• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Ce que les économistes ne nous disent pas

Ce que les économistes ne nous disent pas

Alors que la crise bat son plein et que les mesures imposées par les marchés seront à coup sûr entérinées d’ici à peu par des gouvernements serviles, la bataille fait rage pour savoir si elle seront suffisantes pour redonner aux différents acteurs économiques la confiance qui leur fait défaut, tout en réduisant le taux d’endettement des pays les plus fragiles, et cela sans (trop) nuire à la croissance.

Nombreux sont ceux qui naturellement s’opposent, parmi les peuples, aux différents mécanismes proposés par les dirigeants européens, tandis que tous les analystes politiques ou économiques semblent se faire à cette idée comme étant la seule option valable, du moins à court terme. Mais personne ne semble en mesure de proposer d’autres alternatives capables de faire coïncider les deux éléments contradictoires que sont l’effacement de la dette et le retour à la croissance, et encore moins de nous laisser entrevoir d’autres perspectives que l’austérité générale ou la mort de la démocratie. Car si on fait le tour du petit monde médiatico-économico-politique qui sévit sur la toile, il apparaît qu’en dehors des critiques ou des descriptions (parfois fort justes) de la situation il manque une sorte de « force » susceptible de voir plus loin que la simple critique des événements, sur le long terme. On connaît tous le vieil adage qui dit « gouverner c’est prévoir », mais force est de constater qu’à part prévoir l’adoption des mesures concernant le « paquet » européen, nul ne s’aventure pour nous dire ce qui se passera une fois ce plan de sauvetage adopté par l’Europe.

 

Et pourtant ne serait-il pas important de savoir ce qui se passera « après » l’adoption du mécanisme de stabilité et de croissance (MES), de la création du fonds de secours européen (FESF), et à terme du fédéralisme européen ?
Que se passera-t-il une fois les conditions de travail dégradées, les salaires baissés, les droits sociaux anéantis, et l’harmonisation fiscale et bancaire réalisées ? On nous parle aujourd’hui de sacrifices pour retrouver la compétitivité, mais si les peuples doivent y consentir, qui peut aujourd’hui leur dire ce qui se passera à moyen ou à long terme ?

Les banques referont-elles crédit ? Les salaires vont ils ré-augmenter ? Les conditions de travail vont-elles s’améliorer ? Le chômage va-t-il baisser ? Et les investissements reprendre, ou les impôts être réduits ?

Et combien de temps va-t-il durer, ce « temps des sacrifices », et puis surtout quels sacrifices et pour qui ?

Voilà ce que nous voudrions bien savoir, et voilà justement ce qu’on ne nous dit pas.

 

La seule chose que nous soyons en état de constater aujourd’hui, c’est que monsieur Hollande n’est pas de gauche, que l’affaire du Libor n’est pas un cas unique, que les riches continuent de s’enrichir, que l’Europe n’explosera pas et surtout que tous les hommes de pouvoir sont des menteurs, en plus d’être corrompus. Comment dans ce cas se sentir rassurés ?

 

Alors maintenant j’en appelle à tous les économistes et autres statisticiens chevronnés qui parlent si haut pour dénoncer les excès des « banksters » ou les illusions des utopistes : rassemblez-vous et réfléchissez bien, calculez et anticipez, faites autant de probabilités, de calculs de risques que vous le désirez, lisez les bilans des entreprises et relisez vos théories rationalisées, prenez les marges d’erreur qui vous conviennent et dites nous ce qui se passera après l’adoption du plan. Faites-nous savoir en quoi la baisse des salaires et le fameux « retour à la compétitivité » nous sera bénéfique à long terme, et comment nous nous relèverons après-demain plus forts que nous le sommes aujourd’hui. Ce que nous voudrions savoir, c’est ce que dit la théorie sur laquelle s’appuient les agences de notation, les analystes et autres météorologues de l’apocalypse… Que tous les savants prédicateurs qui s’expriment quotidiennement sur les « grands » médias nous décrivent leur plan par le menu, qu’ils aillent vraiment jusqu’au fond des choses et qu’ils nous fassent parvenir leurs résultats, qu’on voit de quoi il retourne.


Il faut de l’austérité, il faut baisser les salaires, licencier du personnel, réformer le code du travail pour sauver l’Europe d’accord, nous vous avons bien entendu… Mais et après ? Et après ?

Et puis quand bien même, si l’Europe parvenait à faire « repartir la croissance » au prix des sacrifices aujourd’hui exigés, que se passerait-il au niveau mondial ? Ceux qui voyaient leur situation s’améliorer, ceux qui espéraient gagner des parts de marchés à l’international, vont-ils devoir s’asseoir à nouveau sur leurs espoirs ?

Je mets au défi tous les économistes de la planète de nous prouver comment les mesures qu’ils soutiennent aujourd’hui favoriseront demain les conditions d’existence de plus d’êtres humains qu’hier. J’affirme par avance que cela est impossible, pour la simple et bonne raison que tout cela est incalculable, et que nous le savons tous. Vous pourrez prendre la chose de quelque côté qui vous convienne, le capitalisme favorisera toujours les uns au détriment des autres, et ce n’est certainement pas en se fourrant la tête dans le sable que nous trouverons le moyen de sortir de cette aberration.

La décadence d’une civilisation commence le jour où les hommes cessent de prévoir l’avenir pour tenter de sauvegarder un présent qui leur échappe. Car si au lieu de se pencher sur les moyens de sauvegarder un système qui a fait preuve de son inadaptation nos « penseurs » se mettaient à imaginer celui qui doit le remplacer, alors l’espoir pourrait renaître aussi rapidement qu’il a disparu.


 

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (23 votes)




Réagissez à l'article

13 réactions à cet article    


  • Leo Le Sage 7 juillet 2012 10:03

    @auteur

    vous êtes très imprudent...

    Maurice Allais Prix Nobel d’économie [1988] avait « prédit » un krach.
    C’est un physicien qui fait de l’économie.

    Je vous défie de prétendre le contraire...
    Chiche donc.

    Les mesures d’aujourd’hui ? Ce sont des mesurettes.
    [incalculable ?]

    Je reviens ce soir.


    • caleb irri 7 juillet 2012 10:10

      @ Leo Le Sage

      imprudence relative.... c’est tout ce que j’attends !  :)



      • Hubu Hubu 7 juillet 2012 16:26

        L’Europe pas exploser ?? Vous avez raison elle ne va pas exploser mais se désintégrer nuance !!


        • lemouton lemouton 7 juillet 2012 18:06

          Et croyez vous que cette désintégration se limitera aux frontières de l’Europe.. ??


          mhouais... gros, mais trés gros doute.... smiley

        • Hubu Hubu 7 juillet 2012 21:09

          Oui le Dollar est aussi dans la merde que l’Euro mais on en parle pas tout simplement parce qu’il n’est pas encore sous les feux des marchés : c’est une question de temps et le Yuan va suivre aussi il ne tiendra pas le choc !!

          L’endettement et le déficit public des USA est tout simplement insoutenable et des dégradations supplémentaires de leur note va faire grimper leur taux d’emprunt c’est une question de temps !!


        • fredleborgne fredleborgne 7 juillet 2012 17:56

          Excellent article de par les questions « vraies » qu’il met en évidence ...


          • BA 7 juillet 2012 18:06
            Le Conseil des experts économiques allemands regroupe les cinq économistes les plus respectés d’Allemagne : Wolfgang Franz, Wolfgang Wiegard, Peter Bofinger, Claudia-Maria Buch, Christoph M. Schmidt. 

            Sa mission est de publier des rapports pour conseiller le gouvernement allemand.

            Vendredi 6 juillet 2012, le Conseil des experts économiques allemands publie son rapport sur la zone euro.

            C’est une bombe. 

            « L’union monétaire européenne est confrontée à une crise systémique, qui menace la survie de la monnaie unique comme la stabilité économique de l’Allemagne. »

            « Die europäische Währungsunion befindet sich in einer systemischen Krise, die den Fortbestand der gemeinsamen Währung und die ökonomische Stabilität Deutschlands gleichermaßen gefährdet. »


            Eux-aussi, ils parlent de la « crise systémique » en zone euro.

            Pour éviter cette « crise systémique », je propose de réunir ce week-end un sommet européen de la dernière chance.

            Après tout, le dernier « sommet européen de la dernière chance » a eu lieu il y a une semaine.


            • aberlainnard 8 juillet 2012 01:16

               

              Mais enfin, Messieurs les « économistes » géniaux, qui peut encore croire que la sortie de crise passe par un retour à la « croissance » sur cette planète où la population croît encore de façon  quasi-exponentielle et de laquelle on puise à un rythme accéléré toujours plus d’énergie et de matières premières issues d’un stock fini ? C’est crétin !

              Même les ressources dites renouvelables ne le seront bientôt plus à force de les prélever plus vite que leur rythme naturel de renouvellement.

              Dans quel monde de chimères vivent donc ces « économistes » distingués de télé réalité, tellement formatés par des dogmes fumeux, qu’ils ne s’aperçoivent pas de l’absurdité de leurs bavardages ?

              Que dire de l’inconscience des hommes et femmes politiques adorateurs intégristes de la  « Croissance » qui oublient jusqu’aux règles élémentaires de l’arithmétique qui leur ont été enseignées à l’école républicaine et laïque quand ils étaient petits garçons et petites filles ?

              Ne se souviennent-ils pas que, plus il y a d’élèves à partager le même gâteau, et plus les parts sont petites ; et que la baignoire pleine finit par se vider tôt ou tard quand le débit du robinet est inférieur à celui de la bonde qu’on a ouverte ?

              Est-ce l’ivresse des études à l’ENA qui les a rendus immatures et irresponsables ?

              Que dire aussi de la logique de ces banquiers, accros des jeux de casino à la bourse, mais qui ont tellement horreur du risque qu’ils prêtent aux États les plus fragiles à des taux si élevés qu’ils organisent leur insolvabilité ?

              Pouce ! Nous, Citoyens, nous ne voulons plus jouer avec ces gens-là ! Mais comment s’y prendre pour faire sécession et organiser la dissidence ?

              La dette et le PIB sont des concepts créés par l’homme qui n’ont plus aucune relation avec la réalité d’une économie concrète. Lâchons-les. Rebâtissons une nouvelle « éco-sophie ».

              Ici et là, se multiplient des micro-expériences locales d’économie résiliente, créant les bases possibles de nouveaux modes de production et d’échange de biens et de services. Souhaitons qu’elles prospèrent, s’organisent en réseaux et parviennent à maturité avant l’effondrement et la décomposition de la civilisation FMI – OMC.



               


              • JUILLARD MICHEL 9 juillet 2012 14:36

                les économistes ne sont que des « laquais »du pouvoir et les vérités qu’ils diffusent ne sont que les vérités de l’oligarchie :

                Mais enfin, Messieurs les « économistes » géniaux, qui peut encore croire que la sortie de crise passe par un retour à la « croissance » sur cette planète où la population croît encore de façon quasi-exponentielle et de laquelle on puise à un rythme accéléré toujours plus d’énergie et de matières premières issues d’un stock fini ? C’est crétin ! 
                et non ce n’est pas crétin, mais ils ne peuvent pas réformer l’âme humaine, ils savent que le salut passera par la décroissance et un système bien mieux régulé et optimisé, mais chut dans l’immédiat chacun veut faire son trou et avoir les meilleures parts du gâteau jusqu’ au moment ou quelqu’un sifflera la fin de la partie !!!!!

              • rhea 1481971 8 juillet 2012 08:45

                Le capitalisme est une traduction de ce qu’est l’animal « être humain », un prédateur. Pour maintenir son organisme en homéostasie l’être humain est inconsciemment un prédateur, c’est ce qu’il faudrait enseigner à l’école,au plus jeune âge, peut être cela changerait notre nature.
                Les déficits budgétaire de la France ont débuté dans les les années 1970, dans la même période paraissait une étude réalisèe par le club de Rome, étude qui prévoyait la crise dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
                Quarante années de mauvais chemin, toute une génèration trompée, inverser la tendance risque de remplir les hôpitaux psychiatriques (ils sont déjà plein), le choc conceptuel étant tellement grand.


                • aberlainnard 8 juillet 2012 12:41

                  @ rhea 1481971

                   Votre rappel au Club de Rome est pertinente.

                  En 1970, le Club de Rome (groupe de personnalités industrielles, économiques et scientifiques), a chargé une équipe de chercheurs américains du M.I.T. dirigée par Dennis Meadows, de faire une étude sur l’évolution possible de l’humanité dans ses aspects démographiques, économiques et environnementaux sur deux siècles (1900 – 2100), lequel a publié le résultat de ses travaux en 1972 sous le titre "The limits to Growth – A Report for THE CLUB OF ROME’S Project on the Predicament of Mankind"

                   Malheureusement, beaucoup de bêtises ont été dites et écrites sur ces travaux.

                  Le 25 mai 2012, est sortie la traduction française du Rapport Meadows actualisé et augmenté en 2004.

                  "Les limites à la croissance (dans un monde fini)"

                  Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers

                  Editions Rue de l’échiquier, 40 rue de l’échiquier  75010 PARIS

                  ISBN : 978-2-917770-35-1 Dépôt légal : mai 2012

                  Prix : 25 euros

                   

                  Si l’on a pas le temps de lire le livre, on peut au moins lire ceci, qui est un bon résumé du bouquin d’origine de 1972 :

                  http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html

                   On peut aussi prendre connaissance de ceci :

                  Synopsis Limits to Growth : The 30-Year Update (2004)

                  http://cms2.unige.ch/isdd/IMG/pdf/Limitstogrowth30yearsUpdate.pdf

                   Et regarder ces interventions faites à l’occasion du 40ème anniversaire du Rapport Meadows :

                  http://www.youtube.com/playlist?list=PL2817969CA87E5B47&annotation_id=annotation_269418&feature=iv&src_vid=HAxNMKhzC-w

                   

                  Particulièrement l’intervention de Dennis Meadows à 5’45" de cette vidéo :

                  http://www.youtube.com/watch?v=f2oyU0RusiA&list=PL2817969CA87E5B47&index=5&feature=plpp_video

                   

                   

                   

                   

                   

                   


                • trazibule 9 juillet 2012 19:39

                  Analyse critique du document final du cercle des économistes (Aix en Provence 2012)
                  Les économistes orthodoxes engluées dans leur pensée unique, il n’y a pas d’alternative !

                  Contre forum du « Cercle des déconnomistes » (Aix en Provence 2012)
                  Pleins de conférences et surtout d’idées nouvelles issues de économistes hétérodoxes.
                  (et même la mienne !)

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès