Comment le capitalisme détruit la liberté et l’autonomie de l’individu
Comment le capitalisme détruit la liberté et l'autonomie de l'individu
Le capitalisme nie la liberté de l'individu et réduit son autonomie, car il est fondé sur un mouvement fondamental qui est sa finalité : la centralisation.
La centralisation provoque l'atomisation de l'individu, car elle l'éloigne du lieu collectif de prise de décision. La centralisation représente l'antithèse de l'indépendance et de l'autonomie humaine, et en cela, elle réduit sa liberté. Plus une société est centralisée, plus l'individu se retrouve incapable d'agir sur sa vie et son quotidien. Je pense que cette notion peut expliquer partiellement la raison pour laquelle le mouvement des Indignés réclament une démocratie réelle aujourd'hui.
Regardons à présent l'Histoire de la centralisation.
Au temps des premiers Hommes, l'être humain primitif et nomade était mû par une logique coopérative. Étant faible, il lui était en effet impossible de faire autrement que de coopérer avec ses semblables pour faire face aux défis quotidiens nécessaires à sa survie.
Cette tendance naturelle à la coopération fonde les sociétés primitives humaines et nomades, qui fonctionnaient en une forme de communisme primitif puisque dans une société faiblement établie la propriété collective et le partage égalitaire sont nécessaires au maintien de la coopération entre tous.
Avec la sédentarisation vient la possibilité d'accumulation et donc la création de la propriété privée.
La sédentarisation consiste en la première centralisation fondamentale, alors que le nomadisme représente la décentralisation ultime.
Avec l'augmentation de la prospérité des sociétés humaines, due à l'augmentation des rendements alimentaires induits par la sédentarisation, les sociétés humaines ne sont plus autant menacées et la coopération n'est plus une logique nécessaire à leur survie. La propriété privée ayant été instituée, une logique de compétition se crée, encouragée par l'apparition des premières formes de commerce marchand remplaçant le troc ou le don.
A l'époque féodale, les sociétés humaines sont relativement décentralisées (comparativement à aujourd'hui). Cette décentralisation économique induit, selon Hanspeter Kriesi, une grande créativité des acteurs économiques qui innovent passablement (charrue lourde, fer à cheval, harnais d'attelage pour les bêtes de trait, etc.)
Mais les logiques de compétition induites par la propriété privée poussent les seigneurs de guerre à la lutte armée pour l'appropriation des possessions adverses. Ces conflits militaires à répétition forcent les seigneurs de guerre à centraliser le pouvoir politique et économique afin d'avoir la possibilité de tirer davantage de ressources de leurs territoires. L'époque absolutiste est marquée par un cercle de guerres, d'augmentation des dépenses, et de centralisation.
La création de l'Etat-nation représente un stade avancé de la centralisation économique et politique.
Mais le capitalisme, dont les fondamentaux (propriété privée, logique de compétition, commerce marchand) sont à présent bien établis, va renforcer cette centralisation.
La concurrence (c'est-à-dire la guerre économique), renforcée par l'extension du libre-échange, provoque une centralisation des capitaux dans quelques grandes entités économiques mondialisées : c'est la centralisation économique.
Le capitalisme, créant des crises mondiales (comme les crises écologiques), affaiblit d'autant l'autonomie des États, car ceux-ci sont contraints de tenter de régler des problèmes au niveau politique mondial et perdent ainsi en autonomie : c'est la centralisation politique.
Aujourd'hui, certains se demandent si il ne serait pas temps d'instaurer un État-mondial. Cette idée totalitaire fait froid dans le dos !
Quelle alternative à la centralisation capitaliste ?
En toute et bonne logique : la décentralisation socialiste !
L'échec du socialisme productiviste (qualifiable aussi de marxisme ou de socialisme scientifique) tient en (large) partie du fait qu'il fonde son système sur la centralisation (et la spécialisation de la production par régions sur un modèle organiciste).
Il s'agit aujourd'hui de proposer un système différent, véritablement émancipateur et libérateur pour l'être humain, loin de toute théorie en faveur de la centralisation.
Concrètement, quand on parle de décentralisation, il s'agit de relocaliser les activités humaines, et, de manière essentielle, les activités politiques et économiques.
Si l'on veut une économie a-croissante et non productiviste, c'est-à-dire une économie qui ne consomme pas davantage que les capacités régénératives de la biosphère, alors la relocalisation économique est la solution. La crise écologique trouve une large partie de sa résolution avec ce concept de décentralisation économique, car dans des sociétés décentralisées, les capacités d'autoproduction et d'autosuffisance doivent être nécessairement (question de faisabilité pratique) poussées au maximum envisageable (ce qui permet d'éliminer les transports polluants et de solutionner la question de la raréfaction croissante et inévitable des ressource naturelles).
En outre, la planification décentralisée offre la possibilité de produire au plus près des besoins, et donc de bâtir une société du bon usage et non plus du gaspillage consumériste et matérialiste.
Par ailleurs, la décentralisation permet de limiter la nécessité de l'intervention de l’État, car plus la société (prise dans son ensemble) est décentralisée, moins l’État a besoin d'intervenir et d'être présent, vu que les structures de l'économie privée restent des structures décentralisées (donc supposées prêtes techniquement et fonctionnellement à fonctionner en autogestion).
D'autre part, pour autonomiser un maximum l'être humain, il faut lui donner les moyens réels de se prendre en charge.
Décentraliser la prise de décision politique permet de construire une société indépendante, libre et mature. Dans les faits, on donnera davantage de compétences d'abord au niveau du quartier, puis de la commune, ensuite du canton, et enfin de la confédération.
Idéalement, la prise de décision démocratique devrait pouvoir se faire sur le modèle des assemblées de quartier. Mais la démocratie directe pure est délicate à instaurer (on ne peut que difficilement imaginer décentraliser systématiquement de manière à éviter une échelle commune plus élevée que celle du quartier). Il est donc possible que l'on en reste à une démocratie semi-directe (à laquelle on pourrait fort bien adjoindre un tirage au sort partiel des députés).
Enfin, on notera que le lien social se trouve revigoré dans une société décentralisée, vu que les individus auront enfin la possibilité de se connaître (de par les limites physiques).
En conclusion, il est important de prendre en compte que cette notion de décentralisation est fondamentale pour toute régénérescence d'une idéologie socialiste, tant elle permet de se différencier du socialisme productiviste ou marxiste (qui n'ont su amener qu'au capitalisme d'Etat). La décentralisation est donc la première pierre des principes de base d'un socialisme post-marxiste, anti-productiviste, et post-social-démocrate.
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