Catastrophisme
Ne pas croire que les alertes et les catastrophes futures, malgré leur caractère certain, voire inéluctable, vont contribuer à faire réagir - et même à éviter - ce qui finira par nous tomber dessus.
En ce moment, grâce également à la campagne des municipales de ma ville, à laquelle je participe activement - pour la première fois, je suis candidat -, je me trouve confronté à des gens, formidables, forcément formidables, engagés comme moi, derrière une candidate non moins formidable.
Un des motifs principaux de leur engagement est « ça ne peut plus durer », « il faut faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard », « c’est maintenant ou jamais ». Bien sûr, je vois dans leurs réactions beaucoup d’enthousiasme et de courage - de la générosité surtout. Mais il y a davantage que ça.
Quelque part, quelles que soient les idées qu’ils défendent, les arguments qu’ils avancent, je sens une profonde crainte dans l’avenir. Si certains renoncent à leur travail, à leur famille, à leurs amis - faire une campagne exige pas mal d’abnégation et de chambouler son train-train - pour assister à des réunions un peu sordides dans des salles mal éclairées, pour passer des nuits courtes à écrire un programme que personne ne lira, pour tracter au petit matin dans un marché en se gelant les doigts et les pieds, ce n’est pas pour rien. Et n’allez pas croire qu’ils sont intéressés par les 350 euros d’indemnité en tant que conseiller municipal, dans le cas favorable où ils seraient élus.
Non. Certains pensent que si nous n’agissons pas dès maintenant, notre planète, notre cap continental, notre pays - et donc notre ville - sont tous menacés à très court terme. C’est la théorie du chaos. Certains philosophes, certains scientifiques, ont, depuis longtemps, expliqué que l’action humaine ne peut être que modeste, dérisoire parfois. C’est la tragédie du tremblement de terre de Lisbonne, décrite par Voltaire. Plus récemment, c’est la catastrophe annoncée du crash (certain) d’un Airbus A380 - qui finira bien par arriver un jour.
Eh bien, je ne veux pas croire, pas une seconde, à ce catastrophisme de comptoir. Je vais reprendre une citation de l’architecte finlandais Alvar Aalto - dont l’œuvre m’a toujours impressionné lors de mes voyages dans son pays natal - : « L’architecture ne peut sauver le monde, mais elle peut donner le bon exemple » (publiée par l’Ordre des architectes dans Le Monde du 14 février).
Il suffit de remplacer le mot « architecture » par le mot « politique » pour élargir le débat. Comme les architectes, les hommes (et les femmes) politiques sont censés construire le monde dans lequel nous vivons, nous allons vivre. Mais leur but n’est pas de le sauver. Juste de donner le bon exemple.
C’est pourquoi je veux croire uniquement à des actions modestes et exemplaires - en sachant que « modeste » ne signifie pas ne pas avoir également une certaine vision de l’avenir, de ses périls, de ses dangers. Nous pouvons en éviter au moins quelques-uns.
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