Chirac, Blondel et son chauffeur : réponse à Paul Villach
J’ai, de manière fortuite, pris connaissance de l’article intitulé « la fable du jour … » dans lequel vous donnez votre interprétation du procès « Chirac » sur les emplois fictifs et plus particulièrement sur la partie correspondant à mon assignation en justice concernant ce que la justice, pour l’instant, intitule « mon chauffeur garde du corps ».
Avant toute chose, je veux préciser qu’étant responsable de publications citoyennes, c'est-à-dire la presse d’opinion non commercialisée et ne faisant appel à aucune publicité, donc des publications indépendantes dont je pense qu’ « agoravox » se revendique, j’apprécie, de manière générale, vos éditions. Je suis d’ailleurs en bagarre permanente avec les structures de diffusion qui, sous prétexte de rentabilité financière, rendent de plus en plus difficile la diffusion de ces productions dans les kiosques.
Toutefois, il me semble que la presse d’opinion, si elle veut être crédible, doit travailler de manière la plus objective possible et l’une des pratiques de l’objectivité est la pensée contradictoire, en l’occurrence de ne pas hésiter, lorsqu’il s’agit notamment d’évènements publics, de faire connaitre la position des protagonistes.
Dans le cas particulier, si vous m’aviez contacté, je vous aurais précisé que c’est à la suite de pressions des Renseignements Généraux et de la police que mon organisation syndicale a envisagé que je sois accompagné d’un garde du corps (je rappelle que mon prédécesseur avait fait l’objet d’un attentat à son domicile et que les leaders syndicaux sont considérés comme des personnes sensibles et surtout que la présence permanente d’un fonctionnaire de police à mes côtés aurait quelque peu anémié mon indépendance et ma liberté de comportement).
Les circonstances m’ont conduit à entretenir le maire de Paris, en l’occurrence Jacques Chirac, de cette situation et je lui ai demandé d’embaucher un proche (syndicaliste d’origine sénégalaise, judoka confirmé, il a fait les jeux olympiques) et de le détacher.
Cette pratique est courante et basée sur une législation précise, pour les fonctionnaires et les salariés des collectivités locales, elle n’a rien d’illégale.
Quelques semaines après ma sollicitation, le secrétariat de Monsieur Chirac m’a fait savoir que l’affaire était réglée.
Le garde du corps en question m’a donc accompagné. De surcroit, il était le responsable de notre service d’ordre et le négociateur avec la Préfecture de Paris pour les manifestations syndicales, voire pour les rassemblements que nous organisions sur la pelouse de Reuilly annuellement (manifestations militantes et ludiques qui avaient un rayonnement numériquement conséquent).
L’erreur fut que le maire de Paris avait demandé à ses services de placer le garde du corps comme conseiller de cabinet.
Situation paradoxale, l’intéressé n’étant pas, politiquement, un adepte du maire de Paris même si, comme moi, nous le considérons avec respect.
Vous affirmez que cela avait pour conséquence une aliénation de fait voire que j’aurais été victime d’un chantage moral du à cette situation.
Il m’appartient de vous rappeler deux données historiques et indiscutables.
A/ J’ai été l’initiateur de ce que l’on a appelé les évènements de 1995 contre le Plan Juppé relatif à la sécurité sociale.
B/ Lorsque, candidat à la présidence de la République en 2002, Monsieur Chirac s’est trouvé confronté à Jean-Marie Le Pen, j’ai refusé d’engager la CGT-FO, publiquement, dans un choix politique, non par soutien au Front National que je combats individuellement depuis 1960 (j’étais partisan de l’indépendance de l’Algérie), mais pour respecter l’indépendance du syndicat que je considère comme une nécessité en démocratie. Je suis un fervent adepte de la charte d’Amiens.
J’ajoute que cela m’a valu une caricature de Plantu dans le journal le Monde, à la limite de la diffamation pour un fils de résistant.
Vous conviendrez avec moi que j’ai pour le moins fait preuve d’ingratitude et que la soumission présumée n’est qu’une contre vérité.
Venons en maintenant à l’individu Blondel considéré comme un parvenu, attaché aux pompes et aux dorures de la République. Bien que par définition je refuse la soumission et toute forme de confession, je ne vous reconnais pas le droit de jouer les procureurs et les gardiens de la morale (quelle morale !). Je précise que j’ai été, durant des années, responsable au secteur économique de la CGT-FO, j’aurais pu -puisque les désignations étaient faites sur ma proposition- obtenir un siège au conseil économique et social (ce que j’ai refusé, ainsi que mon prédécesseur). Cela m’aurait valu, outre une retraite, la possibilité de faire figurer sur ma voiture un macaron républicain.
Par ailleurs, proposé, à différentes reprises, pour des décorations républicaines (et non des moindres), j’ai toujours refusé qu’il y soit donné suite.
J’ai, dans le même esprit, refusé les diverses citations et médailles de pays pour lesquels j’ai, sur le plan international, milité (plainte au BIT contre le gouvernement Jaruleski en Pologne,…).
En termes clairs je n’ai aucun attrait pour les honneurs, tous les honneurs, même de la presse.
Dans ces conditions, je m’autorise un jugement. Pourquoi un article quasi réquisitoire, une opposition systématique aux syndicats de salariés ? Une opposition à une organisation syndicale ? ou tout simplement la méconnaissance des dossiers ?
Le terme d’Agoravox sous entendait le débat, le refus de la vérité révélée voire poussée à l’extrême, la contestation dans la cité, voire l’anarchisme. J’ai fréquenté ce milieu et j’avoue me considérer comme un socialiste libertaire.
Vous comprendrez, dans ces conditions, que je refuse d’être victime d’un Fouquier Tinville de circonstance.
Avec mes salutations républicaines et laïques.
BLONDEL Marc
27 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON