Bouillabaisse frelatée
On pète la veuve Cliquot,
Parqués comme à Mexico,
Horizons cimentés, pickpockets, toxicos
Personnes honnêtes ignorées, superflics, Zorros
Politiciens et journalistes en visite au zoo
IAM -Demain, c’est loin (1998)
Nous sommes par une belle matinée de printemps, un dimanche. La scène se passe dans le 4eme arrondissement de Marseille, en haut d’un des rares parcs de la ville, le parc Longchamp. Le quartier est tout sauf une zone de non-droit : c’est un quartier résidentiel, peuplé majoritairement de foyers de la classe dite « moyenne ». Personnes âgées, travailleurs dans les écoles, les services publics, la voirie…des familles sans histoire. Il faut dire que les prix de l’immobilier, quoiqu’en disent les médias, ont augmenté ces dernières années dans ce type de quartiers : l’extrême centre-ville, en partant du Vieux-port, jusqu’aux 6eme et 8ème arrondissements, étant toujours invivable (peu de transports en commun dignes de ce nom, qualité de vie médiocre, pas de crèches, pas d’écoles, pas de places de parking, pollution importante, habitat largement insalubre ou trop cher selon les endroits, etc…), les gens du commun et « ceux qui ont les moyens » se sont rabattus depuis quelques temps sur ces quartiers situés à la périphérie de l’extrême centre. Les 4e et 5e arrondissements en sont l’illustration parfaite. Ce sont majoritairement des quartiers tranquilles, « en voie de gentrification » comme osent l’affirmer certains sociologues. On y trouve même encore un peu de services publics, et une population qui cherche à vivre sa vie, à travailler, sans trop s’éloigner dans des banlieues situées à plusieurs heures d’embouteillages.
Car oui ici, à Marseille, le temps ne se mesure pas en trajets de bus ou de métro, mais plutôt en (longues) heures de voiture : les transports en commun sont anecdotiques, et la ville perpétuellement en travaux. Pourquoi me demanderez-vous ? Pour les travaux, il s’agit tout bêtement de la structure administrativo-mafieuse qui gouverne cette ville depuis des années. Un système inventé par un certain Simon Sabiani, dans les années 30. Un personnage dont la bio vaut le détour : issu du Parti Communiste local, il finira par collaborer avec l’occupant en 40. Entre-temps, il sera passé à la mairie et placera ses petits copains de la mafia dans les services municipaux, en échange de quelques assassinats et autres coups de mains ciblés contre les plus remuants de ses opposants, c’est-à-dire ses ex petits copains du Parti Communiste, Parti qui menaçait de gagner les élections... Ce système bien huilé donc, a ensuite été amélioré par Gaston Deferre, avant d’être pérennisé par Jean-Claude Gaudin.
Vous comprenez, pour bien gouverner Marseille, il faut surtout penser à remercier ceux qui vous ont permis d’accéder au pouvoir. C’est-à-dire la mafia locale, qui a investi pratiquement toutes les petites boîtes de Bâtiment et Travaux Publics du coin…Donc, quand un Marché Public ou un travail de voirie doit être effectué, dans une ville normale, il existe un Conseil de Coordination des travaux de voirie. Ce conseil se réunit tous les mois, et coordonne les différents acteurs du BTP devant intervenir sur un chantier ou une route dans une quartier, par exemple. Ceci afin d’éviter de trop encombrer la voirie.
Un exemple simple pour bien saisir de quoi il en retourne : la semaine 1 l’entreprise A va ouvrir pour raccorder l’électricité, la semaine 2 on laisse ouvert parce que c’est au tour du câble internet d’être posé par la société B, et la semaine 3 on continue avec la réfection de la route par la boîte C, pour ensuite refermer en semaine 4. Je schématise, bien sûr, mais vous comprenez le principe.
Mais pas à Marseille, oh ça non. A Marseille, on tire le maximum de la vache à lait.
A Marseille, au lieu de se coordonner, la semaine 1 la boîte A ouvre, fait son truc et referme. Elle facture l’ouverture, les travaux et la fermeture à la municipalité. Semaine 2, c’est au tour de la boîte B de faire la sienne, puis de refermer. Et de refacturer. Pareil pour la semaine 3 et l'entreprise C. Et bien sûr, quand arrive la dernière semaine, nouvelle rafale de travaux. Résultat ? Une municipalité parmi les plus endettées de France (Plus de 2,5 fois la dette moyenne par habitant en France..), et une ville perpétuellement en travaux, sans transports en communs dignes de ce nom, donc bourrée de voitures…un véritable enfer, mais pas grave : il y fait toujours beau, c’est bien quand même, non ? Ah oui, puisque nous l'avons vaguement évoqué, parlons transports en commun, maintenant.
