Compromis autour de la crise grecque : que reste-t-il de Syriza et du gouvernement Tsipras ?
Après 17 heures de négociations, les dirigeants de la zone euro ont obtenu la capitulation d’Alexis Tsipras.
Et quelques jours avant... Jean-Luc Mélenchon de s'exprimer :
Le suspense ne durera pas longtemps à propos de ce vote au parlement grec dont Mélenchon fait état : le plan qui reprend des mesures proches de celles que les électeurs avaient massivement rejetées à 61,31 % des voix lors du référendum du 5 juillet sera très vite accepté par ce parlement grâce au soutien de la droite ; un tiers des représentants du parti de gouvernement Syriza a voté contre. Et quand on sait que ce plan est très proche de la proposition préconisée par la Troïka et refusée par les Grecs le 26 juin dernier…
Après transposition dans un contexte franco-français, on imaginera... disons un gouvernement de coalition "Parti de gauche, parti communiste, NPA, écolo et dissident du PS" ne survivant que grâce au soutien de l'UMP et de l'UDI.
Il y a des contradictions insoutenables et explosives !
Pour ce qui est du Parlement français, au terme d'un débat déjà sans objet quand on connaît la servilité des députés face à la puissance dissuasive des institutions européennes et mondiales, on sait déjà qu'une vaste majorité de l'Assemblée devrait voter en faveur de ce plan dont le PS, dissidents inclus(!), et une grande partie des écolos.
En ce qui concerne ces derniers, cherchez l'erreur ! Ou bien plutôt : ne cherchez plus rien !
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Privatisations, retraire à 67 ans, hausse de la TVA, il n'y aura pas de réduction de la dette grecque.
Président du conseil européen, Président de la commission européenne, FMI, BCE... Merkel et Hollande, avec un franc succès, tous ont oeuvré à faire plier le gouvernement Tsipras, jusqu'aux pays baltes, ce confetti, ce postillon européens, entrés dans l'U.E seulement pour "indisposer" les Russes, à la demande des Américains et de leurs suppôts européens ; des leaders formés à Harvard, anciens ou futurs salariés de Goldman Sachs ; des leaders aussi européens que Mickey Mouse.
Nul doute : Hollande tentera de nous faire croire que son implication a permis à la Grèce de sauver la face, d’éviter l’humiliation de son premier ministre et de son gouvernement alors que le plan imposé confirme la mise sous tutelle définitive de ce pays : BCE, Commission européenne et FMI veilleront sur son chevet, matin, midi et soir, toute la nuit durant, jour après jour !
Les spéculateurs ne resteront pas inactifs. Pour sûr !
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Mais alors, que reste-il de la gauche dite alternative au pouvoir en Grèce ?
Un drapeau de Syriza a été brûlé à Athènes. Syntagma, l'Adedy et des petits partis de gauche se sont rassemblés pour protester contre cet accord.
L'indécision du gouvernement Syriza, cette grenouille qui a voulu se faire aussi grosse que le boeuf, nous apporte, si besoin était, la preuve suivante : en l’absence d’une politique de rupture mûrement réfléchie, rien n'est véritablement possible car, s’il ne saurait y avoir d'alternative pour l'oligarchie libérale-mondialiste et sa stratégie du choc - choc social et liberticide -, de même, en ce qui concerne une vraie gauche de gouvernement dans le contexte d’une construction européenne qui consacre la fin du contrat social de l'après guerre, c'est bel et bien un combat au finish qu’il faut mener : abandon de l'adversaire ou sa mise hors combat.
Une telle rupture se prépare tant sur un plan électoral qu'en ce qui concerne la gestion au quotidien des classes moyennes et supérieures récalcitrantes qui se croient encore protégées ; classes susceptibles de "saboter" tout processus d'émancipation ; car une telle rupture doit s'inscrire dans un véritable projet de société ; projet novateur et quasi "révolutionnaire". Or la Grèce est un bien trop "petit" pays pour tenter une telle échappée sans le soutien d'un pays majeur de l'U.E ainsi qu'en dehors de l'Europe : Russie et/ou Chine.
Il semblerait que le gouvernement Tsipras n'ait donc aucune excuse car tout était écrit d'avance à partir du moment où ce gouvernement refusait la rupture ; et il savait qu'il la refuserait. Et seule la démission de son ministre des finances juste avant la capitulation,
Yanis Varoufakis (depuis, d'autres ministres lui ont emboité le pas), a permis au gouvernement Tsipras et à une partie de la classe politique grecque, de ne pas sombrer totalement dans une compromission déshonorante qui a tous les attributs d'une trahison.
Aussi… circulez, il n'y a plus rien à voir en Grèce aujourd'hui ! à l'exception d'élections anticipées à la rentrée ; élections qui verront très certainement Tsipras, après seulement 6 mois à la tête d'un gouvernement, quitter la scène politique et Syriza avec, et ce bien que le "problème grec" - le dernier pays encore capable de gripper la machine européenne depuis que tous les autres se sont soumis -, soit loin d'être résolu.
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Pour prolonger, cliquez : continuer de porter la crise au coeur du PS
Un entretien daté du 13 juillet avec le ministre démissionnaire grec des finances : Yanis Varoufakis.
En version originale anglaise ICI
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