C’était il y a douze ans...
Emeutes, affrontements entre policiers et jeunes, voitures cassées, gymnase incendiés, violences... Suite à une bavure policière, un jeune homme est à l’hôpital entre la vie et la mort. Réaction en chaîne, la rue se soulève. L’image est en noir et blanc et Bob Marley est aux platines. C’était il y a douze ans...
Eh oui, il y a douze ans déjà que nous suivions l’aventure tragicomique de trois jeunes désoeuvrés, Hubert, Saïd et Vinz. Un calme plutôt relativement lucide sur sa situation, un doux rêveur et un impulsif en manque total de repères.
Loin de tout manichéisme, Matthieu Kassovitz nous entraînait au cœur des cités pour dénoncer la haine, sorte de barrière invisible entre les groupes empêchant toute communication censée et source de violence.
En trois actes, cette tragédie nous entraînait peu à peu vers l’inéluctable. Commencant par une introduction aux codes de la cité, nous les suivions dans une journée ordinaire, entre vol de merguez, traficotage et histoire de caméra cachée. Lors de leur nuit sur Paris, ils se confrontent ensuite à l’autre réalité, celle dont ils sont exclus, celle des digicodes et des ascenseurs qui marchent, celle des expositions d’art, des vrais bandits, des saoulards et des vieux séniles. Et enfin la conclusion macabre de l’aventure nous rappelle que les actes dépassent bien souvent les hommes.
La construction psychologique des personnages est très intéressante, le personnage de Vinz peut-être plus que les autres (Matthieu Kassovitz y décrivant probablement l’archétype des participants aux diverses manifestations récentes de violence). En effet, leurs relations ne sont basées que sur le conflit virulent, le plus souvent par les paroles et, malheureusement parfois, par les actes. Ainsi, plus par une recherche de reconnaissance extérieure, Vinz veut assouvir son désir de vengeance en commettant un meurtre. Enfermé dans sa psychopathie, s’identifiant à Robert De Niro dans Taxi Driver, il est persuadé que son geste est juste, au risque de se mettre à dos ces camarades. Mais c’est bien eux qui arriveront à lui faire prendre conscience de la mauvaise voie qu’il emprunte par son déni de l’individualité d’autrui. On pourrait analyser comme cela une bonne partie du film (comme la scène de la voiture où l’on se prend à être du côté des trois jeunes gens... Mais eh, oh, finalement, y volent une voiture... Ou encore la confrontation dans la galerie d’art où leur seule manière de tirer leur révérence est de vandaliser les œuvres), mais je vais m’arrêter là et vous laisser vous retourner chercher dans votre collection VHS.
Bref, en ces temps de recassement de plein de trucs et d’autres, il me semblait intéressant de revenir sur un film qui, loin d’excuser ces comportements, dénoncait déjà certains maux de notre société et en offrait une analyse tout à fait pertinente, voire même visionnaire.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui...
Un dernier petit cadeau quand même, un échange entre Matthieu Kassovitz et M. Sarkozy :
http://www.mathieukassovitz.com/blog/ (cliquez sur le côté : 1- la France d’en bas, puis 2- vous n’êtes pas responsable et 3- M. le ministe de l’Intérieur).
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