Charlie : L’humour comme arme létale contre la haine et la bêtise !
Perdre ses nerfs, s’énerver, c’est justement ce que ces gens veulent ; créer une catharsis, à partir d’un état de choc. Cliver la population, espérant bien sûr que cela dégénère !…Il faut au contraire non ne pas faire comme s’il ne s’était rien passé, mais justement parce que cette chose s’est passée, ne rien changer à nos habitudes !
La faiblesse des états démocratiques est de laisser toujours une porte ouverte, et de ne pas avoir de mirador sur le toit. Ce qui est arrivé ce matin à Paris était tristement prévisible. Depuis quelques mois, beaucoup redoutaient ce genre d’événements, le mettant en rapport avec ces centaines d’illuminés partant faire le Jihad en Syrie.
Un membre du conseil du culte musulman interviewé sur France info, parle de cellule dormante, rejette la notion de loup solitaire, et parle de professionnalisme de haut degré. Sans les témoignages, dans les images qui sont livrées, on voit effectivement des tueurs restés étonnamment calmes.
Tout dans le timing, l’heure précise où la réunion de presse réunissait les journalistes, prouve que cet attentat était très bien planifiée.
Savant coup de billard à trois bandes. Où se trouve le commanditaire de ces affreux ? les conjonctures sont ouvertes, comme à l’époque de la rue des rosiers, ou autres attentats qui se sont déroulés à Paris ou à Londres.
« Acte d’une exceptionnelle barbarie ». Propos de circonstances de François Hollande, mais lénifiants, et qui doivent faire plaisir aux commanditaires, dont la spécialité médiatique est justement la spécialisation dans l’horreur, et la revendication des actes les plus sanguinaires, et qui doivent sonner pour eux comme un acte de reconnaissance.
La guerre civile algérienne, et son cortège d’exécutions gratuites, a fait tâche chez les extrémistes, ces gens ayant fait main basse sur la religion, comme ils l’auraient fait sur un coffre fort, à la façon des Dalton, dans l’ouest ; ou plus proche de nous, avec ces idéaux politiques socialistes dévoyés, à la façon de Pol Pot, prétendant libérer leur peuple tout en le massacrant.
Ils sont donc partis en criant « Allah akbar » ! Comme ils auraient brandi à une autre époque le petit livre rouge, cette couleur sang dans laquelle ils trempent maintenant le Coran, un livre qui comme tous les ouvrages religieux qui comptent, dénoncent justement le meurtre.
Ce qu’ils veulent, c’est simplement le pouvoir, en utilisant tous les moyens et surtout les pires. En quelque sorte nous braquer un pistolet sur la temple, en nous disant : " Tu avances".
Nul doute que s’ils en avaient eu le temps ils auraient coupé la tête des victimes pour tétaniser un peu plus l’opinion.
Ne soyons pas dupes. Si l’heure n’était pas si grave, il y aurait de quoi rire, devant la stupidité de ces bouffons ! Qu’est-ce que ces cons s’imaginent ? …La preuve a été faite maintes fois que c’est à la faveur d’un événement de cette ampleur que les gens font bloc, et passent par dessus leurs mésententes, pour défendre l’essentiel.
Ne pas céder surtout à la panique, à des interprétations sauvages, à une recherche d’un bouc émissaire facile. Méfions-nous surtout des forts en gueule, des démagogues, de "je vous l'avais bien dit", qui savonnent déjà la planche à laver l'opinion, à leur profit.
Hitler avait cru laminer le moral des anglais, avec ces centaines de bombardiers qui ont incendié Londres, et les grandes villes du sud de l’angleterre. Il n’aura réussi qu’à les rassembler un peu plus autour de Churchill et de sa politique dure, prémisse à un retour de bâton retentissant !
Les exemples en fait sont légions. Il semble exister des valeurs de transcendance dans un peuple, qui n’attendent que le moment venu pour se réveiller.
Mais n’attendons pas que ces gens qui sont nuls en religion le soient en histoire…
Quant à la philosophie, ne m’en parlez pas !
Celle du rire en tout cas les dépasse totalement. Le rire est pourtant une arme formidable. Charb, une des victimes de l’attentat, avait proposé aux intégristes musulmans qui ne supportaient pas les caricatures, d’ouvrir eux aussi un journal satirique.
Ils en étaient restés bouche bée.
C’est que la vie, et sa copine l’humour sont complètement étrangers à ces tristes zozos. Si on les écoutait, il faudrait mettre un voile sur la tête de la Joconde, et une burqua sur la vénus de Milo.
Il faudra donc continuer encore plus fort avec cette arme formidable de dérision, pour nous défendre et nous affirmer. Taper où ça fait mal !
Et faire en sorte que l’esprit de Charlie Hebdo brille encore plus fort.
D’une façon générale, le manque d’humour souligne au fluo les paranoïaques, les fascistes, et les bas du front. C’est pour ça que les militaires et les curés exigent la position soumise, au garde à vous !
"Je ne veux pas voir le moindre sourire sur vos lèvres. !"
Car après le sourire, et le rire, arrive le surire.
Ces gens savent trop bien que toute leur boutique ne tient que grâce à quelques fragiles étais, soutenant tant bien que mal le plafond, les murs mais qui risquent de s’effondrer, dés les premières lignes de fracture.
Et le rire qui vous prend les cotes, et commence à vous agiter est bien redoutable pour eux. Leurs déguisements se décrochent, leur discours se fissure, leurs prières et leurs fatwas se disloquent. Même si les sismographes ne l’enregistrent pas, il déclenchent des tsunamis, qui vous fait un roi ou un ayatollah à poils, en moins de temps qu’il en faut pour se poiler !
Si nous ne savions pas encore la voie à suivre, les assassins nous la montre comme un panneau de direction.
C’est celui du nom de la rose, d’Umberto Eco
Rappelons que ce livre est une sorte d’enquête théologique, sur fond criminel. Des moines sont assassinés un par un dans un monastère.
Un livre interdit est à l’origine de tout ce désordre. Un livre que l’humanité ne doit pas découvrir….En ce sens, Umberto Eco est l’antithèse absolue de Jorge de Burgos, le bibliothécaire aveugle, qui verrouille l’accès aux livres.
Ce moine, garant des secrets, finit par avaler les pages du mythique tome II de la Poétique d’Aristote, consacré à la comédie ; et à l’humour. Le rire faisant action d’une furie dévastatrice qui déstabilise les primats et les certitudes, et risquerait les fondements de la religion et de l'ordre apparenté.
L’action du livre est censée se passer au quatorzième siècle, mais elle redevient furieusement moderne.
Tout à la fin du roman, à l’abri des flammes qui ravagent le monastère, le héros Guillaume de Baskerville tient ces propos à son jeune disciple Adso de Melk – et l’on croit entendre Umberto Eco lui-même :
« L’Antéchrist peut naître de la piété même, de l’excessif amour de Dieu ou de la vérité […]. Redoute, Adso, les prophètes et ceux qui sont disposés à mourir pour la vérité, car d’ordinaire ils font mourir des multitudes avec eux, souvent avant eux, parfois à leur place. […] Le devoir de qui aime les hommes est peut-être de faire rire de la vérité, faire rire la vérité, car l’unique vérité est d’apprendre à nous libérer de la passion insensée de la vérité. »
Ces lignes ont été écrites dans l’urgence. Il faut faire le deuil de ces êtres chers, qui m’ont suivi si longtemps, comme des copains d’écoles, avec leurs blagues et leur calembours, cette façon de faire mouche, et d'en dire bien plus en un seul dessin, qu'en un fumeux discours.
Finalement victimes des beaufs…
Mais impossible de donner leur nom, de les différencier des autres, tous autant victimes, dans l’horreur absolu et le dégoût certain de leurs bouchers.
Pourrais-je dire que nous sommes tous dessinateurs de Charlie ?
Comme à une autre époque nous aurions revendiqué d’être Berlinois ?
70 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON