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Accueil du site > Tribune Libre > Atom Heart Fucker (15) : les sous-marins poubelles anglais

Atom Heart Fucker (15) : les sous-marins poubelles anglais

Le nucléaire civil nous a déjà montré ce dont il était capable, question catastrophe, et je vous ai récemment conté ce que le nucléaire militaire aérien avait failli nous faire durant la Guerre Froide où des avions circulaient tous les jours au dessus de nos têtes (enfin surtout au dessus des têtes américaines, bien que les bases européennes de l'Otan parcticipaient à ce jeu morbide, voir ici et ). Or aujourd'hui, ces mêmes militaires, qui ont toujours l'arme nucléaire en tête, commettent les mêmes bévues ailleurs, plus près de chez nous,pouvant aller jusqu'à une excursion nucléaire, en d'autre termes une contamination géante de tout un secteur, sinon d'une région... voire d'un pays entier. L'histoire s'est passée récemment, en Angleterre, et elle ne concerne pas des avions cette fois, mais des sous-marins. Le 29 juillet 2012, la ville de Plymouth a en effet failli devenir aussi célèbre que Fukushima, nous révèle hier le journal The Independent, un an après les faits... des faits soigneusement dissimulés par la Navy. Comme à chaque fois dans ce genre d'événement, on a en effet caché ce qui s'était passé. De peur de trop effrayer la populace. L'atome est lié à une dissimulation constante. Récit du jour où on a failli perdre Plymouth, pour paraphraser le grandissime et regretté Gill Scott Heron (*)

Le lieu où a failli se passer la catastrophe tout d'abord : c'est l'une des trois bases de sous-marins anglaises, ou HMNB, pour Her Majesty's Naval Base. La première étant la base du nord vers l'Ecosse, celle de l'HMNB Clyde, une base avec Faslane et Coulport comme implantations principales, la seconde citée étant là où se trouve les têtes de missiles stockées, une base qui abrite 4 sous marins lanceurs de missiles ou SSBN, capables d'emporter jusqu'à 16 missiles nucléaires - le Vanguard, le Victorious, le Vigilant et le Vengeance.La seconde est la base de l'HMNB Portsmouth, au sud, près de l'île de Wight, qui accueille toute une flotille mais aucun sous-marin, même d'attaque. En fin la troisième, située au sud (et à 180 km environ des côtes françaises) est celle de l'l'HMNB Devonport, ancienne HMS Drake, située à Plymouth, à l'embouchure de la Plym et duTamar, surnommée bizarrement "Guz" par ses utilisateurs, où sont réparés et entretenus les sous-marins le long des 14 docks (il y en a 15 de numérotés, mais le N°13 n'existe pas, une vieille superstition de la marine anglaise !) qui s'étendent sur 6 km de long et présentent 25 points d'amarrages. Cette base, outre des corvettes et des navires d'assaut, abrite cinq submersibles de la classe Trafalgar, des sous-marins d'attaque cette fois : le Tireless, le Torbay, le Trenchant, le Talent et le Triumph, tous d'un modèle ancien et en cours de réforme pour être remplacés en 2022, par ceux du modèle Astute de la base de Clyde. Ces sous-marins ont en effet plus de trente ans d'âge aujourd'hui. Ceux de la classe Swiftsure étaient plus anciens encore - ils dataient des années 70 - (les SwiftsureSplendid , Spartan - ici montrant son revêtement salement amoché- Sovereign, Superb et Sceptre) mais ils ont tous été retirés du service en 2010, le premier à l'avoir été étant le Swiftsure qui n'a pas fait long feu : sorti en 1973, il a été radié en 1992 après qu'un essai de pression de sa coque ait mal tourné, la rendant inutilisable. Deux autres de la classe Trafalgar (le Trafalgar et le Turbulent), doivent progressivement remplacés par la nouvelle génération, celle de l'Astute, déjà livré avec son compère l'Ambush, arrivé à Clyde en mars dernier (le prochain lancement étant celui de l'Artful, quatre autres sont prévus en supplément). Comme en France à l'Ile Longue, tous les sous-marins stationnent dans ce qui est appelé en jargon de la Navy des postes d'amarrages protégés appelés X-Berths, ceux de Barrow-in-Furness, Devonport, Faslane et Rosyth. Tout cela coûte extrémement cher à entretenir, et pour réduire les coûts, on a annoncé récemment le départ d''une partie des sous-marins nucléaire de Devonport vers l'Ecosse, où serait regoupé tout ce qui est nucléarisé, ce qui réduirait les emplois d'au moins 600 postes sur les quais de Plymouth. A noter que c'est le Turbulent qui a été cité comme impliqué dans l'accident du Bugaled Breizh. En photo en tête de chapitre le Dreadnought, le premier sous-marin nucléaire anglais à réacteur S5W américain, lancé en 1960. En 1971 il avait été le premier anglais à faire surface au Pôle. Depuis aujourd'hui 33 ans, il est stocké au Rosyth Dockyard, sur la Firth, attendant toujours d'être démantelé, son réacteur ayant été enlevé....

