Auto-entreprise Témoignage (seconde partie)
Le Mercredi 6 Juin je réagissais à chaud à l'intervention de Silvia Pinel sur l'auto-entreprise avec un avis nuancé.
Aujourd'hui la nouvelle plus ou moins attendue tombe : les auto entrepreneurs vont être alignés (globalement) sur les autres statuts en matière de charges, de TVA, etc..
Je m'y attendais et mon changement de statut est prévu mais pas dans ce sens.
L'expérience d'Arkacyclo m'a permis, grâce à des accords avec un syndicat de valorisation, d'étudier la filière vélo depuis son dépôt en déchetterie et de repenser un marché qui va bien plus loin que celui, étriqué, du re-bricolage des v-lowcoast pour les pauvres (c'est la raison de l'image).
voir http://arkacyclo.viens.la
J'aurais certainement l'occasion d'en reparler dès que les choses prendront corps. C'est avec un objectif affirmé que "le vélo ne soit plus un déchet", des produits et des servicesréels et rentables ( compte tenu d'un calcul complexe où entrent en jeu les économies et les apports environnementaux) que je travaille.
On peut comprendre que le statut d'auto-entrepreneur soit considéré comme problématique notamment en comparaison avec les autres structures micro économiques.
On peut aussi comprendre que ce statut est une porte ouverte à de nombreux abus et pratiques criticables ( on en a débattu suite à mon article).
Par contre j'avais aussi signalé cet élément que je maintiens : " Pour avoir longuement traîné mes baskets dans l'univers du développement économique local, avoir observé et agi,je suis persuadé qu'il doit exister des Sas préalables à la mise en oeuvre d'initiatives économiques".
Cette fonction de Sas, de champ d'expérimentation, de ballon d'essai, qu'on l'appelle comme on veut, va de ce fait disparaître et de nombreuses auto entreprises n'auront comme choix que de mettre la clé sous le paillasson. Inutile de jouer aux oiseaux de mauvaise augure, chacun en imagine les conséquences : retour à l'aide sociale, reprise du système débrouille qu'il faudra contrôler à grand frais ...
A partir de la suppression de ce statut, il n'est plus possible de s'essayer sur un marché original et innovant sans entrer dans un processus risqué.
La brutalité de l'annonce rappelle une critique que tous les économistes progressistes dénoncent (et ils l'ont fait ici) : les dirigeants cèdent sans sourciller à la petite politique de la calculette. Tout le monde sait que lorsque l'avenir d'un individu ou d'une petite entreprise dépend "exclusivement" des petites économies financières pilotées par le financier, la catastrophe est annoncée ! Malheureusement cela devient vrai au niveau d'un pays.
On ne cherche pas à comprendre un problème et le solutionner. On "rogne". Point final.
Supprimer le statut d'auto-entrepreneur n'est pas en soi un choix grave. Ce qui est grave c'est qu'on a fait (la petite) économie d'un minimum d'étude de la réalité et que l'on jette à la poubelle des centaines de milliers d'initiatives, peut-être peu performantes, mais qui représente un creuset d'expérimentation et d'innovation.
Pour parler de mon petit coin de jardin, si je peux aujourd'hui projeter d'identifier et créer des emplois dans le domaine du tri-recyclage-valorisation, c'est parce que j'ai pu bénéficier de ce statut et je suis loin dêtre un cas exemplaire.
Si l'on multiplie mon cas par quelques milliers, la mesure est anti-développement à court terme et anti-croissance à moyen terme.
Quand comprendra t-on que nous sommes condamnés à inventer une autre sociéte pour l'horizon 2030 dans notre rapport aux grands appareils économiques notamment la fin du pétrole, l'initiative individuelle, l'utilisation de l'énergie, l'entretien de la santé publique, la communication entre les hommes, une prise en compte des moins chanceux...
Si je cite tout cela c'est parce que, modestement, je pense que la maîtrise des déchets en général, la réappropriation de la pratique du vélo, la définition de nouveaux emplois,et un statut possible pour ceux qui préfèrent agir là où c'est possible plutôt que de se plaindre sont des éléments qui permettent d'avancer en rapport avec le recyclage du vélo (un petit filet d'eau qui se jette dans la rivière).
Une idée peut toujours être intéressante à considérer, et je proposerai qu'on prenne en compte ces "bouts d'expérience" d'auto-entrepreneurs pour ré-inventer un statut d'accès à l'emploi plutôt que de noyer le bébé dans l'eau du bain avant de relancer à grand frais une mission de réflexion qui pondra un nième rapport.
Je suis conscient que mon papier est un peu écrit à la hache, mais qu'on excuse : j'ai une clé à mollette dans l'autre main et un document à remplir sous l'autre oeil.
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