Baclofène - Une première victoire mais la guerre n’est pas gagnée
L'AFSSAPS revoit le 24 avril sa position, admet une efficacité du baclofène dans le traitement de l'alcoolisme et recule sur sa dangerosité.
« Si l’efficacité du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance n’est pas encore démontrée à ce jour, de nouvelles données observationnelles montrent des bénéfices cliniques chez certains patients. »
« Concernant spécifiquement cette utilisation hors du cadre actuel de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), les données de pharmacovigilance sont très limitées mais ne remettent pas en cause la poursuite de ce type de traitement. »
« La prise en charge de l’alcoolo-dépendance implique une approche globale par des médecins expérimentés dans le suivi de ce type de patients dépendants. Le recours au baclofène doit être considéré au cas par cas et avec une adaptation posologique individuelle afin de garantir dans le temps la dose utile pour chaque patient. »
Il était temps et sans doute les menaces de procès de Bernard Granger ont elles été prises au sérieux.
Une première victoire a eu lieu mais la guerre n'est pas gagnée.
En effet, si M. Reynaud, vice président de la FFA reconnait que pour certains patients la prescription chez le généraliste suffit et que les résultats sont bons sur 40 à 50% de cas difficiles
l'ANPAA souligne quant à elle ce qui l'arrange et interprète la phrase de l'AFSSAPS concernant la prise en charge de l'alcoolo dépendance :
« L’AFSSAPS rappelle que :
- Concernant l’alcoolo-dépendance l’efficacité du baclofène n’est pas encore démontrée, bien que de nouvelles données observationnelles montrent des bénéfices cliniques chez certains patients.
- La prise en charge de l’alcoolo-dépendance implique une approche globale par des alcoologues.
- La prescription du baclofène doit être considérée au cas par cas. »
Nous connaissons la force des résistances opposées depuis 7 ans au baclofène et les raisons de ces résistances. Elles ne céderont pas facilement.
Nous ne nous laisserons pas berner par les "spécialistes" pour qui il n'y a jamais assez d'études et qui maintenant vont nous demander d'attendre patiemment deux ans les résultats d'un essai en déplorant qu'il n'ait pas eu lieu plus tôt.
Ni par ceux qui s'abritent derrière les effets indésirables qu'ils disent ne pas connaitre assez, malgré 40 ans d’utilisation de ce médicament, mais qui pour eux sont une source d'échec.
Ou disent ne pas prescrire encore mais avoir des collègues qui le font avec des résultats somme toute mitigés ou mieux, déclarent prescrire depuis fort longtemps et annoncent 25% de bons résultats sans doute dûs à la suppression de l'anxiété !
Et ajoutent de façon peremptoire "l'extinction complète de l'envie de boire, je n'y crois pas" ou "aucun médicament ne peut éradiquer l'alcoolisme".
Nous connaissons les effets secondaires, préférons les désagréments temporaires du baclofène à ceux de l'alcool et trouvons seuls les solutions pour continuer à mener de front nos traitements et nos vies professionnelles.
Nous savons que le baclofène n'agit pas sur l'anxiété mais supprime bien l'envie de boire et la dépendance.
Nous savons aussi que le baclofène, par son efficacité laissera très peu de place à d'autres molécules.
En 2010 Renaud de Beaurepaire a écrit le texte suivant :
« Un jour, forcément, quelqu’un écrira l’histoire du baclofène. Avec, en toile de fond, cette question, ou plutôt cette énigme : pourquoi des médecins ont pendant si longtemps regardé se dégrader et mourir devant eux des malades atteints d’une maladie, l’alcoolisme, alors qu’ils avaient à portée de main un médicament qui la guérissait ? Des médecins qui ont même refusé de le prescrire ! Une énigme et un scandale, une honte pour la médecine. Le journaliste qui l’écrira sera sans pitié. Les mauvais prétextes, discours mensongers, intérêts financiers et industriels, tous les conflits d’intérêt, pressions exercées par certains organismes… […] Chaque jour, des centaines ou des milliers de médecins regardent mourir lentement leurs patients sans leur prescrire le médicament. Cent familles sont chaque jour en deuil, cent familles susceptibles, plus tard, de demander des comptes. N’en doutons pas, certaines iront jusqu’à parler de meurtre ».
Bernard Granger dans sa lettre adressée à M. Lechat le 28 mars écrit ceci : « Alors que je vous rappelais l'urgence de faciliter la prescription du Baclofène à des malades atteints d'une maladie mortelle, vous me parlez encore d'études en double aveugle et de contrôles supplémentaires. [..] Si vous deviez évaluer un traitement qui guérit 20% des cancers du pancréas, oseriez vous imposer des années d'attente aux malades pour réaliser des études contre placebo ou traitement (inactif) de référence ?[..] Retarder l'usage d'une molécule indispensable peut être aussi grave que de laisser commercialisée une molécule dangereuse. En nombre de morts, l’affaire Baclofène risque d’être bien pire que le scandale du Médiator. »
Ces textes sont toujours d’actualité.
Sur internet la colère gronde, de la part des malades qui ont du mal à obtenir un traitement qu’ils savent efficace.
De la part aussi des familles qui voient, impuissantes, se dégrader et mourir leur proches à qui personne n’a voulu prescrire un médicament qui pouvait les sauver.
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