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Au cœur du monde merveilleux de l’entreprise

Dessin Eric'sblog (Eric Leleu 59) {JPEG}

Travailler dans une grande entreprise, quelle aventure exaltante ! Certains salariés ne mesurent pourtant pas leur chance…

M. Lambda s’apprête à fêter un anniversaire. Dans quelques jours, cela fera vingt-cinq ans qu’il a été embauché comme chargé de communication à la Natsexy, l’une des plus importantes banques du paysage financier hexagonal. Un quart de siècle déjà, marqué par quelques bourrelets abdominaux en plus et pas mal de cheveux en moins ! Durant ces années, le temps a filé très vite sans que notre homme, prisonnier de sa routine professionnelle, en prenne réellement conscience.

Là-haut, à la Direction, les patrons se sont succédés au fil des ans sans que rien ne change véritablement à l’organisation des fonctionnels dont il fait partie depuis son recrutement. Sauf naturellement le glossaire d’entreprise, il faut bien vivre avec son temps ! C’est ainsi que naguère, on travaillait dans l’une des « divisions » d’un « service ». Depuis les années 90, sous l’impulsion du pédégé de l’époque et de son directeur des Ressources humaines – lui-même successeur de l’archaïque directeur du Personnel –, chacun est désormais affecté à l’une des « unités » d’un « département ».

Les changements ne se sont toutefois pas limités au seul vocabulaire. Un autre pédégé a tenu à marquer son passage par la mise en place de « centres de résultats » et la limitation drastique du nombre des niveaux hiérarchiques, censée libérer les initiatives. Complétant le dispositif, un troisième pédégé s’est empressé d’instaurer dès son arrivée le « Contrat individuel d’objectifs » et son inévitable corollaire, la « Prime de résultats », le tout défini lors d’un « Entretien annuel d’évaluation » du subordonné par son « N+1 », autrement dit son responsable hiérarchique direct. Un vrai casse-tête, cette prime : chaque évaluateur ayant un a priori sur la qualité du travail de ses collaborateurs, c’est avec une gomme et un crayon qu’il remplit la grille, ajoutant des points ici, en retirant là, afin de parvenir à un total susceptible de cadrer avec une répartition de son enveloppe budgétaire conforme à l’image qu’il a des membres de son équipe. Mais chut ! le sujet reste largement tabou. 

Comme il se doit, aucune de ces réformes managériales n’est sortie du cerveau d’un cadre maison. Par définition, le cadre maison, au sein de la Natsexy comme dans la plupart des autres grandes entreprises, a toujours la pensée ramollie en matière d’innovation aux yeux du top management. Le salut ne peut donc venir que de l’extérieur, et plus particulièrement de l’un de ces cabinets d’experts qui vendent leurs prestations up-to-date à prix d’or. M. Lambda pourrait vous le confirmer : l’ensemble de ces mesures, préconisées dans de longs rapports d’audit par des « Conseils en Management », a coûté à la boîte des sommes faramineuses immédiatement réinvesties par lesdits consultants dans de superbes mas avec piscine et tennis au cœur du Luberon. Sans oublier le « logo » qui, à lui seul, a été payé 53 587 € TTC à une officine de créatifs. Tout ça pour une espèce de tache multicolore, digne de Mirό pour la Direction, et d’un élève de maternelle pour les détracteurs.

Mieux répondre aux attentes de la clientèle

Le modèle managérial mis en place par la Direction n’est en réalité qu’un copié/collé du système imposé par la pensée unique d’inspiration anglo-saxonne à l’ensemble des entreprises cotées du secteur marchand. Le virus a même atteint quelques services publics et commence, dit-on, à se glisser sournoisement dans les couloirs feutrés de certains ministères. Moyennant là aussi une forte rémunération des consultants dont certains, par le plus grand des hasards, se révèlent être d’anciens hauts fonctionnaires partis pantoufler dans le privé. Tout cela amuse d’autant plus M. Lambda que ce fameux modèle unique est disponible – il l’a constaté lui-même – au rayon « entreprise » de la FNAC depuis les années 80 dans des bouquins à moins de 30 € pièce ! Mais n’allez surtout pas dire ça à votre patron s’il vient d’engager un processus analogue, il vous prendrait pour un dangereux déviationniste ou, pire encore, pour un trotskyste infiltré cherchant à casser l’image de visionnaire qu’il s’efforce de donner à ses troupes et à vendre aux médias mainstream

Dire que ces réformes n’ont eu aucun effet sur la Natsexy serait d’ailleurs faux : elles ont permis de diviser par deux l’effectif du réseau commercial en sabrant dans le personnel des agences. N’allez pas croire pour autant que ces coupes répondaient à de triviales considérations de « productivité » dictées par « l’avidité des actionnaires », comme cela a pu être suggéré ici et là dans la presse qualifiée de « gauchiste » par les libéraux. Ces coupes visaient au contraire à « mieux répondre aux attentes de la clientèle », conformément à l’objectif n° 1 qu’exprime avec force l’incontournable « Charte de Qualité » placardée à usage externe devant chaque guichet de la banque. Un objectif que martèle régulièrement M. Alpha, le pédégé en exercice, dans son éditorial du canard maison. Naguère appelé « Natsexy Infos », cet organe a, cela va de soi, été lui aussi rebaptisé moyennant un juteux virement à l’ordre d’un cabinet spécialisé ; il se nomme désormais « Cap 2030 » pour bien montrer que l’entreprise se projette résolument vers l’avenir.

Si les choses ont évolué du côté des départements opérationnels – dans le sens de la « modernité », clament les managers ; dans celui de la « régression sociale », protestent les syndicalistes –, il est patent que les réformes ont eu infiniment moins d’effet dans les départements fonctionnels. À cela, une kyrielle de raisons. Selon M. Lambda, deux d’entre elles prédominent : d’une part, l’extraordinaire inertie du corps administratif, et sa remarquable faculté à s’autoalimenter en tâches nouvelles d’une impérieuse nécessité dès qu’une menace se précise ; d’autre part, la résistance, muette mais opiniâtre, des hiérarchies intermédiaires, rayées un jour d’un trait de plume sur l’autel de la modernisation et dès le lendemain renaissant de leurs cendres, tels des Phénix en lustrines, plus jalouses que jamais de leurs prérogatives et moins que jamais désireuses de scier la branche sur laquelle elles sont assises.

Précisément, la meilleure défense résidant, en management comme en football, dans l’attaque, M. Gamma, le chef d’unité de M. Lambda, craignant une coupe dans ses effectifs – et par conséquent une perte de pouvoir assortie d’une moindre « prime annuelle de responsabilité » –, vient de demander officiellement l’affectation (totalement injustifiée selon M. Lambda) de deux personnes supplémentaires pour l’année prochaine. Il sait pertinemment que sa demande sera rejetée lors des arbitrages budgétaires. Mais cela n’a strictement aucune importance : cette précaution ne vise qu’à mettre son unité à l’abri des restrictions annoncées par la « lettre de cadrage » signée de la main de M. Alpha. Les arbitrages connus, M. Gamma ira même jusqu’à rédiger (le sourire aux lèvres dans l’intimité de son bureau) une note de protestation indignée à l’attention de M. Delta, son directeur de département, pour accréditer le bien-fondé de sa démarche et, le cas échéant, obtenir une prime plus juteuse pour prix de son ralliement aux douloureux impératifs budgétaires imposés par M. Tau, le directeur du Budget.

Message de la Direction : pile, je gagne ; face, tu perds !

Indifférent à ces péripéties, M. Lambda est allé, comme tous les mercredis, déjeuner au resto avec ses collègues Epsilon et Sigma à l’issue de la réunion hebdomadaire des cadres de l’unité. Aujourd’hui, leur choix s’est porté sur Les jardins du Mékong, le sino-vietnamien tenu par l’accorte madame Trinh. Le café bu, la patronne leur a offert, comme d’habitude, le traditionnel mei kwei lu dans les mini-bols où des filles à l’opulente poitrine et à la foufounette buissonnante baignent à poil dans l’alcool de sorgho. 

De retour dans son bureau 90 minutes plus tard, M. Lambda s’assied sur sa chaise à roulettes, l’esprit vaguement embrumé par les épices du chef et les vapeurs d’alccol. Devant lui, d’autres filles, européennes celles-là et très sexy, défilent sur l’écran de veille de son ordinateur en croquignolets sous-vêtements Aubade. Insensible à leurs charmes, M. Lambda saisit sa souris et ouvre sa messagerie intranet.

Trois nouveaux messages sont arrivés durant le déjeuner. Le premier a été posté par Mme Iota, la secrétaire d’unité ; elle informe les troupes que les dates des vacances d’été devront être déposées avant le 30 avril afin que les arbitrages soient rendus au plus tard courant mai. Le deuxième message émane de M. Zêta, le chef du service Intérieur : conformément à la décision notifiée dans la circulaire SI 17-05 192F, il rappelle que les toilettes seront indisponibles au 7e étage – celui de M. Lambda et du département CAC (Communication et Action Commerciale) – entre 15 h et 16 h 30 pour cause de remplacement des vétustes distributeurs de savon, ces accessoires qu’un facétieux délégué du personnel s’est plu naguère à nommer « éjaculateurs saponifères » dans une question écrite au CHSCT.

Reste le troisième message en provenance de la Direction. Celui-là bénéficie du pictogramme rouge signifiant « urgence signalée ». Signé par M. Alpha en personne, il est bref et tranchant comme la lame d’une guillotine : « Compte tenu de la situation économique et des difficultés financières auxquelles est confrontée Natsexy depuis quelques mois, j’ai décidé de convoquer lundi matin un Comité d’Entreprise extraordinaire pour le consulter sur l’alternative suivante : soit engager un plan social de licenciement pour 10 % de l’effectif cadre, soit obtenir de l’encadrement une baisse (volontaire, conformément à la loi) de 12 % du salaire durant un an. D’ores et déjà, j’ai pris la décision de m’appliquer cette deuxième mesure en réduisant ma propre rémunération, non pas de 12 mais de 20 %. Des séances d’information syndicale seront organisées dans les différents attachements du groupe demain et après-demain. Je vous invite à y participer pour indiquer votre préférence aux représentants syndicaux. »

Vingt minutes plus tard, un nouveau message, lui aussi marqué du pictogramme rouge, s’affiche sur l’écran. Il émane de M. Delta, le permanent de l’UICGT : « Notre syndicat tient à rappeler, à toutes fins utiles, que M. Alpha, prompt à montrer l’exemple de la baisse de salaire, s’est octroyé l’année dernière, avec la complicité des administrateurs, une augmentation de… 27 % tandis que le personnel de l’entreprise bénéficiait d’une hausse royale de… 0,75 % !!! Cela dit sans compter les 30 000 stock-options que notre généreux pédégé a perçues et qui lui rapporteront, lorsqu’il les lèvera, une somme de… 6,7 millions d’euros !!!  »

Écœuré, M. Lambda repousse ses dossiers d’un geste d’agacement. Puis, l’œil rivé sur l’écran, il engage en jurant in petto une partie de ce bon vieux Tetris. Autant commencer tout de suite à diminuer sa productivité de 12 % !


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55 réactions à cet article    


  • gruni gruni 6 décembre 2017 08:33

    Bonjour Fergus


    Très réaliste, on s’y croirait. Je me demande d’ailleurs si cette entreprise n’existe pas sous un autre nom ?

    • Fergus Fergus 6 décembre 2017 08:38

      Bonjour, gruni

      « Je me demande d’ailleurs si cette entreprise n’existe pas sous un autre nom ? »

      Entre grands banques, compagnies d’assurances et services publics, il y a plusieurs entreprises dont les employés pourraient raconter la même chose.


    • gogoRat gogoRat 8 décembre 2017 09:34

       L’histoire de la petite fourmi heureuse et productive était plus brève ...
       mais pas sûr qu’elle ne soit plus d’actualité ! ...


    • gogoRat gogoRat 8 décembre 2017 09:48

       à ne surtout pas rater non plus, (chercher dans les commentaires du lien vers ’la petite fourmi’),
      * l’histoire de l’américain et du pêcheur tamoul

      * l’histoire du rameur et des barreurs


    • Fergus Fergus 8 décembre 2017 10:51

      Bonjour, gogoRat

      Excellentes, ces histoires !

      J’aime tout particulièrement celle de la Fourmi qui rejoint mon propre article sur les mœurs en entreprise.

      Dans ce texte, j’ai noté cette phrase : « la Fourmi heureuse et productive commença à baisser de rythme et à se plaindre de toute la paperasserie qui lui est dorénavant imposée »

      Bien que sans rapport direct, cela m’a fait penser aux certifications ISO qui présentent évidemment un intérêt en matière de qualité du produit fabriqué ou du service rendu. Mais parfois avec des effets pervers. Exemple :

      J’ai connu, dans le cadre des fonctions de responsables de formation que j’ai exercées durant quelques années, des organismes de formation qui se sont vus obligés de faire certifier leur activité pour ne pas être en reste vis-à-vis de la concurrence. Avec cette conséquence étonnante : compte tenu de la charge administrative liée à cette certification, ces boîtes ont été contraintes de se séparer d’un pédagogue pour financer un collaborateur administratif supplémentaire. Etonnant, non ? smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 10 décembre 2017 13:20

      @gogoRat,
       

      « Plus de rameurs, SVP » encore un vieux souvenir...

    • troletbuse troletbuse 6 décembre 2017 08:39

      Tiens, les enfumeurs sont déjà là.


      • Fergus Fergus 6 décembre 2017 08:43

        Bonjour, troletbuse

        Manifestement, les trolls également ! smiley


      • Fergus Fergus 6 décembre 2017 08:46

        @ troletbuse

        Mais peut-être que le fonctionnement des entreprises et leur management ne vous semble pas au cœur de la vie de vos semblables ? Sans doute avez-vous toujours vécu de juteuses rentes...


      • troletbuse troletbuse 6 décembre 2017 09:46

        @Fergus
        Vous enfoncez des portes ouvertes, mon pauvre Fergus. Tout cela pour ne pas parler de la réalité d’aujourd’hui, tout comme votre serf Grounichou qui va chercher l’actualité politique dans la pornographie Que ne feriez-vous pas pour ne surtout pas toucher à Jupiter le minable. Vous êtes lamentable.
        Dans ma vie, j’ai connu des petits patrons, très sympas dont les commerces sont aujourd’hui bouffés par les grands groupes ... que vous soutenez. J’ai connu également la grosse entreprises bouffée par la mondialisation .... que vous soutenez. J’ai connu le nouveau management qui n’est qu’une vaste fumisterie à partir des années 1995. Les nouveaux morveux en savaient plus que les anciens mais n’étaient là que pour augmenter la compétitivité, ce qui ne servait à rien vu que le plus gros investissement était les salaires. Le plus juteux étant naturellement faire travailler des enfants. Mais chuuut, il ne faut pas le dire.
        L’europe, la mondialisation... que vous soutenez tout en faisant croire que vous soutenez FI, comme Grounichou et son dernier article bidon, c’est la mort des salariés.


      • Fergus Fergus 6 décembre 2017 11:23


        @ trolebuse

        Une nouvelle fois, vous racontez n’importe quoi !

        A cet égard, je vous défie de trouver un seul article de moi dans lequel je défends la « mondialisation  » et les « grands groupes » ! Et pour cause : j’ai toujours été pour le développement des PME et contre les multinationales, pour le retour des commerces de proximité contre la grande distribution.

        Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si j’ai écrit cet article : L’agonie commerciale des quartiers centraux dans les petites villes : l’exemple de Parthenay.

        Une fois encore, pourquoi n’écrivez-vous pas d’article pour dénoncer vous-même les dérives libérales de Macron et le fléau que représente la mondialisation ? Eu égard à tout le temps que vous passez à rédiger vos multiples commentaires, vous auriez largement la possibilité d’exprimer vos griefs. Au lieu de cela, rien, nada ! Vous êtes décidément un tigre de papier !!!


      • Fergus Fergus 6 décembre 2017 11:24

        @ troletbuse

        Cela dit, un point d’accord avec vous : les dérives du management dans les entreprises. C’est d’ailleurs ce que je dénonce en creux dans cet article.


      • Buzzcocks 6 décembre 2017 14:02

        @Fergus
        Le hic, c’est que vous le dénoncez en creux... avec un simplet comme trolletbus, il ne faut pas faire dans la finesse et l’ironie.


      • Fergus Fergus 6 décembre 2017 14:18

        Bonjour, Buzzcocks

         smiley


      • troletbuse troletbuse 6 décembre 2017 16:51

        @Fergus
        Tiens, y’a un intervenant que j’ai du vexer quelque part. Rancunier. Pas comme vous Fergus.  smiley


      • L'enfoiré L’enfoiré 10 décembre 2017 13:31

        @troletbuse,

        « J’ai connu le nouveau management qui n’est qu’une vaste fumisterie à partir des années 1995. »

        Moi, j’ai fait partie du management dès 1990, sur une première marche, entre le marteau et l’enclume avec 5 ou 6 autres marches au dessus de moi.
        Il y a management et manageurs.
        Il y a le manageur parachuté au sommet, qui n’en a rien à cirer de ceux qui sont en dessous, qui vient avec un beau diplômé, qui ne sait rien mais qui dira tout.... et le manageur qui grimpe à la force de ses connaissances et de son renom.
        L’Europe, la mondialisation que vous le vouliez ou non fait partie du grand jeu.
        Que feriez-vous pour payer votre pitance dans la gamelle de l’armée, peut-être....
        Oui, il y a le secteur privé et le secteur public.
        La différence a souvent été énorme.
        La mort des salariés ?
        Peut-être, il n’y a que ceux qui s’adaptent aux situations qui survivront.
        Le travail, ce n’est plus ça qui paye.
        Ce sont les idées neuves.. tout simplement
        Mais pour cela il faut de la matière grise. 
         


      • chantecler chantecler 6 décembre 2017 09:24

        @Fergus
        D’autant que les conducteurs RATP se font souvent agresser , seuls aux commandes ...


      • Fergus Fergus 6 décembre 2017 09:32

        Bonjour, chantecler

        En effet. Statistiquement, les machinistes savent qu’ils seront physiquement agressés au moins une fois dans leur carrière. Cela dit sans compter les insultes et parfois les crachats.


      • Laulau Laulau 6 décembre 2017 10:56

        Merci pour cet article fort divertissant qui montre que ces « difficultés des entreprises » qui les conduisent à des licenciements, n’empêche en aucune façon les dépenses exorbitantes de cabinets d’experts et autres producteurs de logos minables payés à prix d’or. On ne parle pas assez de ces« fuites » dans les bilans qui ne sont pas perdues pour tout le monde et qui, en fait, s’ajoutent à la part de plus en plus grande que les actionnaires prélèvent sur l’entreprise.


        • Fergus Fergus 6 décembre 2017 11:35

          Bonjour, Laulau

          Merci à vous.

          Le fait est que ces « fuites » sont le plus souvent occultées dans des lignes de budget ou de bilan qui les amalgament à d’autres dépenses, pleinement justifiées, celles-là. Même en compta analytique, certaines dépenses parviennent à être masquées.

          Pour ce qui est des logos, quelques rares boîtes ont fait appel à un concours interne qui a fait émerger des projets venus des employés eux-mêmes. Cela a coûté infiniment moins cher aux boites qui ont récompensé les gagnants de prix comme un séjour d’une semaine pour deux en hôtel-club à Agadir ou un week-end prolongé à Florence.


        • xana 6 décembre 2017 11:46

          Bonjour Fergus,

          Je n’apprécie habituellement pas trop vos articles à cause de leur côté « mi-chèvre, mi-chou ». Ceci dit c’est votre droit d’exprimer les choses comme vous les sentez.

          Par contre j’ai beaucoup apprécié le présent article, Il me rappelle fort précisément la vie en entreprise telle que je l’ai connue dans une PME surtout axée sur le marketing qui sévissait en région parisienne. Les années les plus éprouvantes de ma longue carrière. Le pire n’était pas l’attitude patronale mais la lâcheté de l’ensemble de mes collègues. J’ai été élu délégué plusieurs fois, la dernière fois par DEUX voix (dont la mienne) contre UNE (la sienne) pour le candidat de la direction...

          J’avais travaillé auparavant dans de nombreuses entreprises industrielles, ce n’était facile pour personne mais les gens étaient encore humains. Même en expatrié dans des boîtes américaines, où les magouilles entre cadres étaient le pain quotidien, je n’ai pas connu cette lâcheté et cette stupidité générale de robots qui caractérise les entreprises d’aujourd’hui au personnel totalement soumis. Exactement comme vous le relatez ici.

          Jean Xana

          • Fergus Fergus 6 décembre 2017 12:02

            Bonjour, xana

            Merci pour votre témoignage qui vient conforter mes propres constats.

            Pour ce qui est de ce que vous appelez mon côté « mi-chèvre, mi-chou », cela tient à mon recul par rapport aux actions militantes de tous bords, ce qui ne m’a pas empêché de m’engager au coup par coup lorsque je l’ai jugé nécessaire, ou parfois simplement utile à la cause des travailleurs. Mais j’ai toujours refusé d’être encarté, où que ce soit. 


          • jaja jaja 6 décembre 2017 12:06

            Le monde totalitaire de l’entreprise et ses mensonges où le salarié en situation de subordination n’est qu’un pion qui ne vaut que par ce qu’il rapporte... et dont le « mauvais esprit », s’il existe, est combattu par toute la hiérarchie au service d’un patronat de droit divin... dont le seul et véritable but est d’accroître ses profits au maximum...

            Il fut une époque où les entreprises avaient comme discours qu’on « était tous dans le même bateau », même si certains ramaient à fond de cale et que les dirigeants, eux, se pavanaient sur le pont tout en n’hésitant pas à jeter certains, tombés en disgrâce, par dessus bord....

            Aujourd’hui le discours est plus franc, c’est la compétitivité à tout prix c’est-à-dire qu’il n’est plus que question de baisse des salaires, d’augmentation du temps de travail et de réduction d’effectifs permise par la surexploitation de celles et ceux qui restent...

            Le monde du travail devient de plus en plus un monde de souffrance... La seule bonne question étant de savoir jusqu’à quand les salariés accepteront cette situation inique...


            • xana 6 décembre 2017 12:22

              @jaja
              Exact. Désormais les masques sont devenus inutiles.

