Comment Tariq Ramadan a détruit (peut-être) Booba

La carrière de Booba a-t-elle encore un avenir ? L’avenir nous le dira. Très récemment le rappeur de Boulogne-Billancourt, très peu connu pour produire des textes réfléchis et une pensée sociopolitique solide, a esquinté des internautes qui avaient le malheur de critiquer sur son compte les interventions militaire israéliennes à Gaza. Morigénant leur attitude, il affirma de façon colérique : « Tous ceux qui croient aider la Palestine avec des posts Instagram,Facebook, etc., vous faites vraiment pitié, bande d'hypocrites. Pas d'politique ici. Si vous voulez aider allez sur le terrain bande de truffes ou sinon fermez-la à jamais !!!  ».

Juste de quoi mettre le feu aux poudre de Tariq Ramadan qui ne compris guère comment un artiste, écrivant jadis avoir « un pied dans la rue et un pied dans la mosquée », qui a une telle influence sur la jeunesse et la banlieue peut rester insensible aux crimes de l’état hébreu : « Grand courageux, en effet, Booba. Mais qui donc est hypocrite ? Ses fans ou lui-même qui affirme ne pas faire de politique en prenant la décision, très politique, non seulement de se taire sur ce massacre mais d'interdire que l'on soutienne les Palestiniens opprimés ? Hypocrite, en effet, et honteux ».

Booba lui répondra par un commentaire digne d’un gamin de la ZEP : « Wesh Tarik, t'as un CAP secrétariat ou quoi ? Tu déformes tout morray (mec, ndlr), la médisance, c'est péché ! » Aucun respect de la personne, aucun niveau intellectuel qui nous fait déjà regretter les Akhenaton et Kery James, qui eux savaient raisonner et s’exprimer correctement sur des sujets politiques. Se disant « ni pro-israélien ni pro-palestinien », il continue « De nos jours, tout le monde est bien naïf et abruti par son téléphone. Il fut un temps où les révolutions se faisaient dans la rue et pas caché derrière son ordi. (...) Pour arrêter la guerre, il faut la faire. Si j'affrète un avion demain pour la Palestine, combien monteront ? Je pense que le pilote sera le seul passager. Soyons réalistes  ». Ramadan a semblé surpris par tant de naïveté et compromission laissant son adversaire dans sa neutralité « hypocrite » qui fait tant plaisir au bourreau.

A priori la confrontation entre d’un côté un rappeur aux textes pauvres, matérialiste, sexiste et machiste et de l’autre un intellectuel reconnu et habitué aux grands débats ne laisse pas tant de doute sur le dénouement de la confrontation. Mais voilà l’originalité de cette confrontation superficielle entre l’intellectuel indigné et le rappeur je-m’en-foutiste avait quelque chose de comique et inédite. Comment le rappeur du 92 allait-il s’en sortir dans un domaine qu’il ne maitrise pas à force de textes egotrips et d’un mode de vie qui glorifie l’hédonisme, l’argent, les meufs et la virilité ? Les conséquences c’est que la popularité de « B2o » a chuté et un grand nombre de ses fans et de rappeurs lui reprochent, insultes à l’appui, son positionnement sur la question et ainsi que son cynisme là où justement il devrait se montrer engagé et partisan.

Booba en postant son premier commentaire ne s’attendait certainement pas à un tel dénouement. Sa carrière en a peut-être pris un mauvais coup. Et si l’islamologue avait tué le rappeur ?