Analyse du mouvement des Gilets Jaunes
Analyse du mouvement des Gilets Jaunes.
Alors que tout le monde pensait que l’esprit français, cet esprit de résistance, de lutte, de combat, était mis définitivement aux oubliettes, voilà qu’il ressort.
Non pas un 18 juin, mais un 17 novembre, le 17 novembre 2018. Ce jour, un samedi, jour où la majorité de la population est apte à manifester et à revendiquer, des milliers et même des millions de Français sortent dans la rue.
Ces Français venant de tous bords, de tous horizons, de toutes professions, bref l’universalité du peuple français était représentée. Ces propos sont dissonants à l’heure actuelle où une minorité incendiaire se victimise et jette de l’huile sur le feu du communautarisme.
Ces Français venant de cette France périphérique, ruraux ou non, souhaitant que cette partie de la France ne soit plus ignorée dans les décisions prises en haut..à Paris où siègent des énarques. Des énarques qui vous couvrent de gloire lorsqu’ils postulent pour accéder au poste de président. Car n’oublions jamais que c’est le peuple français qui choisit son Président et que ce dernier n’est que le locataire de l’Elysée. Encore faut-il que tout ceci soit respecté, sans magouilles, sans manque d’éthique et de morale.
Que recherchaient-ils, ces « gaulois » (c’est presque devenu une insulte !) qui bloquaient, tractaient, manifestaient ? Tout simplement de la reconnaissance, de la considération. La multitude de revendications pouvait se définir en trois points importants : une participation active dans la vie politique du pays, une justice fiscale et sociale, plus de pouvoir d’achat.
Ces demandes n’étaient-elles pas légitimes face à un président qui ne semble avoir comme ambition de nous transformer en robots aliénés dans une « start-up nation » ? Mais pour que la machine de cette « start-up » ne se grippe, on envoie d’autres robots. C’est là que nous avons vu, pu, assister à des scènes abracadabrantesques où les forces de l’ordre, chair à canon envoyée par tout gouvernement pour mater tout soulèvement populaire, charger, mutiler, éborgner, sans raison apparente. Tout cela avec la secrète et sournoise bénédiction des autorités publiques et sous couvert des ordres...du préfet de police de Paris, Didier Lallement, stratège paranoïaque décrié jusque dans ses rangs.
L’ancien préfet de police Michel Delpuech a été limogé pour la gestion de la manifestation du 16 mars 2019, pourquoi Monsieur Lallement est-il resté dans ses fonctions après la gestion calamiteuse de la manifestation du 16 novembre 2019 ?...
Le mouvement des Gilets Jaunes est l'émanation d'une colère profonde qui résulte de l'absence totale d'une véritable justice sociale (qui était pourtant au cœur du projet de Chaban-Delmas, et qui structurait la philosophie de la Nouvelle Société) et d'une déshumanisation totale de notre société !
Contrairement à ce que l’on pense, même si nous vivons dans l'ère du progrès technologique avec la numérisation, l'intelligence artificielle, nous avons subi depuis 45 ans une véritable régression sociale.
En effet, le progrès social n'a pas accompagné les progrès économiques , les inégalités croissantes, la pauvreté, la baisse du pouvoir d'achat, le déclassement social, le mal être au travail, la précarité, le surendettement, le mal -logement : ce n'est pas une fracture sociale contrairement à ce que nous raconte les médias et politiques en boucle mais des fractures sociales qui ont morcelés la cohésion sociale et nationale de la France.
Plus rien ne fédère les Français, aucun dessein, aucun projet de société , aucune ambition collective, les citoyens sont devenus des consommateurs, les partis politiques sont devenus des entreprises, cherchant à attirer des catégories d'électeurs pour prospérer ce qu'il reste de capital électoral afin d'assurer leur survie, la politique a perdu une partie de sa noblesse d'antan.
Petit à petit, l’esprit originel du mouvement des Gilets Jaunes s’est disloqué, laissant la place à des starlettes, des scènes désolantes de rendez-vous quotidien où le face-à-face avec les forces de l’ordre devenait la norme. Il est évidemment difficile de pardonner les blessures, les mutilations, les éborgnements, gratuits. Mais le fait de vouloir « tuer du flic » ne fera pas recouvrir l’œil de l’éborgné, la main du mutilé. Les policiers et les gendarmes n’ont pas la même liberté d’expression que nous. Ils ont un droit de réserve, ils sont sous les ordres, comme tout fonctionnaire, car oui ne l’oublions pas, ce sont des fonctionnaires (les gendarmes ont un statut militaire). Certains sont courageux de se rendre sur certains plateaux télé ou radio dénoncer la politique du chiffre, le naufrage de l’Institution Police, à l’image de la brave policière Maggy Biskupski (qui s’est hélas suicidée le 12 novembre 2018).
Il a donc souvent été reproché la tournure violente, assez radicale, du mouvement des gilets jaunes. Exceptons la récupération par des groupuscules extrémistes ( de droite comme de gauche), le libre service des casseurs, il faut comprendre les raisons de cette violence (de l’hiver 2018-2019) : l'absence de services publics de proximité, les scandales politico-financiers, les abus de gestion des deniers publics, la communication à outrance, la tyrannie des sondages et sans compter les politiques appliquées par les gouvernements successifs quelque soit la couleur (droite, gauche) : le lien de confiance entre citoyens et élus ou la classe politique est brisé depuis fort longtemps.
Chaque citoyen se sent méprisé, pas écouté, n'a pas sa part de " justice"dans la société française. Et sans compter l'absence de dialogue mis en place par Macron et sa majorité qui cherche à imiter Margaret Thatcher notamment avec la réforme des retraites.
La politique n'a plus cette dimension visionnaire, les citoyens ont besoin d’un chef d’État qui leur montre la voie à suivre pour que le fardeau de la souveraineté, de l’universalité, de la justice fiscale et sociale devienne ou redevienne un pays.
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