              Mais il y a aussi autre chose. Toutes les entreprises sont désormais la proie des financiers, alors qu’il y avait autrefois des industriels pour lesquels l’argent n’était pas l’unique motivation. Tout aussi avides, mais des êtres de chair toutefois. De nos jour le Moloch est un logiciel sans âme.

            • Fergus Fergus 6 décembre 2017 12:51

              Bonjour, jaja

              « Le monde du travail devient de plus en plus un monde de souffrance »

              C’est globalement vrai, mais ce constat doit à mon avis être nuancé. En réalité, il reste des grandes boîtes où, si les secteurs opérationnels sont exposés à des grandes pressions productivistes, les secteurs fonctionnels continuent de fonctionner dans un relatif confort.

              « Il fut une époque où les entreprises avaient comme discours qu’on « était tous dans le même bateau », même si certains ramaient à fond de cale et que les dirigeants, eux, se pavanaient sur le pont tout en n’hésitant pas à jeter certains, tombés en disgrâce, par dessus bord »

              En fait, ce genre de discours - la « grande famille » - existe encore. Dans les entreprises purement tertiaires où prédominent les jobs très qualifiés (boîtes de com, de marketing, de pub notamment), la mode est même au « corporate » importé des USA et décliné en grands messes de motivation où il ne fait pas bon se démarquer, comme vous l’avez souligné.


            • Trelawney 7 décembre 2017 08:26

              @jaja
              Le monde du travail devient de plus en plus un monde de souffrance... La seule bonne question étant de savoir jusqu’à quand les salariés accepteront cette situation inique...


              Jusqu’à ce qu’il soient remplacés par des machines.


              • Fergus Fergus 6 décembre 2017 15:42

                Bonjour, Aristide

                En effet, mais complété et partiellement réécrit pour être publié ailleurs, entre autres sur le site québécois Centpapiers où il est totalement inédit.


              • francois 6 décembre 2017 15:38

                Le monde du travail : le lieu où beaucoup tombent le masque et se laissent aller à leur bas instinct au prétexte de l’efficacité.

                Beaucoup d’entre eux dans la rue se ferait descendre si ils et elles avaient les mêmes comportements.

                En ce qui me concerne encore 15 jours, rentier à 50 ans et fin de la soumission à ce système.


                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 15:48

                  Bonjour, francois

                  A quels comportements faites-vous allusion ?

                  « encore 15 jours, rentier à 50 ans »

                  Voilà qui devrait vous permettre de passer d’excellentes fêtes de fin d’année. smiley 


                • francois 6 décembre 2017 16:10

                  @Fergus
                  Harcèlement, insultes, intimidations, pressions salariales. Toujours sous forme descendante. La forme ascendante n’est pas tolérée.

                  A partir d’un certain niveau hiérarchique quand vous fautez on vous mute vers une autre branche.
                  En dessous d’un certain niveau hiérarchique quand vous fautez on vous mute vers pôle emploi.

                • francois 6 décembre 2017 16:11

                  @Fergus
                  Voilà qui devrait vous permettre de passer d’excellentes fêtes de fin d’année


                  Merci à vous aussi.

                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 17:13

                  @ francois

                  OK, nous sommes d’accord.

                  Cela dit, je sais par expérience que la plupart des chefs intermédiaires sont des lâches. Dès lors, on peut non seulement leur tenir tête, mais les mettre en difficulté. Encore faut-il être déterminé et disposer d’éléments de nature à les contrer. Mais je vous accorde que c’est un exercice difficile lorsque l’on a pris l’habitude de subir sans protester. Qui plus est, cela vaut surtout pour les unités fonctionnelles, beaucoup moins dans les unités opérationnelles où les « petits chefs » ont trop souvent un pouvoir exorbitant.


                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 17:59

                  Bonjour, Robert Lavigue

                  En matière d’expérience professionnelle, chaque vérité est personnelle et dépendante du parcours. Ce qui est vrai pour moi ne l’est donc pas forcément pour vous. smiley


                • Aristide Aristide 6 décembre 2017 19:04

                  @Fergus

                  Votre vision manichéenne du monde de l’entreprise est confondante ... En gros, une copie assez simpliste du modèle marxiste dominant-dominé où bien sur les premiers ont tous les défauts face aux seconds victimes des premiers. A pleurer ... 


                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 19:28

                  @ Aristide

                  Ce qui est confondant est la lecture que vous faites de ce texte. Nulle part en effet je n’ai présenté un « modèle marxiste dominant-dominé », c’est vous seul qui y voyez cela, et il faut avoir l’esprit sacrément démangé par l’esprit de contradiction pour arriver à cette conclusion totalement erronée !

                  Personnellement, j’ai toujours défendu l’idée qu’il y a en entreprise des types biens et des sales cons à tous les niveaux hiérarchiques. De même qu’il y a à tous les niveaux des astuces pour servir ses intérêts du mieux possible.

                  Dans cet article, le seul que je mets réellement en cause est le pédégé. Mais sans doute allez-vous me dire qu’il s’agit là d’élucubrations n’ayant pas d’équivalent dans la vraie vie ! smiley smiley smiley


                • Aristide Aristide 6 décembre 2017 19:47

                  @Fergus

                  Vous avez écrit : « Cela dit, je sais par expérience que la plupart des chefs intermédiaires sont des lâches. »


                  Serait-ce que vous soyez maintenant confondu devant la bêtise de cette affirmation pour que vous corrigiez et disiez : « Personnellement, j’ai toujours défendu l’idée qu’il y a en entreprise des types biens et des sales cons à tous les niveaux hiérarchiques.  ».

                  C’est assez savoureux de vous voir essayer de dissimuler cette incohérence évidente derrière ma lecture qui serait biaisée ...

                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 19:59

                  @ Aristide

                  Vous confondez manifestement les lâches et les cons. Or, l’on peut parfaitement être l’un sans être l’autre. Et cela ne remet pas en cause mon appréciation sur les individus que l’on trouve à tous les niveaux hiérarchiques.

                  Un mot encore : bon courage pour les 4 ou 5 commentaires que vous allez encore poster. Car de la même manière que le pitbull qui ne lâche rien, vous rebondissez sur n’importe quel élément pour troller afin d’assouvir votre perversion en la matière.

                  C’est d’ailleurs l’un des symptômes du trollage : le harcèlement. Et sur ce plan-là, force est de reconnaître que vous avez le profil d’un archétype ! C’en est même désopilant ! smiley smiley smiley


                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 20:01

                  @ Aristide

                  Vous êtes même tellement comique dans votre habit de troll qu’il ne me viendrait même pas à l’idée de vous bloquer !


                • Aristide Aristide 6 décembre 2017 20:56

                  @Fergus


                  Affligeante défense par la mise en cause de la personne qui vous met le nez dans vos propos assez ... indéfendables sur les cadres intermédiaires qui seraient tous des lâches. Enfin. ... Encore la fuite et la victimisation agrémentée d’une accusation de trollage alors que je justifie toujours mes propos. 




                • Fergus Fergus 6 décembre 2017 22:34

                  @ Aristide

                  « les cadres intermédiaires qui seraient tous des lâches »

                  Même manipulation minable que plus haut : j’ai écrit « la majorité » et non « tous » ! Qui plus est, cela ne concernait que les fonctionnels.

                  Vous êtes décidément l’un des pires intervenants de ce site !


                • francois 7 décembre 2017 07:25

                  @Fergus

                  il ne s’agit pas de petit chef mais PDG, DG, DRH et Directeur de production. Les petits chefs sont des larbins soumis et serviles pour certains d’entre eux.


                • Aristide Aristide 7 décembre 2017 14:17

                  @Fergus


                  Rectification pas majorité, vous avez écrit « la plupart des cadres intermédiares ». Définition du Larousse : « le plus grand nombre de gens ... ».

                  Vous êtes un vrai faux-cul qui écrit des conneries et n’assume pas son propos quand on le lui met sous le nez ...

                • Fergus Fergus 7 décembre 2017 16:55

                  @ Aristide

                  Ben voyons !!!  smiley

                  Je vous signale que vous en êtes à 10 commentaires, autrement dit un peu en retrait de vos précédentes performances de trollage. J’ai pronostiqué pour cet article au moins 12 commentaires à mon épouse. Il vous en reste donc 2 pour me permettre de gagner mon pari. Merci de ne pas vous endormir en route, toute la science du trollage est dans ce harcèlement émaillé de mensonges et de propos manipulateurs !  smiley smiley smiley


                • francois 6 décembre 2017 16:19
                  @Fergus
                  « A quels comportements faites-vous allusion ? »

                  Cas concret dans ma société leader de la réfrigération en Europe.

                  Un chef d’atelier a qui on ne donne pas les moyens organisationnels de faire son travail de management consentait à faire 15 heures par jour (il n’était pas le seul).
                  Quand il a fait remarquer que ça ne pouvait pas durer, il lui a fait remarquer que c’était bien mais pas assez.
                  Des alertes CHSCT sont remontées vers la direction et la DRH. Rien n’a été fait.
                  Premier burn out.

                  La personne est revenue après arrêt de plusieurs mois. Rien ne changea, nouveau burn out.

                  Toujours arrêté. 

