Συγχαρητήρια Ελλάδα ! Bravo la Grèce !
C'est ici que les Athéniens s'atteignirent...et que l'on attrapera les Satrapes.
Mais les grecs ont aussi raison de dire que la rigueur qu'on leur impose est sans issue puisque leur PIB baisse : on pourrait dire qu'on veut les guérir en les faisant mourir !
Une énorme arnaque, de dimension mondiale, touche aussi à sa fin ! Celle du libre échange avec des pays pauvres, comme annoncé par Maurice Allais, dénoncé aussi par Pierre Calane, polytechnicien, fondation pour le Progrès de l'homme : "Déraillement des Démocraties par la mondialisation de l' Économie" (9 10 93 La Croix)

A l'issue des 105 jours que dura la Guerre d'Hiver de 1939-1940 durant laquelle le Maréchal Carl Gustav Emil von Mannerheim défendit âprement son pays contre la Russie soviétique, la Finlande sortit du conflit à genoux, épuisée, mais elle était libre.
Aujourd'hui 5 juillet 2015, la Grèce est elle aussi à genoux. Son économie est effondrée. La Grèce est ruinée mais elle sort libre et victorieuse de l'inique sujétion qu'ont tenté de lui imposer depuis 2010 cette trinité impie que représentent le FMI, la BCE et la Commission Européenne, cette « Troïka » initiatrice d'un véritable coup d'Etat financier auquel un coup d'arrêt vient d'être donné.
http://www.troikawatch.net/fr/cest-quoi-la-troika/
On sourira peut-être à l'idée d'un Alexis Tsipras comparé au Mannerheim Grec, mais l'image est dans le droit fil de ces gens qui ont su, tel Eleftherios Venizélos, conduire un temps leur pays dans la tourmente.
I - Constater
Le référendum arrive après cinq mois de discussions finalement infructueuses, entre le gouvernement grec, formé fin janvier 2015 par la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras et le parti de droite souverainiste ANEL, et les créanciers du pays menés par l'ex-Troïka : l'UE, le FMI et la BCE.
Ceux-ci ont accordé à la Grèce depuis 2010 240 milliards d'euros d'aide ou promesses de prêts, mais n'ont rien versé depuis près d'un an, le gouvernement grec refusant en effet de consentir en échange à certaines réformes qu'il estime socialement trop difficiles.
« Faut-il accepter le plan d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l'Eurogroupe du 25 juin ? », telle était la question à laquelle ont répondu par la négative près de 61 % des 10 millions de Grecs en ce dimanche 5 juillet 2015.
Le gouvernement du premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras a prôné le non. Il a été largement entendu.
Quelle sera la situation au soir du référendum ? demandait-on récemment à Pascal Lamy, ancien directeur de l'OMC, lequel répondait ceci :
« Si le non l’emporte, Tsipras aura réussi son pari en se donnant davantage de poids politique dans la suite de la négociation. Mais si le oui gagne, ce qu’il faut souhaiter (sic), il sera marron, parce qu’il a lui-même choisi de soumettre à référendum des conditions plus dures que celles auxquelles les Européens étaient d’ores et déjà ralliés ; et son discours sur les « créanciers avides »n’aura été qu’un coup de théâtre de plus. N’oublions pas que la Grèce a inventé la dramaturgie, qui fait partie de la culture européenne. »
Propos scandaleux.
On aura bien évidemment eu droit à toutes les déclarations possibles des partenaires européens quelque peu cueillis à froid par l'annonce d'une consultation démocratique à l'encontre de laquelle ils auront manifesté la plus vive répugnance (« Nous n'avons pas le choix en ce qui concerne ceux qui représentent un pays et nous considérons tous les gouvernements dûment élus comme le partenaire légitime dans les négociations », a ainsi déclaré Mme C. Lagarde, directeur du FMI, après en avoir appelé au mois de juin à un « dialogue avec des adultes autour de la table »), n'en pouvant plus d'être obligés de traiter avec des interlocuteurs qu'ils ont toujours considérés comme des moins que rien.
« Aujourd'hui, comme l'a aussi déclaré Y. Varoufakis, ce que veulent Bruxelles et la « Troïka », c'est que le oui gagne pour pouvoir ainsi humilier les Grecs », le ministre des finances Grec accusant à juste titre ses opposants de vouloir faire de « la Grèce un exemple pour les autres » à l'heure où en Espagne le parti de gauche radicale Podemos, allié du parti grec Syriza, gagne en force à l'approche des élections législatives.
« Je crois que dans toute l'Europe il y a besoin de partis comme Syriza et Podemos, des partis à la fois critiques à l'égard du système mais en même temps pro-européens et démocrates. Ceux qui nous détestent veulent nous faire passer pour anti-européens, mais non, ce n'est pas vrai, nous ne le sommes pas », a-t-il encore déclaré.
