Commission d’enquête parlementaire Covid-19, audition des syndicats de médecins : un peu d’autocensure et…des coupures de micro ?
Le 9 juillet 2020, dans le cadre de l’enquête parlementaire sur la crise du Covid-19, les organisations représentatives des médecins libéraux étaient auditionnées par une commission de l’assemblée nationale. Cette audition a fait l’objet d’une faible couverture médiatique. Toutefois de nombreux thèmes liés à la gestion de l’épidémie ont été abordés : la pénurie de masques, la prise en charge des patients en EHPAD, le manque de tests PCR, l’impossibilité pour les médecins de ville de prescrire des scanners, l’hospitalocentrisme, le mépris de la médecine générale en ville, l’importance de la médecine générale au niveau du diagnostic clinique, l’absence de recherche en médecine ambulatoire… Toutefois l’exercice d’une audition parlementaire est parfois délicat à gérer pour des organisations représentatives. Les questions des députés relatives à l’utilisation du Rivotril® en EHPAD déclencheront peu de réponses. Les questions de députés relatives à la liberté de prescription ne donneront lieu qu’à des déclarations générales. Aucune réponse ne portera sur les interdictions de prescription dans le cadre de la prise en charge du Covid-19, ce qui est un peu étrange dans une audition sur le Covid-19. Il sera très peu question de prise en charge curative précoce du coronavirus SARS-CoV-2. De même, les tensions relatives au circuit du médicament (prescriptions, pénuries…) sont peu évoquées. Aucun médicament envisagé contre le Covid-19, tel l’azithromycine, ne sera mentionné. La séance donnera même lieu à des coupures de son… Exercice convenu ? Discrétion ? Politiquement correct ? Peur ? Autocensure ? Si l’assemblée nationale souhaitait un retour des médecins de terrain, fallait-il se contenter de consulter des organisations représentatives ?
Le 9 juillet 2020, dans le cadre de l’enquête parlementaire sur la crise du Covid-19, les organisations représentatives des médecins libéraux étaient auditionnées par une commission de l’assemblée nationale. La séance était présidée par Julien Borowczyk, député LREM et médecin généraliste[1]. Cette audition a fait l’objet d’une faible couverture médiatique. Que représente la médecine de ville en situation d’épidémie ?
Le compte-rendu de cette séance est disponible sur le site de l’assemblée nationale[2]. La vidéo de la séance est mise en ligne sur le site de l’assemblée nationale[3], sur celui de la chaîne LCP via un réseau social[4]. Des extraits relatifs aux interventions de Corinne Le Sauder (présidente de la Fédération des médecins de France, FMF) et Jean-Paul Hamon (ancien président) sont disponibles sur le site de la FMF[5][6].
De nombreux problèmes vécus durant le pic épidémique ont été mis sur la table. Le sujet de la protection des médecins libéraux a été abordé. Il a été question de la pénurie de masques par exemple.
Les difficultés de prise en charge des patients ont été présentées, tout particulièrement « en maison de retraite ou en EHPAD, où il a parfois été impossible d’intervenir car ces établissements ne laissaient plus entrer personne. »[2] On peut lire également cette déclaration de Philippe Vermesch (président du SML) : « Dans les EHPAD, la crise a été un véritable drame. Quand le Covid-19 y a pénétré, les médecins généralistes, eux, n’ont pas été autorisés à le faire. Les résidents ont été laissés à l’abandon. Certains sont décédés sans leur famille. Les familles sont très insatisfaites de ce qui s’est passé dans ces établissements. Ce n’est pas une façon de traiter nos anciens. Les médecins traitants des résidents en EHPAD doivent pouvoir continuer à traiter leurs patients. » [2]
La difficulté d’accéder aux tests PCR en plein pic épidémique a été rapidement dénoncée : « Nous avons également souffert d’une pénurie de tests. La médecine libérale en a manqué tout au long de l’épidémie. » [2] Un peu plus tard le président de séance relancera le thème en déclarant : « Puis, très rapidement, on a cessé les tests en considérant qu’il suffisait de constater les symptômes. » [2]. Sur ce point, Agnès Giannotti (vice-présidente de MG France) répondra clairement : « Par ailleurs, je souhaite vous faire part de deux interrogations, qui mettent en lumière les différences de traitement entre les professionnels de santé. Nous sommes contents de pouvoir enfin prescrire les tests PCR pour le diagnostic, ce qui est assez récent. Mais on oublie de dire qu’il y a 30 % de faux négatifs. Que fait-on, quand un tiers de personnes n’est pas dépisté lors d’une épidémie ? Certains tableaux cliniques sont typiques. Nous savons très bien qu’une personne qui perd l’odorat et le goût souffre du Covid-19, même quand le résultat du test PCR est négatif. Pourtant, la CNAM considère que tel n’est pas le cas. Il faudrait au moins nous laisser faire un scanner, qui permet de détecter le Covid-19. Mais seul l’hôpital a le droit d’en prescrire, en ville, nous ne le pouvons pas. On nous prive donc, encore aujourd’hui, de la possibilité de diagnostiquer un tiers des patients ! Pourquoi l’hôpital peut-il prescrire des scanners, mais pas nous ? Pourquoi ne pas nous faire confiance quand nous affirmons que nous sommes face à un tableau clinique typique ? Pourquoi ne pas faire confiance aux généralistes ? Cette différence de traitement nous empêche de prendre en charge un plus grand nombre de patients. » [2].
Cette déclaration est à mettre en perspective avec un « un hospitalo-centrisme déplorable » dénoncé par Corinne Le Sauder[2]. Cette dernière affirme également la nécessité de s’appuyer sur la médecine libérale pour diagnostiquer en tenant compte des signes cliniques : « il faut aussi tirer les leçons de ce qui se fait sur le terrain. Cela rejoint un peu le système de la recherche : en milieu libéral, elle est extraordinaire. Grâce à nos échanges dans le cadre de forums, nous savions que dans les EHPAD, les symptômes de Covid-19 n’étaient pas du tout les mêmes que dans les services de réanimation : les premiers malades étaient des personnes âgées qui tombaient ou faisaient des hémorragies vaginales. Nous avons également tiré la sonnette d’alarme face à l’agueusie – la perte du goût – et l’agnosie, la perte de l’odorat. Autant de signes presque pathognomoniques, qui signent la maladie. On a beaucoup entendu que le Covid-19 serait une grippette et nous n’avons pas vraiment su ce qui se passait en Chine. Mais nous avons tiré les leçons de nos observations. Les patients à l’hôpital et en réanimation n’étaient pas du tout les mêmes que ceux que l’on voyait en libéral. Mais certains médecins libéraux ont alerté sans être écoutés. Nous avons attendu dix à quinze jours avant de tenir compte de ce qu’ils disaient, et ils avaient raison. Il faut savoir nous écouter, nous qui sommes à l’écoute de nos patients et qui voyons la façon dont ils évoluent. Admettons qu’il est possible de faire de la recherche en médecine libérale. » [2]. Sur le thème de la recherche en médecine générale, Agnès Giannotti déclarera : « Il y a un danger : j’ai vu passer une tentative de mainmise des doyens de CHU sur la recherche en médecine générale, ce qui serait inadmissible. Oui, des études sont nécessaires, mais laissez-nous la maîtrise de la recherche dans le domaine qui nous concerne » [2].
Ces déclarations sur la recherche en médecine générale peuvent être mises en perspective avec un article mis en ligne le 3 mai 2020 sur le site de la FMF : « Le flop des essais cliniques »[7]. Dans cet article on peut lire : « On était en droit d’attendre un relais des sociétés savantes de médecine générale à la mise en place de recherche thérapeutique en ambulatoire. Il n’en sera rien, à part rappeler aux généralistes de ne jamais prescrire d’hydroxychloroquine, on ne verra rien ! Même pas un petit essai sur l’intérêt de la prescription précoce de tel ou tel antibiotique ou de telle ou telle molécule ou de la mise en place de l’oxygénothérapie précoce à domicile. » [7].
Sur cette thématique, on peut se souvenir que, dès le 25 mars 2020, le Docteur Thierry Lardenois, membre du collectif « Laissons les médecins prescrire »[8] propose au Ministère de la Santé d’évaluer des traitements sur des médecins atteints du covid et volontaires[9][10][11][12][13][14][15]. Le nombre de 1000 médecins était proposé[13]. Cette proposition aurait été faite au ministère à 4 reprises[14] et les premiers résultats de l’étude pouvaient être espérés sous 10 jours[15].
Sur le thème de l’implication de la médecine de ville et de la « réponse apportée aux territoires », le président de la commission interroge pourtant : « a-t-elle été trop calquée sur le modèle connu de la grippe ? »[2]. Agnès Giannotti répondra clairement : « Vous évoquez un parallèle avec la grippe. Je dirais plutôt que, malheureusement, on a fait l’inverse. Qui irait à l’hôpital pour une grippe ? Quand on en présente les symptômes, on appelle d’abord son médecin. Ce n’est pas ce qui a été fait dans le cas présent. Avant de nous donner des consignes, l’État devrait nous écouter et nous entendre. […] Plutôt que de consignes de l’État, nous avons besoin d’informations pour nous organiser. Suivant l’évolution des connaissances scientifiques, nous nous sommes tous organisés, dans nos cabinets et dans les territoires. Ainsi que vous le rappeliez, nous avons échangé au sein de groupes Whatsapp ou au travers de webinaires pour partager nos expériences, nos connaissances et nos savoir-faire. […] on a fait sans nous – probablement au détriment des patients, qui sont majoritairement allés à l’hôpital alors qu’ils n’en avaient pas besoin. » [2]
L’interrogation portée par le président de la commission a trouvé une réponse. Toutefois l’exercice de l’audition parlementaire semble être délicat. Certaines questions ont trouvé peu voire pas d’écho.
C’est le cas de l’interrogation soulevée par Éric Ciotti (rapporteur) : « Par ailleurs, les médecins libéraux exercent souvent un rôle de médecins coordonnateurs dans les EHPAD. Que pensez-vous de la gestion de la situation dans ces établissements, notamment l’atteinte à la liberté de prescription médicale ? Nombre de résidents d’EHPAD n’ont pas été hospitalisés et ont reçu, conformément au décret du 28 mars, un traitement palliatif. Comment l’avez-vous vécu ? Avez-vous été confrontés à cette difficulté de prise en charge et d’hospitalisation dans les EHPAD ? […] Avez-vous été témoins de consignes particulières ou d’une doctrine spécifique pour les EHPAD ? » [2] Le traitement palliatif dont il est question et lié au décret du 28 mars semble être le Rivotril®. Ce puissant sédatif a fait l’objet d’un décret relatif à sa prescription chez des patients de type covid[11][16]. Au sujet de cette autorisation on a pu lire : « Décret Rivotril : compassion, euthanasie ou meurtre sur ordonnance ? » [16], « Maisons de vieux : SILENCE, ON TUE »[17] ou « ET SI C'ETAIT MA MERE ? […] J’apprends qu’un décret du 28 mars 2020 a été publié autorisant, à mots couverts, tout médecin à pratiquer l’euthanasie sans nécessairement s’appuyer sur une décision collégiale […] dans le cadre de l’épidémie de COVID-19. Moi, seule, au domicile du patient, j’en ai désormais le droit. Je reste bouche bée. Je suis médecin généraliste, mon métier : soigner. »[18]. Cette interrogation du rapporteur de la commission ne trouvera pas d’écho. Autocensure ?
Le Rivotril® reviendra dans une question posée par Jean-Jacques Gaultier : « Quel est votre point de vue quant au décret signé par Olivier Véran le 28 mars concernant l’usage du Rivotril, notamment pour les résidents en EHPAD ? ». Jean-Paul Hamon répondra alors partiellement : « En ce qui concerne le Rivotril, cela a été particulièrement choquant de voir qu’on a eu droit de prescrire un médicament qui n’est pas très souple, comme le midazolam[19], pour les fins de vie… » (2h21min32s[3], 2h04min33s[4] ou 30min13s[5][6]). Sur cette réponse, le compte-rendu officiel n’est pas aussi clair que la vidéo[2].
Au sujet de la liberté de prescription des médecins, le tour de table (Jean-Paul Ortiz puis Corinne Le Sauder, Valérie Duthil, Agnès Giannotti et enfin Philippe Vermesch) initié par la question du rapporteur donnera lieu à deux interventions sans grands développements : « Ce ne sont pas des personnes qui ne connaissent rien à la médecine qui vont nous apprendre la médecine et nous empêcher de prescrire ! L’interdiction de prescription de certains médicaments était une honte. Nous sommes quand même capables de savoir ce que nous prescrivons – ou alors, il faut nous retirer notre diplôme de docteur. » (Corinne Le Sauder) et « L’hôpital intervient in extremis, mais le premier niveau est celui de la médecine de ville. Laissons-la prescrire des médicaments et des scanners. » (Philippe Vermesch). Agnès Giannotti s’est exprimée également sur la liberté de prescription des scanners.
Sur la liberté de prescription, on peut se souvenir d’une tribune (« paroles d’adhérents ») au sujet de l’hydroxychloroquine, publiée le 27 mars 2020, par Jean-Pierre Ribat, sur le site de la FMF : « Lettre d’un médecin généraliste à Monsieur le Ministre de la Santé »[20].
