Bosnie - Kosovo : Quand Allah s’en allait en guerre
Ce lundi 12 novembre 2012 a eu lieu sur les antennes de France Télévisions, en deuxième partie de soirée, un événement médiatique d’une importance considérable (bien que notre pays n’y ait pas prêté l’attention qu’il méritait) : la diffusion sur France 3, dans le cadre de l’émission « Docs interdits », d’un reportage, intitulé « Les ch’tis d’Allah - Le gang de Roubaix », d’Olivier Pighetti, remarquable d’objectivité et de conscience professionnelle par la qualité de sa documentation. Une véritable mais salutaire onde de choc au vu du conformisme ambiant sur ce sujet !
VERITE HISTORIQUE
Je ne reviendrai certes pas ici sur la folie meurtrière de ce tristement célèbre « gang de Roubaix » : celui-là même qui, commandé par deux français (Christophe Caze et Lionel Dumont) convertis à l’islam djihadiste, terrorisa, de janvier à mars 1996, le nord de l’Hexagone, jusqu’à projeté de faire sauter, après avoir multiplié braquages et homicides, le G7 qui devait se tenir à Lille. Ces faits-là sont suffisamment connus pour que je ne m’y attarde pas. Mais ce sur quoi, en revanche, je souhaiterais me pencher ici, c’est sur les incroyables révélations qui ont émergé, à travers ce reportage, au regard de la vérité historique quant à ce terrible conflit qui ensanglanta, de 1991 à 1995, en plein cœur de l’Europe, la Bosnie.
Car c’est en cette tragique guerre civile qui vit alors s’affronter Serbes et Bosno-Musulmans, en cette partie des Balkans que l’on appelle désormais l’ex-Yougoslavie, que s’enracina, nous dévoila ce documentaire inédit, le fanatisme criminel de Caze et Dumont, lesquels s’étaient alors enrôlés, comme volontaires, dans l’armée bosniaque.
DJIHAD EN BOSNIE
Mais, attention, pas au sein de n’importe quelle de ses divisions ! Non, dans sa brigade la plus férocement radicale et la plus violemment extrémiste : des fous d’Allah, regroupés sous le nom de « El Moudjahidin » et en contact direct avec « Al Qaïda », venus expressément d’Afghanistan, du Pakistan ou du Maghreb pour, non seulement faire la peau, au prix des pires atrocités (qui effrayaient jusqu’aux vrais soldats bosniaques eux-mêmes), aux Serbes orthodoxes, jugés « infidèles », mais, plus profondément encore, instaurer ainsi en Europe, via la Bosnie précisément, le premier état islamiste de son histoire !
Certes, soucieux de ne pas verser à mon tour en un manichéisme de mauvais aloi (la diabolisation des Serbes et, parallèlement, l’angélisation des Bosno-Musulmans) mais inversé, ne ferai-je pas ici l’erreur, au contraire de bon nombre de mes pairs dans leur engagement d’alors, de réduire les forces régulières bosniaques à cette horde de dangereux intégristes. Mais, enfin, c’est tout de même avec ces terroristes de haut vol, dont certains furent impliqués directement (tel Mohammed Atta, chef du commando) dans l’attentat du 11 septembre 2001 à l’encontre des tours du « World Trade Center », qu’Alija Izetbegovic, alors Président de ces mêmes Bosno-Musulmans, s’acoquina jusqu’à les décorer, pour services rendus à la cause bosniaque, des plus hautes distinctions militaires. Pis : certains journalistes, et non des moindres par leur crédibilité, assurent l’avoir vu s’entretenir un jour, dans le palais présidentiel de Sarajevo, avec Oussama Ben Laden en personne !
