Amazon, l’entreprise où il ne fait pas bon travailler

Je suis cliente Amazon depuis de nombreuses années. C'est pour moi une facilité car je n'ai pas de librairie près de chez moi. Jusqu'à aujourd'hui, je ne me suis jamais posée la question des conditions de travail chez les salariés de l'entreprise. En tant que lectrice, consommatrice, commander chez Amazon me permet de recevoir mes livres en 24 heures cela me convient parfaitement.
Ce matin, j'ai été interpellé par un article paru sur le site de Livres Hebdo. L'article relate le témoignage de Nichole Gracely une ancienne employée d'Amazon. Dans une récente tribune pour The Guardian, elle dénonce les conditions de travail du géant de l'e-commerce. Aujourd'hui SDF, elle préfère de loin sa situation actuelle à ce qu'elle a vécu chez Amazon. Licenciée en 2012 pour avoir parlé à la presse, elle raconte : « Je ne me suis jamais sentie aussi seule que lorsque je travaillais là-bas. Je travaillais complètement isolée et vivais sous surveillance permanente. Amazon pouvait réclamer des heures supplémentaires et je devais me soumettre à tous les changements d’emploi du temps jugés nécessaires. Et s’il n’y avait pas de travail, ils nous renvoyaient chez nous plus tôt sans être payés. J’ai commencé à me noyer sous mes factures", explique-t-elle. "On nous traitait comme des mendiants parce que nous avions besoin de ces jobs. Le pire, c’est que plus de deux ans plus tard, tout ce que je vois c’est : Jeff Bezos embauche."
Nichole Gracely n'est pas la seule à dénoncer aujourd'hui les conditions de travail honteuses chez Amazon.
Amazon emploi environ 100 000 personnes à travers le monde réparties dans quelques 89 entrepôts logistiques qui mis bout à bout totalisent près de 7 millions de mètres carrés. Pour ces 100 000 employés, l'enfer est le même.
Au Japon, Amazon qui a « recruté » des chèvres pour brouter l'herbe aux abords de l'entrepôt pousse le vice jusqu'à les badger avec la même carte que celle portée autour du cou par les employés.
En Allemagne où Amazon a implanté 9 entrepôts, une employée raconte : «
« Au troisième étage de FRA-1 (3), il n’y a aucune fenêtre, aucune ouverture, et pas de climatisation, témoigne cette ex-employée. L’été, la température dépasse les 40 °C, et les malaises sont alors très fréquents. Un jour — je m’en souviendrai toute ma vie —, alors que j’étais en train de “picker”[prendre des marchandises dans les alvéoles métalliques], j’ai trouvé une fille allongée sur le sol qui vomissait. Son visage était bleu. J’ai vraiment cru qu’elle allait mourir. Comme nous n’avions pas de civière, le manager nous a demandé d’aller chercher une palette en bois sur laquelle nous l’avons allongée pour la transporter jusqu’à l’ambulance. »
En France, le journaliste Jean-Baptiste Malet s'est infiltré dans l'entrepôt de Montélimar. Dans son ouvrage (En Amazonie, infiltré dans le « meilleur des mondes), il raconte l'envers du décor.
A Chalon sur Saône, l'arrivé d'Amazon a suscité l'espoir auprès d'une population marquée en 2007 par la fermeture de Kodak. Aujourd'hui, les employés déchantent. Alain Jeault résume en une phrase la non application du code du travail par Amazon : « Il y a la loi, et quand vous passez le portique, il y a la loi Amazon ».
Là encore, les témoignages ne peuvent pas laisser de marbre : « On voit de ces trucs... Des gens se sont fait insulter par des managers. J’ai entendu l’un d’eux dire une fois à un collègue : “Si ça ne t’intéresse pas ou si ça t’emmerde, tu n’as qu’à te tirer une balle dans la tête.” » « Surtout, la firme ne peut pas se permettre de se passer d’un employé (l’Histoire n’attend pas). Alors en hiver, pas question de se serrer la main ou se faire la bise entre collègues, il ne faudrait pas propager les maladies. Il leur est vivement déconseillé de faire du ski, des sports de glisse ou de se mettre dans toute autre situation dangereuse « .
Malgré ces témoignages accablant envers l'entreprise, Romain Voog le président d'Amazon France parle d'une « caricature de la réalité ». Selon lui, le groupe américain veille au bien-être de ses salariés. Il rappel aussi qu'Amazon contribue à l'économie locale. Est-ce une raison pour traiter ses salariés comme du bétail ?
Aujourd'hui, la firme américaine annonce le déploiement de 15 000 robots dans 10 de ses entrepôts américains. L'objectif est toujours le même améliorer la productivité et une réduction des coûts. A terme, Amazon envisagerait-il de remplacer ses effectifs par des robots ? Ou bien la firme poussera-t-elle le vice jusqu'à mettre en concurrence des hommes et des machines !
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