Bob Woodward du Watergate : une légende devenue cire-pompe
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Sic transit gloria mundi....
Quel désespoir...
Le nom de Bob Woodward est évidemment lié au Watergate, cette prestigieuse enquête du "Washington Post" qui dénonça les magouilles de Nixon et le fit démissionner. (Entre parenthèses, de nos jours, même si on piquait Nixon en tenue de plombier, allongé dans sa baignoire, le savon à la main, il ne lui arriverait rien. Le temps de faire un procès que l’on reporterait sans cesse, il serait mort et enterré avec son brushing. Propre.)
C'était en quelle année déjà ? En 1974. Ouf ! Bientôt 40 ans ! Le monde a changé depuis et bien des news sont passées sur les télescripteurs ! Oui. Le monde a changé. Les hommes ont changé. Notre vie a changé. Pas trop en bien. Non.
Woodward vient d'écrire un livre " Les guerres d'Obama" et il en assure la promo au "Grand Journal" de Canal Plus, un des hauts lieux de l'information tamisée.
« Le Grand Journal », comme « Les Nuls » autrefois est un titre ironique qui se lit à l'envers.
En ce jeudi 8 avril, la première invitée est Arlette Chabot, qui a été jetée aux orties par Sarko, et vient "faire ses adieux". (On dirait les adieux de Fontainebleau.") Second invité : Bob Woodward.
Ma première réaction est de me dire : "Ils ne manquent pas d'air de mettre côte à côte Chabot et Woodward."
Mais vous allez le voir, c'est presque Chabot la révolutionnaire !
La caractéristique du Grand Journal est de donner la parole à des "chroniqueurs ». Quand je pense à l'origine brillante de ce mot, "Les chroniques d'Azincourt de sire jean Froissart" et que je vois nos Froissart d'aujourd'hui, j'en suis plus froissée que chevalier percé d'estoc et de taille ! Mais passons. Souffrir est une option obligatoire de notre bac « Humanoïdes ». Après tout, nous sommes peut-être les citrons pressés d'êtres supérieurs invisibles qui, quand ils vont au bar, demandent, "un citron pressé d'humain chamboulé » et ils adorent ça. On nous élève sur une planète tragique pour nous siroter comme nous élevons les agneaux pour les embrocher. Ne nous croyons pas supérieurs....
Revenons sur l'arène.
Ce soir-là c'est Ali Badou qui initie la conversation avec dame Arlette. Sa mission est d'être le plus abject possible, tout en souriant. Il pose les premières banderilles. La pauvre Arlette avec ses yeux pochés va tenter de résister à un manque d'élégance qui rappelle la mode SDF automne-hiver 1914. Nous sommes dans le grand monde.
Badou : (Tout de go.) Pourquoi ne continuez-vous pas vos émissions ?
(Il faut oser quand même avec cette pauvre Arlette ! Il veut nous la tuer. Quelqu’un ricane par derrière. Apathie ? )
Arlette ne répond pas. Oh ! C'est dur cette gifle ! Badou repique la bête une deuxième fois. Au même endroit. Le Lâche ! Le tortionnaire !
Badou : On vous a dit pourquoi ?
Arlette : Je ne sais pas.
Badou : Vous êtes journaliste quand même. (Houla ! Un coup de Jarnac ! )
Arlette (Blême) : J'espère.
(Elle attend peut-être une réponse du genre : "Mais tout le monde sait que vous êtes une très grande journaliste. ") Non, Badou le sanguinaire refrappe une troisième fois entre les deux yeux :
Badou : Vous avez demandé pourquoi ? (Il a dû faire ses études de journalisme à Guantanamo. Il connaît les règles de l'interrogatoire qui ne dévie pas.)
Badou : Et la télé, ça va vous manquer ? Où en sont vos relations avec le président de la république ?
Il est allé très bas, Badou, très, très bas. Encore plus bas que le corium de Fukushima si c'est possible, mais Chabot va aller encore plus bas ! Elle va descendre jusqu'au vortex de la veulerie la plus indécente. Elle va se mettre carrément à quatre pattes. Est-ce autorisé à des heures de grande écoute ?
Chabot : Parlez-lui de moi si vous le voyez........
Ca me rappelle mes amours en maternelle quand je faisais faire mes commissions par une copine au moment où le chef de bande était au cabinet....
La conversation va se poursuivre. Chaque phrase mériterait son commentaire. Je veux m'arrêter sur un détail.
On rappelle donc à Arlette Chabot un des grands moments de sa carrière à savoir, quand Cohn -Bendit et Bayrou se sont traités de ratés et de pédophiles à mots couverts. On pourrait croire que dans une vie de journaliste le plus grand moment est celui où un homme honnête révèle des projets qui vont aider l’humanité. Non.
Cette mijaurée nous dit alors, avouant qu'elle avait été très surprise par la tournure prise par les évènements : "J'imaginais un duel sympathique." Tu parles ! Oh ! La menteuse ! Je dirai même qu'avant les émissions politiques, dans les coulisses, ils doivent leur mettre de la vitamine C (C Comme C....) dans le champagne, les coiffeurs doivent avoir pour mission de leur tirer les cheveux, les maquilleuses de leur mettre du fond de teint dans l'œil, tout cela pour qu'ils arrivent, comme un bon taureau, fous de rage dans l'arène !
Spectacle, Spectacle !
Mais arrive Bob Woodward ! La légende vivante !
J'y crois encore…
Badou demande à Chabot ce que représente Woodward pour elle :
Chabot : Un « modèle » absolu. C'est un « modèle ». Ceux qui font des études de journalisme doivent le prendre pour « modèle ».
Je suis toujours frappée par l'élocution miteuse de certains journalistes. A force de passer leur temps à lire des prompteurs quand ils sont livrés à leur inventivité naturelle, ce n'est évidemment pas brillant...Pourtant figurez-vous que Chabot et Aphatie ont obtenu la même année le prix Roland Dorgelès décerné à ceux qui "contribuent au rayonnement de la langue Française." Et l'année d'avant c'était Pujadas et Hondelatte !!! Ce ne serait pas un prix clanique par hasard que les uns donnent aux autres dans un certain monde ? Pauvre Dorgelès ! Enfin, un de ses livres étant « Les croix de bois », il est habitué aux supplices.)
Mais attention, entrée en scène d'Apathie.
Apathie, avec son accent du terroir, est le Maïté de la politique. Il traite ses clients comme elle le canard farci. A la machette. Il a cette insolence du maître des lieux par rapport à un invité qui est tenu à plus de réserve et qui ne peut pas lui jeter à la gueule :
-Vous avez quitté le lycée à 14 ans et vous avez eu le bac à 24. Et entre deux vous serviez des cafés et vous vendiez des voitures. C'est tout ce que vous vendiez ?
Mais l'ignominie ne peut être utilisée que par le journaliste qui reçoit. C'est la règle du jeu.
Woodward va-t-il être attaqué par Apathie comme tous les autres ? Cela se fait entre grands journalistes ? En effet. Alors que Woodward en est à sa première réponse l’aigle des mots lui saute au micro et lui notifie son rôle de mâle dominant.
Apathie : On vous parle du Watergate et vous, vous nous parlez du livre que vous venez de sortir. (Ben, il est là pour vendre, non ???) Vous aimez qu'on vous rappelle votre passé ou vous en avez marre ?
Quelle question, mon dieu, quelle question ! Est-ce Ariane Massenet qui l’a lui a soufflée ? La fille qui révèle que Balzac a écrit Mme Bovary ?
Woodward évite l’assaut et répond que le passé est le passé mais que le présent est le présent. Et que le passé n'est pas le présent.
Bon.
C'est alors que pour moi, le Woodward que je regarde jusque là comme un homme bien va se retrouver nu, triste envoyé du pays des impostures.
On l'interroge sur Obama.
W : C'est un homme divisé. (En tourisme, quand on ne sait pas quoi dire d’un pays, on conclut : « Terre d’ombre et de lumière » C’est de la même eau.)
W : Son esprit est comme un manoir avec une multitude de pièces. (? ??????) Il est divisé car il vient d'entreprendre une croisade pour empêcher un désastre humanitaire..."
OK. Stop. J'ai compris. On l'a envoyé sur Canal Plus comme autrefois les missionnaires avec en poche l'Evangile de la Croisade. (Mais comment se fait-il que Guéant et lui aient le même vocabulaire ?????) Woodward est démocrate. Il a descendu, il y a des lustres, Nixon le républicain, et maintenant il fait partie du clan Obama qui lance sa campagne ! Ce qui me frappe c'est que Woodward a le culot de vouloir encore se faire passer pour un grand journaliste !
W : Oui, je reproduis des notes de réunions. Je livre ce qui se passe exactement autour d'Obama.
(Oui, mais là, tu n’as pas besoin d'espionner. Ceux qui t'ont commandé le bouquin te les donnent. Mais attendez !! N’était-ce pas la même chose du temps du Watergate ? N’était-ce pas « Gorge profonde » qui l’avait contacté ??? Quelle histoire on nous a encore montée ????)
Et soudain, surprenant tout le monde, Apathie tonne :
A : Donc, autrefois et maintenant vous n’étiez pas un grand journaliste d’investigation mais un pion de la Cia ! Vous faites votre pub comme un PPDA ? Vous avez aussi un nègre aussi , non ?
Hihihihihihihihihihihi ! Non, je rigole, bien sûr ! Apathie ! Vous êtes fous ! Personne ne moufte. (J'aime bien ce mot d'argot. On dirait un gamin qui se cache la bouche sous ses moufles.)
Et la conversation continue maintenant qu'il est entendu qu'Obama est un être humain qui réfléchit et qui est divisé entre sa mission intérieure et extérieure ! Et que c’est lui le chef. Et qu’il ne reçoit d’ordres de personne. Et qu’il faut le réélire.
Nouveau sujet : que pense Woodward de l'information sur Internet ?
W : Sur internet il y a beaucoup de déchets (On sent que tous les sbires du plateau boivent du petit lait. Chez eux, il n'y a aucun déchet. Tout passe directement sur Historia.)
W : Mais parfois il y a des bloggeurs intelligents, très brillants. (Pas possible ?) Je me dis parfois "Je le recruterai bien ce petit gars-là !"
( Mais, cher et condescendant Woodward , ce très brillant « petit gars- là » n'aurait absolument rien à faire avec toi qui confonds à présent le journalisme et les réunions Tupperware !)
Mais nous n'avons pas tout entendu.
W : Oui, Wikileaks n'est pas du journalisme. C'est de l'espionnage.(Parce que le Watergate ce n’était pas le Wikileaks d’antan ? En principe…J’ai de plus en plus de doutes…)
W : En fait le rôle du journaliste est d'analyser toutes ces données. C'est sa liberté.
Après avoir poussé plusieurs petits crottins, Woodward lâche le plus beau, bien moulé, mensonge de la soirée :
W : Les journalistes sont indispensables pour analyser. Museler la presse ne fonctionne pas dans une vraie démocratie !
Et il dit ça sans sourciller, lui le porte parole de toutes les Cia, de toutes les Nsa qui nous espionnent, sur une chaîne privée où tous les mots sont comptés en vue d'un effet final que leurs maîtres recherchent ! Woodward de l'enquête du Watergate !
Enfin merci à lui de nous apprendre, stricto sensu, que nous ne sommes plus en démocratie.
Mais ma torture n'est pas finie.
Larbin : Que pensez-vous de Sarkozy ?
W : Il est double comme Obama. (Nous ici on le trouve simplet.) C'est un personnage fascinant. C'est lui qui a lancé la guerre et Obama a suivi ! J'ai été étonné de voir Obama faire ça car il déteste la guerre !
Hé oui, il avait quatre phrases à placer, c’est fait. Même pas habile ! Quels gros sabots !
Mais Apathie qui n'a pas fait son numéro et qui a préparé un petit papier prend la parole, impatient. Il a choisi le sujet suivant : la politique est plus passionnante en France qu'aux US car en France nous avons eu 12 candidats aux dernières élections et aux US ils en ont eu six. Pour quatre fois moins d'habitants !
