Alice au pays des cauchemars (1) : ou comment Kadhafi, courtisé par les français et les canadiens, a failli s’échapper
Durant mes recherches sur les tribulations de Claude Guéant en Libye, je suis tombé par hasard sur le cas particulier du mannequin et actrice Vanessa Hessler (plus connue pour ses pubs pour Alice et ici dans le rôle de la princesse Irina dans Astérix aux Jeux Olympiques). Or, à partir de ce mince élément de recherche, il m'a été possible de dénicher, en dévidant le fil d'un écheveau assez extraordinaire, à vrai dire, une histoire qui mène à la tentative de faire sortir le colonel Kadhafi de Libye, avec l'un de ses fils dans un rôle majeur. La mise en place d'une filière pour faire sortir en réalité tout le clan de la Libye, aidé par une énorme entreprise canadienne qui avait depuis 30 ans de gros intérêts financiers dans le pays. Récit hallucinant des accords passés et de l'organisation de l'extraction de Kadhafi de son pays... Plongée dans cet hallucinant Alice au pays des cauchemars...
Le blond modèle s'était donc entiché de Mouatassim Kadhafi, qui, lorsqu'il n'était pas à bord d'un yacht, habitait rue J'raba, dans l'Est de Tripoli, dans une résidence truffée de souterrains, un véritable bunker où il y avait même... une salle complète de chirurgie d'une clinique ultra-moderne. Cela avait dû la changer de sa précédente conquête, on suppose : Darius Langmann, alors 22 ans, fils de Claude Berri et le frère de Thomas Langmann, producteur de The Artist.
Lors de la visite du bunker, les rebelles décriront le bâtiment souterrain doté de cinquante pièces séparées par d'épaisses portes blindées encombré de photos d'appareils militaires et de dépliants de voitures de sport (on a vu, déjà, son intérêt pour les missiles soviétiques). "On a découvert des papiers et des documents militaires de Mouatassim et une photo de l'une des ses copines qui doit être un mannequin, une Française", ajoutera le guide de la visite (ce devait être en fait Hessler). En 2008, grâce à une dotation de 2,8 milliards de dollars, il avait pu, en effet, comme ses autres frères Saadi et Khamis, créer sa brigade personelle au sein de l'armée libyenne. En cadeaux à ses fils, Kadhafi distribuait en effet des divisions de soldats... drôles de cadeaux de Noël, et drôle de Père Noël !
Passe pour les amourettes, qui ont fait le bonheur de la presse dite "people". La fameuse "Alice" et ses services "transparents" serait en fait également sortie briévement avec Saadi Kadhafi, le troisième fils de Kadhafi et le footballeur raté du calcio italien, à Pérouse, Udine, et dans la Sampdoria de Gênes, sans jamais ou presque avoir joué un seul match de championnat. Celui-là, aujourd'hui, nous intéresse davantage encore à vrai dire. Pour ces frasques, tout d'abord. Le portier du palace d'Udine, où il logeait (à l'année) à fait depuis un livre de ses lubies, comme celle de sa chienne Dina, un Doberman dressé à sentir les explosifs (il était encore plus parano que son père) un animal qui possédait sa chambre personnelle, la N°603 de l'hôtel. Un portier qui se remmémore des moments assez épiques, en raison du staff constant autour du fils du dictateur (et de sa femme Amirah qui prenait des bains de lait) : "une quinzaine. Il y avait des chauffeurs, gardes du corps et deux secrétaires, dont l’une gérait le portefeuille et était très aimée. Tout le « bordel » de Kadhafi coûtait en moyenne 3000 euros par jour, extra non compris. Kadhafi buvait du bon vin et du Champagne (Cristal ou Krug). Un matin il nous a demandé trois kilos de caviar Beluga ;
commande à respecter avec 15H. A Udine, il n’y a jamais eu de grands stocks de caviar, on a réussi à réunir la moitié de sa demande. Un dimanche, Saadi Kadhafi a convoqué le directeur et deux hôtesses d’une grande bijouterie. Il voulait faire un cadeau à sa soeur Aisha. Le rendez-vous était fixé à 10h30 mais les trois ont attendu jusqu’à 22h30 que Kadhafi soit disposé à les recevoir".
