Bras de fer égypto-éthiopien autour du barrage La Renaissance : Et si la clé de la crise se trouvait à Riyad ?
L’armée et les services égyptiens sous la présidence de l’islamiste Mohamed Morsi mort le 17 juin 2019 devant au tribunal devant ses juges avaient menacé de bombarder le barrage La Renaissance construit sur le Nil, son tombeur et successeur le général al-Sisi, moins belliciste, a tantôt rameuté la Ligue arabe pour soutenir la position de l’Égypte qui voit dans cet ouvrage hydraulique un danger pour sa sécurité nationale tantôt appelé le Conseil de sécurité à trancher le différend, tantôt demandé à son « copain » Donald Trump pour faire pression sur Addis-Abeba… Vainement.
L’armée et les services égyptiens sous la présidence de l’islamiste Mohamed Morsi mort le 17 juin 2019 avaient menacé de bombarder le barrage La Renaissance construit sur le Nil. son tombeur et successeur le général al-Sisi, moins belliciste, a tantôt rameuté la Ligue arabe pour soutenir la position de l’Égypte qui voit dans cet ouvrage hydraulique un danger pour sa sécurité nationale tantôt appelé le Conseil de sécurité à trancher le différend, tantôt demandé à son « copain » Donald Trump pour faire pression sur Addis-Abeba… Vainement. Rien n’y fait. L’Éthiopie continue de finaliser ce grand barrage et procède à son remplissage comme elle l’avait annoncé maintes fois. Un entêtement qui détonne et étonne face à l’Égypte qui possède la plus puissante armée du continent et du monde arabe ! Puissance militaire à laquelle il faut ajouter celle du voisin soudanais qui s’estime également concerné par ce barrage qui traverse son territoire et irrigue ses terres. Même l’Union africaine, après plusieurs rounds de négociations, peine à trouver une solution acceptable par les trois protagonistes. Quelle hardiesse de la part d’un pays dont le nom était synonyme de famines et d’épidémies meurtrières depuis le IXème siècle jusqu’à 1984-1985, deux années de grande sécheresse. Un fléau récurrent que ce grand barrage va éliminer en permettant le décollage économique du pays jurent les officiels éthiopiens. Ce que comprennent les dirigeants soudanais et égyptiens à condition que ce décollage économique ne se fasse pas aux dépens de leurs pays respectifs, ces deux pays dépendant grandement des eaux Nil pour leurs agricultures grandes pourvoyeuses d’emplois…
Mieux, cette audace éthiopienne et son entêtement à poursuivre la finalisation de ce qui est considéré comme étant plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique (projet annoncé le 31 mars 2011 qui a démarré le 28 mai 2013) dont la construction devrait durer jusqu'en 2022 s’accompagne, à demi-mots, de riposte militaire appropriée à toute attaque égyptienne. Mais que l'on ne s'y méprenne pas, derrière l’audacieuse éthiopienne il y a forcément un Big-Brother protecteur et ce n’est ni la Russie ni les Etats-Unis ni Israël. Le parrain s’appelle Arabie saoudite. Le royaume wahhabite craint pour sa sécurité alimentaire et ne veut pas assécher sa nappe phréatique pour des cultures trop gourmandes en eau comme le riz d’autant que dans ce pays pétrolifère près de 88% de l'eau consommée est dédiée à l'agriculture ! D’où la sous-traitance d’une partie de son agriculture à des pays bien lotis en ressource hydrique et affidés à Riyad : l’Éthiopie. Laquelle Éthiopie ne peut qu’être reconnaissance à une Arabie saoudite qui reçoit des dizaines de milliers de ses chômeurs et qui ne soutient plus, comme elle le faisait entre le années 1970 et 1980, le mouvement de libération érythréen alors en guerre contre son voisin éthiopien. Parmi les courtisans qui font office d’interface entre les régimes saoudien et éthiopien, l’homme d’affaires saoudo-éthiopo-britannique Mohamed Cheikh Hussein