Comme un chien dans un jeu de quilles
Le choix fait par les électeurs Britanniques de quitter l'Union Européenne va-t-il être « contourné », « escamoté » ou « maquillé » ? Va-t-il provoquer un « tsunami » de référendums à travers le continent ? Un effet « dominos » va-t-il être déclenché ? On assiste en tous cas en ce moment à une série spectaculaire de rétropédalages dans la semoule !
Un sondage publié lundi par le Conseil Européen des Relations Etrangères (ECFR) a constaté que 33 référendums populaires sont attendus pour l'année qui vient.
Les motivations sont disparates et parfois antinomiques dans le spectre politique, mais les points de convergence sont le mécontentement que provoque la politique d’austérité imposée par l'UE et un développement des nationalismes qui se traduit souvent par une rhétorique islamophobe et anti-immigrés.
Certains, comme le Front national en France et le PVV aux Pays-Bas demandent des référendums comme celui de la Grande-Bretagne dans le but de quitter l’U.E. alors que d'autres, comme le parti au pouvoir en Hongrie, veulent faire valider parle électeurs la remise en cause de questions spécifiques comme l’impopularité des quotas de réfugiés obligatoires.
Les gouvernements des 27 Etats membres de l'UE promettent un programme de réformes censé contenir la marée montante des positions anti-UE.
Mais il doit s’agir d’une grande marée : l’eau monte vite. Un récent a révélé que seulement 38 pour cent des Français avaient une opinion favorable de l'UE, ce qui traduit un retournement étonnant des attitudes à l'égard de Bruxelles depuis la crise financière de 2009. Un autre sondage du mois dernier a constaté que près de la moitié des électeurs dans huit grands pays de l'Union Européenne souhaitent voter à propos l'opportunité de rester membres de l’union ; un tiers des électeurs se prononcent pour une sortie si on leur donne le choix.
Quelles sont les forces en présence dans les pays « sensibles » ?
PAYS-BAS
Geert Wilders, le chef du Parti néerlandais pour la liberté (PVV), a été le premier demander un référendum portant sur la sortie de son pays de l'UE, en espérant tirer parti d’un gain de popularité de l'extrême droite qui s’est traduit par de violentes manifestations contre les demandeurs d'asile et une aggravation du clivage à propos du racisme.
Bien que les Pays-Bas soient un des membres fondateurs de l'UE et qu’ils assurent actuellement la présidence de l'UE, un sondage a montré en Juin que 54 % des citoyens souhaitent un référendum sur l'adhésion à l'UE, que 48 % voteraient pour sortir et que 45 % pour cent voteraient pour rester.
M. Wilders, qui est en tête des sondages en vue des élections législatives de mars prochain, est une figure charismatique et populaire à droite, mais il bénéficie de l’appui des forces centristes.
De son côté, M. Mark Rutte, le Premier Ministre des Pays-Bas a souligné qu’un référendum ne serait "pas dans l'intérêt néerlandais". M. Alexander Pechtold, le chef du parti libéral démocrate, lui, estime qu’un "Référendum détruirait les positions acquise, sans alternative , comme cela semble être le cas actuellement pour la Grande-Bretagne ".
Le gouvernement de coalition et les deux principaux partis d'opposition sont fermement opposés à tout référendum qui, pour être contraignant, nécessiterait un amendement à la constitution qui exige actuellement une majorité des deux tiers des voix du Parlement pour que le résultat soit ratifié.
M. Wilders a promis de faire de cette question le point majeur de sa campagne pour les élections de mars prochain. Son parti est en tête dans les sondages et pourrait obtenir jusqu'à 33 sièges, ce qui lui permettrait de modifier les alliances avec les autres partis. Il déclaré au Daily Telegraph : « La Grande-Bretagne est une nouvelle fois à la pointe de la lutte pour la démocratie en Europe. L’article 50 prévoit qu'il lui faudra deux ans pour que sa sortie soit effective. Mais si les Hollandais et les autres suivent l'exemple britannique, l'UE pourrait bien s'effondrer dans moins de deux ans. L'Union européenne est un projet qui a échoué et nous prive de notre argent, de notre identité, de notre démocratie, de notre souveraineté."
