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Ce mot qui fit sa gloire

Une réplique consensuelle.

Au moment de se déterminer pour placer sur le trône un nouveau César, rendons à Nicolas ce qui lui revient de droit. Il a remis l'insulte au cœur du débat politique, redonnant ses lettres de noblesse au mot simple et si évocateur de Con. Ce mot qui fit sa gloire mérite analyse sémantique et examen attentif qui donnera corps éventuellement au délicat choix que nous aurons à faire.

Ce Con qui nous vient à la bouche à une fréquence qui atteste son importance dans notre lecture du monde, ce Con dis-je n'aime pas se aller seul. Il lui faut compagnon d'infortune, adjectif « disqualificatif » pour honorer celui qui en sera pourvu. Le choix de l'appellation n'est pas neutre et confère dignité ou bassesse à celui qui en est paré.

Il est assez amusant d'observer que nos attelages fonctionnent de deux manières indistinctes. Il y a d'abord les doublons, les Cons qui se plaisent à s'opposer, à se mesurer en tant que contraires indissociables. Ils sont d'ailleurs les plus utilisés, donnant un caractère ordinaire aux quidams affublés de l'un ou de l'autre

Ainsi le Petit Con côtoie immanquablement son compagnon préféré, le grand Con. Tous les deux sont placés dans un registre où la sympathie domine. On les pense affables, on les croit sympathiques. Quoique ! Depuis peu, notre César d'opérette, roi des castagnettes et des claquements de doigts nous incite à nous méfier de plus en plus du premier adjectif ; celui qu'il ne faut pas prononcer en sa présence au risque immédiat d'être à votre tour toisé. Ce simple qualificatif explique sans aucun doute, ses rêves déments de grandeur.

Il y a également un couple qui nous place sans ambiguïté d'un côté ou de l'autre d'une frontière temporelle pour laquelle nous ne pouvons rien : le jeune Con a le temps et tous les espoirs pour lui quand son double obscur et dégradé : le vieux Con, s'illusionne de cette expérience qui ne se partage jamais. Ces deux là sont toujours en opposition, on désigne généralement cette séparation lexicale par l'expression : « Le conflit des générations », bataille qui risque fort d'expliquer le débat actuel, les jeunes Cons préférant tourner le dos au petit quand les vieux Cons lui vouent une passion inexplicable.

Puis nous viennent en bouche des doublettes qui ne supportent guère leurs contraires. L'insulte antonyme perdant toute saveur, tombant à plat ou bien dans le vide. C'est paradoxalement dans ce champ sémantique que Nicolas premier, roi de la dialectique agressive fit merveille et devint célèbre dès le début de son mandat en plaçant l'insulte au sommet de l'état..

Nicolas plaça au pinacle de la déchéance ce « Pauvre Con » qui fit sa gloire et sa renommée. C'est là qu'il se dévoila vraiment, plaçant la pauvreté au premier rang de l'indignité. De quel métal faut-il être fait pour penser que la pauvreté soit une tare. Il est vrai qu'il ne fréquente que le gratin de la finance et de l'industrie, des médias et du spectacle. Il ignore tout de la vie des gens simples, ceux-là même qui jamais ne s'aventureraient à lui dit : « Riche Con ! », ayant eux bien trop de respect pour la fonction à défaut de celui qui la porte.

Dans nos sociétés d'opulence, il est une insulte qui s'impose à tous les damnés de la terre, l'outrancier et diffamant Gros Con. Celui-là vous met immédiatement du mauvais côté de l'humanité, les holigans sociaux ; porteurs de Rolex, possédants insensibles, décideurs sans cœur. Le Gros Con semble s'enorgueillir de cette désignation qui le place bien au dessus de tous les autres. Mais, comment interpeller les autres, si nombreux face à cette noblesse de la connerie ? Mince Con ne sonne ni à l'oreille ni à la métaphore. Maigre Con ne respire ni la santé ni la pétillance. Le Gros Con est bien seul sur une planète qu'il compte bienexploiter jusqu'à la corne avant de tirer sa révérence dans un 4x4 rutilant.

Autre orphelin du pilori vocal le « Sale Con » est si irrévocable qu'il n'y a rien à ajouter. Il fleure bon la médiocrité et la vulgarité, l'abjection et la bassesse mentale). Il est le petit cousin du Gros Con et ne trouve pas, lui non plus un pendant acceptable. Peut-on envisager d'associer propre ou net à ce Con qu'on voudrait dépeindre ? L'aventure tomberait à plat !

Enfin, balayons d'une main distraite celui qui s'accole à l'adjectif slogan de notre homme, ce Con-Fort qui nous fuit depuis cinq ans. Voyez-vous, ce petit voyage en connerie nous a permis de mieux comprendre les rouages de cette mécanique de précision que constitue la belle insulte. La richesse de vocabulaire honore celui qui la maîtrise et nous ne pouvons que nous incliner devant notre maître à tous : « Le Roi des Cons ! » avant que de le couronner à nouveau ou de le destituer de manière consensuelle

Concitoyennent vôtre.


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4 réactions à cet article    


  • easy easy 18 février 2012 14:25

    Son cas n’est que son cas.
    Ce qui aura déçu le peu d’illusions qui me restaient c’est plutôt le fait que tant de gens l’aient voulu à la tête de l’Etat alors que tous, nous savions tous de quoi il était capable.

    Plus de la moitié des Français avaient voulu un chef méprisant les pauvres. Comme si ce mépris soit des pauvres soit de leur propre pauvreté, allait forcément les rendre riches.

    Car enfin ses électeurs n’étaient certainement pas riches, ce n’est mathématiquement pas possible. Ils étaient forcément majoritairement pauvres.

    A croire alors que ces pauvres ayant voté pour lui avaient intégré en eux la honte de leur pauvreté et qu’ils voulaient en sortir en travaillant plus en n’étant motivés que par la problématique Honte Vs Fierté ou Culpabilité Vs Suffisance



    Dans mon enfance, je n’ai pas souffert de honte d’être pauvre mais j’ai souffert d’un rejet parce que j’étais eurasien né entre deux peuples ennemis.
    Plus tard, j’ai monté des entreprises, sous un régime dit de gauche, et je visais à m’enrichir en visant une situation à la Alexandre Yersin. J’estimais que depuis ce niveau de fortune je pourrais aider ceux qui souffraient d’une problématique de rejet, d’aider les insultés, les méprisés, les exilés, les dissidents, en leur fournissant une opportunité de travail et de logement.

    J’ai évidemment été de temps en temps fier de ce que je parvenais à accomplir mais comme je ne parvenais jamais à satisfaire toutes les demandes, je constatais surtout ma finitude, ma vanité, mes illusions. Au point de renoncer à poursuivre et à préférer replier mes tréteaux. Mais échec ou réussite partielle considérés, je n’aurais été fier tout au plus que d’avoir réussi à sortir de l’ornière quelques uns. Ca procure une satisfaction intime, une fierté intime que nul ne peut comprendre s’il n’a pas vécu ce que j’ai vécu mais en aucun cas un sentiment de supériorité par rapport à des pauvres ou des invalides.

    Je sais donc qu’il est possible de vouloir être riche de moyens et de tout entreprendre pour le devenir mais pas en y étant poussé par une problématique de honte d’être pauvre.

    Alors que ces pauvres qui ont voté pour Sarkozy en connaissant très bien son mépris pour la pauvreté ont essentiellement honte de leur situation pécuniaire. Honte de ne pas travailler plus ou mieux ou autrement pour gagner plus.



    En ce moment, on ressert des vieux sujets polémistes en négationnisme Vs antinégationnisme. On fait tout un plat de la manière dont on considère des martyrisés d’il y a un siècle. Ca va durer encore 700 ans ce cirque ? Vu le peu d’efficacité des incantations en « Plus jamais ça » ce cinéma me semble ne relever que de l’enfumage.

    Je pense qu’il serait bien plus intéressant et actuel de faire procès à ceux qui infligent la honte aux pauvres. Honte absolue car non raccordée à quelque passé, à quelque communauté, à quelque problématique sexuelle. Honte absolue car on serait censé pouvoir, devoir et vouloir en sortir.



    Car enfin, concernant par exemple les homos, n’est-il pas clair que s’ils sont riches, ils ne souffrent plus de rejet ? 

    N’est-il pas clair que quelque soit la communauté et son histoire, de nos jours, on ne souffre réellement de rejet que si l’on est pauvre, avant tout pauvre ?

    Entre un pauvre Juif vivant à Clichy Sous Bois et Serge Dassault, lequel souffre le plus d’un rejet, même à prétexte communautariste ? 
    Entre un pauvre homo de Trifouillis les Oies et Pierre Bergé, lequel souffre le plus d’un rejet, même à prétexte communautariste ? 



    Se moquer d’un pauvre parce qu’il est pauvre devrait être enfin interdit.


    • C'est Nabum C’est Nabum 18 février 2012 17:25

      EASY


      Pauvre est une malédiction, une tare sociale dont il faut absolument sortir. D’ailleurs le loto et autres sornettes de cette nature sont destinées à dire au pauvre qu’il faut à tout prix, sortir de cet état si affligeant.

      Le seul modèle qui vaille c’est la richesse, l’opulence, le fric qui dégouline. Même les pauvres pensent que c’est la vie rêvée et c’est pour ça qu’ils sont encore nombreux à voter pour celui qui n’aiment que les riches.
      Alors ils caressent l’espoir d’être un jour aimé par cet homme et ils votent pour cet espoir.

      Merci de votre récit.

      • soubise 18 février 2012 18:16

        Ben c’est vraiment un sale con...

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