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Accueil du site > Tribune Libre > Au secours, notre théâtre se meurt dans la médiocrité !

Au secours, notre théâtre se meurt dans la médiocrité !

Alerte à la municipalisation déguisée du théâtre à l'italienne de Rochefort (Charente-Maritime) ! 
Le célèbre "Théâtre de la Coupe d'Or" ne sera bientôt plus, en substance, que le théâtre médiocre et dépersonnalisé d'une petite ville ordinaire de province. 

Même si cela est masqué par le maintien d'une terminologie qui continue d'utiliser les mots "Coupe d'Or" dans la dénomination du théâtre rochefortais, quelque chose de fondamental est en train de changer sous la pression de la municipalité qui entend bien reprendre totalement la main sur le théâtre à l'italienne, tant en ce qui concerne son offre artistique ("programmatique") que sur le plan de sa gestion et de son financement.

Nous n'en voulons pour preuve accablante que la modification des statuts qui est proposée au vote de l'Assemblée Générale Extraordinaire de l'"Association Théâtre de la Coupe d'Or" convoquée pour le 7 juillet 2016.
Il ne s'agit pas moins, au travers de cette modification des statuts, que de changer radicalement l'objet de l'Association.
En effet, dans sa rédaction actuelle, l'Article 2 des statuts affirmait le principe fondamental et essentiel suivant :
"L'Association a pour objet d'assurer la gestion matérielle, artistique et financière du Théâtre de la Coupe d'Or dont la ville de Rochefort est propriétaire."
Coup de tonnerre ! Le nouveau projet de texte de l'Article 2 énonce un objet beaucoup plus flou où le lien entre l'activité de l'Association et le lieu physique du théâtre dit de la Coupe d'Or a totalement disparu :
"L'Association a pour objet d'accueillir, d'organiser, de produire des spectacles professionnels, dans le cadre d’une programmation pluridisciplinaire par saisons....Elle accomplit ses missions...par le biais d'actions artistiques et culturelles...qui se déroulent soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs, dans le cadre de partenariats. " 

On le voit, et on doit le déplorer avec énergie, la municipalité de Rochefort et la gouvernance "carpettisée" de l'Association, ont, d'un commun accord, décidé de supprimer toute référence à un cadre physique principal et consubstantiel pour l'exercice des activités artistiques de l'Association en charge du théâtre à l'italienne de notre cité.

Dans ces conditions, quid de l'autonomie du Théâtre dit de la Coupe d'Or, quid de son droit - sinon exclusif, du moins préférentiel - à exercer son activité d'abord et PRINCIPALEMENT (au sens large de ce terme) dans ce magnifique théâtre à l'italienne qui fait la fierté de tous les Rochefortais ?
Pour nous, il s'agit d'un acte violent de mise sous tutelle de l'Association par la Ville qui tient ainsi à poser en principe que le théâtre à l'italienne est un outil qui doit être au seul service de sa politique culturelle sur le territoire.

Dans ces conditions, quelles sont encore le sens et l'utilité de cette Association au-delà des deux avantages politico-tactiques qu'elle présente encore :

- pour la Ville, cette structure constitue un bouclier qui lui permet d'exporter sa responsabilité financière, en cas de graves problèmes, sur une structure tierce, au moins dans la communication, donc dans l'image de la ville perçue par les citoyens,  

- pour le Directeur du Théâtre, l'Association est également un bouclier qui lui permet de mener son action sans avoir de compte à rendre directement et sans être dans l'obligation immédiate d'exécuter les ordres de la Direction Culturelle de l'Administration Municipale ?

Certes on peut comprendre la volonté de la Ville de maîtriser la gestion et l'activité de l'Association. D'autant que les sommes englouties chaque année par le théâtre à l'Italienne sont colossales et qu'un effort important est demandé aux contribuables rochefortais chaque année.
Mais, outre qu'il s'agit d'un domaine - la Culture - qui ne peut pas s'autofinancer comme d'autres et dont l'enjeu est fondamental pour l'épanouissement, l'ouverture et l'esprit critique de tous, il convient d'être extrêmement circonspect quant à la pertinence, sur le plan qualitatif, d'une politique culturelle centralisée et fonctionnarisée.
Pour notre part, nous considérons qu'il s'agit d'une erreur grave sur le long terme.
Inquiétant et triste.

Serge Guégan - membre du conseil d'administration de l'Association Théâtre de la Coupe d'Or (Rochefort - 17300)


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16 réactions à cet article    


  • sergeguegan sergeguegan 30 juin 2016 13:44

    Il y a d’autres aspects qui sont préoccupants dans ce projet de modification des statuts. Mais j’ai souhaité me centrer sur le plus grave d’entre eux, d’autant qu’il englobe la plupart des autres problèmes posés par ce nouveau texte.


    • La mouche du coche La mouche du coche 30 juin 2016 18:56

      @sergeguegan
      « le théâtre médiocre et dépersonnalisé d’une petite ville ordinaire de province. »
      .

      Wouhahou ! Le mépris haineux avoué dès l’introït par l’auteur, des « villes ordinaires » et des gens normaux. Le théâtre officiel est en train de se suicider, gonflé de sa suffisance et de subventions et ce n’est que du bonheur. Nous irons et cracher et danser sur sa tombe avec joie. Tout va bien. smiley


    • mmbbb 30 juin 2016 19:10

      @La mouche du coche je vous rejoins sur ce point . Ces personnes la en charge de la grande culture sont toujours d’une suffisance et d’une arrogance inouies . Il y qu en france que l on peu lire ce genre de propos aussi condescendant Il y qu en France que les intellos invente le concept « exception culturelle »


    • sergeguegan sergeguegan 30 juin 2016 19:49

      @mmbbb
      Il n’est pas question pour moi dans cet article de contester la nécessité absolue d’un contrôle financier strict par toutes les instances qui subventionnent ce théâtre et au-delà ; pas plus qu’il n’est question ici de prendre position sur la nécessité ou non de subventionner le théâtre en général, celui-là ou un autre...Ce n’est pas mon propos.


    • sergeguegan sergeguegan 30 juin 2016 16:35

      Le fait que dans le préambule de ce nouveau projet de statuts, il soit indiqué en son début que « Depuis sa fondation, l’association Théâtre de la Coupe d’Or présente des saisons...qui se déroulent principalement dans le théâtre à l’italienne de Rochefort », outre qu’il s’agit d’un constat qui ne porte et ne vaut que pour le passé et n’engage absolument pas la municipalité (en l’état de cette rédaction) en ce qui concerne le futur, ne relativise et ne minimise en rien la gravité de la nouvelle situation juridique créée par ce projet de texte que nous dénonçons dans notre article.

      Car en effet, nous le répétons, le nouvel objet de l’association, défini dans l’article 2 modifié, ne fait plus aucun lien formel et essentiel entre le contenu de cet objet et le lieu physique du théâtre à l’italienne. 
      Au contraire, ce lien est même expressément supprimé et en tout cas très sérieusement distendu dans la mesure où le nouvel article 2 précité précise que les « actions artistiques et culturelles » de l’association ... « se déroulent soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs »... Ce qui revient à dissocier très clairement les activités de l’association de leur(s) lieu(x) d’exercice.
      Au demeurant le préambule précité rappelle de manière solennelle que les conditions d’utilisation du théâtre sont définies par une « convention d’occupation NON EXCLUSIVE » qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations sur les limitations et les contraintes pouvant être imposées à l’association s’agissant de l’activité qu’elle prétendra exercer dans le théâtre à l’italienne.
      Nous ajoutons pour finir que ce nouveau projet de statuts, en comparaison de l’ancien, apparaît à bien des égards, extrêmement bricolé, touffu, confus et flou quant à la politique que l’association pourra réellement mener et quant à l’autonomie dont elle pourra disposer. 
      La volonté de puissance et de contrôle est souvent mauvaise conseillère pour faire évoluer une structure, quelle qu’elle soit. On en a ici la preuve flagrante.


      • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 10:17

        Une convention d’utilisation non exclusive qui pose plus de problèmes qu’elle n’en résout...

        Et cette convention d’utilisation n’est pas le seul outil dont dispose la mairie. 

        Il faut y ajouter la convention d’objectifs et de moyens qui définit les conditions dans lesquelles la Ville subventionne l’Association...

        Dans les statuts en vigueur il n’est absolument pas fait référence à ces conventions. Dans ce nouveau projet de statuts elles deviennent, au contraire, les bases de tout et sont plus qu’affirmées dans le préambule, créé à cet effet, et dans le nouvel article 3.

        Autrement dit la marge de manoeuvre et l’autonomie dont va pouvoir disposer en pratique l’Association sera désormais à géométrie variable dans la mesure où ces deux conventions sont renouvelées annuellement. Une situation inconfortable pour construire sur le long terme. 


        • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 10:45

          Certes, la version actuelle du premier alinéa de l’article 2 pose peut-être un problème de légalité au regard du droit administratif. Mais outre que ce texte est en vigueur depuis 12 ans et qu’il n’a jamais été contesté formellement jusqu’à ce jour par la chambre des comptes ou quelque institution externe que ce soit - et sans aller jusqu’à envisager des solutions alternatives plus orthodoxes comme la délégation de service public ou la location du théâtre à l’association - tous les gens un peu intelligents comprendront qu’il était possible de réécrire cet alinéa pour pallier ce prétendu obstacle juridique, sans altérer le fondement même de l’objet premier et essentiel de l’association qui est tout de même de pouvoir faire du théâtre dans le théâtre à l’italienne !


          • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 11:17
            Était-il vraiment si difficile d’écrire « principalement dans les locaux mis à sa disposition » (ou toute autre formule équivalente) au lieu et à la place de « soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs » qui est la pire des formulations ?


            • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 15:08

              @sergeguegan Pardon, il faut lire :



              Était-il vraiment si difficile d’écrire, a minima, « principalement dans le théâtre à l’italienne mis à sa disposition » (ou toute autre formule équivalente) au lieu et à la place de « soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs » qui est la pire des formulations ?

              Ce qui est évidemment plus précis et cohérent avec notre propos.

            • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 13:24
              L’intégralité de ma réflexion sur le sujet ici :

              https://rochefort-sur-mer.blogspot.fr/


              • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 13:29

                Était-il vraiment si difficile d’écrire, a minima, « principalement dans le théâtre à l’italienne mis à sa disposition » (ou toute autre formule équivalente) au lieu et à la place de « soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs » qui est la pire des formulations ?


                • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 13:30
                  L’intégralité de ma réflexion sur le sujet ici :

                  https://rochefort-sur-mer.blogspot.fr/


                  • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 14:37

                    Était-il vraiment si difficile d’écrire, a minima, « principalement dans le théâtre à l’italienne mis à sa disposition » (ou toute autre formule équivalente) au lieu et à la place de « soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs » qui est la pire des formulations ?


                    • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 14:38
                      L’intégralité de ma réflexion sur le sujet ici :

                      https://rochefort-sur-mer.blogspot.fr/

                      • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 14:39

                        Était-il vraiment si difficile d’écrire, a minima, « principalement dans le théâtre à l’italienne mis à sa disposition » (ou toute autre formule équivalente) au lieu et à la place de « soit dans les locaux mis à sa disposition, soit ailleurs » qui est la pire des formulations ?


                        • sergeguegan sergeguegan 1er juillet 2016 14:39
                          L’intégralité de ma réflexion sur le sujet ici :

                          https://rochefort-sur-mer.blogspot.fr/

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