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Après Le Candidat Normal, La Candidate Minimale...

Bon sang, mais quel ennui ! Cette déclaration de candidature à l’élection présidentielle de Martine Aubry… De tout, ça manquait de tout : de souffle, de vie, de force. De tout ce qui pourrait vous transporter, vous faire dire que : ah mais quelle audace ! Quel panache ! Monte le son, chérie, c’est énorme ce qui se joue, là, derrière ce pupitre !
Mais non ! Au lieu de ça, une récitation, remplie de termes convenus, éculés, de mots-clés…
Diantre ! Après la bravitude, serait-il donc venu, le temps de la rebarbatitude ?

Oh bien sûr, nous ne sommes pas en campagne. En plein dans la bataille. Celle d’avant le premier tour... Or donc, il ne fallait point s’attendre à de grandes envolées lyriques, à des : « Ni Washington, ni Bonn, ni personne (…) Ni le grand capital, ni les multinationales (…) Aucune puissance au monde ne me fera dire autre chose que ce que je pense » [1]... Un tantinet théâtral, certes, mais la tribune, madame, c’est aussi du théâââââtre ! Vous qu’en pincez pour la culture, vous devriez le savoir !

Mais enfin, si c’est autant le désordre [2] la bérézina, le déclin, la cata, qu’elle part à vau-l’eau la France [3] un peu de colère eût été la bienvenue ! Celle qui sied au combat. Avec la voix qui porte. Tonnerre laïc ! République des « camarades » nous voilà !
Mais penses-tu !...
Ça ânonne, et pis c’est tout.
Ça dit « Je veux… » [4] et pis voilà.
De la platitude à tirelarigot.
Du basique, du primaire. Qui ne fait de mal à personne. Mais pas plus de bien, non plus.

Rien, ah mais rien dans ses mots, son ton, ses gestes même (plus statique que ça, c’est juste pas possible), rien qui pourrait soulever les foules, le peuple, celui pour qui c’est marre, celui qu’en peut plus.
C’était rien d’autre qu’une petite rédaction mal jouée, mal envoyée, mal dégauchie.
C’était misère !

Mais bon sang de bonsoir, quand on se présente à ses compatriotes pour les informer qu’on aspire à la plus haute fonction de ce pays, on incarne, on porte, on « yes I can » ! Avec force. Et poing levé... On irradie ! Même si l’heure est grave…

Quand on se déclare, au peuple on prend sa colère, son désarroi, sa rage même, et on transcende, on traduit, on exprime, haut et en couleur ; on l’envole, le peuple. On l’emmène avec soi.
On le venge, par les mots. Rien qu’une fois.

Mais là, dans cette ancienne gare de Saint-Sauveur, il reste à quai, le peuple. Comme abasourdi.
Hébété.
Assommé de mots-clés, toujours les mêmes, mille fois esgourdés, comme :
« changer/changement », « rassembler/rassemblement », « injuste/juste/justice » et tutti.
De phrases toutes faites, qu’engagent à rien, juste là pour meubler, telle que :
« Les Français doivent pouvoir vivre de leur travail, avec des emplois qui valorisent et permettent de progresser. Les jeunes doivent pouvoir faire des projets de vie et de travail. Les parents doivent pouvoir éduquer et protéger leurs enfants. ». [… consternitude…]

Oh, bien sûr, se déclarer, ce n’est pas énoncer un programme, des propositions ; c’est de l’esquisse, du survolage, un exercice de style ; sauf que, le style, je le cherche, et ne le trouve point.
Quant à l’espoir, pas un gramme... Et la gauche, nada, absente. Comme si c’était devenu un gros mot… Alors vous pensez, le socialisme, là, c’est même plus en rêve, c’est banni. Interdit. On oublie.

Or donc, mais quel ennui ! De l’ankylose au carré. De l’anesthésiant. De la mollitude. Rien d’habité. Rébarbatif comme rarement. Sidération à l’envers. Non-évènement terrifiant. De vacuité... Même pas le minimum syndical... Vous avez dit : anormal ?
Mais que faudrait-il alors, autre qu’une crise « sans précédent », pour que ça sorte ?
Une guerre atomique ?
Que faudrait-il pour que ça se présente devant le peuple, magnifique, scotchant, tellement renversant ?
Une apocalypse ?

