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Chypre a failli être le tombeau de l’Euro Le 26/03/2013

A la toute fin du week-end est tombée la nouvelle : Chypre ne fera pas faillite et ne sera pas contrainte à quitter la zone euro. La tragi-comédie de la semaine dernière qui avait vu la confiscation possible d’une partie des comptes bancaires des épargnants n’aura pas vraiment lieu et la zone euro est temporairement sauvée.

Une petite précision préalable sur ce petit pays : oui les dépôts bancaires s’élèvent à 7,5 fois le PIB et l’Ile vit surtout du tourisme et des activités bancaires. Elle joue notamment un rôle important de plaque tournante pour les entreprises russes et elle a sûrement reçu de l’argent sale des hommes d’affaires russes. Mais elle n’est ni à proprement parler un parasite fiscal ni un état pirate ne respectant aucune règle.

L’Irlande a aussi un taux peu élevé d’impôt sur les sociétés et ses dépôts bancaires représentent aussi 7 fois son PIB (la moyenne dans l’union européenne est de 3,5 fois), et on ne dit pas de l’Irlande que c’est un paradis fiscal. Et que dire alors du Luxembourg dont les dépôts bancaires représentent 22 fois le PIB et qui doit recevoir beaucoup plus d’argent sale ? Et la Suisse ?

Parlons ensuite des causes de la crise : Chypre doit trouver 17 milliards d’euros pour financer ses banques. Mais elle a beaucoup perdu lors de la crise grecque : les européens (notamment les allemands) ont contraint les créanciers à abandonner la moitié de la valeur des créances sur l’Etat grec, ce qui a déjà fait perdre 4,5 milliards d’euros à Chypre. De surcroît, les filiales des banques chypriotes en Grèce ont aussi perdu de l’argent. C’est là la cause principale de la crise à Chypre qui trouve donc son origine dans la façon dont les européens ont traité la crise grecque !

Et voilà que les européens voulaient imposer une taxe sur tous les dépôts bancaires (y compris ceux des petits épargnants au départ) afin de financer 7 milliards, l’Europe et le FMI finançant 10 milliards de leur côté.

Il est évident qu’un tel plan était inacceptable pour les chypriotes qui l’ont refusé à l’unanimité du parlement (les députés du parti du président s’abstenant).

Cette proposition européenne n’est pas neutre : les dépôts bancaires sont théoriquement garantis jusqu’à 100 000 euros dans tous les pays européens. S’attaquer à ce principe revenait donc à provoquer l’inquiétude de tous les citoyens chypriotes mais aussi des autres pays européens. Il est clair que les portugais, les irlandais, les grecs et les espagnols peuvent désormais s’inquiéter de la suite.

Une telle décision eu provoqué une panique dans de nombreux pays et un « bank run » c’est-à-dire un retrait d’épargne par les déposants.

Mais le prix à payer pour Chypre est fort : la deuxième banque de l’Ile va faire faillite de facto et le montant des dépôts sera simplement garanti jusqu’à 100 000 euros. Ceci signifie donc que les actionnaires de cette banque (ce qui est normal) assumeront ses pertes mais aussi les gros déposants (notamment russes) qui seront fortement touché (probablement à hauteur de 30 %). Ceci aura forcément des conséquences importantes pour l’économie de l’Ile, les étrangers cessant de lui faire confiance.

Cette crise est à double détente : elle prouve que les européens n’assument pas leurs erreurs (la crise est due en grande partie à la façon de gérer la crise grecque). Et d’autre part, que les dirigeants de l’Union Européenne sont prêts à faire payer les pots cassés de n’importe façon aux simples citoyens, qui au départ aurait été touchés non en fonction de leur revenu, mais en fonction des montants déposés à la banque à un moment particulier.

Et surtout, le manque de réactivité des européens alors que le problème prenait de l’ampleur depuis des mois prouve que ces derniers sont vraiment dans l’incapacité totale de gérer ces crises à répétition. L’euro n’a pas explosé cette fois-ci mais il y a des chances pour que ce ne soit qu’un sursis.

 


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10 réactions à cet article    


  • Jánošík Jánošík 26 mars 2013 09:02

    « Cette proposition européenne n’est pas neutre : les dépôts bancaires sont théoriquement garantis jusqu’à 100 000 euros dans tous les pays européens. S’attaquer à ce principe revenait donc à provoquer l’inquiétude de tous les citoyens chypriotes mais aussi des autres pays européens. Il est clair que les portugais, les irlandais, les grecs et les espagnols peuvent désormais s’inquiéter de la suite. »

    Et aussi les francais !!!


    • Stof Stof 26 mars 2013 09:42

      Je ne vois pas trop en quoi, ni comment, l’euro serait en danger. Tant que les riches possèdent des euros il n’y a aucun risque selon moi. Je les vois mal convertir leur fortune en drachme. 


      Je trouve surtout tout ce cirque un peu suspect. Comment peut on être incompétent au point de quasiment provoquer un bank run européen sur une proposition qui n’avait finalement aucune chance d’être votée ?


      ps : et j’avais déjà posté, avant, un commentaire expliquant pourquoi ça ne passerait pas au vote.

      • Francis, agnotologue JL 26 mars 2013 10:13

        Bonjour,

        d’accord avec vous sur le fond, mais je voudrais discuter de votre conclusion  ; vous écrivez : ’’ (les Européens) sont vraiment dans l’incapacité totale de gérer ces crises à répétition.’’

        Le Européens sont-il incapables , ou bien le système est-il ingérable ? Nuance donc.

        Moi je voudrais poser une question : Chypre, 1 million d’habitants doit trouver 10 milliards ? Pour faire quoi ? Recapitaliser ses banques ? Et pourquoi faut-il recapitaliser à un tel niveau, 10 000 euros par habitant ? L’équivalent de 600 milliards pour la France !

        Rapporté au PNB c’est encore pire : Avec 20 milliards d’euros, c’est 100 fois moins que la France, donc l’équivalent de 1000 milliards pour nous !

        Ce matin Jean-Luc Mélenchon était l’invité de France Inter. Il disait que la BCE devrait prêter à taux zéro aux États. Bernard Guetta lui a sauté dessus en l’accusant de vouloir protéger les paradis fiscaux ! Manque de pot, quelque minutes avant, Mélenchon venait de dénoncer les traités européens tant vantés par Guetta lui-même, traités qui interdisent l’harmonisation fiscale.

        S’il y a des protecteurs de paradis fiscaux c’est bien dans cette classe médiatique payée in fine par les mafias qui contrôlent l’es traités : l’euro n’est pas notre monnaie, c’est la monnaie de la mafia financière européenne. Il faut dire pour leur décharge que, peut-être, seule une mafia est capable de tenir tête à l’Empire du dollar ? Voilà une question qu’elle est bonne, non ?

        L’euro ne peut être notre vraie monnaie commune que si la BCE prête directement aux États sans passer par les marchés. Et ce sujet devrait faire l’objet d’un vrai débat au niveau de la zone euro.

        Plus précisément, nous ne pouvons plus utiliser cette monnaie mafieuse, mafieuse par le fait que les États, seuls prêteurs en dernier ressort y sont soumis aux marchés financiers ! Les peuples qui créent la richesse (*) sont les esclaves de ceux qui leur volent cette richesse. Le comble de l’escroquerie.

        L’alternative est simple : soit on obtient l’harmonisation fiscale et prêt direct aux États, soit on abandonne l’euro.

        (*) « L’argent est basé sur la capacité à produire de la population laquelle capacité appartient à la population. » (Louis Even)


        • Maha Drayo Mouyaya Maha Drayo Mouyaya 26 mars 2013 10:29

          Pourquoi on ne ponctionne pas uniquement les dépôts extracommunautaires dans les banques chypriotes ? Ca aurait le mérite d’épargner les locaux et les membres de la CE, tout en pénalisant la mafia russe. Mais il aurait fallu le faire par surprise, avant qu’ils aient le temps de réagir.


          • Stof Stof 26 mars 2013 11:07

            Oui, enfin quand même : prendre l’argent directement dans la poche des riches et couler une banque (voire beaucoup plus), les communistes l’ont rêvé, l’UE l’a fait. smiley


            • BA 26 mars 2013 13:59

              Mardi 26 mars 2013 :

               

              Des mesures de contrôle strict des capitaux, « temporaires » selon le président chypriote Nikos Anastasiades, ont dû être mise en place pour éviter un « bank run » qui pourrait à lui seul causer la faillite de l’île. Bref, le bilan est lourd. « Chypre est un cas spécifique », a tenté de rassurer le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jeroen Dijsselbloem après avoir provoqué la stupeur dans l’après midi en sous-entendant que cette approche pourrait à nouveau être adoptée à l’avenir. La peur d’un précédent est bien là. D’autant que des craintes pèsent désormais sur une autre petite économie de la zone euro au secteur bancaire hypertrofié : la Slovénie.