Pour le centre-ville, il y a 2 lignes de métro, qui ne couvrent même pas un quart de cette ville grande comme trois fois Paris, et quelques lignes du nouveau tramway qui les double presque intégralement, sur le même trajet, en surface. Extraordinaire, non ? Mais comment c’est possible, alors que certains quartiers ne sont toujours desservis que par les mêmes bus dégueulasses, aux horaires incertains, perpétuellement bondés et inconfortables ? C’est tout simplement un cadeau de l’ex maire Jean-Claude Gaudin à son ex adjoint de l’époque Renaud Muselier. Connu pour être aujourd’hui le puissant président de Région la PACA, quand il était dans la team Gaudin ce cacique des Républicains était maire des 4e et 5e arrondissements, et il avait des velléités continuelles d'être calife à la place du calife. Il faut dire que Jean-Clôôôde lui avait fait miroiter le fauteuil de maire durant des années, pour au final le reléguer dans un coin, ce qu’il avait, bien sûr, logiquement très mal pris. Ici, la bouillabaisse, on l’aime très salée, il faut le savoir.
Donc Muselier l’éternel second, n’arrêtait pas de taper sur son papa politique, celui qui l’avait fait et n’arrivait plus à le contrôler. Du coup, ils ont passé un deal.
Le deal ? Il s’est fait, encore une fois, sur le dos des marseillais : tu arrêtes de ne faire qu'à m'em...bêter, et je te fais passer les lignes du beau tramway tout neuf sur tes arrondissements…tu vas voir, tes électeurs vont adorer, et ils s'en souviendront dans les urnes !
Les quartiers pauvres ? Beeen... Situés à plusieurs heures de bus du centre-ville, faudra qu'ils continuent de poireauter dans leurs abribus tous moches, après tout c’est pas la première fois qu’on leur fait des promesses, non ? Et puis leur super maire, j’ai nommé Samia Ghali, pourra toujours les endormir, puisqu’elle « sait ce qu’ils vivent », comme elle le répète sans arrêt depuis sa luxueuse villa des quartiers chics du 7ème…
Mais je m’égare : revenons-en, si vous le voulez bien chers amis, à notre beau dimanche matin. Il fait donc beau ce dimanche, comme très souvent à Marseille (c’est toujours ça de pris comme dirait l’autre), et le soleil se lève sur le quartier tranquille des Chutes-Lavie, dans le 4ème arrondissement. L’auteur de ces lignes a la chance d’habiter une résidence tranquille, dans un appartement avec -ô luxe suprême !- un balcon, d’où on voit même les quartiers sud, au loin, et le fameux stade Vélodrome, en toile de fond. Pour ce dernier, l’auteur sait qu’il paiera pendant de longues décennies, avec des impôts locaux en explosion grâce à la « gestion avisée » du maire Jean-claude Gaudin, au travers du fameux « Partenariat Public Privé » dont les politicards corrompus sont friands, car il permet d’arroser tout le monde (et il y en a je vous le garantis) durant les décennies à venir, une véritable rente sur le dos des contribuables, sans que ceux-ci ne puissent pratiquement rien y faire.
L’auteur prend donc le petit-déjeuner avec sa compagne sur le balcon… Quand, tout à coup, on entend distinctement un bruit saccadé, caractéristique. Tac tac tac tac tac tac ! une pause. Puis ça recommence : Tac tac tac ! à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, tout au plus.
La compagne de l’auteur pense tout d’abord à un volet métallique de commerce, qu’on aurait rabattu brusquement… c’est vrai que ça y ressemble, mais l’auteur, tireur sportif à ses heures, reconnait le bruit presqu’immédiatement : une rafale d’arme automatique. Et vu le nombre de tirs, une arme de guerre. C’est pas la petite 22 à laquelle on a droit au stand ça, oh non.
Le « pin pon » caractéristique des sirènes de police qui s’ensuit, quelques minutes plus tard, le confortera dans cette idée. La confirmation arrivera le lendemain, sous la forme des quelques lignes habituelles dans « La Provence », le quotidien (de droite) du coin : règlement de comptes à la kalachnikov, deux jeunes de 19 et 21 ans se sont fait dessouder dans leur voiture, « un véritable guet-apens, plusieurs dizaines d’impacts, morts sur le coup », etc., etc.
