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Au Yémen, des armes françaises tuent et des petites filles sont vendues au plus offrant

Loin de s'opposer aux crimes de guerre commis par la coalition saoudienne au Yémen, l'Etat français n'a de cesse d'alimenter en armes un conflit dont les petites filles sont les premières victimes.

Depuis mars 2015, la coalition saoudienne a mené plusieurs raids aériens au cours desquelles elle a bombardé des écoles, des hôpitaux mais aussi des lieux de rassemblement tels que les mariages et les funérailles. Bilan : des milliers de victimes civiles et des millions de déplacés.

Selon le dernier rapport annuel sur les exportations d’armes françaises, le gouvernement a approuvé 174 nouvelles licences d’exportations d’armements vers l’Arabie Saoudite, dont 12 licences d’une valeur de 4 milliards d’euros pour des matériels de la catégorie « bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs et matériel et accessoires connexes ».

Pourtant, en tant que partie au Traité sur le commerce des armes (TCA), la France s’est engagée à ne pas autoriser les transferts d’armements dès lors qu’il existerait un risque prépondérant que ces armes puissent être utilisées pour commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des attaques dirigées contre des civils ou des crimes de guerre. De plus, le Conseil de l'Union Européenne a défini en 2009, des règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires. Parmi les huit critères de refus de vente se trouvent le non-respect des droits de l’homme dans le pays de destination finale, l’engagement du pays acheteur dans des tensions et des conflits armés et l’atteinte à la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionale.

L’ONG française Aser a saisi le Conseil d'Etat le 7 mai dernier pour demander que les licences d’exportation, accordées par le gouvernement français aux industriels livrant des armes aux belligérants du conflit au Yémen, soient suspendues.

En visant les écoles, en violation du droit humanitaire international, la coalition sous commandement saoudien entrave l'accès à l'éducation de milliers d'enfants. Selon l'UNICEF, près de 2 500 écoles ont été impactées par les bombardements : 66 % d'entre elles ont été endommagées, 27 % ont dû fermer et les 7 % restantes sont utilisées par les combattants ou hébergent des familles déplacées. Déscolarisés, les garçons doivent travailler pour contribuer à la survie de la famille tandis que les filles sont mariées très jeunes au plus offrant.

A la faveur de la guerre, s'est développé un véritable trafic d'êtres humains. Selon le système décrit par le quotidien émirati The national, des intermédiaires yéménites approchent des familles pauvres dans le but de fournir en petites filles les riches omanais en quête de très jeunes épouses. Pour une petite fille, il faut compter 2 500 rials, environ 6000 euros. Sur cette somme, l'intermédiaire verse 1 500 rials aux parents et 500 rials aux autorités yéménites en échange de leur aide pour faire sortir les petites filles.

Contacté par The national, des dignitaires du Dhofar, région omanaise frontalière du Yémen, ont reconnu l'existence de ce commerce. Si la police locale a refusé de commenter cette information, une source au ministère de l'Intérieur du Sultanat d'Oman a précisé que 120 femmes yéménites avaient été mariées légalement à des citoyens omanais au cours des trois dernières années.

Pour Juliette Touma, porte-parole principale de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, certaines familles vendent leurs filles car elles ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins. Un programme d'aide financière a donc été mis en place afin de dissuader les parents de le faire.

Le Yémen reste l'un des rares pays au monde à ne pas disposer de législation sur l'âge minimum du mariage. Selon l'UNICEF, 52 % des filles y sont mariées de force avant l'âge de 18 ans et 14 % avant l'âge de 15 ans.

Ce fut le cas de Nojoud, mariée de force par son père alors qu'elle n'avait que 10 ans. En dépit de sa promesse de ne pas toucher la petite fille avant ses premières règles, le mari abusera d'elle à plusieurs reprises. Pendant deux mois, Nojoud pleurera chaque nuit face à l'indifférence de sa belle-famille et à la violence d'un époux irrité par ses nombreux refus.

Un matin, avec la monnaie du pain, elle prit le bus et poussa la porte d'un tribunal afin de demander le divorce, provoquant ainsi une véritable tempête médiatique. À Sanaa, aucun magistrat n'avait reçu de petite fille assez courageuse pour se dresser contre la tradition archaïque du mariage précoce. Nojoud obtiendra le divorce, mais pas la condamnation de son ex-époux qui repartira avec 250 dollars de dédommagement pour rupture de contrat.

En 2009, sous la pression internationale, le Parlement vota une loi fixant l'âge minimal pour le mariage à 17 ans. Malheureusement, les 33 parlementaires du puissant parti islamiste Al-Islah, soutenu par le Parti au pouvoir, soumirent le texte au comité de la charia qui le fit annuler. Un article 23 fut alors ajouté à la loi sur le statut personnel, stipulant qu'une femme non vierge devait consentir à son mariage tandis que pour les vierges, le silence valait consentement.

Selon la Nada Foundation, fondation crée pour protéger les droits des enfants au Yémen, plus de 250 filles ont été mariées de force en raison des conditions de vie difficiles en 2017. Dans la plupart des cas, ces filles sont exploitées suite à la perte de leurs parents ou suite à leur déplacement occasionné par la guerre. Au cours de la même année, 120 filles ont été hospitalisées lors de la première semaine de mariage, 12 n'ont pas survécu à leur première nuit de noce, 6 ont mis fin à leur jour et de nombreuses autres sont mortes suite aux complications provoquées par leur grossesse précoce.


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18 réactions à cet article    


  • titi titi 26 novembre 2018 09:42

    @L’auteur

    Le mariage des filles, ou plutôt leur vente au plus offrant est une constante du monde arabo musulman. Et dans une grande partie du monde tout court.

    Mettre cela sur le compte de la guerre ou des ventes d’armes françaises, c’est de l’escroquerie.


    • titi titi 26 novembre 2018 09:47

      @titi

      « endant deux mois, Nojoud pleurera chaque nuit face à l’indifférence de sa belle-famille et à la violence d’un époux irrité par ses nombreux refus. »

      Le Coran prévoit une « obligation » de la femme à l’égard de l’époux.
      Elle a un « devoir » conjugal, et l’homme un « droit » sur son épouse.
      Si elle refuse de faire son « devoir » pendant 4 mois, alors le mari peut la mettre à la rue et se remarier.

      Mais le mari pour épouser sa femme doit payer une « dot » à sa belle famille.
      Il en veut pour son argent.


    • Sergio Sergio 26 novembre 2018 10:13

      La balance commerciale Vente d’armes/Migrants est en faveur de qui on sait, alors la France, un petit effort !. Pour ce qui est du mariage forcé, ça se passe en France, aussi.


      • zygzornifle zygzornifle 26 novembre 2018 10:13

        Les armes Françaises ont une garantie de 2 ans même en cas de revente c’est la législation Européenne qui le veut ....


        • Francis, agnotologue JL 26 novembre 2018 17:52

          @Paul Leleu
           
           vous menez un juste combat. Mais pour être efficace, il faut employer un langage efficace.
           
           J’ignore d’où viennent ces expressions : « se faire tuer », « se faire violer », « se faire battre ». Sans doute des expressions comme : « j’aimerais mieux me faire battre que de trahir ma patrie » ? Ou bien : « se faire arnaquer » ?
           
          Il n’empêche, ces tournures sont à bannir, elles portent une idée de culpabilité de la victime : certains mauvais esprits pourraient penser d’une femme dont on dit qu’elle s’est faite violer, qu’elle l’a un peu cherché.
           
          En l’occurrence il conviendrait de dire : « En Afrique, dans les guerres, les femmes sont violées et les hommes sont assassinés »


        • [email protected] 26 novembre 2018 14:22

          Il semblerait que les deux peuples Yémen et Arabie Saoudite soient des sauvages, en tout cas pas de humains, que penser ?


          • Emohtaryp Emohtaryp 26 novembre 2018 14:30

            l’Etat français n’a de cesse d’alimenter en armes un conflit dont les petites filles sont les premières victimes.

            Qu’attendez-vous pour demander la destitution de l’inepte et son engeance de cafards qui font perdurer ce crime contre l’humanité commencé depuis sarkosy/hollande ??


            • Paul Leleu 26 novembre 2018 17:33

              @Emohtaryp

              « un conflit dont les petites filles sont les premières victimes » ...

              euh, non... les premières victimes se sont les morts... a priori en majorité des hommes... et cela est le crime contre l’humanité...

              ce qui n’enlève rien à l’horreur que subissent ces petites filles victimes collatérales d’un conflit...

              on est parvenu à un degré de mépris de la vie des hommes qui est assez impressionnante... les hommes n’ont même pas la « chance » de se faire violer, dans une guerre... ils ne sont bons qu’à se faire tuer... par de « psychothérapie » ni de « reconstruction » pour eux...


            • titi titi 26 novembre 2018 18:23

              @Paul Leleu

              En effet. Les victimes ce sont d’abord les morts, les estropiés, les mutilés.

              Ce qui arrive à ces jeunes filles est révoltant, mais c’est avant tout un problème culturel.
              http://www.rfi.fr/afrique/20181125-soudan-sud-fille-vente-facebook-mariage-samuel-norgah-plan-international


            • Pauline pas Bismutée 26 novembre 2018 15:47

              Un des résultats de n’importe quelle guerre est l’exacerbation de problèmes déjà existants et effectivement, une minorité de fillettes était mariée de force. Le peu de progrès qu’avait fait le pays (alphabétisation, infrastructures, etc. …) est en train d’être anéanti à vitesse grand V, ratiboisé avec notre aide, et le pays ne s’en relèvera peut-être jamais (sans parler des multinationales et petits malins qui guettent sûrement pour s’engouffrer là-bas pour les aider à « reconstruire »). On est en train de remplir des cimetières, et de faire des enfants qui vont survivre des traumatisés et analphabètes, qui vont être des proies faciles pour les extrémistes de tous bords. Les peuples que l’on massacre ont la mémoire longue et demanderont des comptes ; les vietnamiens et les afghans en savent quelque chose.

              Ce pays avait été baptisé « l’Arabie heureuse » (« Arabia Felix ») par les romains, à cause de la magnificence des paysages et de la gentillesse des habitants. Maintenant réduits à « se nourrir » des feuilles des arbres et vendre leurs filles. Genre « le choix de Sophie », sauf que pour eux leurs filles vont survivre et leurs garçons auront peut-être une chance de survivre aussi (sauf que le fric peut protéger de la faim seulement si il y de la bouffe à acheter, et sûrement pas des bombes).

              Honte, honte à nous …

              PS et bien sur merci a vous, comme a tous ceux/celles qui parlent de cette guerre...


              • hunter hunter 26 novembre 2018 18:30

                Oh le joli papier de bien-pensant humaniste que voilà !

                Oh les jolis raccourcis culpabilisants...comme si le fait pour les marchands d’armes français ( et non pas la France, ce sont des entités privées, certes subventionnées, mais pas entièrement nationalisées), de vendre des guns à ces primitifs, exacerberait leur tendance naturelle à traiter une gamine comme une tête de bétail ?

                eh bien non, la sauvagerie islamique en vigueur dans ces contrées (dont nous commençons à voir l’enrichissement culturel ici), n’a pas besoin d’un gun « made in France », pour s’exprimer !

                Et puis une arme, c’est exactement comme tout ce qui est sur un marché : c’est en vente, mais personne n’est obligé d’acheter !

                Et si ce n’étaient pas les marchands d’arme français qui avaient eu les marchés, ce seraient d’autres, russes étatsuniens, chinois, etc.... !

                La guerre, c’est aussi du business....désolé de choquer votre esprit de bien-pensant droitdelhommiste, mais c’est ainsi !

                Maintenant, vous n’avez plus qu’à écrire à Macron, lui demander de fermer immédiatement toutes les industries de fabrication d’armes, au nom des sacro-saints droit de l’homme, bien entendu !

                Prévoyez peut-être un « happening », avec petites bougies, nounours sur les trottoirs, et des légions de gaucho-humanistes, qui viendront défiler en versant des larmes....

                Vu que les plus grosses banques d’affaire (souvenez-vous qu’il est issu d’une d’entre elle), sont toujours partie prenante pour se goinfrer dans ce genre de business, je pense qu’il va vous recevoir comme il faut !

                bonnes illusions.

                Adishatz

                H/


                • eric 26 novembre 2018 22:04

                  Bah Ee Syrie, ils se dérouillent avec des armes russes, en Afghanistan ils les fabriquent eux même, au Maroc les petites filles cela se fait discrètement, parce qu’en théorie, ce n’est plus légal, etc...

                  Je vous trouve donc bien injuste avec notre beau pays,

                  Comme le disait Michel Rocard, la France doit prendre sa juste part, mais elle ne peut pas être responsable de tous les arabo-musulmans du monde


                  • Dr Destouches Dr Destouches 27 novembre 2018 21:05

                    Sarkozy,Holland et Macron sont des cirminels en col blanc

                    Il faut oser le dire !


                    • soi même 27 novembre 2018 22:09

                      Aucun rapport la France fait un commerce crasseux ce n’est pas pour autan qu’elle est mêlée au turpitude de l’Arabie saoudite.


                      • Balkanicus 27 novembre 2018 22:18

                        @soi même

                        Drole de facon de penser

                        Comme si un dealer n etait pas responsable de la drogue qu il vend .......

                        Si ik y a overdose .... c est pas lui....

                        Le patron de bar qui soule un client....pas grave.... c est juste economique.....

                        Le gas qui vend des flingues dans une cite, c est pour tirer des boites de conserve.... c est pas ca faute.....

                        Je sais qu un adulte est responsable de ses actes, comme un etat, mais ca n empeche pas d avoir une ethique et une morale.......

                        Il est beau le pays des droits de l homme !


                      • soi même 27 novembre 2018 22:33

                        @Balkanicus, la France comme dealer pour l’Arabie Saoudite, vous rigolé, l’Arabie Saoudite est un pays qui a tellement de fière quelle ne supporte pas que le monde ne soit pas à leurs pieds.


                      • Balkanicus 27 novembre 2018 22:46

                        @soi même

                        On peut se trouver des excuses....

                        Mais on vend ces armes qui tue au yemen....

                        Et j ai entendue ces enfants parler entre eux, leur parents tuer par la guerre.... et rendre l europe responsable de ses crimes

                        On est responsable indirectement....qu on le veuille ou non..... c est un fait

                        Un missile ou une balle fabriquer en france et qui a tuer .....

                        Peut on dire qu on vend des carottes ?

                        On fait des choix, mais faut les assumer, on peut pas juste renvoyer la balle a l arabie saoudite.... c est trop facile

                        Si perso, vous pouviez leur fournir des pistolet, le feriez vous ?


                      • soi même 28 novembre 2018 17:38

                        @Balkanicus, j’ai tous à fait conscience en notre mon, que certain à défaut d’exporté des voitures exportes des tanks, des Mirages et de
                        Jules-césars à des criminelles de guerres.

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Anton Struve

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