               

              http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20130326trib000756035/chypre-apres-le-soulagement-l-heure-du-bilan-pour-les-marches.html

               

              Comment ça, les craintes pèsent désormais sur la Slovénie ?

               

              Mais les craintes pèsent aussi sur le Luxembourg.

               

              Les craintes pèsent aussi sur Malte.

               

              Les craintes pèsent aussi sur Jersey et Guernesey.

               

              Dans les mois qui viennent, les économies européennes qui ont un secteur bancaire hypertrophié vont subir le sort de Chypre.

               

              C’est le mektoub.


              • Jimmy 26 mars 2013 15:57

                si l’on en croit http://www.zerohedge.com/ le plus drôle est à venir parce que la majorité des russe aurait déjà retiré leurs sous des banques chypriotes par le biais de filiales londoniennes

                il n’y aurait ainsi plus assez d’argent pour le bail-out et déjà la banque centrale chypriote demanderait une ralonge


                • BA 26 mars 2013 16:18
                  Mardi 26 mars 2013 :

                  1- D’abord, il y a eu la Grèce.
                  2- Ensuite, l’Irlande.
                  3- Ensuite, le Portugal.
                  4- Ensuite, l’Espagne.
                  5- Ensuite, Chypre.
                  6- Demain, ce sera le tour de la Slovénie.

                  Slovénie : Moody’s abaisse la note de la deuxième banque du pays NKMB.

                  L’agence d’évaluation financière américaine Moody’s a abaissé mardi la note de la deuxième banque slovène NKMB, en raison des craintes concernant l’économie du pays membre de la zone euro, qui pourrait être contraint de demander une aide européenne.

                  La note à long-terme de la NKMB, détenue par l’Etat, a été abaissée de deux crans de B3 à Caa2 par Moody’s, la faisant passer au rang de valeur ultra-spéculative. 

                  L’agence de notation a associé sa décision d’une perspective négative en raison des craintes d’un nouvel affaiblissement du porte-feuille de crédit de la banque.

                  Moody’s avait déjà dégradé le 13 mars la note de la plus grande banque slovène Nova Ljubljanska Banka (NLB), de B2 à Caa2, également au rang de valeur ultra-spéculative.

                  La NKMB, détenue par l’Etat, pourrait avoir besoin d’une nouvelle injection de capital pour remplir les exigences de l’Autorité européenne des banques (EBA).

                  En raison des problèmes de son secteur bancaire acculé par une montagne de mauvaises créances (7 milliards d’euros selon un rapport du Fonds monétaire international), la Slovénie pourrait devenir le prochain pays de l’UE à demander une aide de l’Union européenne, après Chypre.

                  En 2012, la NKMB a réalisé 205,5 millions d’euros de perte nette, contre 81,1 millions de perte en 2011.

                  Les craintes d’une demande d’aide financière de la part de la Slovénie ont fait bondir les taux d’intérêt des emprunts slovènes à 10 ans sur le marché secondaire. Ils sont passés de 5,04% la semaine dernière à 6,10% mardi. 

                  En octobre 2012, ils avaient franchi la barre symbolique des 7%, alors que les syndicats menaçaient de bloquer par référendum les réformes du gouvernement de centre-droit du Premier ministre conservateur Janez Jansa.

                  Le FMI et l’UE ont demandé au nouveau gouvernement de centre-gauche du Premier ministre Alenka Bratusek de s’attaquer à la crise du secteur bancaire du pays.


                  • Matthhou 26 mars 2013 18:02

                    Je ne comprends pas de quoi vous vous plaignez...
                    L’U.E. vient de faire exactement le contraire de ce qu’on lui reprochait jusqu’à présent. Plutôt que de faire payer les contribuables, elle a laissé une banque faire faillite et les actionnaires payer les pots cassés.
                    Si seulement tous les pays de la zone euro pouvaient faire pareil la crise serait très vite réglée !


                    • Stof Stof 26 mars 2013 22:03

                      C’est la méthode qui est un peu... cavalière. smiley

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Christophe Bugeau

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