FONDAMENTALISME MUSULMAN
S’en étonnera-t-on vraiment, du reste, lorsque l’on sait que ce même Alija Izetbegovic, fondamentaliste musulman, écrivit, dans sa « Déclaration Islamique » (parue, en 1970, à Istanbul, puis republiée, en 1990, à Sarajevo), qu’ « il n’y a pas de paix ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociales et politiques non islamiques ». Une flagrante négation, cette affirmation, de l’une des valeurs suprêmes de nos sociétés modernes : la laïcité ! Et Izetbegovic, que certains des intellectuels les plus médiatisés ne cessèrent pourtant jamais d’encenser, d’ajouter ces mots funestes pour la sauvegarde de nos démocraties, sinon du sens de la fraternité entre les peuples : « Avant le droit de gouverner lui-même et son monde, l’islam exclut clairement le droit et la possibilité de la mise en œuvre d’une idéologie étrangère sur son territoire. Il n’y a donc pas de principe de gouvernement laïc, et l’Etat doit être l’expression et le soutien de concepts moraux de la religion. »
FASCISME VERT
A propos : c’est encore un de ces barbares enturbannés, un certain Omar, dont les premiers faits d’armes remontent à son entraînement secret dans les camps djihadistes de Bosnie, qui égorgea sans pitié, à grand renfort d’insanes et tonitruants « Allah Akbar », le pauvre Daniel Pearl, auquel Bernard-Henri Lévy consacra un livre, « Qui a tué Daniel Pearl ? », dénonçant ce qu’il y qualifie, à juste titre, de « fascislamisme » (néologisme signifiant « fascisme vert »).
Cette très idéologique brigade « El Moudjahidin », dont l’effroyable cruauté fit le déshonneur de l’armée bosniaque aux dires mêmes de ses officiers, n’avait rien à envier, d’autre part, à la division « Handjar » : celle-là même qui, lors de la Seconde Guerre mondiale, combattit, avec la bénédiction du grand Mufti de Jérusalem, aux côtés des Oustachis, ces nationalistes croates que les nazis considéraient comme leurs alliés les plus indéfectibles.
CRIMES CONTRE L’HUMANITE
Nuances, toutefois ! Loin de moi la volonté, là encore, d’assimiler, par je ne sais quel outrageux amalgame, cet islamisme salafiste d’hier ou d’avant-hier à cet islam modéré que prône aujourd’hui cette Bosnie multiculturelle et pluriethnique qu’appelle de ses vœux tout authentique démocrate. De même n’est-il en rien question, ici, de nier quoi que ce soit, ni même de minimiser et encore moins de justifier, les atrocités commises, lors de cette guerre de Bosnie, par les Serbes : l’abominable siège de Sarajevo tout autant que l’innommable massacre de Srebrenica demeureront d’honteuses taches sur le « curriculum vitae » des chefs politique (Radovan Karadzic) et militaire (Ratko Mladic) des Bosno-Serbes. Mais, enfin, force est de constater tout de même, non sans regrets, que seuls ces derniers, parmi les anciens responsables de cet odieux conflit, siègent à l’heure actuelle, pour crimes contre l’humanité et autres exactions, sur le banc des accusés du « Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie ». Alija Izetbegovic, est mort, lui, de sa belle mort, tandis que le président croate, Franjo Tudjman, antisémite notoire et révisionniste chevronné, a été inhumé, au lendemain de son décès, dans le carré réservé, dans le cimetière de Zagreb, aux « grands hommes ». Et ce, sans qu’il ait jamais été inquiété lui non plus, au contraire de son homologue serbe, Slobodan Milosevic (dont la mort inopinée, dans sa cellule de prison de La Haye, reste un mystère), par le TPIY.
UNE JUSTICE A GEOMETRIE VARIABLE
Pis : l’actuel Premier Ministre du Kosovo, Hashim Thaci, qui fut le commandant en chef, lors de la guerre de 1999, de l’Armée de Libération (UCK) de cette ancienne région de la Serbie, n’a encore jamais été appelé à comparaître devant ce même TPIY malgré les graves crimes de guerre (trafics en tous genres, y compris d’organes humains prélevés sur des prisonniers serbes) dénoncés, à son encontre, par l’ancienne procureur, Carla del Ponte, de cette vénérable institution.
C’est dire si la justice internationale ressemble étrangement là, par sa partialité, à un tribunal politique : un illégitime et inéquitable « deux poids, deux mesures » qui, comme tel, s’avère tout sauf, précisément, juste !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
* Philosophe, auteur de « Requiem pour l’Europe - Zagreb, Belgrade, Sarajevo » (Ed. L’Âge d’Homme), « Les Ruines de l’intelligence - Les intellectuels et la guerre en ex-Yougoslavie » (Ed. Wern, préface de Patrick Besson) et « Critique de la déraison pure - La faillite intellectuelle des ‘nouveaux philosophes’ et de leurs épigones » (François Bourin Editeur)
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