Ali al-Amoudi (de mère éthiopienne et de père yéménite) qui pèse selon Forbes plus de 10 milliards de dollars. Lorsque al-Amoudi a été arrêté en Arabie saoudite et enfermé avec d’autres milliardaires saoudiens, (accusés par les sbires du prince héritier MBS d’avoir escroqué l’État saoudien) au Ritz Carlton de Riyad durant plusieurs mois il sera finalement libéré après avoir accepté de se délester d’une bonne partie de sa fortune en faveur de MBS… Mais cette libération a été accélérée par l’intercession personnelle auprès de la cour saoudienne du premier ministre actuel d’Éthiopie le musulman Abiy Ahmed Ali (de père oromo-musulman et de mère amhara chrétienne orthodoxe) qui savait que le milliardaire al-Amoudi était le pote de son prédécesseur Meles Zinawi. Décédé à Bruxelles le 20 août 2012, ce dernier avait facilité les projets agricoles et aussi miniers de al-Amoudi en réprimant dans le sang les habitants de la fertile région du Tigré qui ont refusé d’être déportés pour que al-Amoudi y aménage ses rizières… Reste à savoir si le général al-Sisi saura convaincre les Saoudiens de faire pression sur l’Ethiopie.
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////// A présent revoici un article que j’ai publié sur le sujet sous le pseudo Karim El Maghribi le 13 juin 2013. Sous le titre « Pourquoi l’Égypte de Al Sisi ne menace plus l’Éthiopie à cause du Barrage ‘la Grande Renaissance‘ », cet article est toujours d’actualité et recèle des clés pour comprendre le problème : Beaucoup d’eau est passée sous les ponts depuis la destitution et l’emprisonnement du président islamiste d’Égypte Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013. Mais aussi entre les fissures des barrages… Même quand ces derniers ne sont encore qu’un projet ! Je m’explique : Avant que la tension ne retombe entre Le Caire et Addis-Abeba au lendemain de la destitution du président égyptien Morsi par l’armée, les observateurs des relations égypto-éthiopiens craignaient chaque jour que les deux pays n’entrassent dans une guerre destructrice. La raison en était que l’Éthiopie qui avait besoin de plusieurs millions de m3 d’eaux supplémentaires pour irriguer les immenses cultures, notamment rizicoles, du saoudo-éthiopien le Cheikh Mohammed Hussein al-Amoudi avait unilatéralement « engagé, le 28 mai 2013, une déviation sur le Nil Bleu, en vue de la construction d'un important barrage hydroélectrique dénommé « Grande Renaissance. » Une initiative qui n’avait pas été du goût du Caire. Le Nil Bleu rejoignant le Nil Blanc au Soudan, avant de former ce Nil qui irrigue la terre et les cultures égyptiennes depuis l’époque des pharaons. La colère des Égyptiens était telle que Le Figaro, du 6 avril 2013, écrivait que « Plusieurs politiciens islamistes égyptiens, réunis par leur président, Mohammed Morsi, ont envisagé, lundi lors d'une émission en direct sur la télévision publique, tous les actes de guerre susceptibles de stopper la construction du barrage sur le Nil Bleu engagée par l'Éthiopie. » Et le quotidien français d’ajouter, citant un membre du parti Nour (qui a remporté environ 25% de sièges au Parlement lors des élections de la fin 2011 et début 2012), que « Parmi les responsables de partis islamistes, convoqués lundi par le président Morsi, Younis Makhyoun a proposé d'armer les rebelles en Éthiopie, en jouant sur les dissensions tribales et ethniques, avant, en dernier ressort, de détruire le barrage. L'Éthiopie, a-t-il analysé, est +fragilisée+ par plusieurs mouvements de rébellion. On peut entrer en contact avec eux et les utiliser comme une carte dans la négociation avec le gouvernement éthiopien. Si tout échoue, il n'y aura pas d'autre choix pour l'Égypte que d'utiliser ses services secrets pour détruire le