• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Comprendre le vote du 29 mai 2005

Comprendre le vote du 29 mai 2005

J’ai énormément de mal à comprendre pourquoi la presse comme les politiques n’arrivent pas à sortir de leurs ornières.

Jamais les Français ne se sont autant intéressés à ce débat, jamais autant de livres traitant de cette Constitution ne se seront vendus. Les débats populaires ont eu lieu et, au grand dam de nos élites politiques, ils furent bien plus techniques que les leurs. D’excellents sites Internet tels qu’Europeus ou Publius, par exemple, y ont largement contribué. Ce point particulier constitue bien un premier pas vers la compréhension que ce vote n’était en rien guidé ou impulsé par les partis politiques qui n’ont plus rien de représentatifs. La preuve ? Si ce Traité avait été adopté au Parlement il l’eut été à 92%. La même démonstration autrement : les directions UMP, UDF, PS, RG, Verts et RG étaient unanimes pour le oui, résultat des urnes 55% non.

Mais ce vote était une réponse à une question posée et à quoi nous devions apporter une réponse personnelle. Ce n’était ni un plébiscite ni un vote contestataire. Encore une fois les élites, qu’elles soient médiatiques ou politiques, n’arrivent pas à sortir des logiques partisanes. Mais enfin, ce n’était pas une élection ! Il ne nous a jamais été demandé d’élire un représentant. Quelle formidable erreur d’interprétation ! Pour montrer l’absurdité de ce raisonnement il faut prendre l’exemple du vote oui. Considérant que 20% des électeurs de l’UMP ont tout de même voté non, imaginez-vous qu’ils l’auraient fait si cela avait été pour élire un candidat ? Evidemment non. Alors pourquoi continuer à expliquer ce vote ainsi ?

Pour interpréter correctement ce vote il faut se pencher sur la sociologie de ce vote et non sur les profils politiques. Les sondages Ipsos le montrent clairement. Pourquoi continuer à refuser de le voir ? Les catégories qui ont voté non sont essentiellement actives ou privées d’emploi puisqu’en effet seuls les retraités et les étudiants ont massivement voté oui (56 et 54%). Parmi les actifs, seuls les professions libérales et les cadres supérieurs ont voté oui, et ils l’ont fait eux aussi massivement (65%). En corrélation de cela seuls les ménages ayant un revenu de plus de 3000€ se sont prononcés eux aussi favorablement (63%). CQFD. Comment avec ces éléments aller chercher des motivations dans les positionnements politiques ? Ce qui catégorise ce vote contre ce Traité jugé économique et libéral, c’est non pas une logique partisane mais la catégorie sociale. Pour ma part j’ai toujours analysé et défendu l’argument suivant (entre autres) : ce Traité n’était pas adoptable en date et en heure. Pas tant que la situation sociale du pays ne permettait pas d’accepter le libéralisme économique. A trop avoir refusé de traiter le problème social de notre pays depuis plus de vingt ans la réponse est celle que nous connaissons aujourd’hui : un rejet massif et franc du libéralisme économique. Il serait inconscient aujourd’hui pour nos dirigeants de n’en pas tenir compte. Ce relèverait non seulement de l’inconscience mais d’une prise de risque majeure.


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (1 vote)




Réagissez à l'article

1 réactions à cet article    


  • Mathieu2 Mathieu2 12 avril 2006 13:57

    La sociologie du vote révèle surtout à mon sens que ce vote a été guidé par la peur de l’avenir. Les politiciens français jouent constamment sur les peurs pour gouverner. C’est donc en toute logique que les catégories les plus modestes aient voté massivement non, au corps défendant des politiciens eux-mêmes.

    « A trop avoir refusé de traiter le problème social de notre pays depuis plus de vingt ans la réponse est celle que nous connaissons aujourd’hui : un rejet massif et franc du libéralisme économique. »

    Le rejet jusqu’à l’absurde du libéralisme par les Français a des causes bien plus profondes que cela. Cela remonte à la création même de la France, c’est-à-dire à l’apparition et à l’expansion d’un état. Les Français ne voient point de salut en-dehors de leur état, ils sont formatés comme ça, c’est pourquoi les plus craintifs et les plus conservateurs voient en l’Union Européenne une menace capitaliste et/ou cosmopolite. Ces tendances sont beaucoup moins présentes dans les autres pays. D’ailleurs, tous pes partis de gauche européens ont accepté l’économie demarché, le PSF en est encore à imposer les 35h à tout le monde. Je rappelle pour que mon propos soit parfaitement clair que le libéralisme et l’étatisme son deux notions politiques exactement inverses.

    Enfin, je voudrais préciser que si en France le non l’a emporté avec plus de 55% des voix, en Bretagne le oui l’a emporté, certes moins que pour le Traité de Maastricht (dont déjà à l’époque le oui avait été sauvé par la Bretagne et l’Alsace, d’où les commentaires peu amènes de Pasqua sur les Bretons), mais quand même avec plus de 51% des voix. Sachant l’influence médiatique (et autre) française massive en Bretagne, on peut raisonnablement penser que si la Bretagne avait voté toute seule, la victoire du oui aurait été plus importante.

    Suite au non français, l’image de la France en Europe s’est beaucoup dégradée, car ce traité avait justement été concocté en grande partie pour qu’il soit accepté par la France qui avait fait beaucoup de lobbying à Bruxelles et ailleurs pour influer sur l’évolution des institutions. Le non néerlandais a lui en revanche été mieux compris, les Néerlandais étant les premiers contributeurs au budget européen par habitant (les Français parmi les derniers, ce qui ne les empêchent pas de récolter de grasses subventions de la PAC pour ses agriculteurs de la Beauce entre autre). Non décidément, entre l’Europe et la France, le fossé semble de plus en plus grand.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès