• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Choisir son maître n’est pas une liberté

Choisir son maître n’est pas une liberté

La majorité des électeurs ne croient plus en ce que disent les politiciens, experts en baratin publicitaire. La farce bat son plein, et le plébiscite de Nicoléon a un arrière-goût de tragédie en ces temps de crise, qu'il a lui-même créée. Mais quand les "veaux" votent dans cette guignolerie spectaculaire, ce n'est plus pour un candidat, mais par défaut ou contre les autres qui sont encore pires. On élimine plutôt que l'on sélectionne. La plupart ont compris que les élections sont des "pièges à cons", qu'une fois élu le président ne respecte jamais ce pour quoi il a été élu. Il ne reste que le choix de se faire avoir, trompé et manipulé. Dans cette magouille, l'important n'est pas le choix, mais le show, l'illusion de la démocratie.

La démocratie républicaine est construite sur la représentativité de ses élus, au scrutin majoritaire. Mais il n'y a pas de majorité pour gouverner le pays. C'est le système électoral qui en fabrique artificiellement une, qui ne représentera en fait, qu'une petite minorité. Ainsi, étant donné que la moitié des électeurs ne sont pas convaincus par le candidat pour lequel ils votent, celui qui arrive en tête au premier tour ne représente donc, qu'environ 15 % des suffrages exprimés, qui eux-mêmes ne représente qu'environ 75 % des inscrits, sans oublier les 15 % de non inscrits. Au bout du compte, le candidat en tête se retrouve à ne représenter qu'environ 10 % de la population. Une personne sur dix fera une majorité fictive, qui décidera de tout. Ce système fait comme si la démocratie fonctionnait encore. Ayant largement fait la preuve de sa non-représentativité, il n'est plus ni crédible ni défendable.

N'étant pas représentatif, nos élus ne se considèrent pas comme mandatés par le peuple, mais comme étant mis en place dans un "job" qu'ils feront comme ils voudront. Comme dans n'importe quelle entreprise, ces cadres de l'État, spécialistes en gestion, ne pensent qu'à leur carrière. Ils ne nous représentent pas, ils ne représentent qu'eux-mêmes. N'étant pas révocables les élections leur donnent carte blanche. Ceci leur permet de promettre n'importe quoi, car ils savent qu'une fois élus, ils seront libres de faire ce qu'ils veulent. Même les référendums n'ont plus aucune incidence sur leurs décisions. Quant aux partis qui veulent rendre le pouvoir au peuple, certains se souviendront que ce slogan s'est trop souvent changé en "tout le pouvoir au parti", avec les conséquences que l'on connaît. 

En élisant l'autorité suprême du pays, c'est un pacte de servitude volontaire que l'on signe jusqu'à la prochaine fois. "La démocratie (représentative) bourgeoise est l'appropriation du pouvoir politique des individus, rebaptisés électeurs, par des représentants. Ceux-ci, au nom de leurs électeurs, emploient ce pouvoir au bénéfice de la classe dominante. Le vote est la légitimation formelle des maîtres." (Robert Chasse, Situationist International, New York 1969)

Les représentants du commerce politique, domestiques du grand capital et de la haute finance escroquent le bien publique pour le livrer aux entreprises mafieuses de l'affairisme mondial. Le pouvoir est usurpé au peuple, c'est pourquoi son autorité est toujours abusive. Et comme le dit la chanson, "pour être heureux vraiment faut plus de gouvernement".

Les professionnels de l'embrouille se lancent sur le marché du pouvoir. Les candidats montent leur campagne comme une campagne publicitaire dont ils seraient eux-mêmes la marchandise à promouvoir. Le but est de vendre son image et d'attirer l'électeur, comme une prostituée aguiche, séduit et trompe le client. Tout n'est que jeux d'apparences et manipulations des plus bas instincts. La crédulité et le masochisme se répandent dans la population comme une épidémie.

On voudrait nous faire croire que choisir son maître, c'est la liberté. Pourtant, ce maître n'est que le gérant du marché, le gestionnaire des affaires, le bureaucrate en chef, le chien de garde du système que l'on choisit parmi les moralistes, les démagos, les hypocrites, les malhonnêtes, les menteurs, les magouilleurs et les manipulateurs, les escrocs et les truands. On élit celui qui nous imposera les directives des technocrates européens, eux-mêmes aux ordres des mafias financières à dominante américaine, installant le contrôle et la maîtrise du système pour les meilleurs profits d'un groupuscule de grands bourgeois et quelques aristocrates des trafics financiers de grande envergure. Les élus ne nous représentent pas, mais seulement les intérêts de cette caste dominante, instaurant la dictature des affaires et des trafics en tout genre.

"Diviser pour régner" est la base opérationnelle du pouvoir. Les discours contradictoires ont ceci en commun c'est que chaque sujet est bien séparé des autres. La séparation fait le jeu de la bureaucratie, qui devient ainsi l'unification effective d'un monde parcellaire. En dissociant, fragmentant, morcelant, c'est la compréhension globale du monde qui disparaît, et le fonctionnement du système devient inaccessible. Alors, l'idéologie dominante effectue son tour de passe-passe et l'unité de la vie se fond dans une succession d'objets, la vie devient objet dans le spectacle des marchandises.

La société n'a plus ni mémoire ni devenir, on pare au plus pressé, on n'y réfléchit plus qu'à très court terme, en se moquant des conséquences, dans l'urgence aveugle du faire pour faire sans trop y croire. Le meilleur des mondes est aujourd'hui construit sur le meilleur des mensonges. En inventant la crise, l'escroquerie est parfaite, car elle passe par une fausse piste économique qui a été rendue indiscutable. La crise est crue, et l'exploitation capitaliste n'a plus de limite.

"La gangrène se propage dans un système livré à lui-même, sans réelle gouvernance, qui impose les contraintes implacables nécessaires aux affaires mafieuses de financiers multimilliardaires, libres de piller tout ce qu’ils trouvent, tels des charognards dévorant ce qui reste d’un monde en décomposition.

Le spectacle, qui n’est rien d’autre que la vision publicitaire du monde marchand sur lui-même, ne parle que de crise économique, doublée d’une récession sociale, pour mieux faire disparaître cette gigantesque rafle des richesses par quelques accapareurs au dessus des lois, au-delà du visible, qui provoquent la ruine progressive du système.

Le pire est à venir. La peur de l’avenir n’est que l’expression de l’incertitude du devenir des capitalistes qui n’ont plus de futur. Tous ceux qui n’ont plus grand-chose à perdre ont tout à espérer d’un nouveau monde émergeant par nécessité. Ce qui nous arrive n’est pas un accident de parcours, mais bien l’aboutissement du capitalisme, l’achèvement d’un monde suicidaire."

(L'INVENTION DE LA CRISE, escroquerie sur un futur en perdition, aux Éditions L'Harmattan, 2012)

Pour en finir avec une survie de plus en plus insupportable, il s'agit maintenant de refaire un monde sans le monde des affaires, de reprendre le pouvoir sur nos conditions d'existence et construire ensemble par une démocratie directe à taille humaine avec des mandataires révocables, l'autogestion généralisée de la vie par tous et partout.

Lukas Stella

Les inventeurs d'incroyances


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (21 votes)




Réagissez à l'article

25 réactions à cet article    


  • Gabriel Gabriel 21 mars 2012 08:54

    Votre analyse est exacte et il y a longtemps que nous ne sommes plus en démocratie mais dans une monarchie élective guidée et bridée dans les choix. C’est tout ce système qu’il faut revoir car aujourd’hui les soi-disant représentants du peuple ne représentent plus qu’eux même et les lobbies qui les rémunèrent. Aussi faut-il exiger plusieurs mesures :

    1°) Interdiction stricte du cumul des mandats.

    2°) Transparence des émoluments de l’élu payés par la république.

    3°) Constitution de jurys populaires issu de la société civile pour des périodes de 6 mois renouvelable ayant pouvoir de contrôler et révoquer les élus malhonnêtes.

    3°) L’élu devra répondre durant toute sa mandature devant le peuple des résultats accomplis ou non accomplis.

    4°) L’élu est révocables et jugeable immédiatement durant sa mandature en cas de malversations avérées.

    5°) L’élu est révocables immédiatement si son programme n’est pas tenu dans les délais promis durant sa campagne sauf évènement majeurs ou exceptionnels l’ayant empêché ou retardé dans l’application de celui-ci.

