Avec la complicité des journalistes obligés, le débat sur la retraite par points a été escamoté
Des journalistes obligés au sens de : « je suis votre obligé, mon Seigneur. Non, il n’y a pas eu de débat sur la retraite par points. Emmanuel Macron a décrété qu’il fallait abandonner le système actuel et le remplacer par celui-là. Point. Mais l’intérêt de ce nouveau système n’a jamais été démocratiquement discuté. Quels avantages, quels inconvénients ? Emmanuel Macron s’est contenté d’asséner des affirmations sans les démontrer : plus juste, universel, viable et non pénalisant.
Dès que les premières analyses critiques sont apparues, le débat a été détourné vers l’injustice que représentaient prétendument les régimes spéciaux, la défense des avantages acquis pour et par les seuls privilégiés. Là aussi sans en débattre.
Pourquoi ?
Dénoncer un système ou certains ont mieux que d’autres et annoncer qu’on va le remplacer par un, où tout le monde sera au même niveau, même si c’est le plus bas niveau, emporte l’adhésion de beaucoup. Du coup on adhère à la réforme et on ne soutient plus ceux qui revendiquent.
Pourquoi ça marche à tous les coups ?
« La plupart des sociétés traditionnelles, tout comme la société industrielle elle-même, étaient socio centrées, elles plaçaient les besoins du groupe avant ceux de l'individu. L'ouvrier de la société industrielle pouvait être tout aussi méfiant envers autrui que l'employé de la société de services aujourd'hui, il appartenait à un monde social bien défini, avec lequel il partageait des souffrances mais aussi des combats et des projets, incarné le plus souvent par des syndicats puissants. (La CGT) (…)
Mais les classes populaires ont perdu la force politique que leur conférait la société industrielle. Elles sont devenues des classes malheureuses, constituées d'individus isolés, habités par une défiance à l'égard d'autrui qui n'est certes pas neuve mais qui s'est imposée au fil du temps comme le marqueur du choix politique d'une partie importante d'entre elles. » LES ORIGINES DU POPULISME - Enquête sur un schisme politique et social -
Yann ALGAN - Doyen de l'École d'affaires publiques, professeur d’économie à Sciences Po.
Elizabeth BEASLEY - Économiste, chercheuse à l'Observatoire du bien-être au CEPREMAP, ancienne directrice de J-PAL Europe.
Daniel COHEN - Directeur du département d'économie de l'École normale supérieure, professeur à l'École d'économie de Paris. Directeur du CEVIPOF(CNRS).
Martial FOUCAULT- Professeur des universités en science politique à sciences Po.
- Individus isolés, habités par une défiance à l'égard d'autrui. -
« Ah, non ! Ils ont plus que moi, donc il faut leur enlever. »
Ça ne lui rapporte rien mais il est satisfait. Et voilà comment on peut se vanter d’une réforme approuvée.
Ensuite la quasi-totalité de la presse passe les plats.
Exemples. Deux qui m’ont particulièrement marqué par le parti pris du journaliste, enfin si on peut encore employer ce mot à leur égard.
Léa Salamé, France Inter, à un syndicaliste CGT, en montant le ton. (Verbatim)
« Mais le sens de l'histoire c'est pas aussi de financer une réforme des retraites et s'il y a de plus en plus de gens qui sont à la retraite, il faut trouver l'argent donc oui on trouve comment l'argent ; vous vous êtes opposé à toutes les réformes des retraites qui sont passées mais si elles avaient pas eu lieu, on en serait où aujourd'hui, les cotisations auraient explosé, le déficit aurait explosé ; est-ce que vous ne pensez pas que peut-être même les retraites ne seraient plus payées. »
Neutre et déontologique.
Gilles Borstein, France Info ou France 5.
Lors d'un débat, une représentante syndicale essaie d’expliquer l'opposition de son organisation au régime par points.
Après lui avoir coupé la parole et asséner qu'elle a parlé assez longtemps, Gilles Borstein lui rétorque que puisque le président avait été élu pour faire cette politique, personne n'était légitime pour s'y opposer maintenant et il ajoute (verbatim) : « vous n'avez qu'à le battre dans les urnes ! »
Un journaliste qui dit à une syndicaliste qu’elle doit passer par les urnes pour avoir le droit de revendiquer mais uniquement dans le cas où elle aurait remporté les élections présidentielles ? !
Elle en personne ? Chacun de ceux qui voudraient revendiquer ? Un par un ? Gilles Borstein ne l’a pas précisé.
La technique pour animer le débat sans avoir l’air d’avantager un des participants.
BFM, en début de soirée.
Une présentatrice et un présentateur animent le débat. Quatre invités, un syndicaliste ; un politique autre que LREM, ce jour-là c’est Olivier Besancenot ; un essayiste ou philosophe ou communicant ou parfois un politique sans étiquette bien définie, ou autre ; enfin et toujours, un représentant de LREM surtout.
Le débat commence mais jamais en posant la question primordiale : « pourquoi un régime de retraite par points ? »
L’angle d’attaque c’est plutôt l’inégalité des régimes spéciaux, la défense des privilèges, les usagers en galère, etc.
La parole circule, un peu chacun, assez bien répartie. À un moment, un des animateurs déclare que sur ce qui vient d’être dit, le représentant LREM doit s’expliquer. Celui-ci parle, il parle, ça n’en finit pas. Un autre intervenant proteste. Un des animateurs intervient pour annoncer qu’on va lui donner la parole puis, se retournant vers le représentant LREM lui propose gentiment de finir. Enfin. Mais, surprise ! On doit passer une allocution, une intervention, un reportage (en fait c’est n’importe quoi qu’ils ont déjà repassé plusieurs fois), mais vous aurez la parole ensuite. Et non. À la reprise, l’animateur change de sujet et vite donne la parole surtout pas à celui qui avait protesté et on enchaîne. Facile à vérifier, c’est toujours comme ça.
La CFDT a été la première et la seule organisation à promouvoir le régime par points jadis. Le 5 novembre 2019, Léa Salamé et Nicolas Demorand reçoivent Laurent Berger dans le grand entretien sur France Inter, interview de plus de 25 minutes.
Les deux journalistes et le secrétaire général de la CFDT ont réussi le tour de force de ne jamais prononcer l’expression régime par points, juste une seule fois le mot point tout seul.
C’est Laurent Berger qui l’a fait dans cette phrase pleine de conviction (verbatim) : « Mais non, ça c’est une vision pessimiste pour le coup parce que ça dépend combien ça coûte le point et comment on le revalorise et qui décide… ». Et c’est tout !
Plus escamoté que ça c’est, on n’en parle pas du tout, comme si ça n’existait pas.
Dès qu’il s’agit d’opposants à la réforme tous les journalistes rabâchent.
« Vous ne voulez pas négocier. Alors que demandez-vous ?
- Nous on veut négocier mais pas le régime par points.
- Alors, vous, vous êtes pour le retrait ou rien.
- Non, pas rien, dans le système actuel on peut … »
Du côté de LREM on énumère toutes les concessions déjà faites, toutes celles qu’on pourrait encore négocier, voyez, on n’est pas fermé, blablabla…
Et ça recommence :
« Alors vous, vous êtes contre tout ça. Vous ne voulez rien négocier. » Oh, le vilain ! Et rebelote.
Illustration.
On n’arrête pas l’éco , France Inter, 4 janvier 2020, Alexandra Bensaïd reçoit Yves Veyrier, secrétaire général de F.O. Verbatim, extraits.
Yves Veyrier : « (…) si nous ne sommes toujours pas entendus alors que ça fait 2 ans qu’on explique pourquoi ça ne va pas cette réforme (…) il a fallu quand même que le 5 décembre ait lieu, que la grève soit déclenchée pour que le gouvernement finisse par s’apercevoir que ça réforme, ben ça ne va pas (…) il a fallu qu’on en arrive là pour se faire entendre. »
La journaliste : « le gouvernement a donc énormément lâché de concessions pendant les vacances aux danseurs de l’opéra, aux marins pêcheurs, aux pompiers, aux gendarmes. Est-ce que vous avez l’impression qu’il entend en fait ? »
Yves Veyrier : « (…) il n’entend pas quand on lui explique les raisons pour lesquelles cette réforme ne convient pas … »
La journaliste l’interrompt : « Mais ce n’est pas suffisant ce qui a été concédé ? »
Yves Veyrier : « Bien sûr que non. Ce n’est pas suffisant (…) l’objectif principal de cette réforme (…) le régime par points généralisé voudra que demain (…) quand vous avez un petit salaire vous n’avez qu’un petit capital de points (…) »