Cette question de la liberté de prescrire sera une seconde fois abordée par une intervention de Martine Wonner : « J’aimerais aussi revenir sur le manque de confiance à votre égard de la part de l’État. J’emploierai même des mots plus forts : vous avez été écartés – c’est évident –, vous avez été ignorés, vous avez été bafoués, vous avez été trahis. Et par deux décrets des 25 et 26 mars, vous avez été contraints de ne plus prescrire. Je ne reviendrai pas sur la polémique relative à une certaine molécule, mais vous avez perdu la liberté de prescrire. Outre la population, la peur s’est appliquée à vous-mêmes, me semble-t-il. En effet, vous avez été menacés à plusieurs reprises par l’ordre des médecins. Tel a été le cas de vos confrères lorrains, pour avoir prescrit des antibiotiques avec du zinc. […] Après l’affaire du Lancet, le ministre de la santé a déclaré dans un communiqué de presse que l’hydroxychloroquine ne devait être prescrite aux patients atteints du Covid-19 ni en ville ni à l’hôpital. Or il ne dispose pas du pouvoir d’interdire, conformément à l’article L. 5121-12-1 du code de la santé publique. Qu’attendent les syndicats pour ruer dans les brancards ? Cette interdiction de prescrire n’a que trop duré. Le temps est venu de vous redonner vos pleins pouvoirs de médecins. Pensez-vous normal que l’État vous interdise de prescrire ? » [2][3][4][5][6][21].
La prise en charge précoce du Covid-19 en médecine de ville apparaît être un sujet délicat pour ne pas dire tabou en France[9][10][11][22][23][24][25][26][27][28][29]. Toutefois des polythérapies, à base d’antibiotiques (azithromycine, de la famille des macrolides, ou doxycycline, de la famille des tétracyclines) associés à du zinc, semblent posséder une efficacité contre le SARS-CoV-2 en médecine ambulatoire[10][11]. Les médecins lorrains dont parle Martine Wonner sont vraisemblablement les docteurs Jean Jacques Erbstein et Denis Gastadi[9][22][23]. Depuis, le passage devant l’ordre des médecins aurait donné lieu à des félicitations et un soutien de la part du conseil de l’ordre[30]. Récemment on a pu lire : « les Dr Jean-Jacques Erbstein et Denis Castaldi ont été blanchis par leur conseil départemental fin juillet. Et même félicités. »[31]. Qu’en est-il de la peur suscitée par ces convocations ?
Sur la liberté de prescription en général, suite à l’intervention de Martine Wonner, Corinne Le Sauder déclare : « S’agissant de la liberté de prescription, soyez assurés que nous ruons dans les brancards. C’est une atteinte insupportable à notre profession et à notre dignité. ». Agnès Giannotti ajoute : « Les restrictions de prescription sont absolument scandaleuses. » et Philippe Vermesch : « S’agissant de la liberté de prescrire, la situation est parfaitement anormale. »[2].
Dans une audition portant sur le Covid-19 et sa prise en charge en médecine de ville, les questions appelaient certainement une réponse qui, au-delà de l’interdiction de prescription en générale, porteraient sur des médicaments utilisés dans le monde contre cette maladie : l’hydroxychloroquine ou a minima les antibiotiques possédant un potentiel antiviral[9][10][11][25]. Pourtant le 8 juillet 2020 (veille de l’audition), sur la chaîne RT France, Jean Paul Hamon (présent en commission d’enquête le 9 juillet) débattait avec Thierry Lardenois[32][33][34][35]. Jean Paul Hamon déclarait avoir prescrit lui-même « sans aucune recommandation […] systématiquement devant des gens qui présentaient des symptômes de covid » des macrolides (azithromycine, erythromycine…). Il rappelait également que dans l’est, des médecins généralistes ont testé l’azithromycine, le zinc et l’hydroxychloroquine et qu’ils avaient constaté moins d’hospitalisations. Il regrettait qu’on n’écoute pas plus les « médecins de terrain ». Sur le sujet du covid et des antibiotiques, il était question début juin de restrictions de « prescription d'antibiothérapie pour les patients atteints de COVID-19 » [9][36][37].
Pourtant, ces antibiotiques utilisés contre le Covid-19 en France n’apparaîtront pas dans les débats de la commission d’enquête parlementaire… Autocensure ? Pourtant, dès la mi-avril, le « Dr Sebastian Marciano, médecin généraliste qui travaille aux Urgences médicales de Paris »[37b] semble avoir déclaré que « "La plupart des médecins qui utilisent [l’azithromycine] le font dès le diagnostic posé ou évocateur sans attendre de tests, explique le Dr Marciano. Aujourd'hui, [l’azithromycine] semblerait efficace chez 85% des patients Covid cependant aucune étude médicalement validée n'a fait ses preuves bien que de nombreux médecins de ville et hospitaliers le prescrivent et décrivent une nette amélioration des symptômes" » [37b][37c].
Sur la liberté de prescription, les médicaments qui seront abordés sont : la ventoline en aérosols, certains antiacides et le Rivotril® en gouttes contre les acouphènes[2]. Ce dernier exemple donnera lieu à une bien étrange retranscription des débats dans une république démocratique. Jean-Paul Hamon trouve choquant d’être autorisé à prescrire le Rivotril® pour les fins de vie, alors que la prescription de Rivotril en gouttes contre les acouphènes est interdite[2] (2h21min32s[3], 2h04min33s[4] ou 30min13s[5][6]). Le président de séance Julien Borowczyk déclare : « Je me permets une petite digression. On parlait tout à l’heure d’agilité. Je prescris du Rivotril injectable. Je prescris du Rivotril injectable. Et tout ce qui s’injecte se boit. Donc on peut le prendre (?). On peut le prescrire librement ». Suite à cette déclaration, il y a une coupure de son. On croit entendre « Ça s’appelle l’agilité (?) » … « C’est enregistré ». De nouveau une coupure de son puis des rires. On croit entendre « Vous allez perdre la présidence ». Puis les débats reprennent[3][4][5][6]. Le compte-rendu de séance sera plus succinct sur ce passage : « M. Julien Borowczyk, président. Je prescris du Rivotril injectable : tout ce qui s’injecte peut se boire, et il est permis de le prescrire… » [2]. La coupure de son est-elle usuelle dans une commission d’enquête parlementaire où les gens parlent sous serment ?
On retrouvera la même discrétion (autocensure ?) des représentants des médecins libéraux sur les pénuries de médicaments. Les médicaments abordés seront le midazolam, le propofol et les curares[2]. Ce sont des médicaments utilisés en anesthésie. Pourtant, on pouvait lire le 1er avril 2020 : « Azithromycine sous tension : des pharmacies contingentées » [25][38]. Certaines pharmacies de l’Oise auraient été limitées à « cinq boîtes par jour » [25][38]. « "D'après une étude de Pharmed Insight, réalisée entre le 6 et le 10 avril » 2020[25][39], on parle de rupture de stock en azithromycine pour 34 % des pharmaciens interrogés[25][40]. Au passage on pourra remarquer l’anticipation (de bons sens ?) de la journaliste santé, qui écrivait le 24 avril 2020 : « L'Azithromycine, un traitement antibiotique utilisé pour soigner les personnes atteintes du coronavirus (même si cette indication n'est pas encore validée par les autorités sanitaires), commence à manquer dans les pharmacies. » [25][41]. Le 23 avril 2020, la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique (SFPT) indiquait : « Si vous êtes traité […] par azithromycine (ZITHROMAX® ou génériques), dans l’éventualité d’une rupture en pharmacie de ville, il est impératif de prendre un avis médical auprès de votre médecin afin d’envisager un traitement alternatif. L’azithromycine est un antibiotique appartenant à la famille des macrolides. D’autres molécules appartenant à cette même famille, ne faisant pas l’objet de tension d’approvisionnement actuellement, ont démontré des propriétés similaires à l’azithromycine au niveau pulmonaire ou digestif et pourraient être proposées en alternatives […]. Actuellement, les pharmacies hospitalières n’ont pas l’autorisation de dispenser en rétrocession ces médicaments. » [25][42].
Sur le sujet de la consommation des médicaments, les rapports Epiphare sont intéressants. Un point de situation à la fin avril 2020 a été publié le 4 mai 2020[42b]. Le 24 juin 2020 le docteur Gérard Maudrux titrait : « Confinement ou traitement ? »[42c]. Il écrivait : « Les preuves matérielles : elles sont données par les autorités et sont indiscutables : le nombre de boîtes de médicaments prescrites et remboursées. […] [Les] courbes montrent bien qu’il y a eu d’abord prescription de Paracétamol contre le Covid, selon les recommandations, puis abandon pour être remplacé par l’Azythromycine devant son inefficacité, les médecins n’acceptant plus de ne rien faire. Ces traitements ont entraîné une cassure dans la courbe de croissance des hospitalisations en réanimation, et un plateau. […] Les médecins continuent-ils de traiter malgré les injonctions et les menaces ? Je ne peux l’affirmer, les statistiques publiées par l’Assurance Maladie s’arrêtant le 16 avril, mais pour ceux que je connais oui, plus que jamais, et c’est plus que probable expliquant le mail récent du directeur de la santé, demandant de ne plus traiter à l’Azythromycine. S’il le demande après 3 mois, c’est que cela se fait toujours, et non de manière anecdotique. […] Ainsi, tous les faits et chiffres convergent vers le même résultat : les témoignages des médecins, les courbes de passage en réanimation, les statistiques de délivrances de médicaments, comme toutes les pièces d’un puzzle qui s’emboîtent parfaitement. Pour quel résultat ? Les traitements interdits pour le Covid marchent ! Pour ceux qui ne le voient pas, il manque une « étude scientifique randomisée » en ambulatoire, que nos autorités bloquent depuis le début. » [42c]. Concernant les « récalcitrants », le docteur Gérard Delépine sur l’antenne de Beur FM rappelait, le 28 septembre 2020, qu’il suffisait de 15 jours pour avoir des résultats d’essais sur la prise en charge précoce du coronavirus SARS-Cov-2[42d][42e]…
Le rapport Epiphare publié le 9 octobre 2020 est également intéressant. Il s’agit d’un point de situation au 13 septembre 2020[42f]. Le docteur Gérard Maudrux réagit à cette publication dès le 10 octobre 2020. Il met en ligne un article : « Traitement du Covid-19 : interdit de savoir. »[42g]. Son constat et son analyse sont sans appel : « Nous attendions la suite avec impatience, vous ne l’aurez pas, car vous n’avez pas le droit de savoir ce qui est utilisé en France pour traiter le Covid, les médecins non plus n’ont pas à savoir ce que leurs confrères donnent, avec ou sans succès. […] 383 pages pour rien en ce qui concerne le traitement du Covid ! […] Le traitement du Covid a été volontairement occulté. […] Pire, au chapitre antibiotiques, l’Azithromycine a été soigneusement sortie des statistiques de prescriptions […] C’est le seul médicament expressément exclu dans ces 386 pages qui concernent tous les médicaments. Il n’y a aucune explication, pas un seul mot, concernant cette exclusion. On aurait pu penser que c’était pour faire l’objet d’un traitement à part car intéressant, et bien non, rien, absolument rien. Or ces chiffres sont connus, car le médicament a été étudié isolément, comme en avril, mais ces informations, ce n’est ni pour le peuple, ni pour les soignants. C’est une vraie manipulation de l’information, manifestement sur ordre politique. […] On a interdit aux médecins de communiquer sur les résultats de leurs prescriptions, on interdit aux organismes publics de communiquer sur ce qui se prescrit en bien ou en mal. […] C’était pourtant peu de chose que de dire combien de boîtes d’Azithromycine étaient prescrites, est-ce que ce chiffre ne plaît pas à nos dirigeants pour qu’ils le cachent ? » [42g].
Sur la peur des médecins, en juin on pouvait lire : « Je connais plein de collègues généralistes qui ont prescrit des antibiotiques et autres molécules, qui ont échangé des "recettes" en se les chuchotant aux oreilles ou dans des messages et groupes FB et WA privés, par peur [d’être] montrées du doigt et devoir se justifier devant les inquisit...upps...pardon ...le conseil de l'ordre je voulais dire...[…] En Allemagne, mon pays d'origine, on dit "qui soigne a raison" (wer heilt, hat recht). Là-bas on n’aurait pas l’idée de demander des comptes à un médecin qui a soigné son patient, pourquoi il l'a traité avec telle ou telle molécule, tant que le patient a été soigné sans effets secondaires. » [9][43] Plus récemment on pouvait lire : « Si l’on s’interroge sur ce qui se passe en amont de l’hospitalisation, une autre explication peut s’ajouter au processus naturel d’atténuation [de l’épidémie] décrit plus haut. Après avoir été placés hors-jeu pendant plus de deux mois, les médecins généralistes ont recommencé à recevoir leurs patients atteints de Covid. Une partie de ces médecins prodiguent peut-être certains traitements sans le dire clairement et sans déclarer qu’il s’agit d’un cas de Covid, pour éviter de se trouver en contradiction avec les prescriptions officielles et d’encourir des poursuites des conseils de l’Ordre. »[44][45].
Sur cette thématique, Nicole et Gérard Delépine se sont exprimés en septembre 2020 dans une interview : « Nous avons honte de l’absence de réaction de bon sens de beaucoup de mes confrères. Peur ? Soumission ? crédulité et/ou corruption ? Nous sommes scandalisés par l’attitude du Conseil de l’Ordre qui poursuit, convoque, stigmatise les médecins qui ont « soigné » leurs patients, fidèles ainsi au serment d’Hippocrate, interfèrent dans les prescriptions, interdisant la chloroquine à même de guérir de nombreux patients et encore aujourd’hui les antibiotiques comme l’azithromycine. Un médecin en Ehpad se plaint sur Twitter de risquer son poste s’il prescrit de l’azithromycine qu’on prescrivait depuis des années dans les infections pulmonaires, y compris chez les femmes enceintes et même en association avec la chloroquine en Amérique du Sud. Et quelles réactions des collègues ? Très peu, dans l’ensemble ; ils se cachent sous la couette, faisant semblant de croire aux anti-Raoult primitifs qui font honte à la médecine française, mystifient les patients contre la chloroquine et pour le confinement. Complicité irresponsable consciente ou non, mais à ce degré de responsabilité, c’est inacceptable. […] trop de collègues ont mis des œillères, n’écoutant que ce qui pouvait être accepté par le Conseil de l’Ordre sans avoir d’ennuis. Robotisés depuis des années par la prime ROSP rémunération à l’activité qui les a conditionnés à accepter les décisions médicales du ministère en violant le serment d’Hippocrate qui impose l’indépendance professionnelle. Les dégâts de l’enseignement médical organisé par les leaders d’opinion liés à Big Pharma et les mises au pas de collègues courageux ayant résisté à des injonctions contraires à la médecine, les ont mis dans un état de servilité et de soumission… »[46]. Le 2 octobre 2020, dans une interview pour France Soir, Nicole et Gérard Delépine expliquaient : « Les médecins généralistes au lit du malade sont soumis depuis déjà deux décennies au moins aux desiderata des agences, aux recommandations qui se sont transformées rapidement en injonctions, aux contrôles répétitifs des agents des caisses de sécurité sociale et d’autre part des agences régionales. »[47].
Dès lors, l’exercice d’une commission d’enquête parlementaire peut sembler délicat à gérer pour les organisations représentatives des médecins. Faudrait-il y voir une façon astucieuse de « censurer » la parole, en comptant sur une forme d’autocensure, sous couvert d’offrir l’opportunité de s’exprimer ? Les médecins auditionnés représentent une organisation et s’expriment donc en conséquence.
Sur la peur, en audition Corinne Le Sauder déclare : « Le confinement a été fondé sur la peur et sur la culpabilité » [2]. Valérie Duthil ajoutera : « Si l’on fait peur, on laisse le champ libre au déni et la population parle de complot et de mensonges… » [2] Peur de la part de la population…et de la part des médecins ?
En ce qui concerne les médecins hospitaliers, des individualités médicales telles Didier Raoult[48] ou Karine Lacombe[49] ont bien été auditionnés. L’assemblée nationale ne s’est pas contentée d’organisations représentatives.
Le docteur Thierry Lardenois regrettait que les commissions d’enquête ne cherchent pas à interroger des « médecins de terrains » au sujet de l’épidémie de Covid-19[32][33][34][35].
Chiche ?
Creative Commons CCBY : By Luis Prado, US
Fawaz.tairou / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)
[1]https://www.julienborowczyk.fr/listings
[2]http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/covid19/l15covid191920038_compte-rendu
[3]http://videos.assemblee-nationale.fr/video.9337894_5f06d2e98a5d8.impact-gestion-et-consequences-de-l-epidemie-du-covid-19—table-ronde-reunissant-les-organisations-9-juillet-2020
[4]https://www.facebook.com/305234251335/videos/201159801270958/
[5]https://www.fmfpro.org/audition-de-la-fmf-a-l-assemblee-nationale.html
[6]https://www.youtube.com/watch?v=Xc1kDraZs1A
[7]https://www.fmfpro.org/le-flop-des-essais-cliniques.html
[9]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-idee-brillante-que-didier-raoult-225482
[10]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/covid-19-100-de-succes-en-quelques-226824
[11]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/covid-19-le-traitement-du-dr-227378
[12]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-france-serait-elle-prete-a-225078
[13]http://www.francesoir.fr/opinions-entretiens-societe-sante/laissons-les-medecins-prescrire-la-resistance-des-medecins
[14]https://twitter.com/AlertesInfosUSA/status/1266384333910220801
[15]https://www.huffingtonpost.fr/entry/chloroquine-un-essai-clinique-propose-sur-des-medecins-volontaires_fr_5e7b8affc5b62a1870d672b4