Il a dû penser à ça trois minutes avant d'arriver sur le plateau. C'est la seule excuse que je lui trouve. Mais il nous réserve une perle. Il note :
A : Et parmi ces douze, trois candidats Trotskistes. Trotski, c'est quelqu'un qui s'est trompé toute sa vie , qui est mort d'un coup de piolet à Mexico et il y a quand même trois candidats Trotskistes !
La vie de Trotsky résumée par Apathie, c’est quand même piolant !
Woodward tente un timide :
W : Ai-je un droit de réponse ?
Apathie, lui coupe le croupion d'un coup de langue revêche : « Je n'ai pas terminé !! »
Après quelques remarques vaseuses d'Apathie, Woodward prend enfin la parole pour dire qu'aux EU, ils ont quelqu'un qui écrase nos douze candidats (même le fascinant Sarko) et que c'est...Clinton ! Et en prononçant ce nom les yeux de Woodward s'illuminent. Bref il est amoureux...de Clinton !
Bien. Faisons un résumé de la situation.
L'avantage ici, c'est qu'on est sur internet et qu'on peut donc dire n'importe quoi et entrer dans le déchet sans état d'âme.
D'un côté Obama qui prépare sa réélection ne peut pas trop se permettre de jouer les va-t-en guerre.
De l'autre Sarkozy qui est au plus bas dans les sondages et ne sait plus que faire pour avoir une chance de continuer à nous empoisonner.
Et au centre la Lybie avec son pétrole, son fric, sa position et son Kadhafi qui appartient au Boys'band des dictateurs pénibles. Pénibles pour ceux qui veulent faire des affaires et doivent de plus en plus cracher au bassinet.
Toutes les révolutions populaires du Maghreb et d'ailleurs sont, certes, un grand élan vers une démocratie qui n'existe plus nulle part, mais surtout un changement du petit personnel des dictateurs qui commençait à se la péter un peu trop.
Qui a eu l'idée des pauvres rebelles que Kadhafi allait étriper ? Quel story teller ? BHL ? Guéant ? Fog ? Woodward himself ? Le nègre de PPDA ?
Donc, Sarko a dû dire aux US qui l'avaient traité comme un burnous dans les affaires précédentes : "Je veux bien vous aider en Lybie, je prends toutes les responsabilités si vous m’aidez pour ma réélection. Je suis quand même des vôtres , non ? Je suis Sarko l'Américain !!!"
Et ce d’autant plus qu’il semblerait qu’il ait reçu un bakchich de Kadhafi pour sa campagne. (Et Obama ? Aussi ?)
Voilà pourquoi Obama joue son rôle d'homme touché par une situation humanitaire tout en restant pacifique avec son prix Nobel sous le bras, pendant que la CIA court la campagne Lybienne en patins à roulettes en uranium appauvri, puisque les Us ne sont pas autorisés à débarquer.
Et Sarko est le nouveau César de la Guerre des tôles !
Tout cela je le sais grâce aux medias libres d'internet.
Internet où l'on dit n'importe quoi.
Vraiment ?
Dites-vous bien une chose, Bob, il y a autant de différence actuellement entre quelqu’un qui s’informe sur internet et quelqu’un qui s’informe sur les medias mainstream, qu’il y en avait autrefois entre quelqu’un qui allait à l’école et un illettré.
Hé ! Le grand Journal ! Hé ! Woodward ! Hé ! Chabot !
Comment ça se passe dans vos têtes le soir quand vous vous couchez ?
Je n’arrive pas à croire que vous ne sachiez pas ce que vous êtes devenus…
Ah ! PS :
Une grande nouvelle au sujet du 11 septembre ! Que de questions, que de troubles, que de rixes, que d’adversaires s’opposant de toute la violence de leurs convictions et enfin une révélation qui met fin à toute cette période d’errements !
Bob Woodward nous apprend sur France Inter que c’est bien Al Qaïda qui est à l’origine de l’attentat !
Merci, Woodward ! Merci !
Maintenant on en est sûr !
Le 11 septembre est signé Clinton !
So sexy Clinton !
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