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Accueil du site > Tribune Libre > Alger ….. Le piège tendu à François Hollande

Alger ….. Le piège tendu à François Hollande

Le quotidien algérien « El Watan » nous apprend, entre autres choses, que François Hollande ira rendre hommage à Maurice Audin sur la place qui porte son nom, en plein centre d’Alger.

Mais qui est Maurice Audin ? Pour ceux qui ne le connaissent pas il s’agit d’un assistant en mathématiques de l’université d’Alger, né le 14 février 1932 à Béja (Tunisie) et français.

Militant anticolonialiste et membre du Parti communiste algérien, Audin a collaboré activement avec le FLN. Il a été arrêté par les paras du 1er REP le 11 juin 1957.

Quelle aide Audin a-t-il apporté au FLN ?

Difficile de le savoir. On sait qu’il a organisé le départ vers l’étranger de Larbi Bouali (premier secrétaire du PCA) une fois sa mission terminée en septembre 1956. Et que c’est également dans son appartement, qu’Henri Alleg (Directeur du quotidien Alger républicain) recherché pour collaboration fut arrêté le 12 juin 1957.

Il faut tout de même retenir que Maurice Audin a aidé les ennemis de la France, le FLN, qui, à l’époque, fracassait les bébés contre les murs, violait et éventrait les femmes (EL Halia le 20 août 1955), a égorgé 17 jeunes soldats français avant de leur enfoncer les organes génitaux dans la bouche (Palestro le 18 mai 1956), posait des bombes dans les bars et les dancings et massacrait des milliers d’européens et de musulmans.

Peut-être ne méritait-il pas la mort au même titre qu’un Jeanson, Laban, Timsit, Fanon ou Maillot car il semblerait qu’il ait été exécuté soit en tentant de s’évader, soit par des services français (d’après des archives du colonel Godard découvertes aux USA)

J’insiste sur le fait que Maurice Audin était communiste et que ses « camarades » communistes n’ont jamais hésité au gré des conflits à exécuter de nombreux intellectuels français sous prétexte de « collaboration idéologique ou politique » avec l’ennemi. (Par exemple Robert Brasillach et Paul Chack).

Il est déjà assez ignoble et déshonorant la France que le maire de Paris, Bertrand Delanoé, ait inauguré le 26 mai 2004, une place dans le Ve arrondissement de Paris au nom de Maurice Audin ainsi qu’un Parc à Argenteuil quelque temps après. Alors que pas une rue, pas une impasse, n’honore le nom d’un officier ou d’un soldat mort pour la France en Afghanistan.

Nous ne pouvons qu’espérer que le président de la république ne tombera pas dans ce piège, comme il est tombé dans celui de la commémoration du soi-disant massacre du 19 octobre 1961.

 


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31 réactions à cet article    


  • jymb 19 décembre 2012 12:52

    Personne ne se fait d’illusion quand à la volonté d’apaisement par une reconnaissance mutuelle de l’histoire et d’événements au minimum douloureux, et au pire, atroces. L’interview télévisé de l’inénarrable Noël Mamère entendu hier ne laisse planer aucun doute quand à la volonté de certains de creuser encore et toujours le fossé de la haine et du travestissement de l’histoire par des repentances unilatérales.


    • velosolex velosolex 19 décembre 2012 13:59

      « Peut-être ne méritait-il pas la mort ! »
      Hallucinant d’écrire un tel torchon, une justification et une incitation à la haine, dont je ne suis pas sûr qu’elle soit compatible avec le droit.
      La liberté de parole a les limites de la décence !


      • blablablietblabla blablablietblabla 19 décembre 2012 14:18

        @velosolex,


        Tout à fait c’est meme pas un torchon c’est une ... bref encore un qu’il n a pas encore avaler.

        Ce n’est pas avec ce genre de torchon que les deux pays tourneront la page ,et comme il à dit Geaorges Fraiche à Martinez représentant le F.N en Languedoc « que si il n y avait pas les français il serait entrain de ramasser les oranges en Espagne »

        C’est vrai ils ont fait oeuvre de civilisation en Algérie les pieds-noirs«  

        90 % de la population étaient analphabete en 1962 , les pieds-noirs sont »méchants« comme disait une petite fille en parlant de sa grand mère et son grand père ,c’est comme ça de père en fils.

        Je me suis marié deux fois avec des pieds-noirs une vrai calamitée,hoola attention ils sont plus intelligent que tous les autres mais malheureux y a les pieds-noirs et l’univers à coté ,pathétique la plupart .

        Y a na qui sont bien hein ben oui comme ont dit sur les arabes aussi »y a na qui sont bien« j’ai meme ds amis »pieds-noirs il est vrai qui sont tous au f.n mais enfin y a na qui sont sympa !

        • blablablietblabla blablablietblabla 19 décembre 2012 14:33

          « aujourd’hui écrivain 14 livres publiés »


          Pétard j’imagine les bouquins et à qui ils sont destinés ! 

          • 1871-paris 1871-paris 19 décembre 2012 17:46

            tu m etonnes bonjour la prise de cigare, sa doit fumer grave !

            delire en 14 tomes !

          • 1871-paris 1871-paris 19 décembre 2012 17:40

            un vrais torchon !


            citation de faits barbare or contexte et travesti pour certain.
            savez vous pourquoi le chatiment de l egorger avec les organes genitaux etait pratique(ont peu pas le cautionner mais zu moins l expliquer)

            • exocet exocet 19 décembre 2012 21:00

              Le prix à payer ?

              La repentance, ce ne sont que des mots, mais des mots culpabilisants, prélude à des largesses qui vont être extorquées à François Hollande.

              Face à l’Algérie, pays pétrolier qui a fini de régler sa dette publique en 2007 (eh oui, budgets en excédent tous les ans, zéro dette publique), je ne crois pas que de l’argent soit exigé de notre Président, de la part de la France, pays aux 1700 milliards d’euros de dettes.

              Par contre, ce qui est récurrent dans ces rencontres avec l’Algérie, ce sont les demandes de visas : François Hollande risque d’être acculé à promettre des dizaines voire des centaines de milliers de visas pour les Algériens souhaitant s’établir en France dans les années à venir.

              Depuis Houari Boumédienne, c’est la spécialité des dirigeants Algériens : élargir leurs prisonniers de droit commun, vider leurs hôpitaux psychiatriques, avec un billet aller et un visa pour la France.....


              • Yohan Yohan 19 décembre 2012 22:54

                J’ai cru comprendre que Flamby a sorti sa « carte à visa » smiley


                • HELIOS HELIOS 20 décembre 2012 04:19

                  évidement qu’il sorti sa « carte a visa »... il n’y a que ça qui les intéressent...
                  Et ne croyez pas qu’il rentrent au bout de 3 mois... comme il n’y a aucun contrôle en la matiere....


                • barrere 20 décembre 2012 09:29

                  et les queues devant les consulats français, c’est pour les tickets de rationnement ?

                  mauvaise foi Omar chéri


                • Zobi Zobi 19 décembre 2012 23:41

                  La violence nous fait de nous des prisonniers de la mémoire collective.
                  Ce n’est pas cette mémoire que nous devrions célébrer... Mais celle qui est la plus belle en nous : celle de l’Amour (avec un grand Tas ! ;D)


                  • ung do 19 décembre 2012 23:50

                    @ l’auteur . Vous mentionnez quelques exactions, massacres perpétrés par les Algériens .Après 50 ans , il faudrait ravaler votre amertume ; ça ne sert à rien ; ce qui est perdu est perdu . Audin ou un autre , vous cherchez un bouc émissaire . Comme dit le sage , se faire des reproches à soi même plutôt que d’en faire d’en faire aux autres . Il faudrait réciter peut -être toutes les exactions 1000 fois plus horribles que les colonisateurs ont infligées aux Algériens pendant la conquête et pendant la guerre d’Algérie , ça remplirait des volumes et des volumes :on ne voit que la paille dans l’ oeil de l’autre mais pas la poutre qui est chez soi


                    • Traroth Traroth 20 décembre 2012 00:45

                      Pourquoi devrait-on considérer les résistants algériens comme des ennemis de la France ? L’Algérie française était une forme de domination d’un peuple au profit de quelques privilégiés, que l’Etat français a d’ailleurs dédommagé pour on ne sait quelle raison. Personnellement, je défends le droit des peuples à décider de leur destin. Au nom de quoi les occidentaux imposaient-ils leur domination ? Les Algériens avaient tous droits d’expulser les envahisseurs !


                      • exocet exocet 20 décembre 2012 02:05

                        « responsable des premières exactions commises dans ce Pays »

                        Nuançons un peu : François Mitterrand, alors Ministre de l’intérieur avait réclamé aux militaires, c.a.d. au général Massu de « pousser les interrogatoires » pour avoir plus de résultats.


                      • barrere 20 décembre 2012 09:30

                        «  »« Et si Flamby est en Algérie, c’est pour les centaines de milliards de dollars que possède ce pays.. »«  »

                        c’est pas en suisse qu’ils sont ?


                      • barrere 20 décembre 2012 09:54

                        ben non la preuve que non.....toujours dans la haine. Il vous faudrait a nouveau un pouvoir ottoman pour que vous puissiez regardez la france autrement.

                        Omar 33 , 33 comme la gironde ?

                        si c’est le cas il faudrait au moins avoir l’honneur de critiquer la france du bled et non pas du bordelais........


                      • Jonas 20 décembre 2012 08:26

                        La guerre d’Algérie avait commencé sous les socialistes et avait duré autant que sous de Gaulle. Le Parti communiste comme toujours cherche a s’acheter une virginité historique pourtant il avait bien voté les pouvoirs spéciaux au gouvernement Guy Mollet.


                        « Le gouvernement disposera en Algérie des pouvoirs les plus étendus pour prendre les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances, en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire ». Le texte fut adopté à l’Assemblé nationale, le 12 mars 1956, par 455 voix, y compris celles des 146 des députés du Parti communiste Français , contre 76.

                        En février 1958, la Fédération de France du FLN publiait un document intitulé Le PCF et La Révolution algérienne. Dans lequel on peut lire une violente dénonciation de la politique algérienne du Parti Communiste français, accusé de ne pas avoir pas eu le comportement conforme aux principes dont il se réclame : internationalisme et soutien inconditionnel de la lutte and-impérialiste des peuples coloniaux. Citant les textes officiels du Parti, la Fédération de France du FLN faisait observer qu’en 1956 encore- c-à-d deux ans après le déclenchement de l’insurrection nationale en Algérie- Le PCF continuait à demander le amincie de l’Algérie dans l’Union française et se prononçait contre l’union de l’Algérie avec la Tunisie et le Maroc indépendants au sein d’un Maghreb arabe. Le PCF prenait ainsi, dans les faits, position contre le mot d’ordre au nom duquel le mouvement national algérien avait engagé la lutte armée contre le système colonial français : l’indépendance.

                        Aujourd’hui le PCF comme lors du début de la seconde guerre mondial avant l’entrée en guerre de Staline cherche à se faire passer pour le Parti progressiste et qui voit juste.

                        L’Algérie du FLN doit ouvrir ses archives afin de les les mettre à la disposition de tous les historiens Algériens , Français et étrangers comme le fait la France. 

                        Les horreurs de la guerre d’Algérie ont été commises des deux côtés. 

                        Cette dissymétrie doit être dénoncée . Un peuple fort est celui qui peut regarder son histoire avec ses ombres et ses lumières. La propagande du gouvernement FLN ne durera pas encore longtemps.



                        • escoe 20 décembre 2012 08:56

                          La rhétorique pied-noire habituelle : si on avait tué plus d’arabes on aurait été tranquilles pour un siècle et on serait encore là bas. Lisez donc « l’art français de la guerre » d’Alexis Jenni. Ca explique bien la logique encore en vigueur au Front National.


                          Au passage on peut dire que l’assassinat de Maurice Audin a été une grande perte pour la France car malgré son jeune age il était déjà considéré comme le meilleur mathématicien de sa génération.
                          Ramirez et Gomez, eux, auraient pu rester à Alicante avec les débris de l’OAS comme le père Tabarot. Ca n’aurait pas été une grande perte.

                          • Laurenzola Laurenzola 20 décembre 2012 09:41

                            @L’auteur

                            Vous êtes membre du parti FLHaine ?


                            • Laurenzola Laurenzola 20 décembre 2012 09:42

                              @L’auteur

                              Front de Libération de la Haine, au cas où !


                              • Hijack Hijack 20 décembre 2012 11:30

                                Piège ... quel piège ??? Si certains croient qu’il va tomber dans une couscoussière et y rester ... se rassurent !!! ... Hollande ne sait bien faire qu’ une seule chose : parler et ne rien faire !!!


                                • cogno4 20 décembre 2012 12:24

                                  Hollande ne sait bien faire qu’ une seule chose : parler et ne rien faire !!!

                                  Toutes les qualités d’un politicien....


                                • Hijack Hijack 20 décembre 2012 12:42

                                  O.K ... j’entends bien ... Mais Sarko lui parlait ... et faisait des dégâts ... (la Libye entre autres, s’agenouillant devant les usa) ...


                                • Constant danslayreur 20 décembre 2012 12:32

                                  "Pour ceux qui ne le connaissent pas il s’agit d’un assistant en mathématiques de l’université d’Alger« 

                                  Faux, c’est un Dr Es Sciences à titre posthume ne vous déplaise.

                                   »On sait qu’il a organisé le départ vers l’étranger de Larbi Bouali (premier secrétaire du PCA) une fois sa mission terminée en septembre 1956. Et que c’est également dans son appartement, qu’Henri Alleg (Directeur du quotidien Alger républicain) recherché pour collaboration fut arrêté le 12 juin 1957.« 

                                  Recherché pour collaboration, c’est tout ce que Henri Alleg évoque pour vous ?

                                   »il semblerait qu’il ait été exécuté soit en tentant de s’évader, soit par des services français"

                                  J’arrête là, à ce niveau de bêtise crasse on ne peut que vous inviter à lire un peu avant de déblatérer autant de sottises au cm²... Et je vous laisse deviner qui est l’auteur de l’ouvrage dont provient cet extrait...

                                  Audin Maurice, docteur ès sciences à titre posthume

                                  Le 22 juin 1957, dans un bureau vaste et clair d’où l’on regarde la brume délicate qui monte au dessus de la baie d’Alger, M. Pierre Maisonneuve appose son paraphe au bas d’une lettre adressée à Mme Josette Audin, adjointe d’enseignement au lycée Gauthier. Le conseiller technique chargé de la coordination des cabinets civil et militaire de Robert Lacoste, rassure : « Madame, vous avez bien voulu attirer mon attention sur le cas de votre mari arrêté le mardi 11 juin à 23 heures et dont vous étiez depuis sans nouvelles. Je m’empresse de vous faire connaître que M. Maurice Audin se trouve actuellement sous le coup d’une assignation à résidence et à la disposition du commandant militaire du sous-secteur de la Bouzaréah et qu’il se trouve en très bonne santé. Je pense qu’il vous sera accordé prochainement l’autorisation de communiquer avec lui. »

                                  Dans l’après-midi du même jour, la lettre portée par un employé du gouvernement général, parvient à Josette Audin. Celle-ci n’en est pas moins inquiète. Le matin, 2 parachutistes en vêtements civils, le sergent Maurice Bacquet et le soldat Lledo, ont débarqué chez elle, « pour surveiller les allées et venues », ont-ils dit. En vérité, ils ne semblaient pas désireux de surveiller qui que ce soit, mais surtout pressés d’aller vaquer à d’autres occupations.

                                  L’un a demandé d’un drôle d’air : « Croyez-vous que vous reverrez votre mari ? » l’autre a regardé un portrait de Maurice Audin et dit : « C’est votre mari ? Il était bien jeune. »

                                  Séquestrée dans son appartement, avec ses 3 enfants, entre le 11 et le 15 juin, par des paras et des policiers chargés de l’empêcher de communiquer avec l’extérieur, Josette Audin, sitôt libre, alerte toutes les autorités universitaires, gouvernementales, judiciaires et militaires. Elle sollicite la commission de sauvegarde, demande les services d’un avocat. Puisque M. Maisonneuve l’assure que son mari est assigné à résidence au « sous-secteur de la Bouzaréah », elle s’y rend auprès du commandant qui, lui-même, la renvoie au palais Bruce chez le colonel Godart, commandant militaire du secteur Alger-Sahel. Pendant une semaine, elle tente vainement d’être reçue, puis son avocat lui fait savoir qu’il a, enfin, obtenu un rendez-vous auquel elle doit se rendre seule, pour y apprendre, paraît-il, une « nouvelle rassurante ».

                                  Le 1er juillet, Josette Audin est reçue par le lieutenant-colonel Trinquier, adjoint du colonel Godart, qui lui donne lecture d’un rapport du lieutenant-colonel commandant le 1er R.C.P., daté du 25 juin. Selon ce rapport, son mari, le professeur Maurice Audin, se serait évadé le 21 juin à 21 heures pendant qu’on le transportait en jeep du centre de triage d’El-Biar à une villa sise Faidherbe pour l’interroger… La « nouvelle rassurante », c’est cette pseudo-évasion à laquelle la femme de Maurice
                                  Audin ne croit pas une seule seconde.

                                  « Je savais, écrit-elle, que mon mari n’aurait jamais tenté une telle évasion. D’autre part, les détails qui étaient donnés dans ce rapport d’évasion étaient par trop invraisemblables : on transportait mon mari après 9 heures du soir pour l’interroger, il était monté seul à l’arrière d’une jeep. Le seul sergent qui était chargé de l’accompagner (le sergent Misiri Pierre) ne le jugeant pas dangereux s’était assis à côté du chauffeur (contradictoirement avec la façon dont on était venu l’arrêter) ; il n’était pas enchaîné (contrairement à ce qui se fait toujours ici) ; il aurait alors sauté de la jeep « roulant à vive allure » (alors que mon mari n’était pas sportif) ; le sergent aurait immédiatement tiré des rafales de mitraillette dans sa direction sans l’atteindre ; un bouclage et une fouille du quartier auraient alors été faits et on n’aurait pas trouvé trace de Maurice Audin, alors que les portes de tous les immeubles doivent être fermées à 21 heures au plus tard ; seul un chirurgien-dentiste aurait vu une « ombre » s’enfuir, sans jamais pouvoir préciser si cette « ombre » avait quelque rapport avec Maurice Audin. Enfin, et surtout, le Dr Hadjadj, détenu par les parachutistes en même temps que mon mari, avait été témoin des tortures qu’il avait subies et qui l’avaient très affaibli.

                                  Comment envisager alors que mon mari ait pu tenter une évasion et la réussir ? »
                                  Persuadée dès lors que son mari a été assassiné par les parachutistes, Josette Audin crie justice.

                                  L’affaire Audin commence.

                                  Pierre Vidal-Naquet¹, jeune professeur d’histoire au lycée d’Orléans, a gardé de l’occupation des souvenirs terribles et l’horreur des méthodes répressives utilisées par les nazis. Il considère qu’utiliser celles-ci au nom de la France constitue un suprême déshonneur. Il donne des cours d’instruction civique sur l’Afrique du Nord, et ces cours font scandale, quoiqu’il s’efforce, seulement, de donner une information honnête sur la situation économique et sociale de ces pays.

                                  Il commence, par ailleurs, a recueillir des témoignages sur ce qui se passe en Algérie, assiste avec indignation, au rappel des disponibles. « J’avais un sentiment de honte. On voyait tous ces gens partir et l’on ne pouvait pas grand-chose pour les en empêcher. Je cherchais un mode d’intervention, un mode d’action. »

                                  Il reçoit des lettres de rappelés qui lui font connaître les réalités de la guerre coloniale. Il retrouve enfin son ami Robert Bonnaud, agrégé d’histoire lui aussi, qui en revient. Il l’encourage à témoigner. Ce sera « La paix des Nementchas » publiée par la revue Esprit au mois d’avril 1957. « 
                                  Je m’attendais à un énorme scandale, au début d’une nouvelle affaire Dreyfus. J’ai trouvé un énorme édredon de silence, trouvé seulement par 2 ou 3 voix, dont celle de l’hebdomadaire Les lettres Françaises²

                                  Il n’y avait pourtant pas de raisons particulières pour que ces révélations connaissent dans les journaux « bien pensants » une plus large audience que celles apportées depuis des années par d’autres voix, celle de L’Humanité en particulier.

                                  Comme d’autres de ses collègues, gens de gauche, socialisants de tendance mendessiste, Pierre Vidal-Naquet se refuse, dans cette période, à collaborer avec les militants de la seule force politique qui lutte pour la paix en Algérie et dénonce les méthodes répressives, la torture : le Parti communiste légitime l’intervention soviétique en Hongrie… « il me paraissait, dit-il, difficile de soutenir la répression en Hongrie et de la combattre en Algérie. » Cet ostracisme à l’égard des communistes freinera, dans une certaine mesure, notamment dans les milieux intellectuels, le rassemblement des forces hostiles à la guerre. Les militants communistes, pour leur part, ne peuvent admettre les exclusives lancées contre eux – qui tendent leurs énergies pour lutter contre la guerre – par d’autres adversaires de l’aventure colonialiste qui, disent-ils, subordonnent la lutte pour la paix à leur sectarisme anticommuniste.

                                  « En fin de compte cependant, dit Vidal-Naquet, j’ai surmonté les obstacles. »

                                  Lorsqu’il apprend par la presse la disparition de Maurice Audin, Vidal-Naquet s’émeut du sort de son collègue. Comme d’autres intellectuels, il signe des pétitions, écrit au journal LE Monde : « Je suis moi-même assistant et je m’associe à tous ceux qui demandent des explications au sujet de la disparition de Maurice Audin. »

                                  Peu après, dans le courant de l’été 57, il reçoit une lettre de Mme Audin qui, systématiquement, écrit à ceux qui ont manifesté dans la presse leur inquiétude sur le sort de son mari. Le jeune assistant d’histoire de la faculté de Caen se sent au pied du mur : « Je dois réagir, et, puisque je suis historien, je dois réagir en historien. Dans cette affaire, les témoignages sont contradictoires et les autorités mentent. Il faut mettre cela en lumière. »

                                  L’action suit la résolution, Vidal-Naquet répond à Josette Audin et lui propose d’écrire « une brochure » pour témoigner et faire éclater la vérité. Un de ses amis proches est l’éditeur Jérôme Lindon qui, en cet automne 1957, vient d’éditer un livre de l’écrivain Georges Arnaud et de l’avocat Jacques Vergès, Pour Djamila Bouhired, en faveur de la jeune Algérienne condamnée à mort par le tribunal militaire d’Alger, un livre qui dénonce les entorses à la légalité, les tortures.

                                  L’arrestation de la jeune fille a été entourée d’une large et triomphale publicité. Etudiante de 22 ans, Djamila Bouhired jouit d’une popularité certaine dans les milieux patriotiques de la Capitale. Agent de liaison de Yacef Saadi, courageuse et déterminée, elle symbolise en effet l’entrée massive des femmes algériennes dans la révolution, dans le bled où elles accueillent, hébergent, cachent les maquisards, comme dans les villes où elles renseignent les patriotes, effectuent des liaisons, organisent et protègent les dépôts d’armes, réalisent des missions de commando ou manifestent les mains nues face aux troupes d’occupation.

                                  Djamila Bouhired a été grièvement blessée. La balle après lui avoir fracassé la clavicule, est ressortie par le sein gauche. Sur son lit d’hôpital, elle est pourtant tout de suite interrogée brutalement – 4 jours plus tard, les bourreaux iront plus loin encore. Dans la nuit du 17 au 18 avril, les parachutistes en effet l’enlèvent de l’hôpital pour la conduire dans une chambre de torture où la jeune fille, dont les plaies sont ouvertes, va être à plusieurs reprises suppliciée.
                                  Les tortionnaires cependant ne la briseront pas. Condamnée à mort le 15 juillet 1957, elle déclare fièrement : « La vérité est que j’aime mon pays et que je veux le voir libre et que pour cela, j’approuve la lutte du Front de Libération Nationale. Et c’est seulement pour cela que vous allez me condamner à mort après m’avoir torturée, comme vous avez tué mes frères Ben M’Hidi, Boumendjel et Zeddour³. Mais en nous tuant n’oubliez pas que ce sont les traditions de liberté de votre pays que vous assassinez, son honneur que vous compromettez, son avenir que vous mettez en danger et que vous n’empêcherez pas l’Algérie d’être indépendante Inch’Allah ! ⁴ »

                                  Avec 4 autres condamnés à mort – Djamila Bouazza, Djohar Akrou, Baya Hocine, Jacqueline Guerroudj – Djamila Bouhired sera graciée en mars 1958 et transférée en France.
                                  Avec Lindon – d’accord sans réserves – Vidal-Naquet se met donc à l’étude des documents auxquels il a accès grâce notamment à Josette Audin et son avocat, Me Jules Borker.

                                  Dans le même temps, des universitaires communistes ont pris l’initiative de faire circuler une pétition ; un autre enseignant, Jean-François Cahen, professeur d’anglais au prytanée militaire de La Flèche, écrit à tous ceux dont Mme Audin lui a procuré l’adresse pour leur proposer de constituer un comité pour la recherche de Maurice Audin.

                                  La première réaction de Vidal-Naquet est négative : « Un comité pour la recherche d’un mort, cela n’a pas de sens ! » Mais, justement : la version des autorités militaires permet de « supposer » l’existence de Maurice Audin, ou plutôt de faire comme si on y croyait. C’est après réflexion ce dont se convainc Vidal-Naquet⁵. « Si les militaires avaient prétendu qu’Audin avait été abattu au cours d’une tentative d’évasion, l’affaire aurait pu être rapidement étouffée. Ce qui caractérise l’affaire Audin, c’est la recherche des coupables d’un crime sans cadavre. »

                                  C’est dans ces conditions qu’au mois de novembre 1957, après une réunion chez un médecin éminent, le professeur Weill-Hallé, un comité Maurice Audin est créé.

                                  Le 30 juillet 1957, le quotidien L’humanité est saisi. C’est la 8ème fois depuis 1955. Ce n’est pas la dernière. Au dernier moment de la IVème République, le 13 mai 1958, il enregistrera sa treizième saisie consécutive à la guerre d’Algérie. Ce 30 juillet 1957, les censeurs ont frappé à la suite de la publication d’une plainte adressée par l’ancien directeur du journal progressiste Alger républicain Henri Alleg et d’une lettre adressée le 29 juillet par Léon Feix, conseiller de l’Union française, à Bourgès-Maunoury, président du Conseil, pour attirer son attention sur l’importance du témoignage d’Alleg.

                                  Comme son prédécesseur, Guy Mollet, Bourgès-Maunoury pratique systématiquement le maniement du bâillon. France-Nouvelle, L’Express, France-Observateur, Témoignage Chrétien, le quotidien progressiste disparu Libération, et bien d’autres, l’ont appris à leurs dépens ; mais L’Humanité, sur ce terrain est imbattable. Outre les saisies, le quotidien communiste enregistre , pendant la durée de la guerre d’Algérie, 150 poursuites, dont 99 pour provocation de militaires à la désobéissance, 24 pour diffamation envers l’armée, les tribunaux, la police, 14 pour fausses nouvelles et atteinte à la sûreté de l’Etat, 13 pour diffamation de particuliers, 64 condamnations ont coûté au journal, frais de justice compris, 8 222 965 francs. Frapper à la caisse, c’est aussi tenter de réduire au silence. Le gouvernement cependant ne pourra, cette fois, interdire l’expression de la vérité. La saisie du 30 Juillet va constituer en fait, une véritable introduction politique à la lecture du j’accuse de la guerre d’Algérie, un petit ouvrage intitulé La Question.
                                  Rédigée au camp de Lodi et adressée au procureur général près la cour d’appel d’Alger. La plainte d’Henri Alleg est exceptionnellement précise et explosive. Elle dénonce les méthodes des tortionnaires, et accuse nommément ceux-ci, qui s’étaient vantés devant leur victime : « Personne n’en saura rien. »

                                  « Personne n’en saura rien. »… Les bourreaux d’El-Biar se sont trompés. Leurs protecteurs et maîtres du pouvoir n’y pourront rien. Contre eux : La ténacité militante du supplicié et de sa femme, Gilberte – Qui remue ciel et terre - ; l’engagement de Me Léo Matarasso, son défenseur ; la campagne menée par le P.C.F. et, au-delà, les interrogations, l’émotion que ressentent et traduisent de larges milieux, de nombreux organes de presse, y compris France-Soir où, fait exceptionnel, Pierre Lazareff prend lui-même la plume.

                                  Les tortionnaires, cependant, ne peuvent mener à bien leur projet de liquidation physique du directeur d’Alger républicain. L’opinion publique est alertée. La disparition de Maurice Audin suscite une large émotion. Celle d’Alleg ne peut intervenir sans que l’affaire prenne des proportions inquiétantes pour les chefs de la 10ème D.P., le ministre résidant, le gouvernement lui-même. Et l’accusation se retourne. Au mois de Septembre 1957, Alleg et Me Matarasso demandent l’inculpation des tortionnaires. Une enquête doit être ouverte. Les parachutistes nient. Les conditions de détention auraient été normales. Les interrogatoires se seraient déroulés correctement.

                                  Au capitaine Misoffe, chargé d’instruire cette affaire « délicate », Alleg a décrit avec minutie la terrasse qu’on lui avait fait traverser pour le conduire dans l’immeuble voisin, les guérites en haut des cages d’escaliers, le tuyau qui, dans une cellule passe à 20 cm du sol, la cuisine où il a subi le supplice de l’eau, la barre de fer de la hotte où il a été pendu par les pieds…
                                  La visite des lieux de La Question, l’immeuble d’El-Biar où officie, l’équipe du capitaine Devis, du lieutenant Erulin, du lieutenant Charbonnier, tourne à la confusion de ces derniers. 

                                  Dans sa cellule de Barberousse, un mois après avoir quitté le camp de Lodi où les paras pouvaient à chaque instant le récupérer, Alleg, enfin inculpé, reçoit la visite de son avocat auquel il fait le récit de son séjour chez les « spécialistes » de la 10ème D.P. Me Léo Matarasso insiste vivement pour qu’Alleg relate par écrit l’hallucinante expérience qu’il vient de vivre. Le prisonnier va s’y mettre, jour après jour, en se cachant des gardiens, aidé en cela par ses compagnons de détention. « Dans cette immense prison surpeuplée.

                                  ¹ : Ouvrages de Pierre VIDAL-NAQUET sur la guerre d’Algérie : L’affaire Audin, Paris, 1958 ; La raison d’Etat, Paris, 1962 ; La torture dans la République, Paris, 1972, tous parus aux éditions de Minuit.
                                  ² : Le directeur en était Louis Aragon.
                                  ³ : Zeddour Belkacem : mort sous la torture en février 1956, de l’aveu même de ses tortionnaires.
                                  ⁴ : Sa condamnation à mort fera l’objet d’une campagne de presse internationale (voir à ce sujet la plaquette de G.Arnaud et J.Vergès : Pour Djamila Bouhired. Editions de Minuit. Paris, 1957.)
                                  ⁵ : Entretien avec Vidal-Naquet


                                  • Constant danslayreur 20 décembre 2012 12:42

                                    Et fort heureusement pour l’honneur de tous les bipèdes pas seulement des français, des Audin il en reste encore stricto-sensu
                                    http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/01/09/la-fille-de-maurice-audin-refuse-la-legion-d-honneur_1140101_3224.html


                                  • colere48 colere48 20 décembre 2012 15:43

                                    A tous ceux qui ont une vision unilatérale de cette guerre et à mes amis algériens francophones, je propose cette citation de Montaigne :

                                    « Je me fais plus d’injure en mentant que je n’en fais à celui à qui je mens.  »
                                    de Montaigne

                                    Il n’y aura d’appaisement des souffrances que lorsque TOUTES les souffrances auront étaient prises en compte.

                                     


                                    • tesla_droid84 20 décembre 2012 15:57

                                      " soldat mort pour la France en Afghanistan" nous n’avions rien a y faire en Afghanistan donc ces gens la son mort non pas pour pour la France mais pour une guerre d’ingérence car nous somme les caniches de l’OTAN.


                                      • Laurenzola Laurenzola 20 décembre 2012 17:42

                                        Et les politichiens de la finance


                                      • juluch juluch 20 décembre 2012 20:07

                                        J’ai été censuré ??


                                        Peu importe.

                                        Audin était un traître et il a eu apparemment une fin de traître.

                                        une merde en moins !

                                        • jaja jaja 20 décembre 2012 20:12

                                          Juluch ma réponse aussi a été censurée et à lon avis ça va être la même chose...

                                          Les sous-merdes ce sont les soudards en uniforme qui ont torturé l’Algérie au propre comme au figuré...

                                          Audin est un héros pour tous les anti-impérialistes, les vrais anti-systèmes !


                                        • juluch juluch 20 décembre 2012 21:41

                                          C’est marrant qu’il y est toujours des gens qui trahissent leur propre camp.....bizarre non ?


                                          Ça m’a toujours sidéré.

                                          Et c’est tout les temps les mêmes....

                                          Si leur trahisons et leurs agissement n’engagés que leur ego et leur petite personne insignifiante, se ne serait pas vraiment dramatique, mais comme en général les conséquences c’est des dizaines de victimes voir des centaines.......c’est plus délicat.

                                          Encore heureux la providence veille sur les vilains de l’Histoire.

                                          Merci à vous soldats de la guerre d’Algérie pour votre dévouement et votre courage face à l’absurdité de vos compatriotes.

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