Personne n'écoutant personne, l'aveuglement des Institutions créancières aura même écarté des analyses aussi censées que celle fournie par Hans-Werner Sinn, président de l'institut de conjoncture de Munich (Ifo), favorable depuis longtemps à la sortie de l’euro pour la Grèce.
http://www.tdg.ch/monde/europe/euro-pays-serait-deja-remis-rails/story/25121403
Voir aussi l'intéressante analyse de Jacques Sapir ci-après :
http://russeurope.hypotheses.org/4043
Que faire face au Non des Grecs ? Mais se réjouir de ce résultat, pardi ! Certes, une réunion des directeurs du Trésor de la zone euro aura eu lieu mardi, au surlendemain du référendum et face au refus probablement massif des mesures prônées par les créanciers du pays. Cette réunion de l'Euroworking group est l'instance préparatoire aux rencontres des 19 ministres des Finances de la zone euro. Il n'en sortira rien.
II - Assainir :
Dès lors, si j'étais Alexis Tsipras, bénéficiant désormais d'une légitimité politique renforcée, voici les questions que je poserais immédiatement à mes partenaires européens :
- Allez-vous choisir d'assumer l'effondrement d'un pays de cette zone euro qui est désormais morte et envisagez-vous sérieusement d'en rejeter la responsabilité sur les Grecs ?
- Allez-vous passer la Grèce et sa dette par pertes et profits d'une politique en faillite ou envisagez-vous de discuter sérieusement d'un changement de paradigme destiné à refonder complètement les bases éonomiques, politiques et sociales de l' Union européenne ?
- Acceptez-vous la manifestation démocratique d'un pays souverain ou envisagez-vous de contester la manifestation de volonté d'une nation par le biais de manœuvres de subversion ou tentative de coup d'Etat ?
Connaissant le contenu probable des réponses à ces questions - entendez-vous les cris de rage de tous ceux qui, à l'instar du minable petit personnage qui a osé adresser des leçons de conduite et un ultimatum au dirigeant grec et rêvent pour la Grèce d'un chaos sur les modèles qu'ont connus le Chili et l'Argentine ? - je poursuivrais sur ma lancée en frappant un grand coup, histoire de clarifier la donne et les idées.
Je rappellerais l'historique des relations de la Grèce avec l'UE, pointant les errements respectifs imputables à la Grèce comme à l'Europe -, puis, mettant en exergue les responsabiltés des fossoyeurs de mon pays, excipnt de la souveraineté de la Grèce, je lancerais des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de toute cette clique de gangsters financiers dont certains sont inconnus du grand public et avec lesquels il serait désormais exclu de traiter : C. Lagarde, W. Schäuble, J. Dijsselbloem, J-C. Juncker, M. Draghi, D. Costello, K. Masuch, R.Goyal, R. Rueffer...
Ennemis acharnés qui n'auraient eu aucun scrupule à pousser des cris de joie en cas de « oui » au referendum, relayés par des media qui sont pour la plupart d'entre eux les fidèles chiens de garde d'un système arrivé en fin de course, tous ces gens ne sauraient en effet demeurer dans la course et être considérés comme des partenaires sérieux pour envisager de discuter d'un avenir immédiat de la Grèce, leur félonie commune étant à la mesure de leurs agissements proprement criminels à l'encontre du peuple Grec.
Chacun a parfaitement compris la nécessité, cette fois-ci, de discuter sérieusement avec un Etat dont on aura oublié qu'il était avant tout souverain.
http://www.tdg.ch/news/standard/scenarios-apresreferendum-grece/story/24472863
Et pourtant rien n'est moins sûr car, soyons-en persuadés, la victoire du referendum ne règle rien sur le fond, de manière immédiate tout au moins.
La réaction de mauvais joueurs sera vérifiable dans les prochaines heures.
En effet, ce qui est en jeu n'est pas la situation financière de la Grèce mais bien au contraire et principalement le « très mauvais signal » qu'elle vient d'envoyer en suggérant à d'autres pays européens, voire même à des observaturs très attentifs comme la Chine et la Russie, que l'avenir de la construction européenne pourrait bien être repensé et repartir sur d'autres bases.
Le laboratoire d'expérimentation que l'on a voulu faire de la Grèce en lui faisant subir une version inédite de cette Stratégie du Choc, cette « montée d'un capitalisme du désastre » décrite par Naomi Klein, vient de livrer des résultats inattendus.
http://www.actes-sud.fr/catalogue/economie/la-strategie-du-choc
L'onde de choc commence : l'ex-Premier ministre grec Antonis Samaras, chef du principal parti d'opposition grec, Nouvelle Démocratie (conservateurs), annonce dimanche soir sa démission, après la victoire massive du non au référendum. "Je comprends que notre parti a besoin d'un nouveau départ, dès aujourd'hui je démissionne de la direction", indique Antonis Samaras, qui avait été Premier ministre au pic de la crise, entre juin 2012 et janvier 2015, avant d'être battu par l'actuel Premier ministre Alexis Tsipras.
Sayonara et bon débarras !
(A suivre)
Références :
Klaus Masuch BCE http://www.broadsheet.ie/2012/01/19/vincent-browne-vs-troika-the-transcript/
Rishi Goyal FMI
Jamais assez https://www.imf.org/external/np/speeches/2014/070914.htm
Rasmus Rueffer
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