Chronique d’un plouc sans dents
Le terme « plouc » est-il une apocope du nom en « plou » (paroisse en breton) de certaines communes bretonnes ou bien dérive-t-il de l’anglais « plough » (la charrue) que les Picards utilisaient pour se moquer des manières simples des laboureurs et en étendant par métonymie cette appellation à tous les paysans ? Les origines du mot sont incertaines, mais tout le monde s’accorde à penser qu’il est chargé d’une connotation péjorative.
C’est pourtant l’appellation affectueuse que Nicolas Sarkozy utilise pour parler de son électorat. Dans un article du Point, son ami Charles Consigny fait preuve d’un grand talent d’acrobate de la sémantique pour expliquer que ce sont les journalistes bobos qui ont déformé non pas les propos, mais la pensée noble de son gourou, incapables qu’ils sont de mesurer « l'effet dévastateur que peut entraîner la divulgation de ce type de propos, à une époque où l'on ne lit plus que les titres » (sic).
Donc, pour ce directeur de conscience, il conviendrait que les journalistes fissent preuve d’une « réelle » déontologie en ne rapportant que les propos homologués par la commission de contrôle attachée aux pas des gens qui font des déclarations aux journalistes, et qu’ils oubliassent les remarques et plaisanteries pertinentes de ces grands penseurs dont les véritables « intentions » (dixit M. Consigny) échapperaient aux demeurés qui les interviewent.
Il serait utile d’étendre ces recommandations à l’entourage direct et aux favorites des locataires du palais de l’Elysée, passés, présents et futurs pour ne pas risquer de démoraliser un peuple qui découvre qu’il n’est rien d’autre qu’un troupeau de sans-dents ». Les journalistes et les commères ne se rendent pas compte du mal qu’ils font en répétant de fines plaisanteries, des « private jokes » de bon ton dont la saveur appréciée et savourée par les gens de bon goût est inaccessible au vulgaire.
L’entourage des chefs d’états-majors politiques ont bien raison de remettre à leur place ces baveux indécents et grotesques qui empoisonnent la belle sérénité des élus de la République.
Souvenez-vous de la bassesse et de la vilenie de ces pamphlétaires impénitents qui avaient trouvé intelligent de rapporter les propos pleins de bon sens et de raffinement de Georges Frêche : « Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 % ; moi je fais campagne auprès des cons. »
Sur ce plan, l’AFP a une position d’avant-garde et conforme aux souhaits des lieutenants politiques en ne voulant pas « faire de commentaires sur des propos tenus en "off", c'est-à-dire des propos censés être tenus secrets par les journalistes ». Nous voilà rassurés !
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