Aviation (11) : Ben Laden et le monstre volant d’Abbottabad
Les crashs d'engins aériens sont pleins d'enseignement, on le sait, et l'exemple que je vais vous donner ne va pas faillir à la tradition. On vous a dit que Ben Laden avait été tué lors d'un raid d'hélicoptères menés par les célébres Navy Seals, ces tueurs que l'on encense à tour de web ces dernières heures. Nos médias étant toujours aussi peu curieux n'ont pas eu l'idée d'aller fouiner un peu plus loin sur ce qui c'était véritablement passé là-bas, gobant tout ce que daignait bien leur laisser le Pentagone, à savoir une version lénifiante de l'opération. Or il ne fallait pas consacrer beaucoup de temps à éplucher différentes sources pour s'apercevoir que dans ce raid, des choses un peu étranges ont été observées. J'y reviendrai plus longuement peut-être, si j'en ai le temps, en vous parlant surtout télécommunications, la villa du supposé Ben Laden étant truffée d'antennes, contrairement à ce que l'équipe d'Obama a essayé de nous vendre comme salade à propos d'un Ben Laden "déconnecté". Non, Ben Laden ou pas, en tout cas, pour l'opération tonitruante décrite, le Pentagone avait sorti les petits plats dans les grands, vous allez le constater. Et ce qui m'en a mis la puce à l'oreille, c'est une photo, puis toute une série d'autres, montrant des débris d'hélicoptère crashé dans la cour intérieure même de la villa de celui qui a terrorisé le monde entier (enfin, on suppose que c'était lui !). Des morceaux qui valent leur importance : ils révèlent une machine inconnue aujourd'hui au registre de l'Army, de l'USAF ou même du Pentagone... place au monstre d'Abbottabad, qui n'est pas non plus Ben Laden, et pas celui non plus de la Caspienne (*) ni du Loch Ness. Place tout d'abord au premier cliché...
Derrière un mur de briques de plusieurs mètres de hauteur (en béton sur l'autre face !), situé sur l'un des côtés de la résidence de Ben Laden, gît un tas de ferrailles, déjà entouré de tentures d'un goût très local, disons, pour qu'on n'en distingue pas semble-t-il tous les détails. C'est bien ce qui reste de la queue d'un hélicoptère, dont l'arbre de transmission est resté accolé au sommet du mur de protection, avec son cardan bien visible. L'engin lui-même devait de taille plutôt impressionnante, d'après la dimension de la queue restante. La veille, des bloggeurs pakistanais su voisinage avaient tenu un compte rendu en direct des opérations, évoquant l'arrivée d'hélicoptères, un crash de l'un d'entre eux et même deux hélicoptères reconnus comme étant des Super-Cobras, visiblement arrivés en renfort. Une photo satellitaire leur donne raison le lendemain : il y a un bien un hélicoptère de taille respectable qui s'est crashé à cet endroit. Or le long du mur, l'épave qui subsiste n'est pas un de ces deux Cobras, et encore moins celui utilisé couramment par les Navy Seals, à savoir l'hélicoptère de transport et d'attaque Blackhawk, immortalisé par un échec retentissant d'opération à Mogadiscio, une histoire terrible dont Hollywood s'était emparée. Pour celle de Ben Laden, rassurez-vous, ça ne devrait pas trop tarder...
L'engin s'est donc crashé pile au dessus d'un des murs, se coupant littéralement en deux. Sa partie arrière visible étonne par sa dimension, mais aussi par son apparence extérieure : il n'y pas un seul rivet d'apparent, ce n'est donc pas fait de métal mais très certainement de composite, et son aileron étonne tout autant : à la place de l'aileron droit habituel (des hélicos US), il semble du type de l'aile d'un X-29, à savoir en aile à flèche inversée, l'avant de l'appareil pointant toujours... dans la cour intérieure. Qu'est-ce donc comme hélicoptère ? Mystère : toutes les comparaisons avec des supports de rotor de queue existant échappent à l'entendement. Mieux encore le lendemain lorsque les autorités pakistanaises, dont visiblement des personnes badgées de la sécurité ou de l'ISI viennent ramasser les débris pour les mettre sur ce qu'ils ont trouvé sur place : tracteur local ou camion à ridelles. Et là, deuxième surprise quand une grue venue en renfort se met à déplacer ce qui était jusqu'ici encore accolé au mur : ça ne ressemble à rien d'existant ! De part la taille, c'est trop gros pour être la partie arrière d'un Cobra ou d'un petit Kiowa d'assaut. C'est plutôt de la taille d'un Blackhawk, mais sans l'énorme flap arrière de ce dernier. Plus proche du mât arrière d'un Pavelow, ce qui en ferait un hélico de taille respectable à vrai dire. Hormis son aspect, toujours, sans aucun rivet, qui fait pencher pour un engin en tout composite, c'est son rotor installé à droite qui détonne. L'engin à tout des caractéristiques Stealth : pas un boulon qui dépasse, et même une tête de rotor couverte d'une pièce ronde en cône très plat et tronc de cône, et ses pales sont étroites et au nombre de cinq, d'après la disposition de celles subsistantes. C'est très clean, à part la trace d'un câble noyé, ou du raccord entre deux poutres. C'est d'autant plus étonnant que le dernier hélico "stealth" jeté aux oubliettes pour coût exorbitant, le Commanche, avait un rotor arrière en Fénestron cette invention française qui semble avoir connu un temps et qui est à nouveau remisée par les constructeurs. Le tout est peint de couleur sombre, un noir aux reflets de bleu très connu : celui de la couleur des F-117 ou autres U-2. Décidément, on a affaire à un drôle d'oiseau, qui a toutes les caractéristiques d'un appareil inédit... resté jusqu'ici secret !
Arrivent le lendemain les "déménageurs", qui vont nous en apprendre un peu plus sur le monstre d'Abbottabad. C'est tout d'abord une noria de tracteurs et de camions, sur lesquels ont va jucher les morceaux les plus imposants, soigneusement cachés sous de grandes bâches : visiblement, on ne tient pas à montrer ce qui est atterri par mégarde (il a été abattu !) le soir qui précédait dans le jardin de Ben Laden. Le défilé des transporteurs de débris secrets va prendre de bonnes heures à se mettre en marche, chaque plateforme faisant attention à ne rien révéler de ce qui se cache sous les bâches brunes. Visiblement des ordres ont été donnés. Un nombre imposant de militaires et de personnes des services secrets pakistanais, portant badge au cou, veillent à ce que rien ne soit visible. Le défilé un peu floklorique prend des allures de train fantôme. Qu'y-a-t-il donc sous ces bâches ? Un modèle d'hélicoptère US inconnu au bataillon !
Une amélioration de l'existant ? Cela semble assez peu probable, de prime abord, d'après les matériaux vus de près et photographiés. Les Navy Seals viennent de recevoir un joujou récent, un Blackhawk transformé selon leurs désidératas : ce sont certainement ceux-là qui ont attaqué d'ailleurs, à voir leur équipement de bord assez conséquent question puissance de feu. C'est le déjà fameux Armed Black Hawk (ou ABH), à équipement Elbit (israélien) pour la planche de bord, à grands écrans, un logiciel de "Mission Management" à cartes digitales et une vision avant infrarouge Infrared (FLIR) ainsi que des casques ANVIS/HUD, affichant dans les lunettes le dispositif d'armements à bord disponible. Sous ses moignons d'ailes, des mitrailleuses à barillet de 20 mm et des missiles guidés par laser ou des Hellfires à fusée thermobarique, aux effets dévastateurs. Bref, un hélicoptère de combat ayant des capacités de transport formule inaugurée par le russe MIL-Hind. S'il y a un ou deux Blackhawks qui sont intervenus, c'est très certainement un de ses modèles là. Un tank volant.
C'est un camion de l'armée pakistanaise accouru qui va embarquer ce qui nous intéresse. A l'arrière de l'un d'entre eux, sept hommes dont quatre avec badge d'accréditation (de l'ISI ?) emportent deux longues pales d'hélicoptère aux bords d'attaque arrondis et surtout fort larges. Dans un autre cliché, on distingue les deux pales qui dépassent largement du véhicule. Deux pales seulement, voilà qui nous conduit à nouveau à un engin du type... Cobra. Mince, voilà qui ne correspond pas à l'arrière... Décidément, le monstre d'Abbottabad se laisse désirer pour nous présenter ses formes. Peut-être en restait-il davantage dans le "jardin" du supposé Ben Laden, se dit-on : peine perdue. Un cliché présenté par le Telegraph nous révèle ce qu'il reste dans le potager de celui qui a aurait fait trembler si longtemps le monde : des vestiges carbonisés, réduits en miettes, façons hélicoptères du fiasco de la délivrance des otages en Iran qui rappelle d'autres mauvais souvenirs aux américains (l'opération Eagle Claw de 1980, à base de Pavelows, et ses images traumatisantes pour les USA). Le restant de l'appareil a été incendié et même plutôt détruit à l'explosif... en oubliant que de l'autre côté du mur, une queue presqu'intacte pendouillait encore. Les Navy Seals, réputés "professionnels" ont sur ce coup là eu des réflexes d'amateur en ne détruisant pas tout. Les super-héros ont leur limite... celle ici de la précipitation...
A part les pales (qui pourraient très bien être celles d'un Cobra, auquel cas deux hélicos auraient été abattus !), l'engin semble donc bien être un projet du Pentagone déjà abouti, appelé au départ Blackhawk Stealth Project, dont l'essentiel des efforts aurait porté sur la réduction du bruit et la détection radar bien sûr, un projet semble-t-il déjà bien avancé, grâce à l'apport de détecteurs actifs notamment dans la maquette sélectionnée pour faire les tests sonores. Un bloggeur bossant vite et plutôt bien en a réalisé une esquisse fort réussie. Les fameux Navy Seals ont réussi à volatliser leur nouveau joujou à je ne sais combien de millions de dollars, et aujourd'hui on les encense encore : allez comprendre. Sur place, leur incompétence (assez visible sur la tête d'Hillarry Clinton dans la salle de liaison en direct avec l'opération) a mis en pièces un appareil dont l'étude des vestiges va se monnayer cher avec d'autres états : le Pakistan, présenté comme n'ayant rien eu à dire dans le débat (des avions brouilleurs US ont protégé les hélicoptères dans leur arrivée en rase-mottes au dessus de l'objectif visé) a au moins hérité de quelque chose à échanger, en cadeau de la visite nocturne fort ennuyeuse pour ses capacités de détection (lui qui venait de s'acheter en 2009 des avions pour ça !). La queue d'un appareil pas encore existant officiellement laissée aux puissances étrangères : ça sent le fiasco de l'opération de 1980 ! Au comble du paradoxe, les américains, pour se débarrasser d'un fantôme, ont visiblement envoyé un hélicoptère invisible de nouvelle génération. Aujourd'hui, ce qu'il en reste fait la joie des petits pakistanais collectionneurs de pièces d'hélicoptères. Pour une fois qu'ils peuvent espérer devenir riches... Et cela devrait aussi, logiquement, faire le désespoir du contribuable américain qui va en payer la note salée. Or, lui a-t-on présenté les choses ainsi ? Lui a-t-on rappelé cette propension qu'ont les USA à fabriquer ce genre d'engins pour leurs "black ops" ???
Même pas : avec une langue de bois comme rarement on n'avait pas entendue, le staff de communication d'Obama a réussi à présenter ce qui peut aussi ressembler à une opération à moitié ratée comme une très grande victoire militaire (électorale prochaine, en tout cas !). Or, on n'en sait pas plus sur les occupants de l'hélico "Stealth" abattu dans les plate-bandes d'Oussama que sur les prisonniers faits ce jour-là : les fiers à bras des Navy Seals sont présentés comme de grands professionnels : pensez-donc en moins de 40 minutes ils ont réussi à perdre un des fleurons de l'innovation industrielle américaine ! Et peut-être bien aussi perdu des pilotes ou des hommes de troupe. Façon Eagle Claw, on ne montrera certainement pas les clichés des cadavres et les veuves recevront des directives pour ne pas en parler : l'hélicoptère qui s'est crashé lors de l'opération devait logiquement contenir du personnel, et il n'est pas sûr qu'il ait été conçu pour résister à une chute verticale de cette ampleur (il n'est pas tombé à plat, ayant heurté un des murs du jardin de la villa). Un hélicoptère qui ne faisait pas de bruit, tout l'inverse de ce que vient de faire l'annonce de la capture de Ben Laden. Pardon, de l'élimination physique sans trop de sommations de l'individu. Enfin, du supposé individu. Aux dernières nouvelles, le staff d'Obama a en effet déclaré qu'il ne pouvait décemment pas montrer son cadavre, "le tir en pleine tête l'ayant trop abîmé". Ben tiens. Fantôme il a été, fantôme il restera. Cervelle étalée ou pas.
Des hélicoptères furtifs valant leur poids en or transportant des chasseurs d'éléphants tirant à la balle dum-dum, pour tuer un fantôme, avouez qu'ils nous auront tout fait... il est temps qu'Hollywood s'en empare, là....
(*) comme ceux-ci.
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