Le ministre des Affaires étrangères néerlandais M. Bert Koenders a promis de travailler pour des réformes de l'UE, mais, ironiquement, toute réforme du Traité de l'UE pourrait en fait imposer un autre type de référendum aux Pays-Bas. En vertu d'une loi de 2015, les groupes capables de recueillir 300.000 signatures peuvent déclencher un référendum « consultatif », comme celui du traité UE-Ukraine en Avril de cette année, que les parties anti-establishment ont facilement gagné.
M. Thierry Baudet, président du groupe eurosceptique néerlandais « Forum pour la Démocratie », à l’initiative du référendum sur l'UE-Ukraine, a déclaré que pour lui, un référendum sur la sortie de l’U.E. était inévitable dans les cinq prochaines années.
M. Bart Nijman, de GeenPeil - un autre groupe eurosceptique estime, lui, que tout dépendra de la façon dont les choses tournent pour les britanniques quand ils ne feront plus partie de l'UE : « Nous voulons d'abord voir comment le Brexit fonctionne (et s’il se traduit pas une avancée ou un recul)."
ITALIE
La décision de la Grande-Bretagne de quitter l'UE a révélé des fissures profondes au sein de l'Italie. Une enquête avait montré il y a un mois que 48 pour cent des Italiens opteraient pour une sortie de l’U.E. si référendum de style britannique était organisé.
Le gouvernement de M. Matteo Renzi a assuré que la perspective d'une sortie italiennene figure pas dans les projets, mais les partis d'opposition se posent des questions, même si leur pays est l'un des membres fondateurs de l’union.
La Ligue du Nord a salué le vote britannique comme un triomphe de l’euroscepticisme et a appelé à un vote national en Italie. M.Matteo Salvini, le leader du parti, a salué le résultat britannique par l'envoi d'un » » tweet » à ses 265.000 partisans vendredi matin : "Vive le courage des citoyens libres ! Le cœur, la raison et la fierté ont eu raison des mensonges, des menaces et du chantage. MERCI, après le Royaume-Uni, c’ est maintenant notre tour."
Le Mouvement Cinq étoiles a appelé à un référendum non pas sur l'adhésion à l'UE, mais pour savoir si l'Italie devrait abandonner l'euro et revenir à la lire : « Le vote britannique sanctionne l'échec des politiques de l'UE fondées sur l'austérité et l'égoïsme des Etats membres, qui sont incapables d'être une communauté », a déclaré M. Beppe Grillo, le fondateur du mouvement. "Nous voulons que l'Europe soit une communauté et non un syndicat de banques et de groupes de pression". M. Luigi Di Maio, l'une des étoiles montantes de ce parti a réitéré son appel à un référendum sur l'euro qui, à cause de l’intransigeance de l'Allemagne sur les règles budgétaires, est responsable de l'austérité en l'Italie : « Nous n’avons jamais remis en cause l'adhésion de l’Italie de l'UE, mais nous avons toujours appelé à un référendum sur l'euro".
A ce propos, M. Matteo Renzi, le Premier Ministre, a déclaré dimanche soir : "Certes, la Ligue du Nord et le Mouvement Cinq étoiles, qui a toujours été contre l'euro, pavoisent, mais nous pensons que la grande majorité des Italiens veulent rester dans l’Europe. Cette Europe devrait avoir un cœur et pas seulement être constituée de règles et de règlements. Mais c’est une chose de changer l'Europe ; une autre chose d’en sortir. Ce serait une erreur tragique. "
AUTRICHE
Le Parti de la Liberté de l'Autriche (FPÖ,) d’extrême droite, a fait la une des journaux en envisageant un référendum dans le sillage des Anglais. Mais le FPÖ n’est pas parvenu à s’installer au pouvoir récemment et il reste prudent sur l’issue d’une telle initiative alors qu’il vient d’être échaudé.
Comme en Allemagne, l'extrême droite a accueilli le choix des Anglais comme une occasion de réformer l'UE de l'intérieur et de la réduire à une union de libre-échange purement économique, une perspective partagée avec Alternative pour l’Allemagne (AFD), ses cousins politiques germaniques.