Saadi avait bien entendu toujours un avion à sa disposition, pour un usage tout aussi particulier comme le raconte le portier décidément volubile : "c’est vrai que l’avion personnel de Saadi Kadhafi était toujours prêt à décoller ? Vrai de vrai. Saadi s’en servait pour aller rapidement au Crazy Horse à Paris. Il était accompagné de cinq-six coéquipiers de l’Udinese de l’époque, dont je tairais les noms même sous la torture. A une heure du matin ils étaient au coeur du show. Ils rentraient le lendemain midi et les cinq-six joueurs se découvraient des maux de têtes et des élongations soudaines. Saadi et les femmes ? Nous à Udine, on a découvert le bunga bunga (ndlr : jeu érotique dont est accusé en ce moment Silvio Berlusconi) cinq ans avant vous". Passionnant et saisissant portrait ! Et le sport dans tout ça ? Et bien il n'y en a eu que très très peu : "alors qu'il passait son temps sur le banc de touche, il a été testé positif à un stéroïde anabolisant en novembre 2003 et suspendu trois mois. En deux ans, il n'aura joué que quinze minutes en fin de partie, le 2 mai 2004. Un quart d'heure warholien, lors d'un match contre la Juve, en championnat d'Italie". De retour au pays, pas mieux ajoute Libération : "à Tripoli, il dirige aussi un club, al-Ittihad. Mais après une défaite en 2004, ses gardes du corps ont ouvert le feu contre des partisans de l'équipe adverse, al-Ahli. Bilan : au moins trois morts. Par malchance, al-Ahli appartient à son frère Mohammed. Nouvelle colère paternelle. Depuis, Saadi a abandonné la présidence de la Fédération libyenne de football". En voilà qui devraient être nommés responsables de tribune au PSG, tiens... Pour régler les problèmes de "kop".
Un sacré personnage aussi, donc, que celui-là, abonné au banc de touche tant il jouait mal. A la fin de la guerre, lors du sac de sa villa en bord de mer, nouvelle surprise : la découverte d'un DVD résolument gay avait provoqué le buzz chez les rebelles. Un dénommé Reda Thawargi, affirmera même qu"il avait écopé de deux ans de prison pour avoir refusé ses avances. Mais derrière l'image défraîchie de Saadi se cache aussi un autre bout de l'iceberg de la famille Kadhafi et sa méthode pour redorer constamment son blason à grands coups de dollars. On s'en apercevra également à la fin du conflit, lorsqu'une canadienne, Cynthia Vanier, directrice d'un cabinet d'experts (portant son nom) sera accusée en février 2012 d'avoir tenté de faire expatrier Saadi au Mexique, via un intermédiaire Gary Peters, mercenaire privé d'origine australienne (parfois indiqué comme néo-zélandais), installé dans l'Ontario, au Canada, un homme qui se déclarait soudainement dans la presse membre de la garde de mercenaires de Saadi. Un ancien des forces spéciales australiennes, paraît-il (ce qui semble douteux étant donné sa peite taille). Son entreprise, c'est la "Can/Aus Security & Investigations International Inc" de Cambridge. Or surprise, derrière la tentative se cachait comme commanditaire une société "d'ingénierie et de construction" canadienne, SNC-Lavalin, pour qui travaillait directement et effectivement Gary Peters. Une entreprise gigantesque, ayant des moyens financiers colossaux. Capable d'avoir organisé bien plus que la simple extraction de Saadi Kadhafi. Car les moyens mis en place étaient en effet véritablement énormes, comme on va le découvrir. L'entreprise, en Libye, était partout présente : on notera par exemple au passage que sur un cliché de Saadi Kadhafi habillé en footballeur, le maillot qu'il portait était sponsorisé par ... SNC-Lavalin !
Le projet de rapatriement au Canada était mené par la dénommée Cynthia Vanier, qui, très organisée, avait mis en marche toute une chaîne bien huilée faisant appel à des entreprises liées à du mercnariat. Pour cela il fallait d'abord un avion et une équipe de protection. Recrutés chez les mercenaires, la clé du système mafieux des Kadhafi. Elle avait ainsi appelé Loren Berenda, un ancien employé de Dyncorp de l'Illinois de "Mission Support Resources" (MSR), pour que celui-ci contacte Gregory Gillispie, un ancien Marines vendeur d'avion d'occasion de San Francisco, également à la tête de "Veritas Worldwide Security", en indiquant qu'il lui fallait un avion capable de voler jusqu'en Tunisie, d'ou Saadi décollerait avec sa famille. L'envol devant rester discret, ce même Gillespie, qui ne désirait pas que ses numéros d'appareils apparaissent, allait demander à son collègue mexicain, Gabriela de Cueto de contacter un autre vendeur de Mexico, Christian Esquino. Esquino, et sa société pourtant basée à Las Vegas, Starwood Management. Pour 145 000 dollars le deal était conclu, et l'avion loué, avec une équipe de protection à la clé. Comme équipe de rapatriement, il y aurait donc Loren Berenda, et la société "Mission Support Resources" ainsi que de "Envoy Expeditionary Services" ; Belend Salih Alqassab, un habitant de Virginie faisant office de traducteur, et Roger Lanoue, un américain né à Haiti ayant servi dans l'U.S. Navy comme pilote. A bord il y aurait eu aussi Mahmoud Razwan, un courtier en assurances de Windsor (Canada) et surtout le président du Canadian Libyan Friendship Association, plus le mercenaire Gary Peters, le leader désigné de l'équipe d'extraction. Comme appareil réquisitionné, celui de Christian Esquino, un Hawker 125 immatriculé XB-RYP, avait été choisi, photographié ici sur l'aérodrome d'Imperial Higway à Los Angeles le 21 février 2011.C'était plutôt un vieil appareil, en fait, car datant de 1976 ! L'avion fera néanmoins avec succès le trajet via Toluca, au Mexique, et Pittsburg avant Waterloo et après l'habituelle étape de Gander, nœud gordien des traversées de l'Atlantique (et fief depuis toujours de la CIA), pour traverser vers les Açores, puis vers l'Espagne et Barcelone, et vers Pristina au Kosovo pour enfin arriver en Tunisie... à Djerba. Là où se passaient les négociations de la famille Kadhafi avec le CNT, l'Otan.... et de Villepin. Coup de chance, pour prouver l'histoire photographiquement, l'appareil sera effectivement "spotté" au Canon EOS à l'atterrissage, le 16 juillet, à Barcelone ; c'est la photo ci-dessous, qui depuis a pris une valeur inestimable :
A peine trois jours plus tard, le 19 juillet , l'appareil repartait à Pristina sans avoir récupéré Saadi. Peters avait en effet échoué à rapatrier Saadi vers la Tunisie. Au Kosovo, le groupe, en attente d'un nouveau vol, était rejoint par deux autres mercenaires : le roumain Giurgea “Ender” Nelu-Cristinel (domicilié à Montréal), et le très connu Barrie Rice (en photo ici à gauche), un ancien des New Zealand Special Forces qui avait même fait une apparition dans le film de Kathryn Bigelow" (*) The Hurt Locker" (en français "Le Démineur"). Mais rien ne se fera plus, la tentative de Peters ayant conduit la famille au Niger et non en Tunisie. Le 26, l'avion était de retour (à vide) au Waterloo International Airport (Kitchener airport). L'opération avait visiblement échoué. Mais Vanier avait-elle envie d'expatrier quelqu'un d'autre que Saadi ? Il semble bien, en tout cas, à relire ses courriers. Des échanges mails retrouvés par la police canadienne le démontrent en effet :
"M. Gillispie a donc envoyé un courriel à M. Esquino le 23 août dont voici les termes : Aaron Lynett / National Post - Gary Peters. Vous avez écrit que l'on devrait louer un jet Gulfstream pour 200 000 dollars(US) par mois pour un maximum de neuf mois, et un plus petit Cessna Citation pour 100 000 dollars par mois. "Le Citation sera basé à Pristina, au Kosovo, où il sera disponible pour effectuer des extractions d'urgence hors de la Libye et la Tunisie," écrit M. Gillispie dans un courriel à M. Esquino. "Dans le cas où le Citation devrait exécuter un vol d'urgence, nous paierons 500 000 dollars pour chaque voyage." Un demi-milion de dollars ! Cela semble bien le tarif d'un Mouammar Kadhafi volant, cela... tout avait donc été prévu pour extraire le colonel de sa tanière et l'expédier au Mexique, en "vol d'urgence" ou en tout cas jusque Pristina, au Kosovo, au moins !!! Les sommes en jeu étaient en effet colossales !!! Kadhafi a bel et bien failli s'échapper dans le Hawker 125 XB-RYP !! Ou un Gulfstream, voire un Cessna Citation comme celui qui amenait Dominique de Villepin à Djerba !!!
Une carte proposée par le National Post, auteur de la remarquable enquête, fait le tour de l'opération :
On peut y voir les points les plus importants, tels Mount Forest où habite Vanier, c'est près de Toronto, et non loin de là l'emplacement de la société de Peters, mais aussi Pristina ou Punta Mixa (ou serait atterri Kadhafi junior), et encore le Danemark en plus, avec l'emplacement du bureau de Pierre-Christian Flensborg, associé de Gillispie dans Veritas Worldwide Security, en charge de toute la logistique de l'opération. Un drôle de personnage, propriétaire à Houston d'un boîte de nuit hyper-snob, le Saez&Zouk où la carte présente une multitude de sortes de champagne, lié encore il y a quelques mois à un mannequin à la poitrine généreuse (Jackie Lee Navarro, siliconée), héroïne récente de télé-réalité danoise sur la cuisine, les deux, désormais riches, ayant été condamnés à deux reprises pour des larcins ressemblant à de la kleptomanie... tout l'univers des fils Kadhafi, en quelque sorte !
C'est le fameux mannequin siliconé qui, lors des interrogatoires de la police, laissera supposer un autre mode de vie pour son compagnon, qui n'étonne en définitive que fort peu : "pendant les huit mois que les deux étaient ensemble à Houston, au Texas, ils vivaient comme des "gens très, très riches". Elle a affirmé que son revenu provenait de la vente "d'assurance-vies, chères", et si elle n'a jamais senti que Flensborg était impliqué dans des éléments criminels, il a toujours fait en sorte qu'elle avait deux gardes du corps pour prendre soin d'elle. Elle est resté avec l'impression qu'il était très riche - dans le cadre de son travail pour sa compagnie d'assurance, ils voyagé en avion privé. Elle affirme ne pas avoir été mise au courant beaucoup de ses affaires, mais en référence à l'arrestation du Mexique, elle a révélé quelque chose dans son caractère qu'elle affirme avoir seulement deviné, lui disaient que les choses "peut-être, n'allaient pas aussi bien financièrement". Plus précisément, Navarro a déclaré que Flensborg savais que certaines "personnes très riches et influentes » au Mexique, où voyageait pour le business. Elle n'a jamais su ce que son entreprise était au Mexique, mais on lui a dit que ses amis là-bas ont voyagé exclusivement en véhicules hautement blindés . Elle n'a jamais été invité à se joindre à lui." La dame décrit clairement quelqu'un d'impliqué dans le principal trafic du pays (le Mexique) : la cocaïne, reine des boîtes de nuit ! L'écheveau qui se met en place est donc mafieux, et cela n'est pas non plus un hasard dans l'univers des Kadhafi. Ce qui l'est beaucoup moins c'est la société commanditaire qui se cache derrière la personnalité de Vanier.
Car derrière tout cela, il y avait donc une société canadienne dont le bureau tunisien servait de plateforme au Proche et Moyen-Orient. "Riadh Ben Aïssa, vice-président directeur de SNC-Lavalin, avait un bureau à Tunis, d'où il supervisait les contrats de la firme en Afrique du Nord. À la fin août, alors que la famille Kadhafi cherchait désespérément à fuir la Libye, le haut dirigeant québécois a payé les frais de transports et d'hébergement de M. Peters dans la capitale tunisienne" avait-on appris de la bouche même du mercenaire concerné, qui ajoutait :"il m'a hébergé là-bas, nous avons eu des rencontres et il a payé pour que je rentre à la maison par la suite », confirme M. Peters, refusant toutefois de divulguer la teneur de ces rencontres « confidentielles » à Tunis. « Il n'était pas question d'extraire Saadi Kadhafi de Libye. Cela a été soulevé au cours la conversation, mais ce n'était pas le sujet. » Peu de temps après cette rencontre, M. Peters est néanmoins entré en Libye, le pays voisin, où il a escorté Saadi Kadhafi et sa famille jusqu'à la frontière du Niger. Le garde du corps a d'ailleurs été blessé par balle au cours de cette mission". A noter que les rencontres préparatoires avaient lieu en Tunisie, là où Villlepin contactait les futurs expatriés du régime... d'où l'idée, déjà, d'accords passés entre les français et les canadiens : il serait étonnant étant donné la localisation que les deux partis n'aient pas été mis au courant des allées et venues de l'appareil affrêté au Mexique. Un avion immatriculé au Mexique à Djerba ; ça se remarque. Même au dessus de Barcelone, ça intrtigue les spotters !
Gary Peters, surnommé "Shorty" en raison de sa petite taille déclarera lors d'une déposition alambiquée que « tout ce que je peux dire, c'est qu'une partie de la mission a été payée par des individus en Libye, mais que la majorité a été payée par des individus en Europe », en refusant ensuite d'en dire davantage a indiqué le 5 mars dernier seulement Le Devoir. Bien entendu, on n'a toujours pas, aujourd'hui encore, de noms exacts à mettre sur la phrase accusatrice de Gary Peters. Qui a bien pu payer ses mercenaires ? On songe à Hart Security, comme j'ai pu l'indiquer ici-même, une société anglaise belle et bien recensée comme société de mercenariat (ici à droite un membre de Hart Security photographié en Irak à Haditha aux côtés de son Toyota 4500 EFi, datant de 1999). Une des neuf existantes en Angleterre dont le recruteur s'appelait Sarah Penfold, basée au Kenya, qui aurait recruté des sud-africains esstiellement pour extraire Kadfhafi en personne de Syrte assiégée, selon le témoignage d'un autre mercenaire, néerlandais cette fois.
"Selon un des rescapés de l'attaque du convoi de Kadhafi, Danie Odendaal : les combattants révolutionnaires présents au moment de la capture de Kadhafi parlent d'avoir vu "des corps de mercenaires blancs" qui ont ensuite disparu". Selon Abdullah Hakim Husseini, de la brigade de Misrata : « Il y avait, je pense, trois ou quatre corps d'étrangers qu'on nous a dit de ne pas toucher, et qui ne seraient pas remontés à Misrata ... Plus tard, j'ai entendu dire qu'ils étaient originaires d'Afrique du Sud et du Zimbabwe". Une révélation importante, donc : les rebelles avaient reçu l'ordre de ne pas faire état de la présence de mercenaires blancs autour de la famille de Kadhafi.
Effectivement, le lendemain même de l'attaque ayant tué le dictateur, la visite du carnage montrait des corps ostensiblement recouverts d'un bout de tissu ou d'une bâche (blanche), alors que tous ceux laissés à l'air libre étaient... noirs. Visblement, ordre avait été donné quelque part de ne montrer aucun corps de mercenaire blanc ! Un mercenaire qui confirme complètement l'information donnée par News24, sur la date du recrutement des membres de la sécurité et précise même leur salaire : "il a été rapporté que les hommes étaient payés 15 000 $ (9300 livres) pour l'opération, avec des recrutement réalisés au mois d'août - deux mois avant que Kadhafi ne soit traqué."
Ces mercenaires ayant donc reçu après l'attaque des avions de l'Otan un traitement bien étonnant : "selon Danie Odendaal, ces combattants libyens ont pris garde à ne pas tirer sur les étrangers, les aidant même à s’enfuir", ce qui laisserait clairement entendre une connivence de fait avec le CNT. Ordre avait été donné de les épargner ! Des mercenaires qui auraient donc bien été bernés eux-mêmes, ajoute aujourd'hui News24. Ou dont certains auraient joué un jeu dangereux, précuse encore le journal : c'est peut-être bien chez eux qu'il faut chercher l'origine de la "trahison" qui a conduit au bombardement ! Un lien falgrant que révèle aujourd'hui News24 :"s'adressant à l'un des mercenaires d'Afrique du Sud qui était aux côtés de Kadhafi, et à une source de haut rang dans le monde du renseignement City Press a découvert que les mercenaires étaient sans doute aussi trompés en lui faisant croire qu'ils aidaient Kadhafi. Il apparaît maintenant que leur participation était véritablement une partie d'un vaste plan pour capturer Kadhafi". Le dernier véhicule utilisé par le dictateur, faiblement blindé, étant constamment suivi par satellite, il a fini comme trophée, exposé sur une remorque. Visiblement, il était en queue de convoi,, et n'avait été que peu atteint par le souffle des bombes, à peine un pare-brise enfoncé.