Banal, anodin, classique à Marseille, me rétorquerez-vous ?
Eh bien non. Car même les journalistes habitués à ce genre de faits-divers en ont convenu, en rapportant les propos « d’une source de l’enquête » (des flics mis sur le dossier quoi) : un pas venait d’être franchi, c’était un règlement de compte « anormal » si tant est qu’on puisse le dire comme ça, car il a eu lieu, pour la première fois, dans un quartier très tranquille, résidentiel, en plein centre-ville, à quelques dizaines de mètres du commissariat du coin (!) alors que des gens se promenaient avec leurs gosses et leurs poussettes…
Cela reviendrait-il à dire qu’il faille se plaindre que cet antépénultième double meurtre de deux minots eût été plus tolérable, s’il s’était déroulé, comme d’habitude, loin des regards et des passants, dans une impasse sordide des quartiers nord, ou dans un coin de forêt isolé, comme c’est très souvent le cas depuis quelques décennies ?
Dans la bouche des éditorialistes (réacs) de la Provence, je pense que c’est peut-être le cas. Mais dans la mienne, j’aimerais que ce ne le soit pas… Je reste honnête : ce genre de chose ne vous interpelle que très rarement quand il se passe loin de chez vous, mais quand ça se déroule à côté de chez vous, vous vous dites que les choses se gâtent pour tout le monde, y compris pour vous, qui vous croyiez à l’abri, donc quelque part, avouons-le, privilégié.
Alors coupons l’herbe sous le pied de la rumeur tout de suite : à ceux qui hurleraient au réflexe bourgeois, j’ai toujours trouvé profondément injuste et anormal qu’un gamin perde la vie comme ça, même si ce gamin était un petit con, une racaille, un dealer, ou tout ce que vous voulez. Taxez-moi de bisounoursisme, je l’assume : non, crever comme une merde à quinze, vingt ans, ça n’est pas et ne sera jamais normal. C’est le signe d’une faillite de la société : on peut toujours reporter, in fine, la faute sur les individus, et rester dans cette courte-vue qui a n’a jamais arrangé quoi que ce soit. Mais on ne résoudra jamais les causes profondes de ces erreurs, et elles se répèteront encore et encore, sans fin.
Combien de morts du trafic de drogue à Marseille ? Le fait est-il nouveau ? Les chiffres sont connus : cela fait des décennies que chaque année, entre quinze et vingt-cinq gamins se font tuer pour une histoire de drogue. Je ne parle même pas du grand banditisme, qui avait ses codes, ses habitudes, et où chaque contrat était soigneusement autorisé –ou pas- par le parrain du coin. Mais, après les Corses des années 80, après les Tunisiens des années 90 et 2000, tous morts ou en train de croupir en prison aujourd’hui, le milieu s’est recomposé : désormais, c’est une multitude de bandes qui se partagent « le marché ». Et ces bandes ne reculent plus devant rien pour un point de deal juteux, car la demande est là : les gamins des quartiers aisés affluent dans les cités, chaque soir de semaine et plus particulièrement le samedi, c’est le supermarché. On le voit, littéralement.
Il suffit de se poster à l’entrée des routes menant aux cités de Fontvert, de la Batarelle, de la Castellane et de dizaines d’autres quartiers bien connus pour apercevoir le véritable ballet ininterrompu de belles bagnoles, conduites par des jeunes bien comme il faut, venant des quartiers aisés du Sud (les 8, 9 et 12ème arrondissements principalement), ou mieux des villes et villages cossus de la banlieue (Gémenos, Les pennes-Mirabeau, Septemes, Cabriès, Plan de cuques, Allauch), pour se fournir avant de partir en soirée. Des villes intouchables au commun des mortels immobilièrement parlant (à Plan de Cuques par exemple le prix du m2 est équivalent à celui de Paris intra muros). Des villes qui ont opéré, avec la bénédiction des politiques qui se sont succédés aux manettes depuis cinq décennies, une véritable ségrégation sociale par l’accès à la propriété foncière et à l’emploi. Des villes qui, avec l’arrivée du TGV dans les années 2000, ont vu leur population exploser, quantitativement et qualitativement : ingénieurs, cadres moyens et supérieurs, professions libérales, un énorme contingent de migrants parisiens (mais ceux-là, on en voulait bien, vous comprenez. C’est pas comme les autres pouilleux de Calais là !), soit en moyenne +7% de population par an, dûment prévue à l’époque par les études officielles diligentées par l’INSEE.
Car des emplois qualifiés, permettant de drainer cette population souhaitée et souhaitable, il y en a, à Marseille et à côté : à Berre, dans la pétrochimie, où dans les zones commerciales de Plan de Campagne (première zone d’Europe en surface) ou à Aix, Rousset (ces Zones d’Activité à la fiscalité avantageuse sont parmi les plus dynamiques de France, avec nombre d’entreprises de haute technologie, nécessitant moult main d’œuvre qualifiée).
Donc ces nouveaux arrivants font monter les prix, car ils n’hésitent pas à acheter à n’importe quel tarif, pour se payer leur petit coin au soleil. Les prix montent, et les cités des quartiers Nord ou d’ailleurs se remplissent à vitesse grand v, pendant que les logements sociaux ne sont absolument pas rénovés, ni même construits. Certains maires (Allauch, Plan-de-cuques) paient volontiers les amendes qui caractérisent une gestion hors la loi des HLM, plutôt que d’en construire un minimum comme le leur impose la Loi SRU. Tu parles ! Me rétorquerez-vous : ils n’en veulent pas, car ils savent où ça va les mener ! Auriez-vous tort ? Aujourd’hui, je pense que non : il est trop tard, et les choses sont trop dégradées, mais à une époque ce n’était pas le cas. Lors de leur construction dans les années 60, ces fameux quartiers étaient ultra modernes, et il faisait bon y vivre. Tous ces quartiers qui sont aujourd’hui délabrés, gangrénés par la misère sociale, la drogue, le chômage, la violence et la pauvreté, en leur temps, ils accueillaient des émigrés d’Algérie qui venaient travailler en France, dans le Bâtiment principalement, et ils reconstruisirent littéralement la France d'après-guerre. Ils cohabitaient avec les ouvriers français sans problèmes. La fameuse "mixité sociale" dont on nous rebat les oreilles, sans jamais l'appliquer aujourd'hui, elle existait à l'époque, et on n'en parlait jamais... Il y avait beaucoup de harkis aussi, réfugiés à Marseille après l'indépendance de l'Algérie, histoire de ne pas se faire exécuter par les vainqueurs pour "collaboration" avec l'ennemi français. Le gouvernement De Gaulle avait mis le paquet pour les accueillir, car il y avait tout intérêt. De Gaulle "les avait compris", vous vous rappelez ?
Mais cette solution de logement en HLM donc, devait être temporaire, comme le précise Alain Péraldi dans son ouvrage phare (que je vous conseille) « Gouverner Marseille ». Encore une promesse politique qui ne fut jamais tenue : ça devait être pour dix-vingt ans grand maximum, le temps de trouver une solution pérenne, mais ils en ont pris pour soixante ans. Et ça continue.
Conclusion ? C’est la lâcheté politique qui tue ces gamins depuis des années, plus sûrement qu’une rafale de kalachnikov, ou le vol d’un point de deal. Ce sont les promesses continuelles, non suivies d'effet, car à but électoraliste. C'est le mépris de ces "élites" pour les sans-dents qu'ils sont censés gouverner, ce mépris caractérisé par une vision apolitique de ces masses. Des masses qu'il convient d'imaginer, acculturées, grouillantes, et bêtes : pensez, ils oublieront très vite les promesses qu'on leur fait , comme d'habitude !
Jean-Claude Gaudin, celui par qui l’effondrement d’un immeuble sur la tête des pauvres est arrivé, dans la deuxième ville de « la sixième puissance économique mondiale », l’avait déjà dit il y a 30 ans : « je veux des gens qui paient des impôts dans le centre-ville de Marseille ».
Il a donc opéré une véritable ségrégation, en dégageant les crevards improductifs qui squattaient, selon lui, injustement le centre-ville, et en tentant plusieurs coups immobiliers particulièrement juteux sur le papier -mais désastreux pour les finances de la ville. A l’image de la Rue de La République, dont la requalification a coûté des milliards, et qui ne décolle pas, qui n'intéresse personne, ni les classes aisées qui en sont la cible (tu m'étonnes, à 800 000 balles l'appart à peine repeint en plein centre ville, sans places de parking ni crèche ni transports en commun, comment dire...), et surtout à cause de tous les autres problèmes laissés sous le tapis par cet incapable complètement hors-sol qui croyait qu’il suffisait d’attirer les entreprises dans une ville indigente à tous les niveaux, pour que « ceux qui paient des impôts » arrivent enfin remplacer les pouilleux dont on ne veut plus, mais dont on ne sait que faire. La poussière se désintègre toujours quand on la met sous le tapis, tout le monde sait ça. Non ?
Avec la bénédiction des gouvernements successifs, Gaudin et son clan ont donc confectionné une petite bouillabaisse merdique dont ils ont le secret, bouillabaisse "touillée", comme on dit par chez nous, durant plus de 25 ans, et bien évidemment avec l’aval des gouvernements de droite et « de gauche » successifs, y compris celui d’un certain Macron Emmanuel, à l’époque ministre de l’économie sous le mandat de la part de flan, et qui s’était pointé à Marseille en compagnie de l’inénarrable premier ministre Valls.
A l’époque donc, en février 2015 exactement, quelques heures avant la visite de la délégation de politiciens et journalistes, des tirs de kalachnikov en l’air (sans doute des tirs de bienvenue pour ce mauvais clone de Sarkozy) avaient retenti à la Castellane… Comme d’habitude, chacun y était allé de sa petite indignation, de son petit coup de menton martial et autoritaire (« inadmissible », « il n’y a pas de zone de non-droit en France », « nous sévirons », et blablabli et blablabla), mais au final, comme d’habitude, les huiles sont venues avec un cartable rempli de promesses (3 milliards pour Marseille ! Vous allez voir ! On est socialistes, ou pas ? Pas de soucis ! Et il est pas frais, mon poisson ?) puis sont reparties avec leur mépris, et rien, RIEN, ne fut fait ni débloqué. Ou plus exactement si : les sous furent en partie débloqués, mais les principaux concernés n’en virent jamais la couleur… allez savoir pourquoi ? Il faudrait peut-être demander à toutes ces associations gérées par les Guérinistes dans les quartiers, associations de façade, dont la principale mission est de pomper les subventions pour arroser ceux qui votent bien, et font voter bien, à chaque fois.
Et dans les écoles maternelles des quartiers les plus pauvres d’Europe (Belle de mai, Parc Kalliste, Félix Pyat, la Rose), les faux-plafonds continuèrent de tomber sur la gueule des bambins, et les rats de proliférer, et les chiottes cassées de déborder…Vous allez donc me rétorquer que là aussi, c’est la faute de ces mômes de 4 ans si les écoles tombent en morceaux, et sont insalubres au dernier degré ? C’est eux qui les dégradent, les écoles, c’est ça ? Ils sont responsables de ce qui leur arrive ?
Soyons sérieux quelques minutes. La vérité est bien plus triviale : selon que vous soyez riche et puissant, ou pauvre et misérable, la République vous prendra en considération, ou pour un moins que rien, votre vie durant.
La voilà, la vérité.
Et Macron, celui qui depuis 2017 est aux commandes, celui sous le mandat duquel 8 personnes ont perdu la vie dans un effondrement du taudis qui leur servait d’habitation, celui sous lequel, comme ses prédécesseurs, les meurtres, les règlements de compte, le business, ont continué, notre extraordinaire président se met donc en branle (pardon : En Marche !) à huit mois des élections, et revient promener sa fraise sur le Vieux-Port. Il croît vraiment que ça ne va pas se voir, là ?
On en arrive ainsi à cette situation plus que cocasse : un arnaqueur (Benoit Payan, celui pour qui personne n’a voté comme maire, et qui se retrouve dans le fauteuil à l’issue d’un tour de passe-passe digne de Houdini) rencontre un éborgneur (mais aussi arracheur de mains, privatiseur, ami des marchés et des banque). Qu’est-ce qu’ils ont bien pu se dire ? Ah mais moi, je sais : "Salut Manu, ça gaze ? Pas trop dur, la crise, les manifs antipass, tout ça ? Tiens, tu veux te détendre ? Je vais t'emmener au zoo, tu verras, tu vas rencontrer des spécimens magnifiques, et en plus ils sont tous en liberté ! Ca te tente ? "
En fait c'est bien plus terre à terre que ça. On me souffle dans l’oreillette, d’une source autorisée et bien informée, que le P« S » dont fait toujours partie le bébé Guérini Benoît Payan, n’en peut plus de lui et de ses magouilles. Il faut dire qu’il s’est fait quelques solides ennemis chez les potentats locaux, forcément en ayant la sale habitude de les poignarder dans le dos, même si celui-ci est trèès large, au bout d'un moment ça finit par agacer…n’est-ce pas Monsieur Menucci ? Le P « S » donc, et plus particulièrement son antenne marseillaise, s’active en coulisses pour lui régler son compte, mais le Benoît, contrairement à ce que son prénom laisse supposer, est tout sauf idiot…il prépare ainsi sa sortie en vue de la présidentielle, et son ralliement à la macronie.
