De 20 heures à 6 heures du matin, un
couvre-feu concernera les zones le plus à risque, en particulier
Paris et l’Île-de-France. Le modèle est le couvre-feu qui a été
instauré à Berlin et à Francfort.
Covid-19 : un couvre-feu à
l’étude pour Paris et l’Île-de-France.
Vers un nouveau tour de vis sanitaire ?
Jean Castex achevait à peine son émission sur France Info ce lundi
matin que TF1 et France 2 annonçaient qu’Emmanuel Macron
interviendrait mercredi soir sous la forme d’une interview pour faire
le point sur la pandémie de Covid-19.
Il y a quelques jours, l’hypothèse
d’une intervention présidentielle était pourtant écartée au
motif qu’elle pourrait susciter de l’anxiété dans la population en
lui faisant craindre un possible reconfinement généralisé du pays,
totalement écarté à ce stade. Las, la flambée de contaminations à
Paris ou à Lille, notamment, inquiète fortement l’exécutif, qui
vient de passer deux nouvelles villes, Toulouse et Montpellier, en
état d’« alerte maximale », après Paris, Aix-Marseille,
Lyon, Grenoble, Lille, Saint-Étienne et la Guadeloupe.
Ce mardi matin, un conseil de défense
se déroulera à huis clos à l’Élysée pour arbitrer de nouvelles
mesures de restriction. Mardi soir, les ministres concernés par la
crise du Covid-19 seront également conviés discrètement à
Matignon. Ce lundi matin, leurs directeurs de cabinet se sont d’ores
et déjà retrouvés à l’Élysée autour du secrétaire général du
palais, Alexis Kohler.
Selon plusieurs sources au sommet de
l’État, l’hypothèse d’un couvre-feu nocturne dans les zones le plus
à risque, en particulier Paris et l’Île-de-France, est à l’étude
avec différents scénarios de mise en application : à partir
de 20 heures, 22 heures ou 23 heures, comme à Berlin
ou Francfort, en Allemagne, depuis ce week-end.
Cette option, certes radicale,
permettrait de contourner la grande difficulté à laquelle se heurte
le gouvernement face à ce que Jean Castex a clairement qualifié de
« deuxième vague » : l’impossibilité de légiférer
sur les réunions dans le cercle privé, sources de contaminations.
« Ce n’est juridiquement pas possible », a reconnu le
Premier ministre en demandant aux Français de limiter autant que
faire se peut les rassemblements privés entre amis ou en famille, où
les gestes barrières (masque, distanciation sociale, lavage des
mains) ne sont pas toujours, voire pas, respectés.
S’il s’est montré efficace en Guyane,
où il est appliqué depuis la mi-juin, le couvre-feu est loin de
faire l’unanimité au sein de l’exécutif tant il vient percuter de
plein fouet les restaurateurs et les jeunes, déjà durement éprouvés
par le confinement du printemps. Dans l’entourage d’Emmanuel Macron,
de fait, on temporise en expliquant que l’option est certes sur la
table, mais pas du tout arbitrée. « Il y a d’un côté les
durs de l’avenue de Ségur (NDLR : le ministère de la Santé)
et de l’autre l’Élysée qui hésite mais cherche une mesure ou un
terme pour frapper les esprits. Ils ne sont pas tous d’accord entre
eux… », décrypte une source au fait des tractations
gouvernementales.
Au sein de la macronie, le débat est
vif. D’un côté, certains attendent mercredi soir un président
« père de la nation » et « un électrochoc »
pour responsabiliser les Français. « Si on continue comme ça,
on sera à sursaturation dans les réas à Paris dans quinze
jours ! » alerte un Marcheur de premier rang. « On a
fait croire aux Français qu’à la sortie du confinement, c’était la
fête, et maintenant, c’est la douche froide ! » accuse
un autre. D’autres, en revanche, mettent en garde contre la
difficulté à faire appliquer, et plus encore à faire respecter,
une mesure du type du couvre-feu.
Exit le ton compréhensif qui prévalait
jusqu’alors vis-à-vis des Français ? Ce lundi, l’hôte de
Matignon s’est montré passablement agacé face à un « relâchement »
des comportements, selon son mot, depuis le déconfinement du 11 mai.
« On a déconfiné, je pense, de façon efficace, les vacances
sont arrivées, et les Français ont collectivement considéré que
c’était derrière nous », a regretté le Premier ministre sur
France Info, sans écarter de possibles reconfinements localisés.
Le 7 octobre, au vu de la
dégradation des données épidémiologiques, le chef de l’État
avait lui-même évoqué « plus de restrictions » dans
les endroits où le virus « circule trop vite », tout en
écartant des restrictions de déplacement sur le territoire à la
veille des vacances scolaires de la Toussaint.
https://www.lepoint.fr/societe/covid-19-un-couvre-feu-a-l-etude-pour-paris-et-l-ile-de-france-12-10-2020-2396055_23.php