    6°) L’élu est révocables et jugeable immédiatement si il s’avère qu’il privilégie une institution privée au détriment de la nation.

    7°) L’élu ne prendra jamais de décision hors de son programme engageant la nation sans consultation de celle-ci par référendum.

    8°) L’élu ne remettra jamais en cause une décision du peuple qu’il représente.

    Etc…

     

     


    • momo momo 21 mars 2012 13:33

      Il faut aussi changer les électeurs et empêcher de voter ceux qui sabotent, consciemment ou non, les élections : point 4 du Mouvement : http://poilagratter.over-blog.net/article-5264933.html


    • Romain Desbois 21 mars 2012 09:11

      Comme le peuple vote mal alors supprimons au peuple le droit de vote ?

      Il n’a jamais été question de choisir son maître et ceux qui le pensent trompent les gens.

      « construire ensemble par une démocratie directe à taille humaine avec des mandataires révocables »
      Ca s’appelle l’élection.

      Si l’on veut améliorer notre système démocratique, il faut choisir lors des élections ceux et celles qui proposent de le faire, à défaut ceux qui s’en approchent le plus.
      S’abstenir ne sert qu’à entretenir le système que l’on condamne.
      Ou alors il ne reste qu’à attendre une révolution dont on n’est pas sûr du tout qu’elle donnerait ce qu’on attend d’elle ni quand elle arrivera.


      • sleeping-zombie 21 mars 2012 10:37

        Bon article,

        Il est clair que la démocratie reste encore à inventer.
        Mais quel boulot pour y arriver, quelle inertie du monde actuel...
        Et tout ça pour quoi ? aucun gain à court terme, car actuellement une bonne moitié de la population est incapable de vivre en démocratie (intellectuellement ou culturellement), ce qui fait que le 1er essai, s’il vient un jour, ne sera certainement pas probant...


        • Romain Desbois 21 mars 2012 11:25

          Tout le monde dit souhaiter la démocratie mais je n’ai pas beaucoup croisé de vrais démocrates dans ma vie.


        • foufouille foufouille 21 mars 2012 11:53

          Tout le monde dit souhaiter la démocratie mais je n’ai pas beaucoup croisé de vrais démocrates dans ma vie.

          moi non plus


        • Bovinus Bovinus 21 mars 2012 16:22

          Romain Desbois :
          Tout le monde dit souhaiter la démocratie mais je n’ai pas beaucoup croisé de vrais démocrates dans ma vie.

          Et c’est quoi, un « vrai démocrate », d’après vous ?


        • Romain Desbois 21 mars 2012 16:29

          Un vrai démocrate est quelqu’un qui ne veut pas imposer sa façon de vivre aux autres. Une vraie démocratie est un système où chacun est libre de vivre comme il l’entend tant qu’il ne nuit pas à autrui. Je sais c’est vague et utopique mais par rapport à notre démocratie, il ya de la marge.


        • Bovinus Bovinus 21 mars 2012 17:41

          Romain Desbois :
          Un vrai démocrate est quelqu’un qui ne veut pas imposer sa façon de vivre aux autres. Une vraie démocratie est un système où chacun est libre de vivre comme il l’entend tant qu’il ne nuit pas à autrui. Je sais c’est vague et utopique mais par rapport à notre démocratie, il ya de la marge.

          On n’est plus dans le vague ou l’utopique, mais carrément dans l’aporie. Sinon, notre « démocratie », en termes de science politique, ça s’appelle « gouvernement représentatif ». La démocratie en est l’exact contraire. C’est peut-être l’un des éléments qui vous manquait pour apprécier le désastre dans toute son étendue ?

          Vous devriez écouter ceci, un monsieur pas bête y explique très bien ce qu’est la démocratie, ainsi que certaines autres choses.


        • Romain Desbois 21 mars 2012 18:01

          Bovinus, je connais bien les thèses d’Etienne mais je ne vois pas comment tirer au sort serait plus démocratique que de demander aux citoyens de choisir.

          Je suis d’accord qu’en France la démocratie n’est même pas représentative, perso je préfère la démocratie directe. Mais s’abstenir n’est certainement pas la façon d’y parvenir, bien au contraire.


        • Bovinus Bovinus 21 mars 2012 23:17

          @ Romain Desbois :

          Bovinus, je connais bien les thèses d’Etienne mais je ne vois pas comment tirer au sort serait plus démocratique que de demander aux citoyens de choisir.

          C’est pourtant évident : les élections ne sont qu’une mascarade de « démocratie », car ceux qui s’y présentent sont soigneusement sélectionnés à haut niveau, sont issus de milieux sociaux privilégiés, et « adoubés » par les saints médias (tous aux mains de l’oligarchie... et j’ai bien dit : TOUS, jusqu’au dernier). En clair, ces gens font partie d’une élite, sont créés, payés et choisis par l’élite et servent non pas leurs électeurs mais uniquement l’élite.

          Le tirage est plus « démocratique » en cela que les lois des probabilités sont sans quartier : il y a beaucoup plus de pauvres que de riches, donc, mathématiquement, les chances qu’une élite puisse s’installer durablement au pouvoir sont infimes. Paraît-il que cela ne s’est jamais produit à Athènes au cours des deux siècles où la démocratie était le régime en place.

          Après il est évident que le tirage au sort seul est insuffisant. Il n’est qu’un élément, certes important, mais un élément tout de même, d’un système institutionnel plus vaste, dont les autres piliers étaient notamment l’isegoria, et la responsabilité des magistrats (fonctionnaires), qui devaient rendre des comptes à la fin de leur mandat, de courte durée et non renouvelable, sans oublier les sanctions politiques éventuelles auxquelles nul n’échappait (ostracisme, par exemple).

          La Suisse est l’un des seuls pays au monde qui reprend réellement quelques-uns des principes démocratiques athéniens, et force est de constater que ça marche plutôt pas mal là-bas. De fait, leur système est un hybride entre gouvernement représentatif et démocratie.

          Je ne sais pas à quoi correspond ce que vous appelez « démocratie directe ». Il n’y a pas 36 sortes de démocratie, il n’y en a en fait qu’un seul exemple connu, c’est celui d’Athènes. Point. Tout le reste n’est pas de la démocratie. Je ne dis pas que des variantes du système grec ne soient pas possibles ; mais il faut que cela y ressemble tout de même beaucoup, sinon on change de système.


        • sleeping-zombie 22 mars 2012 11:39

          Je ne sais pas à quoi correspond ce que vous appelez « démocratie directe ».

          Ca s’oppose à la « démocratie » représentative.
          Au lieu de voter pour quelqu’un qui vote pour des lois, tu votes directement pour les lois.

          Démocratie directe = 40 millions de parlementaires, et pas 1000.


        • lsga lsga 21 mars 2012 15:30

          quand tu t’apprêtes à te battre contre ton maître, il faudrait être stupide pour se priver de choisir celui-ci.

          Pour rappel, Sarkozy vient d’autoriser l’utilisation d’armes à feu contre les manifestants.
          Mélenchon, lui, est le candidat préféré des syndicats ; il est celui qui est susceptible de céder le plus rapidement et avec le moins de violence aux revendications des hommes libres.

          Refuser de voter dans un contexte pré-révolutionnaire, c’est être encore plus stupide et soumis que le plus stupide et le plus soumis des moutons. 


          C’est uniquement parce que l’auteur est un planqué qui ne participe ni aux grèves ni aux manifs qu’il ne voit pas la différence entre la gauche et la droite. Il doit certainement être un bourgeois installé confortablement, pour ne pas voir la différence entre 35h de travail et 40h, entre la retraite à 60 ans et celle à 65ans, entre la sécurité sociale et les assurances privées. 

          Si vous êtes un homme libre, si vous êtes Révolutionnaire, alors plus que jamais :
          VOTEZ 

          • kemilein 21 mars 2012 16:07

            rien a rajouter.
            mais selon moi après « Divide et impera » suivra « si vis pacem para bellum »

            car les richaillons ne lacheront rien ne cracheront rien.

            la guerre aux riches est inéluctable, sauf si le servage convient « ad vitam aeternam »


          • Bovinus Bovinus 21 mars 2012 17:29

            @ Isga :

            Votre discours est consternant.

            C’est uniquement parce que l’auteur est un planqué qui ne participe ni aux grèves ni aux manifs qu’il ne voit pas la différence entre la gauche et la droite. Il doit certainement être un bourgeois installé confortablement, pour ne pas voir la différence entre 35h de travail et 40h, entre la retraite à 60 ans et celle à 65ans, entre la sécurité sociale et les assurances privées.

            Cette attaque ad-hominem est ridicule. Il est vrai que quand on n’a pas d’arguments, ça peut dépanner, mais là vous abusez. On pourrait tenir ce genre de propos au sujet de n’importe qui, pourquoi pas de vous :

            « L’auteur des lignes ci-dessus doit être un de ces »imbéciles utiles« , pour reprendre la formule de Lénine, du genre de ceux qui emmerdent tout leur entourage parce qu’il n’a pas forcément les mêmes opinions, tout en délivrant des brevets de bonne et de mauvaise pensée à tour de bras, s’estimant avoir une quelconque légitimité supérieure à le faire. Cette façon de procéder s’apparente à ce que certains appellent du »terrorisme intellectuel."

            Refuser de voter dans un contexte pré-révolutionnaire, c’est être encore plus stupide et soumis que le plus stupide et le plus soumis des moutons.

            Ceci est un jugement de valeur, et ça ne vaut guère mieux que l’attaque ad-hominem. Déjà, le contexte soi-disant « pré-révolutionnaire », vous m’excuserez, mais je ne le vois nulle part. Je vois bien que c’est la merde dans le pays, mais je ne vois pas beaucoup de mécontents descendre dans la rue en masse pour le moment (ce qui serait assurément la chose la plus stupide à faire, mais au moins, cela accréditerait le constat du contexte « pré-révolutionnaire »).

            Par contre, je vois toujours plein de crétins tout heureux débouler dans les rues le samedi après-midi pour acheter de la merde vendue dix fois trop cher par les franchises envahissant le centre ville, ça oui. Quand je verrai une foule en colère venir y foutre le feu, là je dirai : nous sommes dans un contexte « pré-révolutionnaire ». En Grèce, ils en sont en effet là, mais ici nous parlons de la France.

            Votre phrase ainsi épurée retrouve du coup un certain sens : Refuser de voter, c’est être encore plus stupide et soumis que le plus stupide et le plus soumis des moutons.

            Malheureusement, vous n’étayez pas cette affirmation à l’emporte-pièce, qui en aurait pourtant bien besoin. Refuser de voter, voyez-vous, c’est justement l’un des actes de subversion le plus efficaces que l’on puisse commettre à l’égard de ce système moribond et pervers. Sa seule justification, c’est l’illusion de légitimité aux yeux de la populace, tirée de sa propre participation à ce cirque. Pour démolir un système représentatif, il conviendrait de faire de sorte qu’il devienne manifeste que les représentants ne représentent personne d’autre qu’eux-mêmes.

            Ainsi, une élection présidentielle à laquelle plus de 70% des électeurs refuseraient de participer n’aurait aucune sorte de légitimité (même si, je vous l’accorde, elle serait toujours valable d’après la loi). Il deviendrait alors manifeste que l’élu est un usurpateur. Inversement, aller voter, c’est justement donner de la crédibilité au système, apporter de l’eau à son moulin. N’est-ce pas Coluche qui disait : « un pauvre qui va voter, ça me fait penser à un crocodile qui rentre dans une maroquinerie »  ?

            L’abstention massive est une arme beaucoup plus efficace que la manifestation massive, qui bien que spectaculaire, ne sert à rien, ne change rien, et n’exerce aucune sorte de pression sur le pouvoir. La grève, oui, ça peut fonctionner. Encore que, il faudrait que celle-ci fût générale et suffisamment longue pour être réellement efficace, et que les syndicats fussent du côté des travailleurs et non des patrons (à quand remonte la dernière grève générale en France ?).

            Comment le Medef, la presse, le gouvernement nomment-ils les syndicats ? Des « partenaires sociaux ». Elle est assez révélatrice, cette tournure, à tel point qu’il n’y a plus grand-chose à rajouter.