Mais, contrairement à l'AFD, le FPÖ est placé favori pour remporter le pouvoir aux élections autrichiennes en 2018, et contrairement à l'Allemagne, l'idée d'un référendum rencontre un écho favorable chez les Autrichiens (40 % d’après un récent sondage). En fait, la position du FPÖ est d’appeler à un référendum si une réforme de l'UE correspondant à ses conceptions n’est pas entreprise : "Si l’orientation correspond à plus de centralisation ... alors nous devrons demander aux Autrichiens s'ils veulent rester membres," a déclaré Norbert Hofer, récent candidat aux présidentielles battu de justesse.
De son côté, le chef du parti, Heinz-Christian Strache, a déclaré « Nous avons besoin d'une Europe des peuples, et non pas des bureaucrates. L'UE doit se réveiller. L'UE doit cesser de se diriger vers un fédéralisme politique, et permettre à des pays tels que la Turquie de la rejoindre, nous voulons la liberté de tenir un vote en Autriche sur lune telle adhésion ».
En d'autres termes, le FPÖ entend utiliser l’idée d’un référendum comme une menace plutôt que comme comme un objectif, au moins pour l'instant. D’ailleurs, M. Strache a fixé son prix. Il a appelé à la démission de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et Martin Schulz, président du Parlement européen.
Il a également appelé à un retour des pouvoirs détenus par Bruxelles aux parlements nationaux, la fin de l'accord de Schengen sur l’ouverture des frontières, et le droit pour l'Autriche de contrôler sa propre politique d'immigration.
ALLEMAGNE
L’extrême droite pour allemande a salué le choix de la Grande-Bretagne. Mme Beatrix von Storch, un membre éminent de l’AFD, a même déclaré à la télévision qu’elle « pleurait de joie ». M. Frauke Petry, le chef du parti, a tweeté : "Le temps est venu pour une nouvelle Europe." Un des membres les plus intransigeants du parti, M. Björn Hocke, a demandé qu’un référendum soit organisé en Allemagne en précisant : « Je sais que les Allemands veulent sortir de l'esclavage de l'UE".
Mais il a rapidement été repris par la direction de son parti. Pour M. Alexander Gauland, toute proposition de référendum devrait être « soigneusement examinée » et une telle décision ne peut pas être prise "dans le feu de la bataille". C'est que la direction de l’AFD sait qu'il ne faut pas s’attendre à un résultat semblable à celui du Royaume-Uni dans un pays où l'UE reste très populaire. Un récent sondage publié par le magazine Stern a révélé que seulement 17 % des Allemands voteraient pour sortir, alors que 79 % voteraient pour rester. Mais c’est aussi parce que l'AFD n'a jamais été eurosceptique au sens britannique. En dehors de M. Hocke et une poignée de faucons, il n'y a pas vraiment d’eurosceptiques convaincus dans la politique allemande traditionnels. La ligne officielle de l’AFD reste la volonté de réformer l'UE, radicalement, mais de l'intérieur et s’en tenir à une Union purement économique, une zone de libre-échange, sans aucune intégration politique. Les chefs du parti savent qu'ils ont perdu l'un de leurs rares alliés concernant vision de l'UE. "Je regrette la sortie de la Grande-Bretagne", a déclaré M. Gauland. "Mme Merkel a contraint les Britanniques à sortir de l'Europe avec sa politique des frontières ouvertes."
L’AFD a un autre problème crucial. Alors que les sondages montrent que le grand public allemand n’est pas favorable à une sortie, le seul groupe qui soutient un tel projet est constitué d’une partie de ses propres électeurs
Ce qui signifie que l'AFD devra trouver le moyen de garder ses partisans fidèles tout en essayant de « recruter » de nouveaux électeurs pour devenir une force politique majeure.
POLOGNE
Le résultat du référendum a provoqué un choc en Pologne, créant une inquiétude généralisée du public en ce qui concerne le sort des centaines de milliers de Polonais qui travaillent au Royaume-Uni.
Dans le même temps, le gouvernement polonais de tendance nationaliste a perdu un allié clé qu'il considérait comme le frein essentiel aux les aspirations fédérales de Berlin et de Paris.
C’est pourquoi le gouvernement polonais a rejeté les appels à une accélération du processus de sortie de la Grande-Bretagne
M. Witold Waszczykowski, le ministre polonais des Affaires étrangères, a déclaré à la télévision publique polonaise TVP Info : "Nous avons besoin de réfléchir davantage. Cette procédure ne peut pas être une action précipitée, cela ne peut pas consister à forcer la Grande-Bretagne à se retirer aussi vite que possible." Il a ajouté qu’une partie de ses reproches pour la sortie de la Grande-Bretagne, était que l’UE n’avait pas réussi à garder l'un de ses membres les plus importants : "Le reproche concerne les deux parties. Bien sûr, les Britanniques ont leurs arguments pour quitter l'UE. Mais du côté de l'UE, à Bruxelles, on peut se demander pourquoi il n'a pas été possible de garder un état aussi important". Reflétant une position euro-sceptique qu'elle partage le Royaume-Uni, la Pologne a rejeté l’idée d’une plus grande intégration de l'UE que M. Waszczykowski qualifie de "mauvaise solution" dontles électeurs ne veulent pas.
La Pologne a également cherché à exploiter le chamboulement provoqué par le vote des Britanniques en proposant l'adoption d'un nouveau traité européen qui mette un terme définitif au rêve fédéraliste et le remplace par une Union Européenne où les liens seraient plus lâches et dans laquelle les États-Nations auraient leur mot à dire.
Mais malgré les critiques vis-à-vis de l'UE, la Pologne n’envisage pas de quitter l'UE qu’elle considère nécessaire à son développement. Les Polonais voyagent maintenant à travers le pays en utilisant un nouveau réseau routier moderne ou en empruntant des trains ultrarapides, payés en partie par les fonds communautaires, et de nombreux agriculteurs du pays ont bénéficié de subventions agricoles.
DANEMARK
Au Danemark, le Parti du Peuple Danois (extrème-droite) a rétropédalé sur ses appels à un référendum en soulignant qu'un tel vote ne devrait avoir lieu qu’une fois que la Grande-Bretagne aurait accepté une nouvelle forme de collaboration avec l'Union Européenne. Ce parti considère que les Danois devraient organiser un vote dans le sillage des négociations britanniques avec l'UE. Si le Royaume-Uni réussit à négocier un nouveau type de relation entre membres à part entière et l'Association Européenne de Libre-Echange [AELE], position limitée à la Suisse et à la Norvègepour l’instant, le PPD leur emboitera le pas.
Or, un tel mouvement pourrait bien mettre une telle pression sur l'UE qu’il deviendra difficile de parvenir à un accord de ce type avec le Royaume-Uni de peur d’encourager de nouveaux candidats.
« Nous avons besoin de connaître le contenu précis du futur accord. Voilà pourquoi il est impossible d'organiser un référendum maintenant tout de suite, " a déclaré M.Kristian Thulesen Dahl, le président du parti, "Mais nous devons travailler dans cette perspective."
Pendant ce temps, le porte-parole du parti à l'UE M. Kenneth Kristensen Berth, a noté dans un article paru dans le journal Politiken que le vote de la Grande-Bretagne ne pouvait pas être définitif : "Il se peut aussi que l'élite de l'UE fasse tout pour essayer de garder les Britanniques. Tout le monde peut changer d'avis et devenir plus sage."
Le Parti du peuple danois, qui a plus de sièges au parlement danois que le Parti libéral au pouvoir, n'a pas tardé à féliciter les électeurs du Royaume-Uni qui ont voté pour la sortie pour leur victoire de vendredi.
Si le Danemark organisait un référendum, un précédent laisse penser qu'il irait à l'encontre de l'UE. Depuis que le Danemark a rejoint l’U.E.en 1973, les électeurs ont voté « non » dans trois des référendums européens du pays :
- le traité de Maastricht en 1992,
- se joindre à l'euro en 2000,
- conversion de son « opt-out en Décembre l'année dernière.
L'Alliance « Rouge-Verte » a demandé que le Danemark organise un référendum sur l'adhésion à l'UE le 5 Juin 2017, Jour anniversaire de la Constitution du Danemark : « Nous espérons bien sûr que cela signifie qu’ici, au Danemark, nous pouvons commencer à remettre en cause notre adhésion à l'UE et la soumettre au vote du danois", a déclaré Mme Pernille Skipper, l'un des leaders de l’alliance.
Mais le Premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen a catégoriquement exclu un tel vote : « Nous avons avec l'UE le rapport que nous avons. Il est basésur les « opt-outs » danois. Je n’envisage pas dans un proche avenir de franchir une nouvelle étape ni de soumettre cette position à une épreuve de force. »
FINLANDE
Un haut responsable politique du parti populiste Finlandais lundi a annoncé que la mise en place d’un référendum sur l'UE serait au cœur de sa prochaine campagne électorale.
Pendant ce temps, une pétition au Parlement demandant un référendum sur l'adhésion à l'UE a été signée par 17.000 personnes en moins d'une semaine.
« Au cours des prochaines élections [élections du Parlement finlandais] nous avons besoin d'avoir une discussion sur une éventuelle référendum sur l'UE", a déclaré M. Sampo Terho, un eurodéputé vétéran qui dirige le groupe de son parti au parlement finlandais à la radio. "Les trois prochaines années diront si nous devons continuer à rêver de réformer l'UE, ou s'il y a seulement deux options : une intégration plus poussée ou un retrait."
Dans le même temps, M. Sebastian Tynkkynen, leader du groupe de la jeunesse dans ce parti, était convaincu que sa requête forcerait le parlement du pays à envisager de soumettre au vote l'adhésion du pays à l'UE : "Mon équipe de campagne est vraiment, vraiment sûre que nous allons l’imposer au Parlement", a-t-il déclaré au Daily Telegraph. "En une semaine, nous avons déjàun du nombre de signatures dont nous avons besoin et il nous reste 25 semaines pour y arriver."
Une fois que la requête serat acceptée, elle sera examinée par les commissions parlementaires avant d'être soumise au vote des députés.
Le leader du parti, M. Timo Soini – aujourd’hui ministre des Affaires étrangères de Finlande - a récemment exclu de quitter l'euro, mais M. Tynkkynen, le leader de la jeunesse, a déclaré qu'il exploiterait le ressentiment des Finlandais envers Bruxelles dans sa campagne électorale de 2019 :
"Si mes chefs de parti promettent un référendum en cas d’entrée au prochain gouvernement, alors je pense nous obtiendrons une très grande victoire."
Mais c’est le seul grand parti finlandais qui caresse l'idée de quitter l'Union européenne.
M. Juha Sipilä, le Premier ministre du pays a réagi au vote britannique par un appel à la continuité : "Le projet européen continuera," a-t-il déclaré dans un discours dans lequel il qualifie lechoix britannique de « véritable déception".
M. Petteri Orpo, ministre des Finances de Finlande et chef du Parti de la Coalition Nationale a déclaré sur Twitter qu'il avait confiance en la Finlande qui trouverait avec d'autres pays de l'UE « un chemin commun vers l'avenir, malgré une décision britannique décevante".
SUÈDE
Lundi, les Démocrates de Suède, parti politique nationaliste et anti-immigration, ont renouvelé leurs appels pour un type de référendum à la britannique, mais ils ont reconnu qu'ils ne s'attendaient pas au même résultat dans un avenir proche : "A court terme, je ne pense pas que celatrès probable,"a déclaré M. Mattias Karlsson, "Mais vous auriez pu dire la même chose il y a quelques années pour le Royaume-Uni." Il sait que les partis traditionnels de droite et de gauche sont encore largement en faveur de l'adhésion de la Suède, de même que la majorité des médias suédois.
"Avec le Brexit, je pense que le vent a tourné. Nous pouvons voir qu'une proportion grandissante de la population suédoise est de plus en plus eurosceptique et en faveur du retrait de l'Union européenne. En fin de compte, je pense que ce sera très difficile pour les dirigeants de s’opposer à un vote."