                  Pour les autres chefs d’ateliers, la pression s’est relachée mais la désorganisation est toujours là et le fait de la direction.



                  • Fergus Fergus 6 décembre 2017 17:16

                    @ francois

                    il y a malheureusement trop de cas de ce genre. Et ce n’est pas avec la grande braderie de l’inspection du travail que les choses dont des chances de s’améliorer significativement. Il faudrait pour cela quelques condamnations exemplaires, mais on n’en prend pas le chemin.


                  • alinea alinea 6 décembre 2017 20:43

                    Excellent Fergus ; bien sûr cela ne peut que me rappeler ce que j’ai pu voir au cinéma, ne connaissant personne, et n’ayant jamais été moi-même dans ce genre d’entreprise !
                    La diminution du salaire consentie spontanément par le grand chef, me fait inopinément penser à la baisse de salaire de Hollande, après l’augmentation faramineuse que Sarkozy s’était octroyée !!


                    • Fergus Fergus 6 décembre 2017 20:50

                      Bonsoir, alinea

                      Merci pour ton passage.

                      Le parallèle entre l’attitude d’Alpha et celle de Hollande vient en effet à l’esprit. A cette différence près que l’ex-président n’a jamais touché des paquets de stock-options.

                      En revanche, il y a eu ces dernières années des PDG qui ont effectivement ostensiblement baissé leur salaire à un moment donné sans toucher à une seule de leurs stock-options. Parmi ces généreux patrons, Carlos Ghosn, sauf erreur de ma part.


                    • alinea alinea 6 décembre 2017 20:58

                      @Fergus
                      Oui ! mais quand la paye a été augmentée de deux cents pour cent ( ou plus) cinq ans auparavant, et que tu joues les fiers à la baisser de vingt pour cent, t’es un sacré faux-cul ! smiley


                    • Fergus Fergus 6 décembre 2017 22:38

                      @ alinea

                      Je suis bien d’accord avec toi sur ce point.

                      Cela dit, je n’ai jamais été vraiment choqué par la rémunération du président : chez la plupart de nos voisins, le chef de l’exécutif gagne nettement plus. Qui plus est, cette rémunération est inférieure à celle de la plupart des hauts fonctionnaires. Il est vrai que le président n’a quasiment rien à débourser.


                    • L'enfoiré L’enfoiré 10 décembre 2017 12:57

                      Bonjour Fergus,

                       Perso, j’ai connu deux types d’entreprises.

                      Contributeur dans le numérique, j’ai baigné dans cette « potion magique » dès qu’il avait fallu chercher les ingrédients pour qu’elle devienne magique.

                      Un peu de sel, un peu de sucre, un peu de poivre, un peu de poudre de perlimpinpin et quelques bouts de ficelle suffisaient à cette époque.

                      Cela s’est construit dans une petite équipe, tout en souplesse, légère et performante qui n’avait pas encore le nom de startup mais qui l’était. La faiblesse de cette souplesse se retrouvait au moment où un poste clé n’avait pas de backup mais on apprenait son métier.

                      Après, je suis grimpé dans un autre monde, la multinationale, que le film « The Company men » décrit bien
                      J’ai transformé une chanson bien connue en « J’aurais voulu être fumiste »
                       smiley


                      • L'enfoiré L’enfoiré 10 décembre 2017 12:59

                        Maintenant si vous voulez des détails : « Une semaine en nuances vert de gris »


                      • Fergus Fergus 10 décembre 2017 13:38

                        Bonjour, L’enfoiré

                        « Je change souvent de paritaires »

                        « Partenaires », non ? A moins qu’il ne s’agisse d’un mot bruxellois ? smiley


                        Savoureux, le titre du bouquin de Colmant ! smiley


                      • L'enfoiré L’enfoiré 10 décembre 2017 14:05

                        @Fergus,

                         Non, c’est bien « paritaire » qu’il s’agit ;
                         Ce n’est pas un mot bruxellois, c’est national ;
                         Un peu d’explication.
                        En Belgique, le centre de gravité de la concertation sociale dans le secteur privé, en particulier pour les négociations salariales, se situe dans les commissions paritaires

                        Les commissions paritaires ont pour objectif de regrouper les entreprises exerçant des activités similaires afin de les soumettre à des règlements adaptés aux conditions de travail.

                        Elles sont instituées pour toutes les branches d’activités, y compris donc les secteurs du non marchand et, constituées en nombre égal de représentants d’organisations patronales et de représentants d’organisations syndicales.

                        J’aime bien Bruno et son livre, je l’ai en ma possession.


                      • Fergus Fergus 10 décembre 2017 16:28

                        @ L’enfoiré

                        Merci pour ces explications.

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