[16]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/decret-rivotril-compassion-223015
[17]https://blogs.mediapart.fr/victorayoli/blog/080420/maisons-de-vieux-silence-tue
[18]https://blogs.mediapart.fr/liligaby/blog/090420/et-si-cetait-ma-mere
[19]https://fr.wikipedia.org/wiki/Midazolam
[20]https://www.fmfpro.org/lettre-d-un-medecin-generaliste-a-monsieur-le-ministre-de-la-sante.html
[21]https://www.facebook.com/watch/?v=1193866454301150
[22]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/antibiotiques-azithromycine-223696
[23]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/didier-raoult-collectif-laissons-223946
[24]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-azithromycine-aurait-un-role-224216
[25]https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-france-avait-elle-les-moyens-d-224985
[26]https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/la-ciotat/medecin-saint-cyr-mer-revendique-prescription-azithromycine-soigner-patients-du-covid-19-1850924.html
[27]https://francais.rt.com/france/76708-face-face-hydroxychloroquine-debat-sans-fin
[28]https://francais.medscape.com/voirarticle/3606372
[29]http://lecardiologue.com/category/fil-technologique/?print=print-search
[30]https://www.facebook.com/denis.gastaldi/posts/10223143378841822
[31]https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/covid19-le-dr-jean-jacques-erbstein-blanchi-par-le-cdom-moselle
[32]https://francais.rt.com/france/76708-face-face-hydroxychloroquine-debat-sans-fin
[33]https://www.facebook.com/watch/?v=604551883511596
[34]https://twitter.com/RTenfrancais/status/1280951635175448577
[35]https://www.youtube.com/watch?v=qFERTYvHHLA
[36]http://www.francesoir.fr/societe-sante/covid-19-restriction-de-la-liberte-de-prescrire-de-lazithromycine-un-deni-de-soin-pour
[37]https://stopcovid19.today/wp-content/uploads/2020/06/CP_200610_Recommandation_contre_lantibiothe%CC%81rapie_pour_le_COVID19.pdf
[37b]https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2631581-azithromycine-coronavirus-antibiotique-traitement-covid-19-efficacite-effets-secondaires-posologie-prix-dose/
[37c]https://alcibiade.skyrock.com/3332093998-Azithromycine-et-coronavirus.html
[38]https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/actu/actualites/actus-medicaments/azithromycine-sous-tension-des-pharmacies-contingentees.html?fbclid=IwAR0kdaaHI7x0u_LXqjjL4k2BZV5z-nSh8S7JuyArhAMMF_nPupQyM2LtQAo
[39]https://www.medisite.fr/coronavirus-plaquenil-paracetamol-quels-sont-les-medicaments-en-rupture-de-stock-en-france.5564086.806703.html
[40]https://www.medisite.fr/coronavirus-plaquenil-paracetamol-quels-sont-les-medicaments-en-rupture-de-stock-en-france.5564086.806703.html?page=4#breadcrumb
[41]https://www.medisite.fr/coronavirus-plaquenil-paracetamol-quels-sont-les-medicaments-en-rupture-de-stock-en-france.5564086.806703.html?page=4#breadcrumb
[42]https://sfpt-fr.org/covid19-foire-aux-questions/1215-123-je-suis-trait%C3%A9-e-au-long-cours-par-azithromycine-zithromax%C2%AE-pour-une-pathologie-chronique-que-faire-en-cas-de-rupture-en-pharmacie-de-ville?fbclid=IwAR02J0eUhIsuZMklVxwlLErv59QEMa8bCE-ghSYGDQJ-pVAw-mha9GThVhY
[42b]https://www.ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Usage-des-medicaments-en-ville-durant-l-epidemie-de-Covid-19-point-de-situation-apres-cinq-semaines-de-confinement-Point-d-information
[42c]https://blog.gerardmaudrux.lequotidiendumedecin.fr/2020/06/24/confinement-ou-traitement-2/
[42d]https://beurfm.net/videos/avs-les-secrets-d-un-confinement-a-l-aveugle-dr-gerard-delepine-1181
[42e]https://www.youtube.com/watch?v=cBc6kdS2ujY
[42f]https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/covid-19-usage-des-medicaments-de-ville-en-france-rapport4/
[42g]https://blog.gerardmaudrux.lequotidiendumedecin.fr/2020/10/10/traitement-du-covid-19-interdit-de-savoir/
[43]https://blogs.mediapart.fr/moni-pap/blog/210620/lheure-de-rendre-des-comptes-ou-comment-punir-les-medecins
[44]https://www.revuepolitique.fr/faut-il-avoir-peur-du-covid/
[45]https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/070920/face-au-covid-cessons-d-avoir-peur-redonnons-confiance-la-population
[46]https://ripostelaique.com/autopsie-dun-confinement-aveugle-epidemie-terminee-nayez-plus-peur.html
[47]http://www.francesoir.fr/opinions-entretiens/autopsie-dun-confinement-aveugle-temoignage-dune-periode
[48]http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/covid19/l15covid191920028_compte-rendu
[49]http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/covid19/l15covid191920029_compte-rendu
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