barrage. » Mais comme par enchantement, toutes ses menaces bellicistes se sont volatilisées dès que Morsi a été viré et écroué. Logiquement on peut supposer que la volte-face du nouveau pouvoir égyptien s’expliquait par cette tradition bien arabe qui veut que le successeur démente tous les projets de son prédécesseur sans exception. Il y a un peu de ça mais ça n’est explique pas tout. Pour que Le Caire - post Morsi - dont le territoire est composé à 96 % de désert pour 84 millions de becs à nourrir renonce à ce qu’elle considérait il y a encore quelques semaines comme une question nationale vitale il fallait qu’un poids lourd pèse dans la balance en faveur d’Addis-Abeba. Ce poids lourd n’est que le saoudien, d’origine éthiopienne (1), le cheikh Mohammed Hussein al-Amoudi (de père saoudien d'origine yéménite de Hadramout et de mère éthiopienne). Ce dernier qui a acheté pratiquement toute l’Éthiopie avec ses terres fertiles et ses mines aurifères surtout depuis que son ami Meles Zenawi est arrivé à la tête du gouvernement, le 23 août 1995 (mort le 20 août 2012), a en effet besoin de ce barrage La Grande Renaissance (Annahda) pour irriguer ses rizières dont il exporte toutes les récoltes à son 3e pays d’adoption, l’Arabie saoudite, où il s’est établi en 1963. D'ailleurs pour prouver son affection pour cet ouvrage hydraulique il a mis 90 millions de dollars dans son budget. De son côté, l'Arabie saoudite qui outre sa haine - récente - des Frères musulmans, a grandement besoin de ce riz, surtout qu’elle a décidé, ces dernières années, d’abandonner toute agriculture grande consommatrice d’eau pour préserver sa nappe phréatique, mise à mal par plusieurs années de révolutions agraires… Comment on peut l’imaginer, Mohamed Hussein al-Amoudi qui a ses entrées dans la cour wahhabite n’a pas eu grand mal à persuader Riyad et par ricochet les autres capitales du Golfe de convaincre le nouveau régime de Al Sisi de renoncer à ses menaces contre Addis-Abeba quant à ce projet litigieux du barrage. Mais tout à un prix. Le cadeau pour le renoncement est une méga aide de près de 28 milliards de dollars dont une partie en nature (gaz, pétrole, des dizaines de milliers de vaches laitières…) Seulement cette victoire du clan cheikh al-Amoudi est en réalité sursitaire. Si la deuxième fortune saoudienne, selon Forbes, est parvenu à acheter toute l’Éthiopie et ses gouvernants depuis 1995 à coup de bakchich, à convaincre le Caire d’abandonner ses menaces contre Addis-Abeba et « américaniser » une Éthiopie traditionnellement communiste, il n’en demeure pas moins que le pays du Négus reste un terrain miné pour l’homme d’affaires. La jeunesse éthiopienne lui est en majorité foncièrement hostile notamment à cause des déportations forcées de populations que ses projets agricoles et miniers ont causées (2). Ce n’est qu’une question de temps… (1) Son père est originaire de la région de Hadramout au Yémen comme Jamal Ahmed Mohamed Jamal Ba-Amer, le directeur général de la raffinerie la Samir, filiale de Corral Holdings Petroleum AB, autre propriété de Mohammed Hussein al-Amoudi. La Samir se trouve à Mohammedia au Maroc. Hadramout se compose des mots arabes hadra (présente) et maout (mort). Le nom de la ville signifie donc « Mort présente », ce qui n'est pas faux vu le nombre de terroristes qui y vivent. (2) La formule « 2 en 1 » du cheikh Hussein Al Amoudi : Vous l’avez compris, nombre de formes de cancers que la Fondation Hussein al-Amoudi s’emploie, devant les caméras, à guérir, pour soigner en même temps l'image du cheikh, ce sont des matériaux comme l'arsenic, utilisé dans les mines (Midroc holding), notamment d’or, appartenant au même cheikh al-Amoudi, qui les ont provoqués !
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