Anne Hidalgo se moque-t-elle des enseignants ?
La visite de Madame le maire de Paris à Rouen lui a semble-t-il donné des idées. Après avoir parcouru la cité de l' éveque Pierre Cauchon et peut-être visité le charmant petit musée de l'éducation, Mme Hidalgo a revêtu sa cape de candidate socialiste à l'élection présidentielle (ne riez pas svp) pour partir à la chasse aux électeurs.
Elle s'est souvenu qu'il fut un temps où les profs votaient massivement pour un mouvement politique qui promettait de changer la vie, d'assurer le bonheur pour tous en donnant le pouvoir au peuple, et même de rémunérer correctement les enseignants français. Pour celles et ceux qui n'ont pas explosé de rire, je ne fais que rappeler ce que la gauche socialiste représentait vers 1980.
Quarante ans après et la conversion du PS au libéralisme ultra, à la privatisation rampante de l'enseignement, au communautarisme et au rejet du souverainisme, il est difficile pour une candidate PS de trouver des électeurs en dehors des cercles indigénistes, LGBT et libéraux-libertaires. Les profs d'aujourd'hui, quand ils ont des opinions et votent, se tournent vers d'autres que les héritiers de Mitterrand : Mélenchon, les écolos, Marine Le Pen etc.
Rappelons ce que le monde enseignant doit aux ainés de Mme Hidalgo :
- Période 1988-1993 : séparation du recrutement public/privé sous Jack Lang avec deux certificats différents, CAPES et CAFEP (privé). En clair, impossibilité pour un prof titulaire de passer du public au privé et inversement. A l'époque, le climat scolaire commençait à se dégrader sérieusement, poussant aussi bien les familles que les profs vers des voies alternatives au public.
- Mise en place des IUFM pour remplacer les écoles normales en pénurie de recrutement (déjà à l'époque), suppression des logements de fonction pour les nouveaux professeurs des écoles, développement du pédagogisme.
- Période 1997-2002 : le temps du fantasque Allègre, des "poivrots" qui manifestaient contre lui, des "remplaçants fainéants" et autres bassesses dignes du café du commerce. La mise en place de ces fameuses "sciences de l'éducation" développées par le gourou Philippe Meirieu (prix Lyssenko 2011), une fausse-science pour contourner les vrais problèmes et expliquer la dérive de l'école pour de mauvaises pédagogies. Le tout avec la complicité des deux syndicats-maison du PS, le SGEN-CFDT et le SE-UNSA.
- Réforme des mutations dans le second degré : impossibilité désormais pour un prof de postuler directement sur un établissement, mise en place du mouvement interacadémique avec le silence complice des syndicats.
- Période 2012-2017 : des salaires bloqués et la fumeuse réforme des rythmes scolaires pour augmenter le temps de présence des enseignants dans les établissements sans contrepartie. Gazage des manifestants par les CRS devant le ministère de la rue de Grenelle à Paris (votre narrateur y était). Aucune création de postes contrairement aux annonces médiatiques, mais seulement des départs à la retraite remplacés.
Ce ne sont que les grandes lignes, mais il est clair que depuis 1988 les enseignants ont vu leurs conditions d'exercice se dégrader davantage avec la "gauche" qu'avec la "droite", en accordant quelque importance à ces clivages désuets puisque les deux camps sont convertis au capitalisme mondialiste.
Dans ces conditions, que nous promet Mme Hidalgo qui a contribué à chasser les profs comme le reste des classes moyennes de la capitale, en favorisant l'explosion des prix de l'immobilier ? De meilleurs salaires ? Avec des "possibilités" et des "alignements" ? Celle qui finance des salles de "shoot" pour les toxicomanes et loge volontiers les migrants dans ses HLM flambants neufs, au détriments des salariés français contraints de partir à 100 kms pour trouver un logement, voudrait mieux payer les professeurs ? Comment peut-elle parler d'éducation quand les écoles parisiennes ont perdu des dizaines de milliers d'élèves en dix ans, du fait de sa politique du logement ?
Comme d'habitude, les "socialistes" (qui n'ont rien à voir avec les vrais de l'avant-guerre) promettent n'importe quoi pour tenter de faire revenir leurs électeurs. Puisque les "promesses n'engagent que ceux qui y croient" (Mitterrand), nous préférerons en bons laïcs le savoir du passé aux croyances quasi-astrologiques de Mme Hidalgo. NON, votre narrateur et la plupart de ses collègues ne voteront pas pour elle. Si Pierre Cauchon s'est payé la tête de la pauvre Jeanne d'Arc à Rouen, Anne Hidalgo ne nous enverra pas au bûcher avec sa démagogie de dame patronnesse. L'enfumage du PS, ça suffit !
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