            Le plus drôle, finalement, c’est que votre discours reprend les éléments de langage de l’analyse marxiste, mais on dirait que vous n’avez qu’une très vague idée de ce que cela représente, et véhiculez un discours qui semble soufflé par l’Oligarchie. Est-ce une conséquence de la « culture » par Wikipédia ? Ou bien... d’une grasse rémunération ? smiley


          • Romain Desbois 21 mars 2012 17:33

            Isga est un troll.


          • lsga lsga 21 mars 2012 18:26

            trop méchant romain, je suis vexé...


            @bovinus....

            quand vous reprenez mes propos (« imbéciles utiles »), en fait, vous ne faites que reprendre la structure de la phrase sans reprendre les prédicats, donc ça ne marche pas... moi, je participe aux manifs et aux grèves depuis pas mal de temps déjà. Je sais faire la différence entre les CRS avant Sarko et après Sarko. Je sais donc qu’il y a une différence. Vous voyez, cela ne marche pas pour tout le monde.

            Concernant le jugement de valeur, vous avez raison. Ce n’était que la reprise du jugement de valeur de l’auteur lui-même. 

            Concernant le contexte pré-révolutionnaire, je m’appuie essentiellement sur ce qui se passe en Grèce, en Espagne, mais surtout dans les domtom (martinique, guadeloupe, réunion, etc.). Les domtom ont toujours eu une longueur d’avance sur la Métropole, et leur contexte social préfigure souvent celui de la métropole. 


            Comment contester la légitimité du système et du pouvoir ? En manifestant, en faisant des grèves, pas en votant blanc. 

            Il y a déjà plus ou moins 70% de la population qui ne vote pas (43 Millions d’inscrit sur 65 Millions de français, dont plus de la moitié ne votent pas). C’est du pain béni pour le pouvoir en place. D’ailleurs, la Belgique est restée sans gouvernement pendant des années, et ça a arrangé largement les banques et l’oligarchie.

            Pour finir, monsieur le Bison pas très futé, nous, en manifestant, en faisant grève, en votant, nous avons obtenus :

            - Les trois 8
            - Les 35h
            - Les 5 semaines de vacances
            - La sécurité sociale
            - L’éducation gratuite
            - La retraite à 60 ans
            etc. etc.

            Vous prétendez que l’abstention est l’arme la plus efficace ? Plus efficace que les manifestations et les grèves ?

            Rappelez moi donc quel progrès social avez vous obtenus par votre méthode.

          • Bovinus Bovinus 21 mars 2012 22:52

            @ Isga

            Vous n’avez visiblement pas compris ce que je dénonçais quand je « reprenais votre phrase » : votre façon de procéder, qui s’apparente à une sorte de « chantage émotionnel » du type « moi, je... » et qu’on appelle parfois « terrorisme intellectuel ». Mais bon, ce n’est qu’un détail, passons.

            Concernant le contexte pré-révolutionnaire, je m’appuie essentiellement sur ce qui se passe en Grèce, en Espagne, mais surtout dans les domtom (martinique, guadeloupe, réunion, etc.). Les domtom ont toujours eu une longueur d’avance sur la Métropole, et leur contexte social préfigure souvent celui de la métropole.

            Faut pas généraliser abusivement non plus. Soit on parle de la Grèce, soit on parle de l’Espagne, soit on parle des collectivités d’outre-mer, mais on peut pas tout mettre dans le même sac. Sinon, pourquoi pas aussi y rajouter les États-Unis, l’Islande et la Suisse ?

            Si votre vous vouliez dire que ce n’est qu’une question de temps avant qu’on en soit au stade de la Grèce, ça me paraît en effet tout à fait plausible. C’est d’ailleurs un excellent exemple, puisque, en dépit du black-out médiatique total sur la situation grecque, à en juger par les bribes d’infos qui nous parviennent, des centaines de milliers de types manifestent nuit et jour, incendient le centre-ville, encerclent le Parlement... et se font entuber tout de même.

            À la limite, si ils manifestaient un peu moins et préparaient un coup de force, ils obtiendraient, ce me semble, de bien meilleurs résultats. C’est pas avec des manifs que les bolcheviks ont pris le pouvoir en Russie, mais avec des fusils et des canons, au prix d’une anarchie sanglante suivie d’une guerre civile effroyable qui a duré quasiment jusqu’à ce que Staline finisse par faire supprimer Trotsky. Bilan : des millions, voire des dizaines de millions de morts. Vous voulez ça en France ? Si c’est le cas, vous devez être le seul ou pas loin.

