Il y a des choses qu’il faut arriver à comprendre.
Le dogme marxiste-léniniste s’appuyait sur la « PRODUCTION » , le niveau de production qui pouvait expliquer les révolutions suivant Marx ; base du « matérialisme historique »
Alors ils se sont employés à construire et construire, en oubliant : l’entretien, la maintenance, le démantèlement, la récupération...
Et comme l’URSS avait de grandes ressources , et bien c’est devenu une société de gaspillage et de pollution.
Mais d’une façon générale un Communiste se focalise sur : « Le Capital »« , l’investissement, mais il est hors de son champ de pensée de prévoir la maintenance ultérieure et de prévoir les coûts de maintenance. cela peut se voir(un peu moins maintenant) dans la gestion des municipalités de la »banlieue rouge« de Paris, aussi..
Les sousmarins rentrent dans ce cadre de la production sans maintenance.
Mais dans le système militaire soviet ce n’est pas le seul cas. Au titre de l’aide à la Russie pour le démantèlement des armes, a France a demandé l’outillage dont ils avaient besoin pour faire les démantèlements. Dans la liste d’outillages demandés il y avait un tour parallèle de 17 mètres de longueur de banc !! Pourquoi ?
Tout simplement, parce que les vecteurs étaient soudés aux têtes qui n’étaient pas prévues pour être démontées. La seule finalité envisagée pour une bombre c’était son fonctionnement. le recyclage , démantèlement n’était pas prévu. Alors il fallait un tour pour tronçonner la charge militaire du vecteur !!!
La France a fourni un atelier »AIDA« (Assistance Industrielle au Démantèlement des Armes » localisé dans un institut de Novosibirsk en 1994, ave le tour parallèle en question.
Mais l’article sur les sous-marins est « fouilli » de chez « fouilli ». Si l’on ne connait pas la géographie on peut penser que la péninsule de Kola est à côté du Kamtchatka, alors qu’il y a des heures de décalage horaire.
Et puis quitte à rentrer dans les détails on aurait aimé savoir la différence qu’il y avait entre un « classe Akula », « classe Yankee », « classe Hotel », « classe Typhoon »... et de savoir que c’était les projets 637 ou 642 vraiment cela ne fait ni chaud ni froid, si l’on n’est pas un lecteur assidu du Jane’s Defence Naval Forces.
De tous les accidents cités, celui qui pose vraiment problème c’est le Komsomolets, avec ses têtes nucéaires et ses réacteurs, mais surtout les têtes, les réacteurs se mettent en sécurité. Les têtes ne sont pas conçues piour les naufrages, alors que les réacteurs le sont.
Les Russes ont demandé de l’aide pour intervenir sur le Komsomolets, (j’étais présent en tant que consultant extérieur lors de la demande) , mais cela n’a pas suscité chez nous un enthousiasme fou. Comme il est dit dans l’article des mesures temporaires sur les têtes ont été prises. Ce sont des têtes avec de l’U très hautement enrichi, alors tant qu’il n’y a pas de neutron qui ballade dans le coin ça va. Mais il y a des sources potentielles de tpe alpha-n qui pourraient bien s’exciter toutes seules avec la corrosion de l’eau de mer..
Donc mettre du revêtement mangeur de neutrons, ça limite......
Par contre dans l’article à vouloir en mettre trop, c’est un peu trop, et peindre tout en catastrophe, c’est facile, mais c’est trop. Le brise glace Lénine par exemple a eu des ennuis un fois arrêté, et pas en fonctionement. Ce qui fait qu’ils ont eu une fiabilité remarquable sur leurs brises glaces qui fonctionnent régulièrement dans des conditions climatiques épouvantables.
Et cela leur a fait de l’expérience inégalable dans le domaine.
Alors ils se sont lancés dans la fabrication de réacteurs sur barges application civile, ils se rapprochent du « marché ».
Il se trouve que je connaissais le concepteur des barges en question, il a pu venir à Paris pour faire une conférence devant une centaine de personnes touchant de plus ou moins près ce métier du nucléaire.
Je vous mets ici à suivre un copier -coller du compte -rendu que j’ai fait à la suite de cette conférence .
@+
Hier avait lieu la conférence du Pr Larion Lebedev, auteur du concept de barges nucléaires flottantes, devant environ 90 personnes.
Conférence organisée par le groupe professionel « nucléaire » des ingénieurs A&M.
Je vous place ici un petit compte-rendu qui reprend, en gros, les points qui me sont apparus importants dans le laïus.Je ne donne pas d’avis personnel, je vous écris seulement ce qui a été dit lors de la présentation et des questions/réponses de l’assistance.
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L’idée a germé lors d’une rencontre entre Larion Lebedev et les Présidents du Guatemala, Nicaragua, Salvador, en 1990, alors que les Russes démilitarisaient un grand nombre de sous marins. Les Présidents ont demandé à ce que l’on mette deux sous-marins sur leurs côtes pour produire de l’électricité et de l’eau douce.
Mais cela n’est pas possible pour différentes raisons :
- les réacteurs de sous marins ne sont pas conçus pour faire du suivi de charge.
- L’équipage vivant à longueur d’année dans le sous-marin, ce n’est pas bon.
- L’enrichissement des combustibles de sous marins russes est de 95%, valeur complètement militaire, et ça ne peut rester sur place, comme cela pour une application civile.
Mais l’idée a fait son chemin. Larion Lebedev a soutenu un projet de barge auprès de 5 ministres successifs. Et finalement Kirienko, l’actuel ministre de Rosatom a lancé l’affaire.
Le programme actuel porte sur la construction de sept barges toutes, destinées au développement des côtes du Nord de la Sibérie et à l’extrême Orient.
La première barge sera installée au Kamtchatka qui devra être développé avec son important potentiel touristique et ses ressources pétrolières (Kamtchatka = Islande mais en plus grand, plus sauvage, plus « formidable »).
Cinq autres barges seront placées le long des côtes, la septième fera les remplacements intérimaires lors des grandes révisions et rechargements..
Chaque barge comporte deux réacteurs pouvant fournir chacun 37MW ou l’énergie thermique pour le dessalement de 240 000m3 d’eau par jour.
La barge neuve emporte avant sa mise en place un réacteur cœur chargé et du combustible neuf pour trois rechargements de cœur.
Il y a un rechargement de cœur sur place tous les 3 ans.
Les quatre cœurs étant épuisés au bout de 12 ans, la barge et les réacteurs doivent rentrer au port d’attache pour déchargement complet et grande révision duodécennale.
Une barge aura pris le relais pendant les au moins 6 mois / 1 an de cette opération.
La durée de vie d’une barge est de 38 ans
Les combustibles des réacteurs KLT-40S sont enrichis à 14%.
Une version plus puissante « Rhythm » aura du combustible enrichi à 18%, sous la barre des 20% imposée par l’AIEA comme étant la limite d’enrichissement entre le combustible civil et le matériau militaire.
Mais pour l’instant, la première barge a été construite à Séverodvinsk (près de Mourmansk) et ramenée à St Petersbourg pour l’équipement de son réacteur, en faisant le tour de la Scandinavie. Elle sera mise en place au Kamtchatka en 2011. Le lancement en fabrication des 6 autres barges sera fait après au moins 6 mois d’exploitation de la première barge.
La promotion de ces barges a été faite dans de nombreux pays, Lebedev qui n’était pas sorti de son pays avant la Perestroïka a fait plusieurs fois le tour du monde avec son ministre pour présenter ce projet.
Les pays les plus intéressés sont : Amérique latine, les îles du Cap vert, l’Afrique du Sud, la Namibie, l’Indonésie, les Philippines.. En tout une vingtaine de pays ont manifesté un intérêt soutenu. La Chine a montré de l’intérêt, mais les Russes ne veulent pas leur en installer, ils seraient capables de copier toute l’installation rapidement.
Le maximum de puissance de réacteur installé sur une barge pourrait atteindre 300MW électrique, au-delà les dimensions d’un circuit primaire sont trop grandes et la barge serait déstabilisée.
Un problème est le règlement international qui dit que chaque pays doit conserver ses propres déchets. Alors au moment de la signature d’un possible contrat il faut signer un traîté avec le pays-client pour que la barge bénéficie de l’ex-territorialité. La barge reste territoire de la Russie, la Russie conserve son combustible usé et ses déchets. Le personnel d’exploitation est complètement russe.Le fait que les réacteurs soient sur une barge facilite grandement cette possibilité par rapport à un petit réacteur qui serait installé à terre.
Et puis avec une barge, le client paie, il a son électricité ou son eau potable, s’il ne paie pas la barge peut aller ailleurs ; alors qu’un réacteur à terre n’est pas déménageable facilement, démantèlement, déchets..
Les réacteurs sur barges ne sont économiquement valables que dans les contrées reculées où l’énergie est très chère et rare.
Le coût d’installation est de l’ordre de 4000 $US/kW.
Le prix de revient du kWh est de l’ordre de 0,05$US à rapprocher du prix de revient du kWh aux îles du Cap Vert qui est de 0,20 $US.
Si le kWh est vendu à 0,10$US le retour sur investissement est de 6 ans. Ce qui en fait un investissement très rentable.
Ces réacteurs bénéficient de l’expérience accumulée quant aux opérations de 460 sous-marins totalisant plus de 6 000 réacteur.an de fonctionnement, ainsi que du fonctionnement de 15 brise glaces. Certains réacteurs ayant fonctionné pendant environ 200 000 heures. Ce qui en fait une expérience unique au monde.
Lorsque le Koursk a sombré suite à une explosion à l’avant, le réacteur s’est mis en sûreté tout seul. Après la récupération de l’épave, il a été constaté que le réacteur était en parfait état et aurait pu être remis en route.
Les barges sont à double coque, et sont prévues pour l’attaque d’une torpille.
La chute d’avion est également prévue.
Es réacteurs comportent 6 systèmes de sécurité active et 4 systèmes de sécurité passive.
Un réacteur laissé à lui-même sans personne se mettra en arrêt sécurité de lui-même.
Il est évident qu’après l’accident de Tchernobyl, les questions de sécurité / sûreté sont celles qui sont le plus examinées.
Une barge fonctionne avec 58 personnes. L’équipage qui vit sur la barge est renouvelé chaque trois mois.
Il faut 4 ans pour construire une barge.
Actuellement la capacité de construction est 4 barges en même temps.
Mais les Russes attendent les premières mises en service sur leur territoire pour exporter ce matériel.
Pour équiper complètement le Nord-Sibérie et l’extrême orient russe il faudrait 20 barges, mais tout cela dépendra de l’intérêt commercial à l’exportation.
En ce qui concerne le premier développement de l’exploitation du champ gazier gigantesque de Chtockman, la banquise est trop épaisse et trop fluctuante à cet endroit. Il est envisagé une version sous-marine, posée par 100 mètres de fond, c’est plus tranquille.
Certains d’entre nous ont été frustrés, car le Pr Larion Lebedev n’a pas été capable de répondre à quelques questions du style :
- motoristation des barres de contrôle ?
- Comment sont organisées les entrées/sorties d’eau de mer autour de la barge pour éviter le réchauffement de la source froide ?
- Qu’est-ce que vous injectez dans le circuit primaire du réacteur pour l’arrêter ? Bore ? Gadolinium ? Europium ?
Sa réponse a une réponse d’autorité : - ce qui est le plus adapté.
On a bien voulu le croire, vu l’expérience grandeur nature du Koursk.
Mais le réponse fleurait la langue de bois.
Pour se rattraper, et un peu désolé, après la conférence il a proposé de faire venir en France pour une conférence similaire, le responsable de la construction des réacteurs...
On verra plus tard..
D’ici deux ans il sera temps d’organiser un voyage in-situ au Kamtchatka et examiner les détails sur pièce...
On pourra en reparler si cela intéresse certains.