Certains mercenaires, blessés lors de l'opération, avaient été entre temps rapatriés discrètement : "Parmi les mercenaires capturés, la vaste majorité d'entre eux noirs Africains sub-sahariens, à dû faire face aux exécutions sommaires dans les mains des révolutionnaires. Mais certains de ceux pris après le bombardement de Syrte se sont "évaporés" et même certains transportés à l'étranger pour traitement médical. L'un des combattants, a affirmé qu'il était avec Kadhafi lorsque le convoi a été attaqué. Il a déclaré aux médias sud-africains que trois groupes de Sud-Africains ont été transportés en Libye en passant par Dubaï et Le Caire pour aider la famille Kadhafi dans une affaire conclue avec l'Otan." Des sud-africains, pas obligatoirement... noirs. Selon le Daily Telegraph, "citant de hauts responsables de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), le quotidien rapporte que Kadhafi (qui rappelons-le a juré de se battre “jusqu'à la dernière goutte de son sang”), a payé 2,1 millions de livres Sterling (environ 2,7 milliards DH), pour recruter des centaines de mercenaires venant d' Afrique du nord pour l'aider dans sa guerre contre les rebelles".
Un doute renforcé par les déclarations du chef des mercenaires Peters, qui, sans avouer avoir tenté d'extraire Kadhafi pour le conduire au Niger, ou en Tunisie, avait clairement revendiqué en revanche avoir escorté Hannibal et Ayesha, la fille de Kadhafi jusqu'en Algérie, dans un convoi précédent. Il indiquera aussi avoir survolé tous les sites de bombardement de l'Otan pour fournir un rapport à Saadi Kadhafi pour qu'il fasse rédiger un rapport à charge contre la coalition ayant attaqué le pays. Avec quel appareil, pendant l'interdiction aérienne de l'Otan reste un mystère. Selon lui, dans l'équipe de mercenaires, il y avait des Néo-Zélandais, des Russes, des Australiens et des membres des forces spéciales... irakiennes ! Dans une autre interview, Peters révélera qu'il avait pris contact avec le fils de Kadhafi lorsque ce dernier avait visité en 2000 les Jeux Olympiques de Sydney, car il avait été chargé alors de le protéger durant tout son séjour. Installé au Canada en 2000, il avait ensuite travaillé pour Blackwater USA, devenu depuis Xe Services. Un ancien de Blackwater dans l'histoire, voilà qu'elle se met soudain à sentir le souffre, si on y ajoute le suivi par satellite ou par drone du convoi !!! Car elle y mêlerait les américains, obligatoirement.
En réalité, Cynthia Vanier (de Vanier Consulting, donc) avait en fait été recrutée au prix fort pour un véritable plan média en faveur de la famille Kadhafi, initié par un des responsables d SNC-Lavalin (et non par Kadhafi !) : "en juillet, M. Roy (dirigeant de SNC-Lavalin) a embauché Cynthia Vanier pour qu'elle effectue une « mission d'établissement des faits » en Libye. Après son court séjour dans le pays en guerre, où elle était escortée par Gary Peters, Mme Vanier a rédigé un rapport pro-Kadhafi, très critique des frappes de l'OTAN. Mme Vanier a reçu 113 000 dollars de SNC-Lavalin pour cette mission. Elle soutient avoir ensuite continué à travailler pour la firme. En octobre, la consultante canadienne a d'ailleurs soumis une facture de 395 000 dollas que SNC a refusé de payer". Vanier Consulting se présente alors "comme une spécialiste de la médiation et des situations extrêmes. Elle se dit capable de mobiliser des commandos terrestres ou aériens pour la recherche et le sauvetage en cas d'enlèvement, de blocus, de manifestations ou d'évènements catastrophiques. « Notre équipe est composée de spécialistes formés pour gérer les questions les plus controversées », est-il écrit sur son site internet." Rédiger un document montrant les erreurs de bombardement manifestes, tant la seule cible de ses bombardements avait été dès le début le dictateur et sa famille, et pas vraiment des objectifs militaires était très adroit pour discréditer les attaques ciblées de l'Otan.
Les américains avaient attaqué comme en 2003 en Irak, en cherchant en priorité à tuer le responsable du pays, on le sait désormais. Vanier, une spécialiste qui se fera arrêter dans sa résidence mexicaine de Puerta Vallarta, pas vraiment non plus la petite résidence. Kadhafi payait bien, et SNC-Lavalin également. Saadi aurait dû lui habiter à la Cruz de Huanacaxtle, dans une autre luxueuse villa déjà louée pour son arrivée.. au cas où, 1,25 million de dollars avait également été bloqué pour retenit un appartement complet à l'hôtel St. Regis, un hôtel haut de gamme dans un ensemble résidentiel dans Mexico.
