Christophe Castaner se félicite du travail des forces de l’ordre dans l’attentat de Strasbourg. Y a-t-il vraiment de quoi se féliciter ?
Un fiché S qui se volatilise, qui déjoue les contrôles, qui sème la mort pendant 20 minutes à l’aide d’une arme datant du 19éme siècle et qui échappe à la police pendant 48 heures avant de se jeter dans ses griffes pour se suicider, peut-on vraiment parler de réussite ?
Mardi 11 décembre, le centre historique de la ville de Strasbourg a été le témoin d’une nouvelle attaque terroriste. A 19h40, le terroriste Fiché S, recherché depuis le matin (nous entrerons plus loin dans les détails) se présente Pont du Corbeau. Là, il se joue de la vidéo surveillance et du poste de contrôle matérialisé par une estafette de police. A ce sujet, l’intervention de Xavier Raufer sur CNews est sidérante : "à 19h30, (sur) le Pont du Corbeau qui est un des deux grands ponts d’accès du centre de la ville de Strasbourg. Il y a une vidéo surveillance sur ce pont. Il traverse le pont et là à l’entrée de la rue qui est en face de lui (rue du Vieux Marché aux Poissons), il y a un barrage. Le barrage en question, il est composé de policiers qui vérifient les identités, à côté d’eux il y a une camionnette, dans laquelle, il y a un ordinateur, sur l’écran duquel se trouve le portrait de l’individu en question, danger. Comment arrive-t-il a rentrer à l’intérieur de la ville ?".
À 19h45, il arrive "rue des Orfèvres ", où il ouvre le feu sur les premiers passants. Environ trois minutes plus tard, "rue des Grandes Arcades ", il blesse mortellement à la tête un garagiste afghan qui se promenait en famille. Selon les témoins : "Un homme l'a interpellé par son épaule par derrière en lui disant : Hé, monsieur. Il s'est retourné et se prend la balle. ". Dans les minutes qui suivent, il tue un retraité de 61 ans devant la brasserie Stub, "rue du Saumon". Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’il croise les premières forces de l’ordre, en l’occurrence quatre militaires de l’"Opération Sentinelle". Il s’en suit un échange de coups de feu, un des militaires est blessé au bras par le ricochet d’une balle. Cherif Chekkat aurait été blessé lui aussi à l’épaule. Malheureusement pour les victimes suivantes, quatre militaires lourdement armés ont seulement réussi à infléchir le parcours du tueur. Cinquante mètres plus loin, il abat sa troisième victime et ainsi de suite, jusqu’à la "rue des Moulins" où il abat d’une balle dans la tête un touriste Thaïlandais.
Il est presque 20 heures, pendant plus d’un quart d’heure un terroriste armé d’une pétoire a semé la mort dans le quartier le plus sécurisé de Strasbourg. Ses crimes commis, il monte comme si de rien n’était dans un taxi, qui le conduit dans le quartier de Neudorf. Là, il croise un équipage de la BAC, sur lequel il ouvre le feu. Les policiers le poursuivent, ripostent, un des fonctionnaires est équipé d’un fusil d’assaut HK G36. Néanmoins le terroriste arrive a disparaître en se glissant entre des voitures… Selon d’autres sources, il aurait en réalité tiré sur une patrouille de deux motards ?
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Parcours du terroriste dans le centre de Strasbourg.
La première des questions qui vient à l’esprit est, comment une personne peut pendant 15 à 20 minutes semer la mort dans une zone censée être ultra-sécurisée ? Comment peut-il mettre en échec 4 soldats de l’Opération Sentinelle, ainsi qu’un équipage de police ?
La première des hypothèses plausibles est une puissance de feu conséquente. Mais ce n’est pas le cas, l’armement du terroriste n’explique rien, bien au contraire…. Le terroriste a selon le Procureur de la République de Paris agit avec un "revolver "ancien" de calibre 8 mm". Cette information corrobore celle publiée le 13 décembre par le magazine "l’ Essor" de la Gendarmerie Nationale. L’arme est un revolver d’ordonnance modèle 1892 (voir même 1887), c’est à dire : l’arme "des Brigades du Tigre"… Ce pistolet préhistorique, brille par son manque de précision en tir rapide à double action (en pressant simplement la détente). Il est néanmoins précis en tir posé en simple action, c’est à dire après avoir armé le chien à la main et avoir pris le temps de bien viser. De plus à ce jour, les munitions pour cette arme ne sont plus fabriquées en France depuis 1964, ce qui expose à des non-feux liés à des cartouches défectueuses … Autant dire que ce n’est pas vraiment l’arme dont rêvent les terroristes ou les braqueurs. Après l’avoir testé dans un stand de tir, la première chose qui vient à l’esprit, c’est que la façon la plus efficace de s’en servir est de le lancer à la tête de son adversaire…
Ceci explique pourquoi les 3 victimes ayant perdu la vie ont été touchées à la tête soit à bout touchant ou a très courte distance.
Rue des Chandelles, le terroriste échange des coups de feu avec quatre soldats de l’Opération Sentinelle. Ces derniers sont casqués, équipés de gilets pare-balles et armés de fusils d’assaut Famas (capacité chargeur : 25 coups, cadence de tir 900 coups minutes), n’arrivent pas à neutraliser Chérif Chekkat et son pistolet du 19éme siècle (capacité chargeur 6 coups, cadence de tir 12 coups minutes). Cela interroge sur les réelles capacités de combat des militaires présents. Comment avec une puissance de feu 30 fois supérieure n’arrivent-ils pas à neutraliser un adversaire ?
Néanmoins, soulignons que ces quatre militaires sont la seule opposition rencontrée par le terroriste en 20 minutes dans un quartier hautement sécurisé où la police est sensée être omniprésente…
L’absence de réactivité des forces de l’ordre ce mardi soir est-elle le seul couac qu’oublie notre "estimable " Ministre de l’Intérieur ?
Bien sûr que non… Le premier couac est l’interpellation ratée d’un individu fiché S, depuis 2015, FSPRT (Fichier des Signalements pour la Prévention de la Radicalisation à caractère Terroriste), depuis 2016, arrêté la même année pour "apologie du terrorisme " et pour vouloir "tuer des flics ". Suspect décrit comme faisant l’objet d’une filature de la DGSI (deux agents de cette dernière étaient là, lors de son interpellation ratée). Filature dont on n’a pas de mal à juger de la qualité… Lors de la perquisition de son domicile, le matin, il est découvert une (ou 4) grenade(s). En ce début de journée, nous sommes donc en présence d’un individu très défavorablement connu par la police et l’antiterrorisme, en fuite et recherché…
Ce raté aura des conséquences terribles, car Chérif Chekkat a déclaré au chauffeur de Taxi qui l'a pris en charge que c’est sont interpellation ratée du matin qui est à l'origine de son passage à l’acte. Le terroriste épargnera ce témoin car il est musulman et avait attaché un collier de prière à son retroviseur.
Et pourtant, quelques heures plus tard cet individu n’a pas de mal a passer le contrôle de police à l’entrée du quartier du Marché de Noël, deuxième couac….
Sa liberté d’action de 19h40 à 20h10, constitue le troisième couac…
Durant 48 heures , il échappe à la police qui a reçu 800 appels, signalant la présence du terroriste dans le quartier de Neudorf. De ces signalements s’en suit une opération de police sans succès le jeudi après-midi.
Finalement, Cherif Chekkat, circulant à pied est repéré par une patrouille de la Brigade Spécialisée de Terrain. Après des sommations, le terroriste ouvre le feu sur les policiers, qui l’abattent.
Alors peut-on féliciter les forces de l’ordre comme l’a fait notre "irremplaçable" Ministre de l’Intérieur ? A la lecture des faits la réponse est bien évidemment non…
Sans tomber dans le complotisme, initié par le retour du terrorisme dans une période cruciale et charnière pour le pouvoir en France, on ne peut que constater de graves carences dans la sécurité publique française.
La sécurisation du marché de Noël, se chiffrant à 1 million d’euros est un échec. Un individu, dangereux, fiché, recherché, armé peut y pénétrer sans encombre et faire 17 victimes.
L’Opération Sentinelle est un quasi échec, pendant 20 minutes un terroriste a pu tuer à sa guise dans une zone hautement sécurisée…
En conclusion, à la place du Ministre de l’Intérieur et du gouvernement, il n’y a pas de quoi, se féliciter. Ils ont usé les forces de la Nation dans un bras de fer social avec les gilets jaunes.
Ils ont généré une police et une gendarmerie aptes à interpeller des détenteurs de lunettes de piscines et de gilets jaunes et inaptes à interpeller des fichés S détenteurs de grenades, mettant ainsi la France à la merci du terrorisme.
Les dernières questions que l’on doit se poser sont : pourquoi ces informations ne sont pas reprises par les médias ? Pourquoi, n’y a-t-il pas de questionnements à la tête de l’État sur ces couacs, ni de remise en cause de l’action de la Sûreté Publique ?
La réponse est simple, dans le climat pré-insurrectionnel qui règne en France, le pouvoir est tributaire des forces de l’ordre pour sa survie. Depuis le début de la crise, le pouvoir est seulement constitué de deux corps, le corps présidentiel et le corps des forces de l’ordre. Cette relation "à deux" a encore été mise en scène le vendredi 14 décembre, lors de la visite d’Emmanuel Macron à Strasbourg. Où, on a pu voir le Président déposer une rose blanche (comme dans la chanson de Berthe Sylva) à la mémoire des victimes, avec comme seuls témoins des escadrons de policiers. Il n’est jamais bon dans une démocratie qu’un Chef d’État prenne la police pour maîtresse. Mais est-ce vraiment une surprise ? N’est-ce pas, dans le schéma affectif présidentiel de prendre une incarnation de l’autorité comme maîtresse et ce depuis l’adolescence ? Si, on vous demande comment la France a fini par devenir une dictature, vous répondrez, "mais par sentimentalité mon Général "….
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