La journaliste : « Lorsque le chef de l’état dit je demande au premier ministre un compromis le plus vite possible, êtes-vous prêt au compromis ? »
Yves Veyrier : « Mais le compromis sur quoi ? On nous demande de négocier sur des questions qui n’ont rien à voir avec la réforme des retraites (…) »
La journaliste : « Donc vous demandez le retrait total, vous continuez. »
Yves Veyrier : « Je ne dis pas retrait mais ça revient au même maintenant. »
La journaliste : « Vous ne dites plus retrait. »
Yves Veyrier : « (…) à ce stade là je crois qu’effectivement il vaut mieux retirer ce projet de réforme (…) »
La journaliste : « Si l’âge pivot de 64 ans est retiré par exemple, est-ce que c’est acceptable pour vous, est-ce que là vous ne serez plus dans le camp de l’opposition ? »
Yves Veyrier : « Ce serait un recul du gouvernement (…) »
La journaliste : « Et qu’en penserait Force Ouvrière ? »
Yves Veyrier : « Et bien on aura fait reculer le gouvernement mais ça ne suffira pas parce que la retraite par points contient intrinsèquement (…)
La journaliste : « Une suspension de la réforme, qu’en penserait Force Ouvrière ? »
Yves Veyrier : « (…) on stoppe (…) et on revient à la table de négociation sans préalables, nous nous sommes prêts. »
La journaliste : « Vous serez aussi aux négociations puisque dès mardi elles repartent entre le gouvernement et les syndicats ? » (…)
Yves Veyrier : « (…) si le gouvernement voulait entendre que cette réforme ça ne va pas, ça ne le fait pas, on a un système de retraite qui fonctionne aujourd’hui bon sang ! »
Dernière intervention de la journaliste agacée : « Bon ! », sur le ton de finalement il ne veut rien entendre.
La position syndicale est claire et nette. On ne veut pas de ce régime par points.
Alors pourquoi ne pas débattre de ce qui dans ce régime ne convient pas et expliquer les raisons du refus ?
Quel est le but poursuivi par cette journaliste avec c’est : mais si ceci ou si cela, ne pourriez-vous pas, etc. ?
Si ce n’est détourner l’attention ! Ou démontrer que ce genre de syndicaliste est borné.
Ce matin même, lundi 6 janvier 2020 alors que j’allais soumettre mon article à la modération d’Agoravox, Léa Salamé et Nicolas Demorand, France Inter, reçoivent à nouveau Bruno Le Maire, ministre de l’économie. Ils l’avaient déjà reçu le lundi 2 décembre 2019.
Pendant les presque 30 minutes de l’interview, aucun des deux « journalistes » n’a prononcé l’expression retraite par points ni même le mot point. Comme si le régime par points n’avait rien à voir avec grèves et manifestations. Bruno Le Maire lui en a parlé pour dire combien ce régime était merveilleux. Aucune relance des « journalistes » ni sur l’opportunité de ce régime ni sur l’opposition des manifestants ni des sondages indiquant 55% des français contre la réforme ni sur tous les régimes spécifiques infligés à ce régime « universel » pour faire passer la pilule. Bruno Le Maire s’est extasié devant la dernière proposition de Laurent Berger de proposer une grande conférence sur l’âge pivot, une manie chez lui. Bruno Le Maire a déclaré que douze millions de français avaient déjà une complémentaire retraite par capitalisation à la banque postale, à la caisse d’épargne, etc.
Oh ! Je les entends aussi les journalistes offusqués. « Comment peut-on mettre en doute notre probité et notre neutralité ? » Et pourtant.
« Les seuls Libération, L'Express, L'Obs et Le Monde auront dédié plus de huit mille articles à M. Macron entre janvier 2015 et janvier 2017(…)
Dès l'été 2018, Bruno Jeudy, chroniqueur préféré des mondanités du pouvoir, révélait les goûts littéraires et musicaux de l'illustre progéniture (Yvan Attal, secrétaire d’état en charge de la jeunesse) en pas moins de trois articles successifs dans Paris Match.
La presse - L'Obs, Vanity Fair, Closer - vous adoubent « normalien ». (Emmanuel Macron)
Libération, Paris Match et consorts vous accordent le doctorat sans barguigner. (Emmanuel Macron) »
CREPUSCULE
Juan Branco
Massot Editions
Mars 2019
« Je récapitule donc. Vous (Emmanuel Macron) avez « séduit » : Xavier Niel (Le Monde, Télérama, Courrier international, La Vie, Le Monde diplomatique, Le Huffïngton Post, L'Obs). Bernard Arnault (Le Parisien, Les Échos, L'Opinion). Patrick Drahi (BFM, RMC, L'Express, Libération). Vincent Bolloré (Canal+, C8, CNews, Direct Matin, Direct Soir, l'institut de sondage CSA). Martin Bouygues (TF1-LCI). Arnaud Lagardère (Europe1, Paris Match, Elle, Le Journal du dimanche). (…)
Votre bobine s'étale en Une de tous les magazines, « La bombe Macron » ( L'Express - Drahi), « L'homme de la situation ? », (L'Obs - Xavier Niel), « Le phénomène Macron » (Challenges), « Les visions de Macron (Le Parisien - Bernard Arnault), « La fusée Macron » (L'Obs), « Macron, le dynamiteur » (L'Obs), « Macron, mon copain d'avant » (Le Parisien),
« Macron, l'homme pressé » (L'Obs), surhomme qui n'aurait « qu'une heure et quarante-huit minutes de sommeil » par nuit. Un Macron ne suffisant pas, on double la ration : « Brigitte, l'autre Macron » (L'Express), « En marche avec Brigitte » (Paris Match - Arnaud Lagardère), « Emmanuel et Brigitte sur la route du pouvoir » (Paris Match), « Vacances en amoureux avant l'offensive » (Paris Match), Emmanuel et Brigitte à la mer, Emmanuel et Brigitte au ski, Emmanuel et Brigitte au théâtre, comme on avait enfant la collection des Martine... »
« Posez-vous une question : pourquoi ces heures et ces heures de télévision ? Pourquoi ces couvertures de magazines ? Pourquoi ces pages et ces pages de photographies autour d'histoires ... assez vides ? » C'est votre désormais ami, François Bayrou, qui s'interroge ainsi à voix haute, en septembre 2016.
(…)
« Début 2016, les Macron, il est vrai, dînaient chaque semaine, ou presque, chez Bernard Arnault, propriétaire de LVMH. » C'est une biographie glamour, Les Macron, qui nous apprend ça. Juste une incise. Un détail. Au fait, on avait oublié de vous dire... Bernard Arnault, propriétaire, également, du Parisien et des Échos, et aussi principal actionnaire de Carrefour, financeur de L'Opinion, de l'institut de sondage Odoxa.
Donc, « chaque semaine, ou presque », le ministre de l'Économie (d'un gouvernement socialiste, mais passons), bientôt candidat à l'élection présidentielle, futur chef de l'Etat, dîne chez l'homme le plus riche de France. Chez la quatrième fortune mondiale. »
CE PAYS QUE TU NE CONNAIS PAS
Bienvenue en France, Monsieur Macron !
François RUFFIN
Les Arènes, février 2019.
Des journalistes obligés comme dans l’expression : « je suis votre obligé, mon Seigneur. »
Revenons sur l’argument de Gilles Borstein : « il a été élu, il est légitime ».
François Bayrou au Grand Jury de RTL a déclaré à propos de Donald Trump : « Même si on a le pouvoir on ne peut pas faire n’importe quoi […] même si on a été élu. Je rappelle qu’Hitler a été élu avec plus de 90% des voix. »
Hitler n’a jamais été élu Führer ; il a été nommé chancelier du Reich le 30 janvier 1933 par le maréchal Hindenburg président élu le 10 avril 1932. Adolphe Hitler avait obtenu 36,7% des suffrages ce 10 avril 1932.
François Bayrou a raison.
Le président américain ; et Emmanuel Macron ?
Premier tour des élections présidentielles du 23 avril 2017 Emmanuel Macron a obtenu 18,2% des inscrits et 24% des votants. Son projet a donc été rejeté par 80,8% des inscrits et plus encore si on calcule sur le total des français en âge de voter en prenant en compte les non-inscrits, évalués à 10%.
Deuxième tour des élections présidentielles du 7 mai 2017 Emmanuel Macron a obtenu seulement 43,6%des inscrits et 66,1% des votants contre Marine Le Pen. On vous épargne les non-inscrits. En 2002, Chirac 82% contre Le Pen.
Parmi ces 43,6%, combien ont voté contre Marine Le Pen et pas du tout pour Emmanuel Macron : un tiers, une moitié ?
Comme dit son ami François Bayrou : « Même si on a le pouvoir on ne peut pas faire n’importe quoi […] même si on a été élu. » Surtout quand on a été soutenu par moins d’un français sur 5 inscrits sur les listes électorales.
Sophisme d’un président outrecuidant et fat, de ses chantres et séides, que d’affirmer que ce sont les français qui lui ont donné mission de déconstruire leur pacte social alors que tous les sondages indiquent le contraire, même si ce ne sont que des sondages.
Un autre débat qui n’aura pas lieu.
Pour conclure.
Le choix du régime par points n’a pas été débattu.
L’intérêt de ce choix, l’intérêt d’un régime par points à la place de l’actuel n’a pas été débattu.
Ils ont été imposés sans légitimité, sans mandat populaire.
Celui qui a été placé là pour le faire par les vrais tenants du pouvoir, a fidèlement, obstinément, orgueilleusement mené sa mission jusqu’au bout sourd à toutes les récriminations.
« Je veux aller au bout de cette réforme, (...) je n'aurai aucune forme de faiblesse ou de complaisance. » Emmanuel Macron.
Ce n’était pas « je veux » mais « je dois. »
Oui, placé là pour le faire, il doit.
« Dans votre allocution, celle du lundi 10 décembre (2018), vous déclariez : « J'ai besoin que nos grandes entreprises, nos concitoyens les plus fortunés, aident la Nation à réussir. Je les réunirai et prendrai des décisions en ce sens dès cette semaine. »
(...) votre Lettre aux Français, qui lance le « grand débat national » : « Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises afin d'encourager l'investissement. » (Suppression de l'ISF, flat tax, etc.)
Que s'est-il passé ? Que s'est-il passé entre le lundi 10 décembre et ça ? Pourquoi ce rétropédalage, ce grand dégonflage ? C'est simple : vos amis « fortunés » ont froncé les sourcils, et vous êtes retourné à la niche. Que vous n'oubliiez pas, même un instant, le temps d'une crise, qui vous a mis là. Qui vous a fait roi. »
François RUFFIN
Ibid.
Par ailleurs, mais important à dire.
Aux aux personnes qui sont gênées par l’action des grévistes et des manifestants, sachez qu’ils ne peuvent pas faire autrement, hélas, face à un pouvoir borné, déterminé à décourager toutes velléités de résister. Voyez la lutte vaine des hospitaliers depuis presque une année.
De temps en temps vous pouvez essayer de participer en prenant une demi-journée ou un jour, ou quand c’est organisé un samedi, pour au moins manifester. Cela augmentera la mobilisation et accélèrera la sortie de crise.
À ceux parmi ces personnes qui fulminent contre ceux qui luttent, ils se trompent de coupables. S’ils s’en moquent, je leur rappelle qu’ils profiteront des avancées obtenues grâce à ceux qu’ils insultent. Si ça leur importe peu, alors je me désintéresse de leur sort comme eux du nôtre.
On vous raconte que dans les autres pays les partenaires sociaux, y compris les syndicats, collaborent. On n’oublie de préciser que les syndicats sont largement présents dans les conseils d’administration des entreprises et que c’est là que tout se passe directement, comme en Suède et en Allemagne. Ailleurs, les syndicats ont été détruits comme au Royaume Uni par madame Thatcher ou n’ont jamais existé.
Les travailleurs subissent parce qu’ils ne peuvent pas résister.
Les grévistes sacrifient leur salaire et tout ce qui en dépend et ce qui est extraordinaire, c’est qu’ils ne le font pas pour leur seul intérêt égoïste.
A eux je leur dis tout mon respect et mon admiration. En 1995 j’ai perdu plus de trois semaines de salaire. On avait le soutien massif et compréhensif de l’opinion. Mais aujourd’hui dans cette société du chacun pour soi, c’est plus dur et vous persévérez quand même. Chapeau. En 1995 la réforme a été annulée et des centaines de milliers de salariés ont pu prendre leur retraite dans les meilleures conditions, même ceux qui dénigraient ou pestaient contre les grévistes, jusqu’en 2003. Personnellement je n’en ai pas profité. Je suis parti à 61 ans avec 41 années de carrière.
À tous, tirez-en les bonnes leçons.
Emmanuel Macron est à des années-lumière de ces considérations et de toute façon il n’a pas été placé là et missionné pour ça. Vous l’avez entendu lors de ces vœux. C’est désolant mais il n’est pas là pour s’occuper de nous. Rappelez-vous, les gilets jaunes.
Alors il faut lui ouvrir les yeux.
En complément, trois articles sur Agoravox :
N’oserait-on plus se syndiquer en France ?
C’était mieux avant, pour une fois c’est vrai !
Radiotélévision publique, la voix de … De qui ?
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