Bill save the world !
Unir les individus grâce à une foi commune est présentée comme une nécessité depuis les temps les plus anciens. La coalition des forces et des énergies permet au groupe cimenté par une croyance de vaincre ses ennemis réels ou supposés. Les premières sépultures apparaissent il y a environ 500 000 ans laissant à penser qu’elles correspondaient à des rites funéraires. La Mésopotamie, où vivaient divers peuples dont les Akkadiens et les Sumériens, dès le IVe millénaire avant J.-C., fourmille de dieux grands, puissants et sages. Au VIe siècle avant J.-C. Bouddha, né au Népal, va introduire une spiritualité prise comme exemple par une multitude de fidèles. Mais la révolution chrétienne sera celle qui aura le plus de retentissement jusqu’à changer l’origine des temps comptée dans le calendrier romain à partir de la fondation de Rome.
Il n’y a pas lieu de comprendre la nature et le bien fondé d’une croyance (le Bien, le Mal, la Sagesse…), son intérêt se mesure uniquement en fonction de la force de cohésion qu’elle engendre dans un groupe pour en faire un système plus fort, mieux organisé, plus innovant. C’est un supplément à la coercition, une brutalité plus discrète pensée comme indispensable pour mener les foules.
Un ‘Livre’ écrit ou inspiré par un Dieu impalpable permet à celui-ci de communiquer avec les fidèles afin de transmettre les préceptes jugés utiles. Le Talmud, les Évangiles, le Coran, au-delà de leurs différences, admettent un même Dieu, ce qui permet de ne pas autoriser toute concurrence même libre et non faussée. Les ‘Livres’ sont suffisamment abscons pour que seuls des érudits puissent prétendre maîtriser leur contenu. Une séparation entre sachants et béotiens s’établit donc sur une base irréfutable, les tables de la Loi, les uns peuvent dire aux autres ce qu’il convient de faire.
À la charnière du XVe et du XVIe siècle, les contrefaçons de la hiérarchie religieuse furent tellement criants que l’Humanisme, qui place l’Homme au centre du monde, prit son essor. Dieu existait encore mais il était concurrencé sur terre par des sages, des philosophes, des savants plus ou moins loin des églises.
Dieu tarda à mourir parmi les érudits et plus encore parmi ceux qui ne se flattaient pas de l’être. Sa mort proclamée fut suivie de l’émergence d’Hommes providentiels orchestrant eux-mêmes leur caractère divin en éliminant ceux qui contestaient leur essence quasi-divine. Des dizaines, des centaines de millions de morts s’ensuivirent.
La Démocratie dite représentative, bien qu’elle ne reflète en rien le peuple, permit une descente supplémentaire du peuple des cieux vers des biens plus terrestres. Dieu étant mort ! Les Hommes providentiels étant morts ! Le peuple fut proclamé souverain.
Si la démocratie, au sens étymologique, a pu représenter un idéal pour lequel beaucoup ont accepté de se battre, elle fut rapidement diluée dans une quête personnelle et éperdue de pouvoir personnel, de puissance pour les uns, de simple rassasiement pour les autres. Un mouvement populaire plus ou moins spontané peut-il conduire à des changements de société sans dieux, sans idoles, sans autre sacré que l’espoir de démocratie ?
Le 9 novembre 1989, un officiel est-Allemand annonce qu’à compter du jour dit, les conditions de voyage à l’étranger sont assouplies. Les Berlinois se ruent alors à la frontière dans un moment de liesse. Le régime est-Allemand ne survivra que quelques semaines à cet élan de ferveur. La Tchécoslovaquie va déclencher à son tour une révolution, celle de velours, elle aussi pacifique. Une série de troubles permettra à la Roumanie de se débarrasser de N. Ceaucescu et de son épouse. La Pologne et la Hongrie avaient fait leur révolution quelques mois plus tôt. En moins d’un an, tous les régimes d’Europe de l’Est tombèrent. En 1991, l’éclatement de l’URSS fut achevé… au nom de la démocratie.
Mais les élans populaires n’ont qu’un temps, des microcosmes ne tardèrent pas à récupérer le pouvoir grâce aux artifices que permettent des démocraties de façade. Toutefois, des bouleversements sociétaux considérables se mirent peu à peu en place en multipliant considérablement le nombre et la nature des pyramides sociales qui s’établissent pour organiser les sociétés. Les conquêtes devaient cependant être faites par les forces de l’esprit plus que par la seule autorité. Les décisions ‘visibles’ devaient découler de discussions, d’argumentaires, de compromis et correspondre à l’alliance d’intérêts distincts et souvent divergents. L’instinct, l’intuition, les éclairs de génie ou de médiocrité, le hasard, furent délaissés au profit de la Raison.
Le besoin de démocratie fut exprimé avec force via Internet et les réseaux sociaux à partir de 2010 dans de très nombreux pays arabes, les résultats infirment, au moins pour un temps, l’espoir que le peuple puisse faire émerger une cohérence de groupe sans guides, sans idéaux divins, sans hiérarques, sans buts clairement délimités.
Mais les défis qui se posent en ce tout début du XXIe siècle nécessitent la mise en œuvre de solutions draconiennes qui ne permettent pas d’espérer une plus importante consommation, du moins pour les pauvres. Les ‘élites’ montrent un zèle sans bornes pour défendre le monde où elles évoluent avec aisance puisque c’est le leur, c’est leur démocratie. Mais le monde acceptera-t-il que les nantis s’enrichissent indéfiniment alors que leurs obligés se contentent de survivre ?
Le réchauffement climatique n’est qu’un aspect d’une multitude de problèmes qui ne peuvent se résoudre que simultanément en ouvrant la porte à une nécessaire nouvelle civilisation. Un large mouvement populaire qui promettrait sobriété, retenue, maîtrise des comportements, discernement peut-il le mener ? Il n’y a pas d’exemple historique connu et les remontrances répétées d’une adolescente suédoise emblématique n’ont eu qu’un effet médiatique sans incidence réelle sur les politiques menées, la puissance de déification symbolique n’était de loin pas suffisante. Il fallait trouver une autre porte d’accès vers l’indispensable nouvelle civilisation. Aucune personne humaine, aucun dieu, aucune valeur morale ne semblait plus capable de concilier des intérêts et des cultures trop ancrés dans les jouissances immédiates pour laisser entrevoir un avenir qui ne soit pas la continuation du passé. Aucun processus de conditionnement des individus et des foules, pourtant portés à une efficacité redoutable, ne semblait pouvoir servir de recours.
Aller vers une autre société a de très lourdes conséquences socio-économiques : (i) un ralentissement important de la production de richesses (une récession), (ii) une baisse énorme des échanges internationaux tant pour les biens que pour les personnes, (iii) une remise en cause drastique des procédés de production, (iv) une hausse vertigineuse du chômage… Le futur annoncé étant tout sauf rieur, comment l’annoncer ou l’imposer au monde ?
L’Organisation des Nations Unies (ONU) créée après la seconde guerre mondiale se caractérise par deux traits, l’un est d’être parfaitement démocratique (à quelques nuances près), l’autre est d’être d’une redoutable inefficacité, qui frise par instants le burlesque. Pourtant, c’est le seul cadre convenable.
Une conférence internationale sur le climat (COP) réunit la quasi-totalité des États (195 pays) depuis 1992 ; elle est l’émanation d’une Convention cadre des Nations unies. En 2015, un accord international pour contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C grâce à une réduction des émissions de gaz à effet de serre a été accepté par tous.
En 2019, 631 investisseurs du monde entier ‘pesant’ de l’ordre de 37 000 milliards de dollars signèrent une lettre à destination des chefs de gouvernement afin qu’ils renforcent leurs engagements pour limiter le réchauffement climatique. Auparavant, Bill Gates, souvent cité comme étant l’Homme le plus riche de la planète, avait déclaré : "Si quelque chose tue plus de dix millions de personnes dans les prochaines décennies, ce sera probablement un virus hautement contagieux plutôt qu'une guerre… ". Une simulation de pandémie appelée « Event 201 » a d’ailleurs été menée en octobre 2019 par la Fondation Bill et Melinda Gates et le Forum économique mondial. Bill Gates s'est heurté récemment au président Trump qui avait suspendu la contribution américaine à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont Bill Gates est le deuxième financeur. Bill Gates qui a mené maintes actions pour trouver des solutions aux problèmes de l’Afrique, se préoccupe également du réchauffement climatique et il a exprimé ses souhaits que les promesses faites lors de la Cop 21 à Paris se concrétisent. Bill Gates, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies et le PDG de la Banque mondiale en 2018 ont souligné que l’adaptation des politiques pour préparer les populations aux conséquences des changements climatiques était inévitable.
L’OMS, une filiale de l’ONU, est devenue le représentant le plus puissant du Nouvel ordre mondial : éradiquer les maladies grâce à la vaccination mondiale, implanter des structures de planning familial, plans pour améliorer l’alimentation et promouvoir les recherches… Tedros Adhanom Ghebreyesus est directeur général de l’OMS depuis 2017. Le Dr Margaret Chan, ressortissante de la République populaire de Chine, l’avait précédé durant 10 ans à ce poste. Certains des programmes de l’OMS sont également financés par la Fondation Bill & Melinda Gates. Le directeur de l’OMS déclara aussi à propos des initiatives chinoises lors de la pandémie : « Nous apprécions le sérieux de la réponse de la Chine à cette épidémie, en particulier la force de son leadership et la transparence dont ils ont fait preuve. ».
Les acteurs sont en place, leurs rôles ne seront pas précisés.
Pour faire un pas dans la bonne direction, malgré les pesanteurs et les périls, une guerre a été décidée, une guerre contre un virus. Chacun dut se plier aux contraintes que ce virus imposait : le respect de la vie est encore un impératif absolu. Le monde entier, quels que soient les régimes, l’ethnie, les religions, le degré de richesse allèrent dans une même direction. La dangerosité, la mortalité, la contagiosité du virus n’a guère d’importance, son rôle est autre. Il représente une image concrète d’un péril plus lointain, il est le moyen de fédérer les énergies.
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