Chapon, vasectomie et féminisme...
Le sujet peut troubler, choquer, les questions de la contraception relevant de la sphère privée, de l’intime. Aussi, j’en avais préalablement discuté avec Marianne et je dois dire que j’ai réussi à la convaincre de ma « démarche publique ».
Donc j’ai pris rendez vous récemment pour faire une vasectomie… en somme pour reprendre un bon mot du parrain de Gabriel, je serai au menu du réveillon de Noël en qualité de futur chapon.
Alors pourquoi exposer cette démarche aux yeux de tous surtout quand on a une certaine lisibilité sous couvert de pleine identité.
De mon point de vue et à mon modeste niveau, c’est dans la suite logique de mon soutien et de ma participation au combat féministe. En effet, la contraception a été un combat de haute lutte afin que les femmes puissent revendiquer leur corps et la liberté d’en disposer et il est heureux qu’à ce jour, en France, cette réalité demeure d’actualité même si la vigilance doit s’imposer à toutes et à tous.
Cependant force est de constater que la contraception reste de fait de la seule responsabilité des femmes… et qu’en de rare cas la virilité masculine ne saurait être remise en cause voire au risque de remettre en cause l’ordre d’une société majoritairement masculine dans ses représentations et ses hiérarchies. D’autre part, la reproduction de l’espèce reste attachée à la seule femme. Pourtant c’est bien « l’interaction » entre un spermatozoïde et un ovule qui la permet, par conséquent, l’homme prend une part non négligeable dans ce processus et donc ne peut être dispensé en rien d’une réflexion sur les modes de contraceptions.
A l’heure actuelle, celle-ci semble être « naturellement » dévolue à la femme par le biais de différentes techniques hormonales (pilule, stérilet) ou chirurgicale (ligature des trompes). Pour ma part, je pense que ce naturel est surtout très confortable pour l’homme avec un substrat somme toute assez réactionnaire : « elles ont voulu disposer de leur corps à travers le combat pour la contraception, et bien assumez maintenant, ce n’est plus de notre ressort ». Sauf que, la sexualité dans un couple se fait généralement à deux à moins de considérer l’acte sexuel comme étant seulement lié à la reproduction.
C’est à travers ces deux angles qu’il y a bien longtemps que j’avais pris cette décision.
En effet, j’ai mis pas mal d’années à me sentir prêt pour assumer mon rôle de père avec une limite de temps. Même si on n’est jamais certain de l’avenir, je me vois très mal, disséminer ma divine semence au-delà d’un certain âge. Si un enfant se fait à deux, « sa prise en charge » l’est aussi. Or dans ce cas et alors qu’il y a déjà un déséquilibre dans la répartition des taches entre le père et la mère, il me paraît évident que cette réalité ne fera que s’accentuer l’âge aidant. Etre réveillé plusieurs fois dans la nuit à soixante balais… non. Sur cette question de l’âge, il y a la question du partage avec son enfant… et j’ai envie de faire du sport avec mes bonhommes.
Dernier point, il est lié à Marianne comme à l’immense majorité des femmes. Elle a depuis près de 20 ans supporté seule cette fameuse contraception avec la prise de la pilule et je pense qu’il me revient désormais de faire cet effort. On me dira « bah le stérilet c’est pratique », certes cependant l’idée d’une diffusion infinitésimale d’une hormone pendant de très nombreuses années, me perturbe. Et ce d’autant plus que la réalité de son innocuité est parfois remise en cause. Donc oui, dans le doute je préfère une intervention chirurgicale légère.
Ben mon gars, et la ligature des trompes… ouais mais alors que les femmes ont déjà subi des transformations importantes de leur corps pour enfanter et qu’en prime elles auront à subir les problèmes liés à la ménopause, on peut au moins leur épargner un nouveau charcutage… Ben oui les copains, nous par rapport à tout ça, on est plutôt épargné.
Alors voilà, ma décision est prise depuis longtemps. Au menu, une première rencontre avec le médecin, un rdv chez un urologue, 4 mois pour mijoter, et enfin, le chapon tout beau, « tout chaud » (si je puis dire !).
En ajoutant ceci, cet acte je le fais sans retenue tant la déconnexion entre reproduction et sexualité est totale. D’autre part, sans en faire un cheval de bataille, c’est aussi un acte militant féministe à part entière et le revendique comme tel.
Enfin, il y a autre chose mais là, c’est entre Marianne et moi.
PS : petite précision, j’ai 3 enfants. Gabriel 3 ans et 5 mois, Ivan 2 ans et 3 mois, Colin - 4mois-
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