Babar, Sarkozyx et les 101 dalmatiens du banquet UMP
Non, ce n’est pas une blague politique post-Mémorial Day : le dimanche 13 novembre, interrogé au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, le laquais ministériel de l’Éducation nationale, Luc Chatel, le spécialiste des pattes blanches et de la morale judéo-chrétienne obligatoire, déclare en s’inspirant de ses féconds souvenirs scolaires : "Il y a Babar d'un côté. Moi je préfère Astérix, voyez. Astérix, c'est celui qui est courageux, celui qui est déterminé, celui qui est protecteur, celui qui sait prendre des décisions. Et puis Sarkozy, il gagne toujours en plus".
Voilà donc François Hollande, l’animal à abattre, raccompagné jusqu’au cimetière des éléphants du PS sous les quolibets puérils d’un roquet pédagogue de la meute aux abois.
Outre que ce dernier, en puisant dans sa prodigieuse culture, nous dévoile sa faiblesse de veule petit soldat en avouant sans ambages se ranger du côté de ceux qui gagnent toujours – on en reparlera –, mais il oublie en plus une chose fondamentale, c’est que Babar, lui, n’a jamais pris de drogue pour être aimé des siens, pour civiliser les éléphants et vaincre les rhinocéros, pour défendre Célesteville, son petit royaume pacifique qui n'a jamais bombardé la Libye et n'a jamais tué des milliers de civils pour défendre ses intérêts financiers, en irak, en Afghanistan et ailleurs. Il ne s’est jamais stroumpfé les neurones à la potion magique pour faire semblant d’être plus grand et plus courageux et d’en avoir davantage sous le casque.
En poussant la remarque pointue du ministre comique de l’Éducation nationale – on voit bien le degré de crétinerie des enfants dont il rêve le soir en s’endormant –, on peut alors se demander deux choses.
La première, c’est « Qu’est-ce qu’il y a dans la fiole de Sarkozyx pour qu’il se mette à tout bout de champ dans des états pareils, avec des effets secondaires aussi visibles ? ».
La seconde, c’est « Quel est l’Abraracourcix de cette Sarkosie qui se croit invincible, quel est le chef de ce village people en proie à de tels délires ? », étant entendu qu’Astérix, lui, n’est que le commercial de la bande caricaturale, c’est-à-dire celui qui fait vendre en vantant la grandeur de son image et de celle de son clan barricadé aux bons vieux Gaulois xénophobes et réactionnaires, amateurs de bons sangliers bien de chez eux.
La première question est facile. Dans la fiole, il y a de l’hormone de croissance, cette sempiternelle croissance, mélangée à de l’essence de haine et de démagogie, le tout macéré dans un vieux fond rance de cupidité sans borne et d’égotisme démesuré. Voilà donc la potion infâme qui nous mène à la déconfiture, pendant que Sarkozyx « gagne toujours », et sur le dos en plus de ceux qu’il prétend défendre.
La seconde question, sa réponse nous est donnée tous les jours : les marchés, les banques, les industriels sans scrupules et les spéculateurs, dont le héros shooté s’empresse d’empocher les pourboires avec ses amis et de les placer où il faut, en zone protégée. Ce sont eux les vrais chefs qui tombent à bras raccourcis sur la vie des êtres humains, la nôtre et celle de tant d’exploités à travers le monde, sur la souveraineté des États européens, faisant et défaisant les gouvernements à leur guise, exigeant toutes les formes de rigueur et les recapitalisations bancaires qui peuvent les enrichir encore davantage et mettre la planète à genoux.
Mais avec Sarkozyx, pas de danger, n’est-ce pas ? Opinion Way, le sulfureux institut de sondage fondé par l’Ami Hugues Cazenave, accoquiné “jadis” à l’Élysée à grands frais d’argent public via l’obscur cabinet Publifact, mandaté sans appel d’offres et dirigé alors par l’agent de liaison Patrick Buisson (ancien Directeur de la rédaction de “Minute”), assure aux bons Gaulois du Figaro, et autres satellites de la désinformation populiste, que le courageux petit guerrier du capitalisme intrépide, qui a beau jeu de monter au front contre la fraude, a retrouvé la cote auprès des ménages en perte de moral : + 4 points, rendez-vous compte ! Pendant que Babar, de son côté, en perd au moins 3, et peut-être davantage, à ce qu’on dit dans les repas en ville payés par les Français… Quelle aventure, quel retournement ! Quel beau sondage ! Du sur mesure, encore une fois ! De quoi redonner du mordant aux 101 dalmatiens qui, l’appétit en berne depuis leur lamentable campus d’été, se contentaient jusqu’ici d’achever leurs os, en espérant encore quelque bouts de gras régionaux à sucer dans des beaux fauteuils lucratifs de la législature (plus de 20.000€ mensuels : salaire + frais de mission + frais de représentation + avantages en nature, logement, voiture, personnels divers, etc.) et ceux des Conseils d'administration des grands groupes où se forment et finissent nos "élites"...
Alors les revoici, les Chatel, les Guéant, les Copé et les Morano, les Baroin, les Fillon, les Bertrand, les Lefèvre et tous les vieux cabots à la patte traînante et traînant leurs casseroles – tiens, il nous manque Pasqua et Hortefeux ! –, les revoici, babines et cravates retroussées, jupes Chanel en folie, lancés aux trousses de l’éléphant blessé à ridiculiser.
Les 101 dalmatiens ont perdu toute pudeur, toute dignité, ils traquent à qui mieux mieux, ils impriment leurs slogans imbéciles et sans fondement que leurs militants encrottés, le Lacoste aux épaules, iront tracter sur les marchés en aboyant comme dans une chasse à courre :
"Oui au travail, non à l'assistanat", "Oui à la sécurité, non au laxisme", "le PS veut une écologie punitive et décroissante", "le PS sacrifie notre pacte républicain", "le PS renonce à la grandeur de la France", "Oui à la solidarité, non à la fraude", "Oui à la laïcité, non à la burqa".
Les 101 UMP ne reculent devant aucun amalgame, aucune contre-vérité, ils ont sorti la lance à incendie remplie d’eau faisandée pour étouffer la trompe à Babar.
À nous de faire en sorte qu’ils rentrent dans leur niche dorée et leur corps de métier – beaucoup ont dû l’oublier depuis le temps qu’ils vivent de la politique –, et regroupons nos forces pour gâcher leur banquet final, leur orgie cynique, dans ce siècle qu’ils ont tant abîmé.
En 2012, nous devrons être les cornacs de Babar, c’est certain, nous ne le lâcherons pas. Mais bon nombre d’affairistes cupides déguisés en grands serviteurs de la Gaule profonde devront quant à eux faire un tour en fourrière, dans les cages d’une Justice assainie, libre et indépendante. Cette fois, ils ne nous empêcheront plus de chanter et de leur casser les oreilles, le moral, et plus si affinités…
Illustration : Les Aventures de Sarkozix
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