Alors qui ?... Quel candidat pour le Parti prétendu socialiste ?... Après s’être fadé ce discours sans relief, sans aspérité, insuffisant au regard de la colère, du désarroi, du dégoût ?
Si ce n’est pas Aubry, alors, ce ne peut être que Hollande ! Au moins, y’a du tribun, dans cet homme-là. Comme une flamme. Pas lerche. Mais ça suffira... Un Bayrou déguisé en socialiste, mais qu’a du verbe, de la répartie, voire de la taquinerie et de l’éclat ; ma foi, pourquoi pas ?...

… Ah oui, messire, l’Arnaud, le Montebourg. Le démondialisateur... Ce serait, oui, audacieux. Et, entre nous, quitte à perdre, mieux vaudrait que ce soye avec la « nouvelle » génération. C’aurait plus de gueule. Qu’avec des connus, des qu’on a trop vus... Ah oui, c’aurait, pour l’occase, du panache.
Mais faut pas rêver. Même avec des idées.
Cette primaire se jouera entre anciens de la rue Solferino.
Entre le François et la Martine.
Et la clé, de ce match, qui la détient ?... Le militant ?... Le sympathisant encharté ?... Que nenni !... C’est la Royal, la Ségolène. C’est elle qui donnera le « la »... Après le 9 octobre… Quand elle appellera à voter pour Martine (... ou François).

Alors son fan-club, les ségolénistes ad vitam, sorte de secte la prenant pour Sītā, obtempèrera. Et bonsoir Clara !
C’est aussi simple que ça.

Aussi simple, plat et minimal qu’une déclaration de Martine Aubry.



[1] François Mitterrand, meeting de Toulouse, 25 avril 1981.

[2] « Désordre(s) » est avec :
« changer/changement », « pouvoir », « juste/injuste//justice », « rassembler/rassemblement » ainsi que : « aujourd’hui », le mot-clé de cette déclaration.
Il fut prononcé cinq fois.

[3] « France » a été le terme le plus employé par Martine Aubry : pas moins de treize fois.
Contre six pour le mot : « Europe ».
Les mots « gauche » et « socialiste » n’ont été prononcés qu’une seule fois chacun.
En revanche, trois fois Martine Aubry évoqua l’ « écologie ».
A noter que « vie » fut utilisé par quatre fois. Pourtant, c’est pas vraiment ce qui ressortait de cette déclaration ; la vie. Tellement on s’ennuyait à mourir…

[4] Martine Aubry aura dit huit fois : « Je veux… ».
Incantatoire, donc.
 


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16 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 29 juin 2011 09:32

    For-mi-da-ble ! ! !

    Jacques Delors va épauler sa fille, Martine Aubry, durant sa campagne.

    Il va pouvoir lui prodiguer toutes les excellentes idées qu’il prétendait avoir en 1995 mais dont il ne disposait déjà pas alors ! ! !

    Jacques Delors, l’homme qui n’avait pas compris...


    • Nomade 29 juin 2011 09:37

      Et en plus, elle s’est fait bouffer la vedette par Lagarde !


      • Philippe Sage Philippe Sage 29 juin 2011 10:40

        @Nomade : « Bouffer », pas vraiment.
        Lagarde c’est tombé à 19h30.
        Et Aubry aura bien occupé le champ médiatique, comme on dit.
        Cela étant, tout bien pesé, une dépêche AFP, concernant sa candidature, aurait suffi. Sobre, quoi.

        Nonobstant, comme le faisait remarquer deux éditorialistes, ce matin sur France Info, ce mardi 28 juin 2011, Aubry aura remplacé DSK dans les primaires, et Lagarde le même DSK au FMI. C’était, en creux, une journée DSK....


      • LE CARDINAL 29 juin 2011 11:05

        entre nous, sérieusement, vous imaginez aubry présidente de la république Française ? smiley

        c’est un gag ou quoi ?


        • Philippe Sage Philippe Sage 29 juin 2011 12:04

          @Le Cardinal : Entre nous - comme vous dites - depuis Sarkozy, je crois que tout est possible...

          Blague à part.

          Il faut arrêter avec ce genre de réflexion, gratuite, et sans aucun fondement.
          Et quoi qu’on pense de Martine Aubry, pour des raisons strictement politiques et médiatiques.
          Car nous sommes, essentiellement, dans ce domaine (le politique via le médiatique), ou, au pire dans le ressenti, l’émotion, le parti pris, l’a priori.
          Économiquement, donc pour le velu, celui qui réclame des bagages, et des costauds, nous ne sommes pas compétents pour en juger. Nous ne sommes pas équipés pour.
          Donc ça suffit, pardonnez-moi, ces jugements à la petite semaine (assez limites, aussi, je dois dire).
          Cette femme a son parcours, d’élue, il est respectable.
          Après qu’on ne soit pas d’accord avec les options qu’elle propose, c’est différent.

          Vous m’auriez dit Frédéric Nihous, oui.
          Il n’a pas les compétences pour « prétendre à ».
          Mais Aubry - comme, à peu près, les 3/4 des candidats potentiels - si, bien sûr que si, elle peut tout à fait prétendre à la fonction (comme on dit).
          La question est ailleurs....


        • Furax Furax 29 juin 2011 11:48

          Bonjour Monsieur Sage

          "… Ah oui, messire, l’Arnaud, le Montebourg. Le démondialisateur... Ce serait, oui, audacieux. Et, entre nous, quitte à perdre, mieux vaudrait que ce soye avec la « nouvelle » génération. C’aurait plus de gueule. Qu’avec des connus, des qu’on a trop vus... Ah oui, c’aurait, pour l’occase, du panache."

          Bien de votre avis.
          Et si on lui donnait un coup de main ?


          • Berkano Othala 29 juin 2011 16:54

            Bonjour Mr Sage !

            Votre article est aussi bon que celui de Mr Navis ,écrit aussi sur Martine.
            Je pense que son cursus n’a rien de brillant au contraire !


            • LE CHAT LE CHAT 29 juin 2011 21:28

              Au secours ! Martine la tricheuse entourée de sa cour d’éléphants d’une époque révolue venant quémander leur ministère , c’est pitoyable ! vraiment aucune chance de susciter le moindre désir !


              • A. Nonyme A. Nonyme 30 juin 2011 00:17

                Comme vous y allez Philippe !
                Après un aussi insoutenable suspens : j’y vais mais j’y vais pas, je vous dirai que j’irai à la date que j’ai dit que j’irai...
                Après avoir été poussée par les pachydermes habituels du PS face au léger empêchement du DSK du FMI...
                Le discours de la super motivée Martine est comme une sorte d’Himalaya !


                • njama njama 30 juin 2011 01:17

                  Alors qui ?.
                  Martine, François, Arnaud ... lequel abolira le régime présidentiel établi par Nicolas ? parce que l’affaire n’est pas tant d’être Président, que de le déloger du piédestal sur lequel il s’est intronisé Grand Commandeur des français ...


                  • njama njama 30 juin 2011 08:40

                    Ce qu’il manque à la Gauche, c’est quelques seconds couteaux, genre ex-maoïstes ... des grandes gueules de Gauche quoi !
                    alors que Sarkozy n’a pas hésité à s’entourer de quelques anciens amis d’Occident ... ses « lieutenants » comme disent les journalistes !

                    Ben ouais elle manque de niaque Martine, trop gentille, trop sérieuse, ... de la bravitude ce n’est pas ce qui lui manque, mais trop honnête peut-être pour ce « métier » de camelot ... Sarkozy il pourrait vendre des aspirateurs en porte à porte, c’est une anguille cet homme-là, un commercial dans l’âme, ce qu’il n’obtient pas en passant par la porte (Parlement), il l’obtient en passant pas la fenêtre (Congrès de Versailles ici , ici, et ici ) ...
                    En même temps, on peut comprendre, son manque d’enthousiasme, hériter du bilan Sarkozy, un paquet de noeuds, déficits budgétaires, dette publique, chômage, Afghanistan, Lybie, France_à_fric, OTAN, ...  

                    Bon je vote pour Mamie, elle ne mâche pas ses mots elle !


                    • njama njama 30 juin 2011 09:19

                      Sarkozy a quand même du souci à se faire, 70 % des personnes interrogées ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy reste président de la République (selon Harris Interactive du 5 juin 2011) , et selon les derniers sondages
                      IFOP du 28 juin

                      Hollande : 26 à 26,5%
                      Sarkozy : 21%
                      Le Pen : 20,5 à 21%

                      IPSOS du 23 juin

                      Aubry (30%) et Hollande (32%) / Sarkozy : 19% / Marine Le Pen : 18%

                      Le match se jouera semble-t-il davantage entre Nicolas et MLP !