            Puisque votre vocabulaire est marxiste, parlons-en, tiens. Vous n’ignorez pas comment les grèves, les révoltes et les émeutes étaient réprimées en France, au temps des « luttes de classes », n’est-ce pas ? L’usage était, quand les gueux se faisaient trop assommants, de « faire donner la troupe ».

            Le système actuel a été entièrement pensé, mis au point et rôdé petit à petit par l’oligarchie. Il est donc évident que ce système ne peut se retourner contre ceux-là même qui l’ont mis en place. La seule solution pour les classes défavorisées de renverser le système est d’en sortir. C’est à dire, soit par la violence brute, soit par un coup d’État, soit par la résistance passive et non-violente, ou bien, un miracle.

            La deuxième et la troisième alternatives sont les seules envisageables. Cela passe par la mise en place de réseaux, ce qui nécessite à son tour la formation de ce que Marx appelait « la conscience de classe ». C’est un préalable crucial et indispensable.

            Il y a déjà plus ou moins 70% de la population qui ne vote pas

            C’est insuffisant. On s’en balance de quel est le pourcentage de la population qui ne vote pas, ce qui compte est le nombre d’électeurs qui s’inscrivent, et ne votent pas. Il faut que ce soit visible comme le pif au milieu de la figure, et 70% c’est un grand minimum. Pour parvenir à un tel résultat, il faut qu’il y ait une certaine discipline, ce qui nous renvoie à ce que je disais plus haut sur la conscience de classe.

            Pour finir, monsieur le Bison pas très futé, nous, en manifestant, en faisant grève, en votant, nous avons obtenus :

            Je ne sais pas qui est ce « nous » à qui vous faites référence, mais ce qu’on sait, c’est que vous, vous n’avez pour le moment obtenu que peau de balle.

            La sécu, c’est pas l’oeuvre d’abrutis en train de défiler en chantant, mais du CNR. Ainsi d’ailleurs que la retraite à 60 ans. Les 35h, c’était une contorsion des socialos pour soi-disant réduire le chômage, mais qui au final aurait plutôt rehaussé le coût du travail en France et l’aurait rendue encore moins compétitive sur le marché mondial et européen qu’elle ne l’était déjà, ce qui ne pouvait qu’accélérer le mouvement de délocalisation qui était déjà bien engagé. L’éducation gratuite, formellement c’est les lois Ferry des années 1880 ; l’enjeu était surtout d’arracher l’éducation des mains de l’Église catholique, qui s’en chargeait pourtant très bien. Le bien-être du prolo, Ferry s’en tapait gaiement le coquillard.

            Ok, restent les congés. Vous avez raison, ils ont été arrachés de haute lutte, et ce non pas par la manifestation, mais par la GRÈVE et l’OCCUPATION des lieux de travail.

            Alors, cela, je veux bien en débattre avec vous. La grève reste un moyen, le seul même, que le peuple possède pour faire pression sur l’oligarchie (à part la violence brute). Mais il faut que ces grèves soient générales, et en 1936, elles l’étaient.

            Alors, je vous repose la question que je posais dans mon message précédent : à quand remonte la dernière vraie grève générale en France ? Allez, je réponds pour vous : 1968. Ça commence méchamment à dater.

            Le problème, voyez-vous, c’est que même si la situation est telle qu’il y aurait réellement eu de quoi faire plusieurs grèves générales (ne serait-ce que pour les interventions néo-colonialistes de la France à l’étranger, par exemple, ou pour protester contre l’adoption du MES), celle-ci ne se produit pourtant pas. Pourquoi ?

            Réponse : parce que les syndicats sont divisés, selon le bon vieux principe du divinde ut regnum, et surtout parce que leurs chefs roulent pour l’oligarchie. Les gens ne sont pas cons et voient bien la combine. Alors ils ne veulent plus marcher, et c’est normal. Avant qu’on ne revoie une véritable grève générale, il faut qu’un travail sérieux de restauration d’une conscience de classe soit fait. Ça peut prendre des années, voire des décennies. Lénine avait mis en place son réseau de révolutionnaires relativement vite, mais il paraît qu’il était aidé...

            Vous devriez lire « Le Talon de Fer » de Jack London. C’est une sublime vulgarisation du marxisme, et ça permet de comprendre un certain nombre de choses.


          • foufouille foufouille 21 mars 2012 23:41

            trop fort bovinus


          • Ruut Ruut 22 mars 2012 08:51

            Le vote blanc ne sera effectif que si un candidat le porte en tant que candidat du vote blanc.


          • Dominique TONIN Dominique TONIN 21 mars 2012 17:35

            ELECTEURS ELECTRICES DE FRANÇOIS BAYROU ET JEAN-LUC MÉLENCHON 
            VOTEZ POUR VOTRE IDOLE AU 1er TOUR C’EST VOTRE CHOIX ET VOTRE DROIT 
             
            MAIS 
             
            POUR LE 2ème TOUR COMME VOUS REJETEZ DEPUIS DES MOIS ET DES MOIS AVEC FORCE ET RAISON LE DUO SARKOLANDE 
             
            VOTEZ BLANC 
             
            AINSI VOUS AUREZ LA FIERTÉ DE NE PAS VENDRE VOS IDÉES ET LE PLAISIR DE PARTICIPER NON PAS A L’ELECTION D’UN PRÉSIDENT MAIS D’UN RIDICULE.



            • Romain Desbois 21 mars 2012 18:04

              Mais si les gens rejettent tant que ça Hollande et Sarkozy, il n’y a aucune raison qu’ils soient au deuxième tour !
              A moins que ceux qui disent les rejeter s’abstiennent, leur permettant d’être au second tour.


            • manusan 21 mars 2012 18:37

              ci-joint une vidéo humoristique US de Tommy Douglas datant de 1944 qui évoquait déjà le même problème :

              http://www.blueman.name/Des_Videos_Remarquables.php?NumVideo=3804


              • kemilein 22 mars 2012 16:22

                point 1 : Choix
                de toute façon le choix, qu’importe le sujet sur lequel il porte, n’existe pas et est une illusion pratique pour les organiques. le choix est une sorte d’onanisme intellectuel créant le phantasme d’organiser sa vie par soi même ainsi que d’avoir une influence sur le futur.

                c’est là pure tragédie que de le croire, car en vérité, vous êtes forgé par une multitude de choses que vous ne choisissez pas et qui vous tombent sur le râble sans crier gare, vos rencontres, vos accidents, vos « révélations » suite a vos expériences vécues. Et les pseudo-choix qui en découle seraient prévisible si nous connaissions l’historique totale de votre vie et de celles qui vous entourent.

                le destin n’existe pas, écrit dans un livre cosmique, pourtant ce que vous aller faire présentement était prévisible, « prédestiné », une sorte de fatalité du présent.

                « devient ce que tu es »

                point 2 : Maître
                je me permet d’attirer votre attention sur le consentement, si bien écrit par etienne de la boétie (1549 - merci wikipedia) : De la servitude volontaire. Et c’est là l’un des grands malheurs de votre monde, de votre temps, de tous les temps au fond.

                C’est parce que vous consentez collectivement a ce qui est que vous le subissez. Vous êtes figé de par vos croyances (infondées) et vos rites et coutumes culturelles (dépassées) ainsi que par la propagande et l’endoctrinement quotidien.
                le monde si laid qui est le votre est ainsi parce que vous l’acceptez.

                c’est ce qu’il y a de remarquable avec les codes sociaux (c’est a dire les modalité commune des relations entre les individus) qui comprennent en leur sein, l’économie (la gestion de nos ressources pour vivre) et la politique (le processus de décision), c’est qu’il suffit d’en vouloir d’autres /collectivement/ pour qu’ils changent.

                point 3 : Scission

                la conclusion est simple : vous n’attendrez pas les retardataires et vous couperez les ponts. votre seule chance de changement est la sécession, la scission entre les « capitalistes » et les "mutualistes.

                les retardataires seront indécis ils freineront vos avancées et nombreux seront des réactionnaires.
                couper les ponts car votre autonomie sera mal perçue, libérer les esclaves que vous êtes pourrait donner des idées a d’autres.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès