Climat, transition énergétique… Quand « le cave se rebiffe »
Dans le film de Gilles GRANGIER, dialogué par Michel AUDIARD, l’un des personnages Robert MIDEAU (joué par Maurice BIRAUD) passe pour être le « Cave », c'est-à-dire dans le langage des truands, un être ordinaire, crédule et ignorant des pratiques et des codes du milieu. Toutefois, dans le film la suite démontrera que le ‘’cave’’ ne se montrera pas aussi « cave » que prévu… Concernant les us et coutumes, transposés au milieu politique, dans un tel film Nicolas HULOT jouerait à merveille ce rôle. Du moins c’est ce qu’a pensé François HOLLANDE, lorsque dans son scénario politique sur l’environnement, tel le film de Gilles GRANGIER il n’a pas hésité à faire appel à Nicolas HULOT pour jouer le rôle du « cave »
De CHIRAC à HOLLANDE
Après avoir joué les sherpas de l’environnement auprès de Jacques Chirac au début des années 2000, après avoir été consulté par son successeur, François HOLLANDE lui a confie la mission ‘’d’envoyé spécial pour la planète"’. Mission qui consiste à « sensibiliser, informer et mobiliser la communauté internationale sur la crise écologique mondiale et les moyens pour y faire face, notamment là où ces enjeux ne sont pas suffisamment pris en compte »… Nicolas Hulot devra aussi « promouvoir les idées et les valeurs de la France en matière de développement durable et de protection de la planète, relayer les propositions de la société civile (entreprises, associations, collectivités locales) pour mieux préserver notre environnement et favoriser le développement humain ». Il participera par ailleurs à la préparation de la prochaine conférence internationale sur le changement climatique, que la France propose d'accueillir en 2015.
Nicolas HULOT avait évidemment accepté cette mission au long cours, car il y voit « un grand intérêt » une occasion de « déployer ses convictions » bien qu’il ait toutefois conscience que « sa tâche est tellement immense qu'il se demande par quoi et par quel pays il va commencer » Il avait toutefois prévenu François HOLLANDE que sa liberté de parole resterait « entière » Ce dont HOLLANDE, en bon politicien, se fiche royalement. Car, pour lui, l’essentiel, c’est de faire une bonne opération politique vis-à-vis de ses partenaires "grognons" d’Europe Écologie -Les Verts et de museler notre ‘’Télé écologiste’’ National qui a force de médiatiser les problèmes d’environnements pour sensibiliser l’opinion devenait encombrant. De ce point de vue François HOLLANDE avait réussi son coup, car Nicolas HULOT s’était fait très rare dans les médias depuis l’annonce de sa mission ‘’d’envoyé spécial du Président pour la protection de la planète’’.
Trop s’est trop ! Entre les ratés de la loi sur la transition énergétique et le rapport du GIEC, "le cave""Nicolas HULOT était contraint de se rebiffer…
Voilà que notre ‘’ envoyé spécial du Président pour la protection de la planète’’ semble découvrir « Tant que nous aurons une pratique de la politique politicienne et partisane, on ne pourra pas aborder les grands enjeux »… Comme dans le film, voilà que Nicolas HULOT se rebiffe. Il est vrai qu’il ne pouvait en être autrement, sauf à suivre la trajectoire des ‘’TENARDIER ’’ Verts (DUFLOT, PLACE) qui ont inféodé durablement EELV au PS et perdre ainsi tout crédit écologiste, le dernier rapport du GIEC et l’annonce du report de la loi de transition énergétique, bien que démentie par Ségolène ROYAL, ne pouvait que l’inciter à se rebiffer.
Un rapport du GIEC qui ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà…
Selon les experts du GIEC qui sonnent l'alerte, limiter à 2°C la hausse du thermomètre mondial par rapport à l'ère pré - industrielle est un défi encore possible à relever. Mais pour y arriver, cela exige, selon eux, une réduction d'ici 2050 de 40 à 70% des émissions de gaz à effet de serre qui ne cessent de croître. Sans changement majeur et rapide dans le ‘’paquet énergétique mondial’’ très dépendant du charbon et du pétrole, gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES), le thermomètre mondial subira une hausse de 3,7 à 4,8°C à l'horizon 2100, préviennent-ils. Non seulement les émissions de GES ne cessent de croître mais elles le font à une rythme de plus en plus élevé : 2,2% par an entre 2000 et 2010, décennie qui a vu un retour en force du charbon. La Chine et les Etats-Unis sont les deux principaux émetteurs de GES. La tendance actuelle doit donc être inversée et le temps presse pour agir. "Sans réduction des émissions avant 2030, il sera plus difficile de ne pas dépasser les 2°C et les options seront plus réduites", alertent les scientifiques. Le rapport du GIEC est clair : il n'y a pas de plan B. Il n'y a qu'un plan A, celui d'une action collective pour réduire de façon drastique les émissions dès maintenant. D’ailleurs, Connie HEDEGAARD la commissaire de l'Union européenne au Climat, dans un communiqué n’a-t-elle pas promis : « l'Union européenne va adopter dans le courant de cette année un ambitieux programme de réductions de ses émissions pour 2030 »… De quoi encourager Nicolas HULOT à enlever sa muselière et de se rebiffer en déclarant « La réaction des politiques français est assez consternante, et je dis ça avec mesure » avait-il lancé sur TF1. Avant d'ajouter : « Si on regarder le dernier rapport du GIEC qui ne fait que confirmer ce que l'on sait déjà, je ne comprends pas un tel silence effrayant et irresponsable » Il en profite également pour s’emporter contre « ces comportements politiciens qui engluent notre pays, il ne faut pas sous-traiter l'écologie à une seule personne dans un gouvernement, il ne pas sous-traiter ça à un seul parti « avait-il martelé, appelant droite et gauche « à mettre de côté leurs préjugés ».
Un report éventuel de la loi de transition énergétique, démenti, mais ?...
« Le projet de loi sur la transition énergétique n'est absolument pas reporté à 2015. Il va suivre son chemin, il sera à l'automne à l'Assemblée, si les commissions parlementaires saisies fin juillet font leur travail », avait déclaré la ministre de l'Écologie à des journalistes à Arcachon (Gironde).
Cette déclaration de la MINISTRE a-t-elle de quoi rassurer pour autant ?
On peut comprendre qu’avec le « si les commissions parlementaires saisies fin juillet font leur travail » ait de quoi inquiéter et obliger Nicolas HULOT de se rebiffer encore plus et de menacer « Il y a eu un long débat pour la préparer et si cela débouche sur une souris, plus personne, et moi le premier, ne pourra et ne voudra continuer à participer à ce type de consultation. Les conférences environnementales se suivent et ne débouchent quasiment sur rien. Exemple : où en est l'agence de la biodiversité ? »
« Le cave se rebiffe » pour convaincre le scénariste de modifier son scénario, mais il ne changera rien…
Nicolas HULOT peut toujours jouer avec brio le « cave qui se rebiffe » dans le film réalisé par François HOLLANDE et constater avec dépit : « J'ai parfois l'impression que les hommes et les femmes politiques dans leur ensemble savent mais ne croient pas vraiment à la gravité de la situation. Ils ne réaliseront que lorsque le PIB s'écroulera ou lorsque les conflits se multiplieront à travers la planète. Tant que nous aurons une pratique de la politique politicienne et partisane, on ne pourra pas aborder les grands enjeux. Tant que ceux qui étaient pour la fiscalité écologique au pouvoir y deviennent hostiles quand ils sont dans l'opposition, nous ne nous en sortirons pas… » Le scénariste semble bien sourd aux incantations d’un Nicolas HULOT dans son rôle du « cave qui se rebiffe ». Sauf à être d’une naïveté déconcertante, ce qui n’est pas le cas, Nicolas HULOT devrait cesser de perdre son temps et son énergie à jouer les CASSANDRE au service d'un Président de la république qui se fiche royalement d'écologie, et à fortiori de la crise écologique, dont à l'évidence il n'a pas pris et ne tient pas à en prendre conscience...
Force est de constater qu'à aucun moment, l’extrême gravité de la crise écologique et les défis écologiques du XXIe siècle qu’elle suppose n'ont été et ne sont placés au cœur des préoccupations des dirigeants politiques de Droite comme de Gauche, à aucun moment les difficultés financières et économiques de l’Europe n’ont et ne sont reliées aux difficultés d’approvisionnement en énergie, à aucun moment la menace du réchauffement climatique, le décalage entre les ressources disponibles et la croissance démographique, la faiblesse des stock alimentaires ou l’effondrement de la biodiversité n’ont et ne trouvent leur juste place dans leurs discours et à fortiori dans leurs actions politiques. En raison de cette absence, de la dérive politicienne et d’un discours excessivement anthropocentriste, une grande partie de l’électorat écologiste se sent aujourd’hui trahi par des dirigeants d’EELV qui ont privilégié leurs ambitions personnelles au détriment de l’urgence de la gravité de la crise écologique, si tant est qu’il en aient eu conscience.
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