On le constate d'emblée, donc : la flotte anglaise de sous-marins est aujourd'hui vieillissante, ce qui signifie aussi qu'elle est sujette à des dysfonctionnements, et la relève a pris du temps à venir, (on a changé de concept : à la place de trois modèles de classe Astute, Londres en a commandé sept en définitive) aussi les derniers exemplaires de la classe précédente sont "poussés" jusqu'à leur limite extrême de vieillissement ce qui procure des dysfonctionnements. Comme il fallait s'y attendre c'est au siège de la troisième base, celle qui entretient cette flotte vieiliissante et qui est également chargée de "décommissionner" les submersibles obsolètes que l'incident a eu lieu l'été dernier (ici le Vengeance en grande visite de mi-vie). Sur Google Earth (**), on distingue bien le dock où sont regroupés les submersibles en réparation ou en entretien : ils y voisinent deux méga-yachts, venus là se faire faire eux aussi une nouvelle jeunesse, ou juste sortis des hangars des chantiers avoisinants. Le chantier de réparations de Devonport ne désemplit pas,à vrai dire, tant les sous-marins de la Navy sont au bout du rouleau. Un site a dénombré les incendies à leur bord : "trente incendies ont éclaté sur les sous-marins nucléaires de la Grande-Bretagne au cours des trois dernières années, a admis le ministère de la Défense (MoD) . C'est en moyenne un tous les 40 jours, et porte le nombre total des incendies depuis 1987 à 266 - plus de 10 par an. Et le MoD a révélé pour la première fois que 74 de ces incendies ont éclaté sur les sous-marins généralement armés d'ogives nucléaires". Pas vraiment pour rassurer ! (nota : la photo est celle de l'incendie d'un sous-marin américain, l'USS MIami au Portsmouth Naval Shipyard en juin 2012, qui a causé 400 millions de dollars de dégâts - presque la moitié de la valeur du submersible- : à l'origine, un simple aspirateur ayant pris feu... intentionnellent par un marin pressé de rentrer chez lui). Le sous-marin, faute de crédits, sera finalement envoyé à la ferraille !