                      • njama njama 30 juin 2011 09:22

                        désolé j’ai oublié le lien >> Harris Interactive, IFOP, IPSOS
                        source ici


                      • Philippe Sage Philippe Sage 30 juin 2011 14:22

                        @njama : Vous savez ce que je pense des sondages ? Une manipulation de l’opinion. Ni plus, ni moins...

                        Je suis, au passage, assez bluffé par les militants écologistes et/ou affiliés qu’ont fait fi de ces sondages, en votant plutôt pour Eva Joly... Alors que Hulot, étaient nettement plus côté dans les instituts divers en vue de la présidentielle. Bravo !
                        Ah ! si seulement les militants socialistes avaient fait de même en 2006... C’eût été DSK ou Fabius. Et là, Sarkozy était moins sûr de l’emporter.
                        Pour rappel, durant toute l’année 2006, Royal était la seule candidate potentielle à pouvoir battre Sarkozy dans les sondages (au second tour, donc).
                        Seulement voilà, à partir du 14 janvier 2007, date d’entrée officielle d’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, plus aucun institut ne la donnera vainqueur.
                        Les militants socialistes, traumatisés par le 21 avril 2002, ont donc suivi les sondages le 16 novembre 2006. Grave erreur... A méditer.

                        Alors oui, Sarkozy est à la ramasse dans les sondages, et sa côte de popularité est très basse. Et pourtant, voyez-vous, je n’arrive pas à croire, vu le bonhomme, que c’est fini pour lui. Là, encore ses adversaires (et les militants) feraient une erreur considérable en le donnant perdant.
                        Ce type quoi qu’on en pense, est redoutable. Il peut inverser la tendance. D’autant qu’on ne sait pas quel sera le contexte international en avril 2012. Ni l’économique. Personne ne peut prédire ce qui peut arriver (qui avait vu les Printemps Arabes ?). Un mur de Berlin qui tombe, des tours qui s’écroulent, c’est que dites ! ce sont des évènements qui peuvent changer la donne !

                        Pour que le candidat du PS ait une chance de l’emporter dans ce pays conservateur (voyez le % des + de 55 ans) il faudra qu’il réalise un excellent score au 1er tour (plus de 27% - et encore !).
                        Mais aussi qu’il ait une bonne réserve de voix pour le second. Ce qui implique des scores pas trop faibles de EELV, du Front de Gauche (LO et NPA sont à la rue et ils y resteront). Et compter sur un report pas trop faible des voix centristes (si c’est Hollande, ce report sera correct. En revanche, si c’est Aubry, là, c’est plus faible).

                        Évidemment si Marine Le Pen est au second tour, on connaît l’issue. Elle ne fera pas mieux que 35% (pas de réserve de voix pour elle, donc : elle s’arrête là) si elle est opposée à Sarkozy, un peu plus si elle doit affronter le candidat du PS.

                        Hormis ce dernier cas, ce sera plus serré qu’on nous le prédit.


                      • njama njama 30 juin 2011 19:42

                        @ Philippe Sage

                         Assez d’accord sur l’analyse, et qu’il ne faut pas se fier aux sondages.
                        Que ce soit PS / MPL, ou UMP / MLP au second tour ... y-a pas photo sur le résultat.
                        Par contre UMP / PS le score risque d’être très serré. Ségo n’avait pas fait d’ailleurs un score de chiotte avec ses 47 % .
                        Donc l’intérêt de la Droite UMPiste n’est pas de chercher à écraser Marine pendant la campagne ... au risque de se faire disqualifier au premier tour.

                        Maintenant une remarque, on ne peut pas sérieusement comparer le Sarkozy de 2007 qui avait tout à prouver, à celui d’aujourd’hui. Sa côte d’impopularité s’aggrave d’années en années, et son bilan économique, social, ne le sert pas, au contraire. Il a réussi à mécontenter à peu près toutes les catégories socio-professionnelles avec ses réformes à la hussarde ...
                        Le facteur x sera le taux de participation ...


                      • Philippe Sage Philippe Sage 30 juin 2011 14:53

                        Je vous renvoie sur cet article, avec vidéos très intéressantes, publié sur AgoravoxTV :

                        Martine Aubry a peur de la politique et du débat idéologique

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