Big mic-mac chez Mac Do
Le 23 janvier dernier, le ministre Manuel Valls a souligné l'augmentation du nombre de cambriolages en France en 2013. Comme responsables de ces larcins, il a pointé du doigt des bandes organisées venues de l'Est de l'Europe. Mais dans son bilan, il a omis de signaler d'autres bandes internationales venues cette fois de l'Ouest ou du Nord qui détournent une partie de notre richesse nationale pour aller la cacher dans quelque paradis fiscaux.
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On dit, que cette délinquance en col blanc fait main basse en France, chaque année, sur 80 milliards € . Parmi ces entreprises internationales qui font fi des Etats-nations et qui affaiblissent les ressources de leur Trésor Public, j'ai déjà épinglé, dans des articles précédents, Apple, Amazon et Ikéa.
Ces derniers jours, un autre géant de l'économie mondiale a également été dénoncé pour détournement de fonds. En France, Mac Do, le roi du Big Mac, aurait, par des montages financiers alambiqués, omis de verser au Trésor Public 500 millions € en moyenne par an depuis 2009. Nous connaissions l'imposture du Big Mac avec ses deux steaks hachés, du cheddar, 3 buns de pain et sa sauce inimitable qui vous laisse l'estomac noué.
On apprend ainsi que ce géant emblématique de l'économie mondiale, en échange de calories maléfiques, pille aussi la richesse des Etats.
FRIC-FRAC CHEZ LES FRANCHISES
McDonald's France, comme beaucoup de ces grandes chaines de la distribution et de la restauration ne possède pas en propre l'ensemble des 1300 "restaurants" de l'enseigne. Mac Do c'est quelques points de vente ( 250 environ ) un siège social et une petite PME basée au Luxembourg de 13 salariés et quelques ordinateurs qui affiche un chiffre d'affaire de plus de 1 milliard de dollars ( L'Expansion 21/01/2014). Chiffre d'affaire correspondant aux redevances que versent les franchisés à la marque. Le système consistant à prélever à ses vassaux, les 300 franchisés propriétaires de plus de 1000 points de vente, une dîme, de 10 à 20 % du chiffre d'affaire, appelée commission d'exploitation. Cette redevance directement versée au Luxembourg ou en Suisse, se soustrait aux bénéfices faits en France et donc à l'impôt.
Les résultats de ce système de détournement sont impressionnants pour la firme au grand M. Avec sa petite PME luxembourgeoise, qui acquitte un impôt de 1,85 % au lieu des 33 % en France, c'est plus de 2 milliards d€ en 4 ans qui ont été soustrait au fisc, en TVA et impôts sur les sociétés, par cette entreprise qui a fait de la France un de ses marchés les plus rentables au monde.
Ce montage, que l'on retrouve dans de nombreux pays, permet au géant américain du fast-food d'enregistrer, en 2013, une progression de 2 % de son chiffre d'affaires, à 28,1 milliards de dollars (20,5 milliards d'euros). Les bénéfices (5,6 milliards de dollars en 2013), sont très généreux. Avec une marge opérationnelle supérieure à 30 % et une marge nette de 20 %, l'appétit des investisseurs pour McDonald's ne peut être que satisfait.
Le Duché du Luxembourg, complice de cet appauvrissement des Etats membres de l'Union Européenne, fait toujours des pieds et des mains pour conserver le droit de ne pas lever l'impôt à la hauteur de beaucoup d'autres Etats européens. Ainsi avec L'Autriche, ce petit pays a opposé en décembre 2013 un veto à la généralisation de la fiscalité de l'épargne. Malgré des déclarations de principe, peu de choses ont été faites pour lutter contre ces paradis fiscaux au coeur de l'Europe. Le moins disant fiscal, comme le moins disant social est aussi un des chevaux de Troie de l'expansion du libéralisme en Europe.
Ainsi avec la complicité de ces petits paradis, le Big Mac, c'est 2 steaks "pur boeuf "pour les actionnaires, un cornichon pour l'Etat et un "bun" de pain pour les salariés.
Ce type de montage qui pousse à l'extrême la socialisation des pertes et la privatisation des gains a aussi des conséquences néfastes sur les salaires des employés. Les primes des salariés basées sur les résultats des restaurants, peuvent ainsi être amputées d’un quart.
BIG MAC : REGIME MINCEUR POUR LES SALARIES, OBESITE ASSUREE POUR LES CLIENTS
Les grèves dans plusieurs pays des employés de Mac Do ont révélé leur situation particulièrement précaire. Par deux fois en 2013, les serveurs de Big Mac se sont mis en grève aux Etats unis. A Washington , New York ou Chicago, ces salariés ont défilé pour réclamer une rémunération horaire de 15 dollars (11,03 euros) alors que le salaire minimum appliqué dans de nombreux fast-food est de 7,25 dollars ( 5,4 €).Depuis des années, les salaires stagnent aux Etats-unis, les employés en grève qui gagnent le salaire minimum (7,25 dollars de l'heure) ont un pouvoir d'achat inférieur à celui de leurs collègues des années 50. Pourtant selon une étude d'un chercheur de l'université du Kansas, un doublement des revenus des employés de l'enseigne – du salarié de base gagnant le salaire minimum (7,25 dollars de l'heure, ou 5,40 euros) au PDG Donald Thompson (8,75 millions de dollars en 2012) – aurait pour conséquence une augmentation du prix du Big Mac de seulement 68 cents (0,50 euro). Le Big Mac passerait aux Etats-unis de 3,99 à 4,67 dollars (3,50 euros). En effet seuls 17,1 % des revenus du géant partent dans les salaires et les avantages sociaux des 500 000 employés américains.
Mary Kay Henry, présidente internationale de la SEIU, syndicat d'employés qui a apporté son soutien aux protestataires, explique ( article du Monde du 29/08/2013 ) : "La plupart de ces employés ont des enfants et essayent de faire vivre leur famille, et leur salaire médian y compris dans des positions d'encadrement est de 9,08 dollars de l'heure, soit bien en dessous du seuil de pauvreté pour un employé qui a la chance de travailler 40 heures hebdomadaires." Aujourd'hui ce ne sont pas que des étudiants qui sont aux fourneaux, mais des anciens ouvriers qualifiés, ex-salariés de l'industrie automobile. Beaucoup de ces employés ne travaillent pas à plein temps et ils ne peuvent pas compter sur les pourboires, pour compléter leur fin de mois.
Dans un cynisme sans nom,coté cour, McDo déconseille la junk-food à ses employés et leur explique que manger des hamburgers ce n'est vraiment pas très sain mais coté jardin il fait tout, par une stratégie de communication parfaitement ciblée, pour attirer les enfants dès leur plus jeune âge dans ses restaurants ( avec l'organisation de fêtes d'anniversaires, ouverture à midi, pendant le Ramadan pour accueillir les enfants avec leurs parents dans les pays du Maghreb ). Ainsi comme agent de propagation des maladies coronariennes et de l'obésité à l'ensemble de l'humanité , Mac Do et son alter ego Coca-Cola sont certainement les plus efficaces. Pour les adeptes du Mac Donald, il faut savoir qu'un repas dans ce fast-food (1 hamburger, 1 portion de frites, 1 soda et une glace) correspond à l'apport calorifique d´une journée entière.
En 2008, dans un long rapport, l'assemblée Nationale a déjà alerté sur le coût exorbitant en matière de santé publique du surpoids et de l'obésité. Evalué à 10 milliards d'euros, ce montant pourrait doubler d'ici 2020.
Comment réguler l'activité de tels prédateurs qui font des bénéfices sur le dos des populations les plus précaires de la planète , mettent en danger leur santé et se défilent pour contribuer au financement des Etats ? Nos "irresponsables politiques", si prompts à criminaliser les comportements "déviants" de nos concitoyens, devraient aussi prendre leur responsabilité pour mettre un terme à ces activités nocives portées par ces entreprises planétaires. Mais il faut craindre que dans ce domaine également rien ne sera fait pour préserver les intérêts des citoyens et le pire est à craindre sur les négociations secrètes de la Commission Européenne avec les Etats-unis sur le TAFTA ( voir l'article : "Ces merveilleux traités qui transfèrent le pouvoir des Etats aux multinationales" ).
Encore une fois, il nous faut exercer le seul droit qui nous reste en matière de consommation : le droit de retrait. Si nous ne voulons pas que La Bolivie reste le seul pays qui a mis à mal la rentabilité de la mécanique Mac Do., devant les restaurants de ces marques multinationales de la fast-food passons notre chemin.
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