Les grands partis de la Suède ont tenu une réunion de crise lundi matin sur la façon de répondre au choix de la Grande-Bretagne, alors que le premier sondage après le résultat du référendum au Royaume-Uni montrait que la majorité des Suédois étaient toujours favorables à l'adhésion.
"Ce n’est pas le moment d’exiger des négociations ou des référendums, parce que cela contribuerait encore à dégrader la situation", a déclaré M. Lofven lundi matin. "Il y a un consensus entre les quatre partis de l’opposition et les deux partis de gouvernement pour une stabilité et une continuité."
Cependant Mme Anna Kinberg Batra, chef de l'opposition (Parti Modéré), a affiché une nouvelle ligne plus dure lundi, qualifiant le vote britannique "d’appel au réveil » de Bruxelles, un appel que la Suède doit utiliser pourimposer des réformes sur la gestion de l'immigration, des finances et du commerce de l'UE.
"L'UE n'a pas réussi à surmonter les grands défis. Le mécontentement à propose de sa politique n’est pas propre à la Grande-Bretagne, il existe aussi chez nous », a-t-elle écrit dans un article publié par le journal Dagens Nyheter : "Les dirigeants de l'UE doivent reconnaître qu'il existe de graves lacunes. "
M. Karlsson considère que les Modérés sont "en conflit avec leurs propres électeurs » et qu’ils devront s’allier avec son parti, ce qui provoquerait un effet de levier pour obtenir un référendum.
Il a affirmé que son parti était favorable à un "modèle britannique" de renégociation suivie d'un référendum, mais il a ajouté que, contrairement à David Cameron, son parti était favorable à une sortie : « Pour que nous décidions de rester, il faudrait que les contreparties soient une très bonne affaire. Il est difficile de fixer un prix pour la souveraineté et la liberté. "
Le sondage, par Sifo, a révélé que 52 pour cent des répondants souhaitaient la Suède pour rester dans l'UE, contre 31 pour cent qui voulait partir. Près de 30 pour cent des répondants voulaient la Suède à tenir un référendum sur l'UE, contre 56 pour cent qui ne voulait pas un tel vote.
HONGRIE
La Hongrie a fait savoir qu’elle n'a pas l'intention pour le moment de quitter l'Union européenne malgré le fait que la pays ait la réputation d’être l'un des critiques les plus virulents.
Après le référendum britannique, Budapest a rallié le drapeau de l'UE mais a laissé entendre que cela pourrait changer à l'avenir : « À l'heure actuelle, je crois que la Hongrie aurait plus de mal à se développer à l'extérieur de l'Union européenne. Il serait beaucoup plus difficile de continuer à bâtir une Hongrie civique", a déclaré M. Laszlo Kover, le président du parlement hongrois. Mais il a ajouté que si l'UE ne réussissait pas à se réformer à procéder à une intégration plus étroite, il pourrait y avoir un moment où les inconvénients d'une adhésion dépassent les avantages.
M. Viktor Orban, le Premier ministre hongrois qui a longtemps été une épine dans le pied de l'UE, a dit qu'il croyait en une « Europe forte », mais il a appelé les dirigeants de l'UE à construire une Union où « les Etats-Nations forts ne soient pas considérés comme des obstacles mais comme des piliers ". Malgré son soutien à l'UE, Budapest envisage un référendum sur les projets de Bruxelles pour faire respecter les quotas de migrants par chaque État membre », une initiative conçeu pour donner une légitimité démocratique au refus de M. Orban de se plier aux exigences de Bruxelles sur cette question
Ce projet a mécontenté Bruxelles, M. Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement hongrois a répondu lundi : "il n'a jamais été plus pertinent qu’aujourd’huide demander aux gens ce qu'ils pensent."
Le mélange en Hongrie de vives critiques et de soutien de l'UE est, à certains égards, due à son passé mouvementé partagé par un grand nombre de pays de l’est membres de l'UE.
Le pays apprécie la sécurité et le financement que l'UE fournit avec le sentiment qu'il est maintenant un membre à part entière du club des nations européennes après avoir été considéré comme un état de deuxième catégorie pendant de longues années. Mais les luttes récentes de la Hongrie pour son indépendance ont amené un sentiment d’être l’objet d’ingérences transnationales et elles ont développé un profond sentiment de loyauté envers l'État-Nation.
FRANCE
Le récent vote historique de la Grande-Bretagne a satisfait les souverainistes et l'extrême-droite en France.
Madame Marine Le Pen, leader du Front national a bondi sur le résultat outre-manche pour justifier un retrait de l’U.E.. "Victoire pour la liberté ! » , a-t-elle tweeté quelques minutes après l’annonce des résultats, "Comme je l'ai demandé depuis des années nous devons maintenant avoir le même référendum en France et les autres pays de l'UE."
L'Europe sera au cœur de la prochaine élection présidentielle en Avril 2017, Mme Le Pen promet déjà de devenir « Madame Frexit » et d’organiser un référendum sur l'adhésion de la France dans les six mois, si elle gagne.
Cela reste un grand « si », étant donné que les partis traditionnels en France sont susceptibles de s'unir contre elle comme ils l’ont fait plusieurs fois contre son parti dans le passé, mais ses prétentions sont comme l’écho d’une vague montante d'euroscepticisme dans un pays où une crise économique prolongée et un énervement sur l'immigration ont entraîné un rejet encore plus catégorique de l'UE qu'en Grande-Bretagne.
Une enquête paneuropéenne que le Pew Research Center a publiée avant le vote britannique montrait que 61 % des électeurs français avaient une vision « défavorable », comparativement à 48 % pour les Britanniques.
Une nette majorité est opposée à une « union toujours plus étroite » et demande le retour des prises de décisions au Parlement français, une position en contradiction totale avec celle du Président François Hollande pour qui que « plus d'Europe » est la réponse aux problèmes de l'UE.
Lundi, son ministre des Affaires étrangères ,M. Jean-Marc Ayrault a clairement indiqué qu'il avait l'intention d’avancer sur la « construction européenne » avec son homologue allemand M. Frank-Walter Steinmeier pour mettre en place "de nouvelles étapes vers une union politique en Europe", invitant "d'autres Etats européens à se joindre à nous dans cet effort ".
Pendant ce temps, les candidats aux primaires de « droite » appellent presque tous à un radical « shake-up » de l’UE pour montrer qu'ils avaient ressenti le sentiment anti-européen de leur propre électorat.
M. Laurent Wauquiez, vice-président du parti « les républicains »dirigé par M. Nicolas Sarkozy et candidat aux présidentielles a appelé lundi à la suppression pure et simple de la Commission Européenne et à relancer l’idée d’une « confédération » des Etats-Nations. « Aujourd'hui, nous assistons à la faillite du fédéralisme européen », a-t-il déclaré àLibération.
Cependant M.Alain Juppé, qui est favori pour devenir le candidat des « républicains » a exclu un référendum en France seulement, qualifiant une telle proposition d’« irresponsable ». Il a ajouté qu'un vote à l'échelle européenne devrait être organisé une fois que les Etats membres auraient convenu d'une série de réformes.
Le sentiment anti-UE en France repose sur une impression d’accumulations de mensonges et de trahisons qui ont abouti à ce que l'ensemble du projet de l'UE ait été détourné par des technocrates "ultralibéraux » alors que les orientations annoncées n’étaient pas celles-là.
Une série de grèves, des blocages et des scènes de violences urbaines ont amené Jean-Luc Mélenchon à affirmer que la France aurait voté pour le retrait de l'UE si cela lui avait été proposé :
"Le Brexit donne une leçon à l'ensemble de l'Europe : soit nous changeons soit nous partons. L’heure est venue pour un plan B. L'UE actuelle est morte, tuée par des privilèges pour le casting des eurocrates, par des mensonges permanents, par la politique de flexibilité ... Tout le monde a assez."
Alors, quel avenir pour l’Europe ?
Qu’aurait prédit Geneviève Tabouis ?
En matière de carambolage, il est plus facile d’évaluer le nombre de quilles qui seront percutées et tomberont en observant la trajectoire d’une boule de bowling qu’en introduisant un chien dans le jeu de quilles.
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