D'aucuns ont en effet connu de sérieuses pannes. Le sous-marin Tireless (l'Infatigable, un nom pas vraiment prédestiné !), de la classe Trafalgar, ici en réparations à Devonport, avait déjà connu de sérieux déboires en novembre 2000 alors qu'il était en plein exercice naval en Méditerranée : "le Sunday Times a précisé que le système de refroidissement du réacteur du Tireless avait connu une défaillance "qui pourrait avoir entraîné (sa) fusion". Le journal a ajouté que l'incident avait eu lieu le 18 mai dernier et qu'il avait d'abord été qualifié de "mineur" par le MoD. "L'explosion qui aurait suivi (la fusion du réacteur) aurait entraîné la dispersion d'un nuage de poussières radioactives qui aurait contaminé des milliers de kilomètres carrés en Méditerranée", a souligné l'hebdomadaire. "Le désastre a été évité grâce à la vigilance de l'équipage et du bon fonctionnement des systèmes d'urgence du sous-marin", selon le Sunday Times". Bref, on était passé à deux doigts de la catastrophe ! Le sous-marin, incapable de remonter par ses propres moyens à Devonport, avait dû être remorqué et réparé sur place... à Gibraltar (où il est vu ici à quai)  : comme sil s'agissait du refroidissement de son réacteur, partie sensible ; les travaux avaient duré.. un an, provoquant une vive tension avec l'Espagne"L'origine du problème était, selon le journal, une fuite dans le circuit du liquide de refroidissement du réacteur. Les ingénieurs du MoD et de Rolls Royce, qui fabrique l'installation, ont découvert une fissure "d'une longueur non négligeable". Les douze SNA britanniques ont été immobilisés fin octobre à la suite de l'incident du Tireless, affectant gravement les capacités d'attaque de la Royal Navy" concluait l'article. Réparé le Tireless ? Pour une douzaine d"années, certes, mais le 17 février dernier, le même Tireless se remettait à fuir à nouveau ! Méme problème à bord ! Et méme danger de fuite radio-active ! On lui intimait l'ordre de rentrer au plus vite à sa base... de Devonport qu'il arrivait à rejoindre cette fois, péniblement . La presse ne précisant pas la trace de produits irradiés qu'il avait laissé derrière lui. A croire que ce Tireless, très fatigué, déjà, était maudit : en 1993 il avait déjà subi un incendie mineur à bord et le 13 mai 2003 il avait heurté... un iceberg, à 60 mètres de profondeur. Et en 2007 deux jeunes marins (Paul McCann et Anthony Huntrod) avaient péri lors d'un incendie plus conséquent alors que le submersible naviguait sous la calotte polaire. C'était l'explosion d'un réservoir d'oxygène de secours (Self Contained Oxygen Generator ou Scog) qui les avait tués. L'enquête avait montré que ce matériel était ancien, et avait été prélevé sur un vieux stock... pour réduire les coûts d'approvisionnement. Les deux malheureux étaient restés enfermés dans le compartiment d'évacuation avant pendant 44 minutes, privés d'oxygène, pendant que leurs camarades tentaient de les en faire sortir. Un des marins, Richard Holleworth avait été sérieusement intoxiqué par les fumées lors de l'opération. Suite à l'accident, d'autres modèles de générateurs d'oxygène avaient été développés.

Les accidents se sont accumulés avec toute la flotte (à gauche le changement du combustible du réacteur du Talent) : ainsi, le 6 novembre 2002, leTrafalgar s'était échoué devant l'île de Skye (Écosse), et l'année suivante, il était atteint lui aussi du syndrome de la fuite de réacteur alors qu'il est encore à quai dans la base de Clyde. En avril 2011 c'est le Vengeance qui fait des siennes : il est incapable de rentrer à sa base... boîte de vitesse d'arbre d'hélice broyée (simple "mechanical defect" pour la Navy). On le remorque à la maison. Chez l' HMS Vigilant, ce n'est guère mieux : il s'est réfugié en 2012 aux États-Unis après que son gouvernail se soit carrèment cassé lors d'un déploiement, alors qu'il sortait juste d'une refonte de mi-vie à 350 millions d'euros de facture et venait de tirer en essai un missile Trident II D5 de nouvelle génération. Il sortait juste de... trois ans et demi de travaux ! Le sous-marin avait dû faire route piteusement vers la base de Kings Bay en Georgie, près de la Floride. La Navy incriminait un "objet flottant", du type container comme cause des dégâts. Mais connaissant les sales habitudes des sous-mariniers aléricains, russes ou français, qui passent leur temps à se renifler le derrière comme les chiens, mais sous les eaux, en profondeur, il se peut rrés bien que le heurt ait pu avoir été causé par un de ses adversaires potentiels aveugle, venu voir d'un peu trop près ce qu'il en était du tir de nouveau missile. Comme les russes sont fort discrets sur leurs sorties... Et les français pas plus bavards... Le scénario demeure plausible ... On possède quelques clichés de proues abîmées de type Trafalgar, comme celle-ci droite... En novembre 2008, c'est l'HMS Trafalgar qui fait des siennes : "des centaines de litres de liquide potentiellement radioactif ont été déversés dans une rivière après un incident impliquant un sous-marin nucléaire, s'est-on aperçu aujourd'hui. La Royal Navy, qui a mis en quarantaine de la zone, a admis que 280 litres d'eau de refroidissement éventuellement toxique se sont échappés d'un tuyau éclaté après avoir été pompé du HMS Trafalgar. Le liquide qui refroidit un réacteur nucléaire, est susceptible d'avoir été contaminés par le tritium, une forme instable de l'hydrogène qui brille dans le noir et est utilisé pour créer l'éclat lumineux sur les cadrans de montres" précise le Mail qui relate l'affaire, rappelant que 10 fuites du genre ont déjà eu lieu en 18 ans...

Mais ce n'est rien encore au regard de ce qui s'était produit le 3 février 2009, et qui aurait pu s'avérer beaucoup plus grave, quand l'HMS Vanguard et le sous-marin français Le Triomphant se sont carrément tamponnés en plein Atlantique. On a frôlé ce jour-là une catastrophe majeure ! Au total, sur les deux, il y avait en effet la bagatelle de 96 têtes nucléaires (il en emportent chacun 48 réparties sur 16 missiles) pesant chacune plusieurs centaines de fois Hiroshima... le submersible français avait heurté avant l'avant le flanc l'anglais. Plus d'un million de chances que ça ne se produise pas.., et ça c'était pourtant produit ! Les deux sonars passifs n'avaient pas détecté la présence de l'autre, preuve qu'à ce moment les deux jouaient mutuellement au chat et à la souris, radar actif éteint. Les deux étaient repartis dans leur base respective, le Triomphant sonar enfoncé et le Vanguard son kiosque touché, qui se serait incliné de plusieurs degrés. Selon l'enquête anglaise, le nez du Triomphant aurait mème ripé à plusieurs reprises le long des flancs du Vanguard, preuve que les deux engins se suivaient de près et avaient cherché l'un l'autre à s'en sortir... en évoluant au mieux. Le sous-marin arborant depuis quelque temps de bien étranges panneaux plats sur ces flancs, on est en droit de se demander si l'abordage n'avait pas été... voulu, l'avant du Triomphant repartant avec suffisamment de traces pour que les français puissent savoir ce que dissimulaient les fameux panneaux. Un scénario dantesque, je vous l'avoue (Tom Clancy aurait adoré !), mais en matière de découverte de secrets militaires, on le sait, on est prêt à tout y compris aux pires manœuvres ! La Marine Nationale, comme à son habitude avait tout d'abord nié l'incident, preuve que ce qu'elle faisait ce jour-là n'était pas clair du tout : "au début du mois de février, le service d’information de la marine nationale avait précisé que le sous-marin Le Triomphant avait heurté un objet immergé « probablement un conteneur »...preuve aussi que la langue de bois était toujours de mise dans le milieu, comme on a pu le voir pour le Bugaled Breizh. Hervé Morin, le ministre poids léger, avait noyé le poisson de manière inimagiable, parlant d'incident sans conséqence grave, plus d'un mois après les faits, révélés par la presse à scandale anglaise, dont le Sun. Idem en Angketerre, où le moindre incident. Est étouffé, sauf lorsqu'il devient trop évident comme lors de l'échouage bien ridicule dans l'estuaire de la Skye du nouveau modèle de la Navy... pas rancunier les anglais : le 13 août 2012, ce même Triomphant, visiblement réparé, a été aperçu remorqué l'estuaire vers la base de Clyde... 

En France, le ministre avait fortement minimisé l'incident  (à gauche les Trident à bord d'un sous-marin anglais) un peu trop, selon la presse bretonne : "une version contredite par le quotidien « Ouest-France » qui a assuré dans son édition datée de jeudi que les dégâts sont plus importants qu'annoncés. Selon le quotidien, qui ne cite pas de source, la collision a endommagé non seulement le dôme protégeant le sonar du « Triomphant » mais également le kiosque du sous-marin et sa barre de plongée (aileron horizontal servant à modifier la profondeur d'immersion) tribord. Du coup, les réparations pourraient être plus longues que prévu, affirme le quotidien. « On est dans une phase d'enquête et d'évaluation. Les conclusions sont une phase ultérieure », a déclaré le capitaine de vaisseau Jérôme Erulin, chef du Sirpa Marine, en réponse aux affirmations de « Ouest-France ». Après cet accident rarissime, la Marine n'avait fixé aucune échéance pour les réparations, se bornant à indiquer qu'elles pourraient durer plusieurs mois". Avec un gag ultime à la clé : "le quotidien affirme, lui, que les dégâts subis par « Le Triomphant » n'ont pas encore pu être expertisés précisément car toutes les cales sèches de l'Ile Longue, base des SNLE (Sous-marin nucléaire lanceur d'engins) français près de Brest (Finistère), sont actuellement occupées" (visiblement les sous-marins français vieillissent aussi !). Le journal concluant : "toutes ces informations mettent à mal les déclarations du ministre de la Défense, Hervé Morin, qui démentait mardi sur Canal+ toute tentative de dissimulation". Le ministre faffeur ayant jusqu'alors déclaré que le fleuron de sa marine "qui ne fait pas plus de bruit qu'une crevette", n'avait pas su détecter... un container flottant...

Chez le tout nouveau modèle de submersible nucléaire anglais, ce n'est guère plus réjouissant en effet : en novembre 2012, le fleuron de la série, l'Astute, subit lors d'essais une avarie grave qui le force à remonter précipitamment. La Navy étouffe l'affaire et parle de défaut de jeunesse (un an auparavant c'étaient ses toilettes qui ne fonctionnaient pas !), mais elle n'avait pu dissimuler deux ans auparavant une bévue de son responsable qui l'avait échoué en tentant de rentrer à marée descendante dans l'estuaire de la Skye, à deux pas du Skye Bridge. L'entrée ou la sortie de la base de Clyde est un problème récurrent : le 19 ovembre 2000, le Triumph s'y était déjà ensablé, et 10 plus tard même chose pour l'HMS Victorious sur le banc de sable du Skelmorlie Bank ! On tardera à le sorti du mauvais pas, l'Astute, de peur d'abîmer son revêtement de tuiles caoutchoutées anéchoïques. On l'avait photographié en difficultés ... de refroidissement, contraint de rejeter à l'extérieur de gros panaches de vapeur d'eau... On découvrira après coup que le commandant du subsmersible, Andy Coles, était le même qui dirigeait le Turbulent lors de l'affaire du Bugaled Breizh. Serait-il un abonné aux lamentables bévues ? Il sortait de prendre sa docuhe, paraît-il quand le problème est survenu. L'officier sur le pont à sa place n'utilisait alors pas le bon radar, ne disposait pas de carte des lieux (un comble !) et n'avait aucune expérience de la navigation nocturne ! Lors du sauvetage, un remorqueur venu à la rescousse n'avait rien trouvé de mieux que de temponner le sous-marin ensablé, abîmant son coûteux revêtement ! En 2011, un marin de l'Astute, raide saôul, en avait tué un autre et blessé deux alors que le sous-marin était à quai : rien de technique là-dedans, seulement la constatation du recrutement difficile de jeunes marins. Et de leur alcoolisme fréquent, la tare actuelle de la jeunesse anglaise. Pour la presse, le sous-marin nouvelle génération est en lui-même une catastrophe, décrit ici comme étant un engin à "moteur V8 Ford équipé d'une boîte de vitesse de Mini-Morris" . Un "calamité" ambulante pour certains spécialistes (on le surnomme déjà "l'HMS Calamity" : il se corrode déjà, à peine lancé, il n'atteint pas les 29 nœuds annoncés, en raison du choix de son réacteur, le même que celui de la classe Vanguard, qui, ont l'a vu, n'a eu que des problèmes, son périscope à image numérique ne donne que des images de basse définition, son module de sauvetage ne marche pas, ses ordinateurs de bord ne remplissent pas les conditions de sécurité, ses batteries sont trop petites, il fuit déjà (comme les Vanguard) par sa prise d'eau de refroidissement, son réacteur donne de mauvaises indications de lecture et l'espace à bord est mal pensé... (croquis emprunté au Daily Mail). A 1,3 milliard de livres l'unité (1,8 milliard d'euros !), on pouvait attendre un peu mieux il semble.

A quai, c'est aussi là que le problème technique le plus grave s'est produit. Ces engins ne sont pas dangereux simplement quand ils sont en mer ! Comme on le sait, ces engins de mort fonctionnent à l'aide d'un réacteur nucléaire puissant... Mais gourmand en refroidissement. Pour le refroidir, il faut donc puiser constamment de l'eau de mer et la rejeter après qu'elle soit venue lécher ce-qu'on appelle le circuit primaire entourant l'endroit oû la réaction en chaîne se passe : comme dans ce schéma :

Si le procédé est relativement facile à mettre en œuvre en pleine mer, où il suffit d' ouvrir deux vannes ( une d'entrée et une de sortie), une fois à quai c'est plus délicat. L'engin ne bougeant plus, il faut aspirer l'eau pour pouvoir la rejeter. Et si on coupe l'énergie à bord, comme lorsque l'on intervient sur le cœur du réacteur ou sur ces tubulures de refriudissement, comme on a pu le faire lors de l'incident de Gibraltar, on est obligé de prévoir d'énormes diesels sur les quais pour fournir une énergie électrique à bord pour qu'un refroidissement correct ait lieu. Sans cela, le cœur du réacteur, qu'on ne peut pas véritablement et complètement arréter, se met à monter en température... Jusqu'à ce qu'il fonde, malgré de barres d'absorbtion de secours impossibles à manœuvrer sans électricité : plus petits et plus légers que les réacteurs terrestres, les réacteurs de sous-marins, en quelque sorte "allégés" ne disposent pas des mêmes critères de sécurité : ils sont faits pour marcher indéfiniment avant tout ( la classe Astute dispose d'un réacteur fonctionnant sans recharge oendant 25 ans, refroidi par deux collecteurs d'un nouveau genre fourni.., par la France). Il y a donc un risque certain à ne pas les alimenter lors de travaux de maintenance lourde : or c'est exactement le scénario catastrophe qui s'est produit à la fin juillet 2012 à Devonport. Ce jour-là, on a tout simplement oublié de brancher les unités diesel fournissant le courant lors d'une intervention lourde sur le réacteur ! 

Comme le dit l'Independent, on a failli passer juste à côté d'une catastrophe majeure (à gauche les travaux de remise à niveau du Torbay, prenant fin en septembre 2012 aux ateliers de Babcock) : "les experts ont comparé hier la crise à la base navale , gérée par le Ministère de la Défense et du gouvernementet l'entrepreneur Babcock Marine, à celle de la crise de la centrale électrique de Fukushima Daiichi au Japon en 2011 (...) La défaillance de la source d'énergie électrique pour le liquide de refroidissement des réacteurs nucléaires et des générateurs au diesel de secours a été révélée dans un rapport fortement expurgé de l'Event Report Committee, du Site du Rapport du Comité de la Défense (Serc )." Les événements gravissimes étant ainsi résumés : "une fois qu'un sous-marin arrive à la base de Devon aux amarrages spécialement conçus appelés "Tidal X", il doit être connecté à l'approvisionnement de liquide de refroidissement pour éviter la surchauffe de son réacteur nucléaire. Mais en juillet dernier une série de ce que l'on a décrit comme « des défauts non identifiés " a déclenché des pannes qui ont provoqué le fait que pendant plus de 90 minutes, des sous-marins ont été laissés sans leurs principales sources de liquide de refroidissement. Les enquêteurs ont appris qu'il y avait déjà eu deux pannes électriques antérieures de ce type à Devonport, toutes deux ayant fait l'objet d'une enquête officielle. C'étaient la perte d' alimentation sur le quai principal et alternatif pour le sous-marin d'attaque nucléaire HMS Talent en 2009 et la perte de la « prise de voltage à quai" du sous marin nucléaire HMS Trafalgar qui a été désarmé en 2011, ajoute le rapport Serc". Le problème étant non seulement l'inconscience, mais sa répétitivité, surtout.... à trois reprises, on a laissé des réacteurs nucléaires se mettre en suchauffe dangereuse ! Dans un secteur extrêmement peuplé : la population de Plymouth dépasse 250 000 personnes, le comté du Devon dépasse le million.

Il y a de quoi craindre en effet, car pour contenter les syndicats des métallos de Babcock, le gouvernement anglais de Cameron a accordé en mars dernier 350 millions de livres d'investissement pour mettre à jour deux vieilles gloires : l'HMS Vengeance, lancé il y a 15 ans (en 1998) et l'HMS Vigilant (lancé en 1995, il y a 18 ans) alors en phase de finition de retrofit.. "La mise à niveau du HMS Vengeance devrait prendre trois ans et demi - et devrait atteindre un total de 2,5 millions d'heures de travail. Il s'agira d'une refonte complète de l'équipement sur ​​le sous-marin ainsi que l'installation d'équipements améliorés de lancement de missiles et de systèmes informatiques améliorés. Un nouveau cœur du réacteur - la source d'énergie qui alimente la navire de 15 000 tonnes - sera également monté, ce qui signifie que l'HMS Vengeance sera capable de fonctionner jusqu'à la fin de sa durée d'exploitation résiduelle sans avoir à se ravitailler à nouveau" annonçait -t-on fièrement côté gouvernemental. "Le vieux réacteur Pressurised Water Reactor 2 (PWR2, en photo ici son ancêtre numéro 1) sera remplacé par un système appelé Control and Instrumentation (RC&I) signé Rolls-Royce" annonce la presse : à part qu'il s'agit d'une unité de pilotage et de contrôle, et pas le fond du réacteur lui-même, qui restera le même en réalité, malgré ses nombreux déboires (les deux modules de refroidissement l'équipant étant... français, désormais !). En espérant qu'ils songent à brancher le sous-marin aux diesels sur les quais, le temps du retrait de l'ancien réacteur...

Les poubelles ("dustbin", en anglais), c'est bien connu, ça se jette à la mer. Pour ajouter à l'inconséquence ou à l'inconscience de la Navy, une autre nouvelle effrayante nous était parvenue l'été dernier : " A la tête du ministère de la Défense (MoD) une idée a fait son chemin, selon laquelle les 17 sous-marins nucléaires défunts de Grande-Bretagne - dont sept sont amarré au chantier naval de Rosyth à Fife - seront ensevelis ensemble dans les océans de la planète. Un briefing secret du MoD extrait des Archives nationales au Royaume-Uni révèle que « la préférence technique" du ministère était de disposer les carcasses radioactives en mer sans les démonter. Déverser des déchets radioactifs de cette façon soulèverait "de nombreuses questions environnementales et autres », dit-il. Depuis que le premier sous-marin nucléaire britannique, le HMS Dreadnought, a été mis hors service il ya 30 ans, le MoD a essayé de comprendre comment se débarrasser de son compartiment à réacteur nucléaire. Au fil des décennies, il a été rejoint à Rosyth par six autres sous-marins nucléaires retraités, tandis que dix autres ont été amarrés à la base navale de Devonport à Plymouth, sur la côte sud de l'Angleterre" : dix sept réacteurs nucléaires à balancer au fond des océans ? J"ai toujours dit que le nucléaire était folie pure. Tous les jours qui passent, on en découvre des preuves supplémentaires...

 

(*) la chanson, magnifique, est consacrée à l'excursion nucléaire de Three Mile Island, aux États-unis, près de Detroit, dans laquelle un des noyaux de la centrale nucléaire avait fondu, heureusement sans traverser son radier de béton...lire ici :

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/atom-heart-fucker-saison-7-la-nuit-74969

(**) la vue de Google Earth :

source à puiser :

http://www.secret-bases.co.uk/secret.htm

 


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12 réactions à cet article    


  • Lapalice Lapalice 29 novembre 2013 01:48

    Concernant la collision entre un sous-marin d´ attaque francais (le Rubis) et un sous-marin lanceur de missile anglais (dont ce n´ est a priori pas le role), ils ne jouaient pas au chat et `a la souris car ce genre d´ exercices se font dans un cadre bien precis....

    La seule explication possible, tout specialiste vous le confirmera, est qu´ ils pistaient le meme sous-marin russe (ou beaucoup moins probable americain).... qui a du bien se marrer pour le coup.

    En effet on essaye de detecter et de suivre toute activite sous marine russe pour pouvoir eventuellement l´ intercepter, ou chasser le sous marin des eaux territoriales en lui signifiant qu´ on l´ a detecte (le passage d´ un sous marin dans les eaux territoriales en immersion est un acte hostile).

    Un autre enjeu est d´ analyser les signatures acoustiques pour savoir, dans le cas des russes quel type de sous marin, voir quel sous marin on a devant les yeux (ou plutot devant les oreilles).

    En effet les russes ont en theorie la plus grosse flotte nucleaire sous marine, mais la majorite des navires sont en fait incapables de prendre la mer, voire peut etre pour certains de vrais Fukushima flottants. Vladimir Poutine tente depuis 10 ans de mettre de l´ ordre dans tout ca (en faisant demanteler les plus anciens et en modernisant les autres) avec des resultats inverifiables.

    La detention de sous marins nucleaires en bon etat etant strategique (seuls 4 pays en ont, la Chine tente depuis 20 ans d en produire, avec des resultats pour le moment mitiges), ce qui concerne la flotte russe est tres importante.


    • morice morice 29 novembre 2013 09:01

      excellent commentaire, merci !


    • morice morice 29 novembre 2013 12:13

      insultes encore une fois : l’éperonnage est une technique décrite depuis longtemps pour collecter la matière des briques anéchoïques de l’adversaire. On utilise aussi parfois des sonars iu autres capteurs électroniques remorqués, pour ça, qui sont détournés de leur usage pour ramasser au contact de leur câble les mêmes éléments.... je constate que vous n’avez jamais rencontré de sous mariniers pour ne discuter.


      nota : et article a été amputé d’une partie, selon ma seule initiative : vous saurez peut-être bientôt ce qu’il contenait et mes raisons pour ne pas le faire paraître.... maintenant.

    • Lapalice Lapalice 3 décembre 2013 23:54

      @Lyacon vous avez raison c’est pas le boulot d’un SNLE mais ils disposent aussi de moyens acoustiques très performants, et les Anglais avaient (et ont peut-être toujours) des problèmes de disponibilités de sous-marins (comme les Français d’ailleurs). Si mes souvenirs sont bons le sous-marin anglais n’était pas en patrouille (les propriétaires de SNLE au moins otan essayent de se réserver des « zones » de patrouille pour éviter ce type d’incidents et de se retrouver dans un exercice anti sous marin de quelqu’un d’autre), donc l’hypothèse est crédible...


    • Lapalice Lapalice 4 décembre 2013 00:00

      L’éperonage me parait aussi bien coûteux vu la vitesse d’un SN, le prix des réparations (faut voir la tête du Rubis après l’incident) et la grande difficulté à connaitre sous l’eau la position du sous marin adverse aussi précisément même avec un sonar actif.


    • claude-michel claude-michel 29 novembre 2013 08:12

      Bien pire en Russie....Mourmansk...cimetière de sous marins russe...71 unités attendent toujours leur démantèlement...conservant à bord propulseurs et résidus de combustible nucléaires..Ils contiendraient 30 fois la quantité de combustible nucléaire du réacteur n°4 de le centrale de Tchernobyl lorsqu’il a explosé en 1986...heu certains de ces sous marins ont des fuites directement dans le port...occasionnant sur les nouveaux nés des malformations !

      Le lac KaratchaÏqui borde le complexe industriel Mayak près de Tcheliabinsk dans l’Oural témoigne de la négligence passée de l’industrie nucléaire...Les déchets nucléaires immergés dans le plan d’au totalisent 120 millions de curies avec des quantités de strontium-90 et de cesium-137...sept fois supérieures à celles relâchées par l’explosion de Tchernobyl... !

      • claude-michel claude-michel 29 novembre 2013 08:53

        J’au oublié le plus important....Les pêcheurs de ce port (le saumon)...revendent leurs stocks a divers sociétés pour 3 francs six sous....et nous retrouvons dans les super marchés du saumon impropre a la consommation (dont une célèbre marque française)... !

        Bon appétit pour Noël...


      • agathe zeblouze 29 novembre 2013 19:53

        a claude michel .. mince : le saumon du pacifique , on ne peut plus a cause de fukushima , alors c’est qui en france qui propose du saumon russe ? ?


      • devphil30 devphil30 29 novembre 2013 10:08

        L’avantage avec le militaire , c’est la possibilité d’utiliser le secret militaire et le droit à des pertes humaines donc tout est possible et rien n’est dit .................


        Philippe 

        • escoe 29 novembre 2013 19:45

          Ah, Barrows in Furness, toute ma jeunesse ! C’est très joli mais je vous préviens, la pluie tombe à l’horizontale à cause du vent une grande partie de l’année. Prenez un ciré smiley


          • morice morice 29 novembre 2013 21:05

             la pluie tombe à l’horizontale à cause du vent une grande partie de l’année.


            exact : c’est d’ailleurs une région où il n’existe aucun lavage de voitures payant. Il suffit de déposer le produit à laver et de rouler.

            • morice morice 2 décembre 2013 10:50

              Lorsque l’« auteur » prétend détenir ses sources de sous-mariniers, il nous prend encore plus pour des cons. Les militaires qui servent à bord des nucs ont au minimum l’habilitation secret défense. 



              surtout quand ils sont à la retraite et n’en on plus grand chose à taper, du secret défense

              une conspiration de vieux ?


              hein hein hein....

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