Les communistes qui se sont alliés avec lui dans le micmac du Printemps Marseillais, curieux attelage allant de la gauche de la gauche à la gauche du centre de la droite (ne vous inquiétez pas, c'est dur au début mais on s'y fait à la longue), bricolé en vue d’emporter les dernières élections face à des électeurs méfiants après 30 ans de duo Gaudin/Guérini, doivent être les plus heureux du monde, pensez : ils travaillent et collaborent avec quelqu’un qui va rallier leur pire ennemi. Cocus, vous avez dit ? Allez, rassurez-vous, y a toujours pire : sans aller en Syrie, ou en Afghanistan, vous pourriez vous retrouver à assister, aux premières loges, au 398ème règlement de comptes, où des gamins de quatorze, dix-sept ou vingt ans continuent de crever d’une indigestion de balles, tout ça pour avoir le privilège de vendre du rêve en barrettes et en poudre aux gosses aisés des beaux quartiers.
Y a pire. Toujours. Estimons-nous donc heureux.
Que dire de plus ?
J’habite cette ville, j’y vis pour raisons professionnelles, mais finalement je suis comme beaucoup de monde : je n’en peux plus. Je n’en veux plus.
Et pourtant, je l'ai aimée, cette ville. J'y ai fait énormément de choses. Mais je ne pense qu'à une seule chose désormais : ME CASSER.
Parce que chaque jour, j’observe le fait que rien, rien ne changera, jamais. Les politicards continueront de politiquer, les travailleurs de travailler et de subir, et les gamins de quinze ans de dealer-et, accessoirement, de finir comme leur idole, Al Pacino dans Scarface. On les voit souvent avec le tee-shirt.
IAM, groupe précurseur, phare et culte du rap hexagonal, l’avait déjà dit il y a plus de vingt ans : les problèmes étaient déjà là, c’étaient les mêmes, et les promesses aussi. Et rien ne changeait, car à l'époque, on dénonçait une situation qui existait depuis plus de vingt ans, aussi.
Rien n’a changé. Rien. Depuis 50 ans c'est le même cinéma.
Et ils ne feront jamais rien changer : quand je vois que durant le confinement, sans les associations qui ont permis à ces cités de ne pas crever de faim, il n’y aurait RIEN eu. RIEN. J'ai distribué des colis alimentaires à des familles qui pleuraient en me remerciant, des personnes qui avaient perdu leur taff, à cause de l'enfermement. Des personnes sur le fil, qui y arrivaient juste, chaque fin de mois, histoire de tenir, pas plus.
Il ne faut pas se leurrer : les dealers et autres racailles ne représentent qu’une infime minorité de ces quartiers. Les chiffres de la Préfecture sont éloquents : il suffit en général de 1 à 2% de voyous, pour que tout un quartier en pâtisse. La grande majorité des habitants de ces cités, sont des gens qui essaient juste de survivre : mères célibataires, femmes de ménage, étudiants précaires, familles certes nombreuses mais parfaitement intégrées. Je sais que ce que je dis là fera sans doute bondir beaucoup de personnes, mais c’est ce que j’observe tous les jours.
Pas comme un abruti de Zemmour, qui fantasme mais n'a jamais mis un pied dans ces quartiers.
Jamais.
Et voir un comédien se ramener à huit mois des élections, alors qu’il a fait exactement comme ses prédécesseurs auparavant, depuis des années, me révulse autant qu'un Zemmour qui habite les beaux quartiers, mais qui ne comprend pas ce que nous vivons. Qui ne veut pas le comprendre.
Car le but n'est pas de le comprendre, donc par enchaînement logique d'y mettre fin : c'est de l'utiliser, comme tremplin politique.
En fait, c'est vraiment tous les mêmes. Ils ne pensent qu'à leur carrière, pas au pays, ni aux gens qui essaient de s'en sortir et qui y vivent.
Le pire, c’est que Manu le fossoyeur, celui qui fait fermer les centres de Sécu, de la CAF ou de la Poste, dans ces quartiers abandonnés de tout et de tous, Manu lui, il aime vraiment Marseille, on dirait. Il n’arrête pas de le répéter.
Normal. Il n’y habite pas.
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