Bibi à l’Elysée : Un affront pour les juifs, un affront pour la République
Le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou, actuellement en visite en France, a exercé ses talents de VRP à l’Elysée pour l’Agence Juive. Il a en effet appelé les citoyens français juifs à partir en Israël pour en faire leur « chez eux ». (Voir la vidéo BFM)
Cela signifierait-il que les juifs ne seraient pas chez eux en France ? Si cela était sortit de la bouche d’un musulman, ou d’un non juif tout simplement, les chiens de garde aux aguets auraient hurlés en coeur à l’antisémitisme. Mais lorsque cela provient du chef de l’Etat juif autoproclamé, cela ne semble pas poser de problème.
J’ai été, en tant que citoyen de la République et de confession juive, profondément choqué et blessé par les propos de Netanyahou. Que veut-il dire lorsqu’il invite les juifs à faire d’Israël leur « chez eux » ? Reprenant le mythe de la diaspora (la soi-disant communauté juive dispersée dont l’étude démontre finalement que la religion juive s’est répandue par le prosélytisme, et non suite à un exil organisé par les romains qui n’a jamais eu lieu, lire Shlomo Sand à ce sujet) et du peuple juif, il considère qu’Israël est la patrie légitime des juifs. Mensonges, manipulations et propagande ; voilà les maîtres mots de la rhétorique sioniste pour justifier l’existence de leur Etat juif, et de tâcher de le rendre attrayant aux yeux de ceux qui ont décidé de rester citoyens dans leurs patries d’origine.
Ceci n’est pas sans rappeler l’outrancière déclaration de Ya’kov Katz à la Knesset en mars dernier suite aux évènements de Toulouse. Il avait alors affirmé qu’il n’y avait « pas d’avenir pour les Juifs en France ». Et quel avenir auraient-ils en Israël ? Aucun, ou si peu. Mais à l’heure où les élites sionistes de ce pays veulent faire la guerre en Iran et entrainer leurs alliés avec eux dans cette guerre suicidaire, il faut alimenter le pays en chair à canon juive, qui iront se sacrifier sur l’autel de l’Etat juif pour les beaux yeux d’une élite belliqueuse. Evidemment, formulée de la sorte l’idée ne séduit guère. C’est pourquoi Bibi utilise des moyens détournés afin de redresser les flux migratoires israéliens, proches de zéro voir parfois négatifs. Effectivement, de plus en plus de juifs quittent le pays, désabusés de la réalité de ce qu’ils considéraient être la terre promise : « Un des secrets les plus lourds d’Israël est le nombre de jeunes juifs cultivés qui fuient vers des horizons plus cléments, particulièrement vers les Etats-Unis. D’après des estimations approximatives, un tiers des universitaires juifs des deuxième et troisième générations ont quitté le pays.Ils s’en vont à cause des nouveaux immigrés russes dont beaucoup ne sont pas vraiment juifs religieusement et ethniquement et des racistes islamophobes qui forment le noyau de la droite dure. Israël ne publie pas de statistiques sur la fuite des cerveaux qui a accentué le problème démographique du pays et a réduit sa compétitivité. » (Horizons et Débats, juillet 2012).
Le site Rue 89 a aussi consacré un sujet à cette question de l’émigration juive, faisant état du fait qu’un français sur cinq quitte l’Etat juif après avoir constaté que la hasbara et les beaux discours des représentants communautaires juifs sionistes n’étaient qu’un écran de fumée. Ce phénomène s’intitule la yerida. On peut retrouver quelques témoignages éclairants, comme celui d’Olivier : « Je pensais trouver des juifs, mais j’ai trouvé des Israéliens. Nous n’avons pas la même éducation, je ne traînais qu’avec des Français. Je me sens plus proche d’un Français non juif que d’un Israélien juif. Finalement, je me suis aperçu que j’étais français avant d’être juif. » David, lui, affirme qu’il s’y « sentait plus étranger qu’en France » : « Dès qu’on ouvrait la bouche, on était vus comme français. Impossible de s’intégrer. » Il n’existe malheureusement aucun contre-pouvoir juif crédible qui aurait pu les dissuader par la raison d’aller tenter l’expérience en Israël, quasiment toutes les organisations communautaires juives étant sionistes. L’Etat juif est bien éloigné de nos valeurs républicaines, et ces jeunes en ont fait l’amère expérience…
Des études ont démontré l’émergence d’un nouveau phénomène, celui de la croissance des demandes de nouveaux passeports. En effet, dans ce pays où l’obtention de la nationalité israélienne est délivrée automatiquement aux juifs (pour peu qu’ils adhèrent au rêve sioniste) il est permit à ceux-ci d’avoir une double nationalité et donc deux passeports. Il faut noter que cette procédure ne s’applique pas aux goyims qui veulent se faire naturaliser. Ceux-ci doivent emprunter un chemin de croix pour au final, renier obligatoirement leur nationalité d’origine. C’est la logique du deux poids, deux mesures, basée sur des critères racistes (puisqu’ils pensent qu’il existe un peuple juif dont la filiation se fait par le sang). Franklin Lamb, dans un article publié en 2011 intitulé « Les israéliens se ruent sur les seconds passeports » cite notamment Gideon Lévy, journaliste au journal d’opposition Haaretz : « Si nos ancêtres ont rêvé d’un passeport israélien pour s’échapper d’Europe, beaucoup parmi nous rêvent maintenant d’un second passeport pour s’échapper en Europe. » Mais il ne s’agit pas que d’opinion isolées, ceci est une réalité statistique constatée par les organisations sionistes les plus radicales comme l’AIPAC ou le Fond national juif allemand : « Plusieurs études en Israël, une conduite par l’AIPAC et une autre par le Fonds national juif en Allemagne montrent que pas moins de la moitié des Juifs vivant en Israël envisagent de quitter la Palestine dans les années à venir si les tendances politiques et sociales continuent. Une enquête de 2008 du Menachem Begin Heritage Center (Centre du patrimoine Menachem Begin) basé à Jérusalem a révélé que 59% des Israéliens avaient pris contact ou avaient l’intention de prendre contact avec une ambassade étrangère pour s’informer sur ou faire une demande de citoyenneté et de passeport. On estime qu’aujourd’hui le chiffre approche les 70%. » Comme si les israéliens se préparaient à fuir…
Mais ceci n’est pas la seule raison pour laquelle Bibi vient s’ingérer dans les affaires de notre République laïque où je le rappelle, tous les citoyens sont égaux sans distinction de race et de religion. Une bataille démographique s’est engagée et l’encouragement de l’alya est une tentative désespérée d’enrayer une réalité qui rattrape le rêve sioniste, se transformant peu à peu en cauchemar. Voyons quelques statistiques relayées par le blog de Gilles Paris :
En 2011, les juifs israéliens étaient 5,9 millions, soit 300 000 de plus seulement que les non-juifs en Palestine. Mais la fécondité étant bien moindre chez les juifs (à l’exception des orthodoxes qui ont encore de grandes familles), le Bureau Palestinien prédit qu’en 2015 ou 2020 les « goyims » seront plus nombreux que les juifs :
Pour assurer la suprématie juive, il faut donc perpétuellement maintenir des flux de nouveaux arrivants. Mais l’intervention pitoyable et insultante pour la République et les juifs eux-mêmes de Netanyahou à l’Elysée démontre que les élites sionistes maintiennent leurs efforts pour piéger des jeunes juifs en quête d’identité dans le bourbier israélien. Un discours qui convainc de moins en moins, bienheureusement.
Le mythe sioniste de la « terre sans peuple pour un peuple sans terre » est définitivement révolu. En déplaise à Bibi et ses agents d’influence, la place des juifs dans le monde est au sein de leurs nations respectives. L’immigration juive française est un non sens motivé par une shoaphobie permanente entretenue par des élites communautaires, qui entretien les vieux mythes antisémites du « juif errant » qui ne serait nul part chez lui. Avec bien sûr une exception pour la soi-disant « terre promise » qui est davantage une « terre volée ». Instrumentalisant des actes de folie isolés, faisant vivre les juifs dans un traumatisme perpétuel, ils souhaitent encourager des départs en Israël, alors même qu’une part toujours grandissante de la population locale ne pense qu’à une chose : trouver un plan B ou partir de ce lieu, statistiquement le plus dangereux pour les juifs sur la planète. Cette dichotomie de la galut (ou diaspora) et de la population israélienne est de plus en plus criante.
A titre personnel, la seule menace qui ait plané sur ma vie est venue des juifs sionistes, lorsqu’ils sont venus faire exploser une bombe artisanale sous ma voiture (voir ici), me menaçant de mort ainsi que ma famille dans un silence médiatique assourdissant. Pour quelle raison ? Pour avoir exposé la logique implacable que je défend ici et que je défendrai jusqu’au bout. Je suis juif certes, mais je suis avant tout un citoyen français. Ce n’est pas donc pas à une puissance étrangère (envers laquelle ni mes croyances religieuses, ni ma raison n’impliquent une quelconque allégeance ou soumission) de s’ingérer dans les affaires de mon pays afin d’encourager mes compatriotes à quitter leur nation pour un pays en pleine déliquescence. Je ne dis pas que la situation est idéale ici. Je dis seulement que les juifs se doivent de contribuer au redressement de leur patrie authentique plutôt que de le fuir face aux difficultés parfois factices qu’ils rencontrent.
Ceci dit, si les prêtres de l’alya et les grands promoteurs d’Israël comme Richard Prasquier, Bernard Henry-Lévy, Jonathan Hayoun, Emmanuel Gellmann, Samy Gozlan et autres propagandistes zêlés pouvaient nous faire le plaisir de s’y rendre, alors peut-être que les juifs de France pourraient commencer à respirer.
Jonathan Moadab, pour le Cercle des Volontaires
www.cercledesvolontaires.fr
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