vrai, celui dont les qualités sont reconnues et unanimement appréciées
Ensuite, c’est ignorer que l’action est un titre de propriété et qu’à ce titre il engendre des droits et des devoirs. Le droit notamment de percevoir des dividendes et le devoir de partager les risques d’entreprise. Les petits actionnaires le savent et Eurotunnel en est l’un des symboles. Apparemment, selon les sources de l’AFP, certains dirigeants et gros actionnaires d’EADS auraient oublié le contrat moral de l’actionnaire citoyen. Pire, il y aurait même eu délinquance de grands chemins.
Alors, si l’affaire est vraiment avérée, soyons encore très prudents, car avant tout jugement, le présumé coupable est encore innocent, le président d’un grand groupe industriel mêlé à cet éventuel délit d’initié, serait un ami du président Sarkozy.
Une véritable aubaine pour notre président à quelques jours des élections législatives. Montrer, comme l’avait fait le président Mitterrand dans l’affaire Patrice Pelat, que l’amitié a ses limites. Celle de la droiture citoyenne.
Il appartient désormais à l’AMF de faire son devoir. Et, au président Sarkozy de dire aux Français que la justice doit passer, quelles qu’en soient les amitiés avec tel ou tel dirigeant.
La jeunesse de notre pays, en manque de repères depuis 1968, attend cela de vous monsieur le président !
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