Plus tard ; il était convenu de le faire passer au Canada. Comme le dit le Post, Saadi connaissait bien le Canada : "Il a visité le Canada régulièrement et a passé trois mois à Montréal et à Toronto en 2008. Il revint l'année suivante pour le Toronto International Film Festival. Les entrepreneurs de sécurité qui le gardaient au Canada ont été alarmés par son appétit pour les drogues et les prostituées". Les agents de sécurité dont on parle étaient ceux de SNC-Lavalin... A Toronto, pas de problèmes pour le recevoir : Saadi y possédait déjà cinq appartements à 1,6 million de dollars, en face du lac Ontario. Dans l'immeuble du Harbor View Estates, tous achetés le 7 mai 2008. La famille Kadhafi prévoyait quoi, exactement trois ans avant son rejet, on ne le sait pas. Il faut plutôt y voir une partie des achats compulsifs de la famille, qui achetait des villes comme on achète une baguette de pain.
En fait, la chute de Kadhafi représentait un tel manque à gagner, pour la firme québecquoise, que l'idée d'aider au maximum le régime avant que sa fin ne soit annoncée lui semblait évidente : l'espoir de le voir garder le pouvoir avec qui l'entreprise avait fait tellement d'argent subsistait, en tout cas, et il fallait tout faire pour aider la famille du dictateur. Sauver les meubles de Kadhafi, c'était sauver son propre investissement depuis des années ! Et ce à quoi avait servi le mémoradum de Vanier :"SNC-Lavalin, une des plus grandes entreprises mondiales dans le domaine des infrastructures, générait en Libye 7 % de ses revenus et un marché de plus d'1 milliard de dollars. Elle a dû suspendre ses grands projets en Libye, comme la prison de Tripoli ou l'aéroport de Benghazi. L'entreprise a évacué plus 4000 employés du pays". "À la fin du printemps 2011, la SNC-Lavalin comprend que la situation libyenne devient chaotique. Elle confie à Vanier Consulting, une firme de médiation et de gestion de crises, la réalisation d'un mandat d'évaluation de la situation en Libye et des enjeux reliés à la sécurité de son personnel et de ses opérations. Selon Paul Copeland, l'un des avocats de Mme Vanier, « le contrat est confidentiel et date du 30 juin 2011 ». Il comprend plusieurs phases. Il aurait encore été modifié le 27 août 2011. Une facture portant sur la mission libyenne qui a commencé en juillet serait partiellement impayée." L'avion avait coûté plus cher que prévu !!! Et le clan Kadhafi avait choisi de faire, en accord avec son principal bâtisseur dans le pays une campagne de propagande manifeste.
Le dossier de Vanier ne sera pas perdu pour tout le monde. Des traces de ce mémoire chargé dé défendre Kadhafi et son clan, on en a retrouvé dans un étonnant article du New-York Times sur les bombardements de l'Otan, avec photos aériennes à l'appui de chaque site, des clichés pris donc par Peters. SNC avait vraiment le bras long ! L'article de C. J. Chivers (en Libye) et Eric Schmit était paru le 13 décembre 2011 et présentait 13 cas précis. Le NYT s'est-il inspiré du contrat passé par Vannier, celle-ci l'a-t-elle transmise au journal ? La coïncidence de contenu de l'étude fait pencher en la faveur d'un lien entre les deux parties, là. Cela semble une évidence ! Selon le National Post, à peine rentrée de Libye. Vanier avait envoyé son rapport à une ONG, CANADEM, une organisation canadienne œuvrant notamment en Libye. Mais l'ONG avait rejeté le rapport qu'elle n'avait pas commandé et l'avait envoyé au ministère des affaires étangères canadiennes. C'est de là sans doute qu'il avait atterri dans la presse.
On en là, donc, à ce stade de ces découvertes, mais on ignore toujours à quel point la firme canadienne a pu "frayer" comme vient de le dire Nicolas Sarkozy, avec le dictateur libyen et son clan. Nous le verrons demain, si vous le voulez bien...
(*) réalisatrice, ancienne épouse du réalisateur James Cameron ayant réalisé K-19 : Le piège des profondeurs (K-19 : The Widowmaker), elle est actuellement très surveillée par tout le monde (la presse comme le FBI) pour avoir émis l'idée de faire un film consacré à la traque de Ben Laden !
http://lapoliticaeslapolitica.blogspot.fr/2012/02/former-snc-lavalin-exec-may-face.html
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