C’est la trêve des confiseurs et le second marronnier des journaux est déjà rédigé et prêt à être publié. Contrairement au bilan de l’année écoulée, qui peut encore être corrigé avant publication, compte-tenu des derniers événements, l’anticipation de l’année qui arrive ne sera pas amendée par une mise à jour du futur. D’ailleurs, j’aurais pu très bien écrire cette prospective il y a deux mois. Que sera l’année 2012 ? Un prophète ne pourrait même pas répondre, ni un visionnaire. Il se peut bien qu’une banale prospective accompagnée de métaphysique puisse répondre. La métaphysique, parlons-en justement.
Philippe Grasset, auteur qui ne manque pas de pertinence, situe 2012 comme devant être une année métaphysique, marquée par l’effondrement du système qui n’a pas « encore » eu lieu en 2011. Déchaînement de la matière pense-t-il. C’est une manière de voir que je ne partage pas. La matière, même si elle est intelligible, ne gouverne jamais l’Histoire. Grasset évoque pour éclairer sa thèse un héritier de Maistre en la personne du prétendant républicain amené à concourir lors des caucus, un certain Ron Paul, connu pour ses prises de position contre l’Etat fédéral et ses options libertariennes non exemptes d’un « délicat » zeste de fondamentaliste chrétien. Ron Paul pourrait déclencher une tempête populiste en attisant notamment les excitations d’un Tea party très soucieux de baisses d’impôt. Cette hypothèse est intéressante à analyser. Quelques arguments pour la contrer. La comparaison avec Joseph de Maistre paraît bien hasardeuse car ce penseur réactionnaire paraît européen mais bien loin de l’Amérique des Jefferson et des Monroe. Ensuite, un candidat anti-système ne peut rien faire tant le système est compact. Un président élu finit par épouser le courant inertielle des puissances établies, pouvoirs et techniques. La matière est surtout une puissance d’inertie et si la matière détermine l’année 2012, ce sera sous le signe de l’enlisement.
2012 verra se dérouler des élections dans quatre pays d’importance majeure, la Russie, les Etats-Unis, la France et la Chine. Quel changement espérer ? Il est probable que Barack Obama soit réélu. Un président américain républicain ne changerait pas pour autant le cours de l’Histoire. La colossale dette fédérale sera son principal souci. L’élection attendue de Vladimir Poutine ne changera pas une politique russe intérieure et extérieure bien rodée depuis une décennie. Mensonges, terreur et oligarchie à l’intérieur, arbitrage entre Occident et Asie sur la scène mondiale. En France, François Hollande s’appliquera à sauver le modèle social français et si c’est Nicolas Sarkozy qui rempile pour un second mandat, alors il se donnera le même objectif avec comme principal enjeu le règlement de la dette française et la difficile gestion de la politique européenne. Et la Chine ? On ne sait pas qui sera placé au pouvoir. Il y aura un congrès du parti communiste fin 2012 et l’élection (pas démocratique) d’une nouvelle équipe dirigeante. Qui poursuivra les réformes économiques dans la continuité du tournant de 1979. La croissance se poursuivra en dépit des tensions sociales et des dégâts environnementaux. Et les Etats-Unis seront copains avec la Chine, bien qu’animés de sentiments contradictoires sur cette Chine qui suscitait beaucoup d’espoirs américains dans les années 1930 mais qui est vue d’un œil différent depuis que les States se prennent pour le gendarme du monde.
En France, une préoccupation majeure. Sachant que les comptes publics seront déficitaires fin 2012, comment emprunter à taux préférentiel sur les marchés si la notation des agences n’est pas favorable ? En Italie ou en Espagne, c’est pareil. Cette spirale est infernale. Non seulement les Etats doivent emprunter pour financer les dépenses courantes mais aussi pour rembourser les emprunts contractés il y a des années. Les indignés de la planète ne changeront pas le monde. Ils occuperont la rue selon le bon vouloir des autorités et sous le contrôle des polices nationales. Les indignés sont visibles mais minoritaires. Ils ne feront pas l’Histoire mais ils pourront éventuellement y contribuer. A une Histoire qui s’achève ? Oui, pourquoi pas cette facétieuse idée. Quant aux citoyens, ils participent par leur passivité à l’enlisement du système. Que peuvent-ils faire étant donné que leur entendement est sérieusement altéré par tous ces messages de propagande durable, de peurs diffuses terroristes et économiques, de craintes sanitaires et climatiques ? Un citoyen qui a peur ne peut pas participer au changement de système. En plus d’être inquiets, les citoyens n’ont plus d’espérance. C’est dans leur nature. On les a fabriqués comme ça et c’est une bonne chose pour le contrôle du système ou plutôt, ils se sont fabriqués ainsi, s’intoxiquant avec des produits culturels faciles et des informations servies pour des entendements dociles. Ces messieurs de la trilatérale n’en espéraient pas autant lorsqu’ils lurent le fameux rapport de 1975 rédigé entre autres par Samuel Huntington et Michel Crozier.
Fabriqués ou pas, les Occidentaux moyens espèrent juste que le système continue à fonctionner, offrant au plus grand nombre une sécurité physique et économique. Du moment que le jeu offre des lots à la plupart, chacun tente de gagner un peu et se motive pour trouver sa place. La BCE a sécurisé les banques pour trois ans. L’Occident s’enlise, les pays émergents continuent à se développer, l’Afrique se cherche et sur le pourtour de la Méditerranée, les zones les plus instables risquent de se signaler en cette année 2012. La Libye est en état de chaos politique, comme l’Irak et dans une mesure moindre la Syrie, alors que l’Egypte est sous tension, le Liban imprévisible, l’Iran secret et mystérieux autant qu’incertain et Israël entêté dans sa conquête de territoires, niant les droits des Palestiniens tout en affirmant sa force, menaçant face à l’Iran, le tout avec l’appui des Américains qu’on commence à trouver un peu douteux. Bref, de quoi engendrer une explosion mais ce n’est pas obligatoire. Les apparences sont parfois trompeuses. On ne sait pas ce qu’il y a derrière la comédie de guerre qui se joue par communiqués interposés. Ainsi va la société du spectacle et de la mise en scène.
Le lecteur l’aura compris, en 2012, il ne se passera rien d’important sauf d’éventuels fâcheux événements au Proche-Orient. Le monde suit son cours et l’Europe s’enlise inexorablement malgré de substantiels atouts. Parmi les causes, l’incapacité des citoyens et ce paradoxe de l’information qui n’a jamais autant circulés alors que les individus sont ignorants des réalités scientifiques, économiques et politiques. Les citoyens sont en état d’incapacité intellectuelle et d’individualisme profiteur. Les gouvernants se divisent entre incapables et arnaqueurs. 2012 signera la poursuite de l’enlisement européen. Sombres perspectives mais l’Europe n’en est pas au stade de l’Union soviétique des années 1980. L’essentiel sera de chercher la lumière où qu’elle se trouve. Et pour tous ceux qui la trouvent, il se sera passé une chose importante en 2012.
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Votre article ressemble fort à un
inventaire à la Prévert, version ‘’résigné’’
Quant aux citoyens, ils participent par leur passivité à
l’enlisement du système. Que peuvent-ils faire étant donné que leur entendement
est sérieusement altéré par tous ces messages de propagande durable, de peurs
diffuses terroristes et économiques, de craintes sanitaires et
climatiques ? Un citoyen qui a peur ne peut pas participer au changement
de système. En plus d’être inquiets, les citoyens n’ont plus d’espérance. C’est
dans leur nature.
Effectivement, comme vous le
soulignez, une grandemajorité du
peuple est d’une soumission ‘’exemplaire’’ à l’autorité. Soumission conséquente
de la couardise, de la lâcheté et la peur associée à un égocentrisme poussé
jusqu’à l’adage « Tant que j’aurais quelque chose dans mon frigo, je
fermerai ma g….. »
Comment expliquer qu’une minorité
d’individus dotés d’une échelle de valeurs diamétralement opposées, nourrit un
idéal, un sens à ce passage terrestre empreint d’une dose de métaphysique dont
l’ontologie prédomine en leur esprit ? Que leur chemins sont différents et décalés !
Entre le lâche dominé par
l’instinct de possession d’une maison, d’une voiture si possible d’une
catégorie supérieure à celle du voisin, du dernier écran plat, de l’I Pad, I
Pod, etc… Survivant dans l’illusion de liberté, alors qu’il s’enferme lui-même
dans sa ‘’prison dorée’’ en donnant les clésaux psychopathes dirigeants.
N’y a-t-il pas inadéquation entre
cet individu dépourvu de vie intérieure et persuadé que l’inconscient n’existe
pas, et l’autre. Minoritaire certes, mais construit inversement.
Parfaitement détaché et
imperméable à cette ‘’course à l’échalote’’. Possédant le minimum matériel, le
minimum d’adhésionà la société
telle qu’elle est imposée. Une sorte de masque genre anonymous, permettant de
garder un pied sur ce fil invisible et fragile qu’est l’équilibre, tout en
étant conscient de son propre point de rupture conduisant au basculement dans
la révolte. Certains préférant mourir debout que survivre à genoux en esclave.
Ne pensez-vous pas que le mal qui règne sur cette planète provient de la
nature, de la substance même de l’être humain ?
Ne pensez-vous pas que
l’explication serait génétique ?
"
Le lecteur l’aura compris, en 2012, il ne se passera rien d’important sauf d’éventuels fâcheux évènements au Proche-Orient« .vous vous mettez donc à prophétiser alors que quelques lignes plus haut vous écrivez »Un prophète ne pourrait même pas répondre, ni un visionnaire« . Philippe Grasset n’est pas forcément une référence à prendre .Paul Krugman ou Paul Jorion sont des économistes de réputation internationale et ne voient pas les choses de cette manière.Quant à l’utilisation des termes »métaphysique« et »ontologie" ,il faut savoir les utiliser a bon escient.
Certains philosophent trop pour essayer de comprendre le pourquoi du comment et surtout pour savoir qui a peur, qui se méfie et pourquoi.
Personnellement j’ai un outils mathématiques, donc scientifique, pour savoir qui a peur.
On sait par exemple que la classe moyenne française n’a plus confiance dans le lendemain puisque l’assurance vie des français atteint 1400 milliards d’euros. Sans parler de tous les autres types d’épargnes, ça devrait dépasser les 3000 milliards en tout.
Ce chiffre traduit aussi le développement de l’égoïsme et de l’individualisme dans la société. Cette argent pour la plus grosse partie est investit dans les obligations d’état ......
Cet argent assurent aux banques et aux assureurs les capacités de spéculations qui leur faut, et engrange des intérêts colossaux pour les actionnaires, qui à leur tour s’octroient tous les marchés, y compris les services publiques qu’ils continuent de guetter.
La classe moyenne veut faire fructifier ses sous dans les banques et les assurances au lieu de les voir investit dans les écoles, la santé, les retraites. Mais le malheur, c’est que les états ont institué et encouragé tout ça !! Comment est ce possible : parce l’état est un agent indépendant de la volonté citoyenne.
Plus l’état perd ses moyens, plus la confiance des citoyens s’amenuise et plus la peur du lendemain grandit et plus les banquiers et les actionnaires prospèrent, ce qui affaiblit encore plus la collectivité, càd l’état.
Vive le marché, vive la publicité, vive la liberté du commerce, vive la liberté de parler pour parler, c’est la démocratie.
Je reste tout de même confiant. Il y a des signes qui ne trompent pas, notre humanité (notre amour, notre générosité, notre capacité à voir la valeur inestimable dans la Vie qui anime les êtres) est puissante.
18 millions de français sont bénévoles dans les associations en tout genre. Ils donnent de leur temps, ils donnent de leur force, ils donnent de leur amour, de leur argent, ils partage leurs savoir et leurs avoirs. C’est l’esprit du don.
Si on changeait les mécanismes et les valeurs qui gouvernent nos sociétés, cette énergie ferait régner son amour sans doute dans ce monde.
« L’élection attendue de Vladimir Poutine ne changera pas une politique russe intérieure et extérieure bien rodée depuis une décennie. Mensonges, terreur et oligarchie à l’intérieur [...] »
Vous ne trouvez pas que vous exagérez, là ? Vladimir Poutine est aimé des Russes, sa cote de popularité est peut-être dérangeante mais incontestable. Même les instituts de sondage de l’opposition le placent à des hauteurs qui feraient pâlir de jalousie n’importe quel homme politique occidental.
Ne contribuez donc pas à propager des allégations qui vous ont été inspirées par des personnes intéressées. Ce serait dommage.
Tiens, j’ai rencontré Nostradamus et Ruggieri au café du commerce, ce matin, et j’ai surpris leur conversation.
La matière est tout, disait l’un. Elle est en nous et hors de nous et nous en avons conscience ; c’est pourquoi 2012 sera matérialiste ou ne sera pas. Le matériel, reprit l’autre, pas la matière. On est en plein dedans. Donc pas de changement de ce côté.
Et les élections ? Hein, qu’est-ce que tu en fais des élections ? Tu te rends compte, toute cette bande de couillons qui vont aller mettre un bout de papier dans une boîte et qui vont attendre que le monde de la matière pesante et trébuchante change ? La définition de l’insanité mentale, c’est quand on continue à faire la même chose et qu’on attend des résultats différents. Non, non, je préfère les tarots.
Mais, admets-le, on vit dans un système. Tu crois pas que tout ça, et il fit un geste en direction dela rue, tout ça, dis-je, marche tout seul ? Mais, c’est quoi ton système ? reprit l’autre. L’organisation qui fait qu’on est en train de causer au coin du poêle et à siroter un café, rétorqua le premier. Mais, si c’est ça le système, je préfère rester ici plutôt que d’aller faire le con dans la rue.--- Ah, mais, tu n’es qu’un défaitiste et un fainéant. Moi, je vois dans mes grimoires que le système durera longtemps. Et que les rois du monde le resteront. De l’ordre, bon dieu, de l’ordre. T’as raison, restons là.
Et la monnaie, hein ? Tu vas le payer avec quoi ton café ? Si ça dévalue, t’auras bonne mine. Tu prendras des demi-tasses ? Pas besoin de dévaluer, dit l’autre. On va créer une nouvelle monnaie, le nouvel Euro, comme le Grand Charles l’avait fait autrefois. Et ni vu, ni connu. Je vais retourner dans mon antre pour rechercher la pierre monétaire et philosophique. Phale, reprit le premier, philoso-phale. C’est comme ça qui causent dans les ministères.